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L’UGTT, à la guerre comme à la guerre
21/01/2019 | 19:59
4 min
L’UGTT, à la guerre comme à la guerre

 

La scène nationale a vécu ces derniers jours au rythme de la grève générale. Si la première grève décrétée avait duré 24h, la deuxième décidée par la commission administrative serait de deux jours. Une mesure d’escalade à la suite de l’échec des négociations entre l’UGTT et le gouvernement autour des augmentations salariales. Retour sur une crise socioéconomique qui perdure depuis des mois.

 

 

L’UGTT a observé le 17 janvier 2019 une grève générale dans la fonction publique et le secteur public à la suite de l’échec des négociations autour des augmentations salariales. Le rassemblement syndical à la place Mohamed Ali, a été l’occasion pour les dirigeants de l’UGTT de poursuivre l’escalade et d'accuser le gouvernement de suivre les consignes du FMI contre la souveraineté nationale. D’ailleurs, Noureddine Taboubi a appelé à la tenue d’une commission administrative le samedi 19 janvier pour prendre les mesures nécessaires.

 

Cela dit, et après la réussite de cette grève générale, le chef du gouvernement, Youssef Chahed s’est prononcé sur le sujet avec beaucoup de rationalisme, assurant que « le gouvernement ne traite pas avec l'Union générale tunisienne du travail (UGTT) avec la logique de vainqueur et de vaincu ». Avant d’ajouter: « Le vainqueur hier c’est la démocratie car la grève est une forme d'expression dans les systèmes démocratiques », le tout en saluant les forces armées et de sécurité pour les grands efforts déployés afin que cette grève se passe dans de bonnes conditions.

 

« Ceci dit, cette grève a eu un coût important sur l’économie tunisienne dans la situation actuelle du pays. Aujourd’hui, la Tunisie a besoin du travail et de la culture du travail. Tous les peuples qui ont réussi l'ont fait grâce au travail. Nous avons besoin de multiplier les efforts et que tout le monde mette la main à la pâte », a regretté Youssef Chahed.

Et d’ajouter : « Le dialogue reste ouvert. J’ai chargé la délégation gouvernementale de négociation de se réunir la semaine prochaine avec les représentants de l’UGTT, pour continuer le dialogue et les concertations afin de trouver une solution avec ce partenaire social ».

Toujours dans le même contexte, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi a assuré que le dialogue et les négociations reprendront au cours de cette semaine, soulignant qu’un accord est prêt à être établi avec le gouvernement, dans la mesure où il y a eu un accord sur les principes de base et qu’il ne reste que quelques points à discuter.

 

Sauf que la commission administrative nationale a décidé le samedi 19 janvier 2019, de décréter deux jours de grève générale, les 20 et 21 février 2019 dans la fonction publique et le secteur public, suite à l’impasse avec le gouvernement. Une première dans l’histoire de l’UGTT, malgré toutes les voix appelant au calme. L’UGTT a poursuivi ses accusations, dénonçant la diabolisation et les campagnes de dénigrement le visant. Les dirigeants de la centrale syndicale ont réitéré leur position par rapport à la question de la souveraineté nationale et l’indépendance de la décision du gouvernement face à sa soumission aux consignes du FMI.

 

Il est clair que la centrale syndicale a atteint un point de non-retour. En effet, et malgré la décision d’une grève de deux jours, le secrétaire général adjoint de l’UGTT chargé des affaires juridiques Hfaïedh Hfaïedh, a annoncé qu’une plainte va être déposée contre le gouvernement pour la décision de réquisition émise, que la centrale syndicale juge « illégale ».

Toujours dans le même esprit d’escalade, le secrétaire général adjoint Sami Tahri, a assuré que les prochaines décisions constitueront la réponse parfaite au non sérieux du gouvernement lors des négociations ainsi qu’à son indifférence dans le traitement des revendications de la centrale syndicale. Il n’en demeure pas moins pour Noureddine Taboubi qui a même juré devant Dieu que les augmentations de la fonction publique seront similaires à celles du secteur public.

 

« Si tu veux la paix, prépare-toi à la guerre », c’est cette maxime qui explique l’orientation de l’UGTT vers l’escalade extrême en poussant les limites dans son combat avec le gouvernement autour des augmentations salariales dans la fonction publique. Cependant, et au milieu des voix clamant l’intérêt national et la reprise du dialogue, ce long feuilleton finira-t-il par répondre aux revendications de la centrale syndicale ?

 

Ahmed Zorgui

21/01/2019 | 19:59
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