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Vision d'Ennahdha : on préserve ce qu'on a acquis, le reste on le construit ensemble
05/10/2014 | 1
min
Vision d'Ennahdha : on préserve ce qu'on a acquis, le reste on le construit ensemble
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A l’égal de ses concurrents dans la course des législatives, le mouvement islamiste Ennahdha a emprunté le chemin de la campagne électorale en l’inaugurant par la présentation de son programme socio-économique. Etalé sur une soixantaine de pages, et ponctué par des sourates du Coran, la vision d’Ennahdha semble plus réaliste que celle présentée lors des élections de 2011. L’expérience du mouvement islamiste au pouvoir a fait qu’il ait gagné en maturité politique pour cerner au mieux les exigences de la transition démocratique en Tunisie. Tel a été l’argumentaire, en somme, exposé par Ennahdha dans le préambule de son programme électoral.

Le parti islamiste estime que la création supplémentaire de richesse, ainsi que son accumulation, s’acquitte d’un caractère obligatoire dans la lutte engagée pour la régression du taux de chômage, de pauvreté ainsi que "l’inéquité" régionale et sociale. De ce fait, Ennahdha s’applique dans les lignes de son programme, à bâtir un modèle économique inclusif basé sur plusieurs aspects dont le choix de l’économie d’échelle sociale, la conversion vers une économie concurrentielle et la redéfinition du rôle de l’Etat. Le programme économique d’Ennahdha est confectionné selon cinq axes principaux. Il s’agit de : des politiques économiques spécifiques, des réformes structurelles, un plan d’investissement national optimiste, des programmes de soutien des activités économiques de l’avenir des générations futures.

Chacun des cinq axes cités a été développé en différents points détaillés qui fixent les propositions du parti en vue de les concrétiser. Dans le premier axe, Ennahdha étale sa vision portée sur les politiques économiques spécifiques pour hisser le secteur de l’économie nationale. C’est d’abord en préservant les équilibres financiers internes et externes sur le moyen et le long termes qu’elles pourront se faire. Plusieurs instruments peuvent être d'usage à ce titre, à l’instar de l’adoption d’un plan d’équilibre des finances publiques de manière progressive, la rationalisation des dépenses publiques, et la réduction de l’endettement extérieur pour s’établir à 40% sur le moyen terme. Contrairement à ce qu’il avait annoncé lors de sa campagne électorale de 2011, Ennahdha envisage de réaliser un taux de croissance économique de l’ordre de 5% au cours des trois prochaines années et de 7% à compter de l’an 2018. Aussi, pour préserver les équilibres financiers, le parti préconise-t-il d’accroître le financement public au moyen des sukuks islamiques pour représenter 50% du financement global du marché financier.

Ensuite, Ennahdha se prononce pour une politique industrielle dynamique et prometteuse. Celle-ci reposera sur 7 points essentiels, il s’agit entre autres de la création de stratégies de la suppression de la dualité entre le secteur intérieur et le secteur extérieur,  mais aussi des stratégies sectorielles adéquates pour la fixation des priorités des secteurs, ainsi que la révision du rôle des différentes agences publiques. Et puis, il y a l’adoption de politiques inclusives et ce, au travers de l’orientation des investissements vers l’infrastructure, le soutien de la solidarité sociale et la réduction des disparités entre les classes sociales, la généralisation de l’accès aux individus et aux entreprises au financement bancaire pour le lancement de projets et ainsi l’amélioration du pouvoir d’achat et notamment le soutien de la concurrence dans différents secteurs économiques surtout en matière d’investissement et de commerce. Enfin, Ennahdha défend l’implication fictive dans le système de l’économie mondiale au moyen, notamment, de partenariats équilibrés et complémentaires.

Dans le deuxième axe porté sur les réformes structurelles pour un meilleur climat pour l’investissement, Ennahdha préconise une pléiade de mesures à l’instar de la simplification des instructions pour l’investissement, la régression des activités soumises aux autorisations tout en préservant les intérêts stratégiques du pays ainsi que la constitution d’un conseil supérieur de l’investissement composé de représentants des deux secteurs privé et public. Aussi, le parti islamiste propose-t-il dans son programme d’accélérer la réforme du secteur bancaire et financier, la réforme fiscale pour une justice fiscale, la réforme des entreprises publiques, la réforme des caisses sociales, l’optimisation de la compensation, et l’intégration du secteur informel dans le secteur formel.

Cap sur le troisième axe, où Ennahdha suggère dans son ouvrage de mettre en place un programme national pour l’amélioration de l’infrastructure et de la logistique en poursuivant les travaux pour la réalisation de l’autoroute Bousalem, Sfax et Ras Jedir, et notamment en améliorant le rendement des ports commerciaux tels que le port de Radès. Egalement, le parti propose la mise en place d’un programme national pour la transition numérique, notamment en accélérant la réalisation du projet de « Tunisie intelligente », ainsi que la mise en place d’un programme national pour l’attraction des investissements privés dans les grands projets.

Les programmes de soutien des activités économiques, volet qui s’inscrit dans le quatrième axe, Ennahdha y a consacré un espace d’assez haute importance en détaillant les multiples points traduisant ces programmes. Il s’agira de manière sommaire, de programmes de promotion de l’emploi et de la diminution du chômage (opérer des réformes structurelles au niveau du système de l’enseignement), de programmes de restructuration économique et de promotion de l’exportation (multiplier les exportations tunisiennes en matière de technologie), des programmes pour la modernisation du secteur touristique (diversification du produit touristique), des programmes pour la diplomatie économique (encourager les cadres tunisiens a travailler en Afrique) et en dernier rang, des programmes pour faire participer les Tunisiens résidents à l’étranger pour promouvoir la croissance économique.

Le dernier axe est caractérisé d’une certaine délicatesse, au regard de la cible qu’il vise, nous citons : les générations futures. Il est question à ce stade de garantir et assurer à ces dernières un avenir prometteur. Cela se fera selon le plan d’Ennahdha par le biais de la réalisation de la sécurité énergétique, la résolution du problème de la rareté de l’eau, le développement du secteur agricole, ainsi que la protection et la préservation de l’environnement.

Le mouvement islamiste Ennahdha a rédigé un ouvrage relayant son programme socio-économique pour les cinq prochaines années, qui emprunte une voie réaliste et optimiste à la fois. Contrairement à son programme proposé en 2011, les propositions n’effleuraient pas très souvent la réalité de la situation d’alors ou encore actuelle. L’expérience du pouvoir d’Ennahdha semble lui a avoir été utile afin d’esquisser un programme susceptible de rassurer et d’attirer les électeurs. Les erreurs commises par Ennahdha, lors de son passage par le pouvoir, semblent avoir aidé le mouvement islamiste à cerner les enjeux de la transition démocratique, de l’étape préélectorale déterminante et de la période cruciale que constituent les cinq prochaines années.
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