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Tunisie - La chasse aux fumeurs sâEUR(TM)accélère !
24/09/2009 | 1
min
Tunisie - La chasse aux fumeurs sâEUR(TM)accélère !
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Sept mille morts par an, soit une moyenne de 20 personnes chaque jour. C’est le triste bilan des conséquences du tabagisme. Environ un million et demi des Tunisiens sont des fumeurs. Le fléau est devenu tellement angoissant qu’il a mobilisé les autorités publiques. 2009 est proclamée année nationale de lutte antitabac. Mieux encore, d’ici six mois, il serait interdit de fumer dans tous les locaux à usage collectif, clos ou couverts, notamment les restaurants, les salons de thé, les débits de boissons et les établissements touristiques. La prévention, les campagnes de sensibilisation et les incitations sont confortées par des actions concrètes, à l’instar des centres d’accompagnement au sevrage visant à désintoxiquer les addicts, des textes de loi assez dissuasifs.


Le décret n° 2009-2611 du 14 septembre 2009 vient renforcer l’arsenal des lois et décrets relatif à la lutte contre le tabagisme. Il définit le principe de l’interdiction de la consommation de tabac dans les lieux affectés à un usage collectif. Certes, le décret arrive au bon moment. Cependant, il n’est qu’une seule pièce dans un arsenal de mesures dissuasives à prendre. Outre la législation, que peut-on faire pour stopper ce tueur en série ?
L’interdiction totale de fumer dans les lieux publics a ses partisans mais certainement ses opposants. Fumeurs ou non fumeurs, tout le monde est concerné. Une chose est sûre, la chasse au fumeur se poursuit inlassablement.

Quelques chiffres peuvent apporter un éclaircissement de taille quant à la gravité de la situation. En effet, le nombre de fumeurs en Tunisie est en montée exponentielle. L’on recense quelque 50% d’hommes et 15% de femmes, selon les statistiques du ministère de la Santé publique. Pis encore, le tabagisme commence à battre son plein chez les adolescents. Les mêmes statistiques montrent que 5,8% des fumeurs appartiennent à la tranche d’âge 12-14 ans, 12,3% pour la tranche 15-17 ans pour atteindre 20,3% pour la tranche 18-20 ans.

Les autorités publiques ne voient pas d'un bon oeil la prolifération du narguilé (chicha) dans les milieux des adolescents et des jeunes. Retenons qu'il n'existe pas de seuil au-dessous duquel fumer n'expose pas à un risque accru de maladie ou d'affection liée au tabac. Dès qu'une personne fume régulièrement, les substances toxiques contenues dans la fumée (plus de 4 000 substances chimiques) ont un effet néfaste sur sa santé.
Certains problèmes de santé apparaissent plus ou moins rapidement chez le fumeur. En voici quelques exemples : fatigue persistante, infections du nez et de la gorge à répétition, toux et expectorations, diminution de l'appétit, diminution du goût et de l'odorat , jaunissement des doigts et des dents , mauvaise haleine , vieillissement prématuré de la peau (rides du visage)… La liste est loin d’être exhaustive.

Seulement peu de fumeurs savent que le tabac est responsable de 30% des décès par cancer, 75% des décès par affections respiratoires, 25 % par maladies cardiovasculaires...
Le tabac est lié à un tiers de tous les cas de cancer (cancers de la bouche, des lèvres et de la gorge, de la vessie, du pancréas, du col de l'utérus, etc.), si bien que chaque année, des centaines de personnes meurent dans le pays de leur tabagisme!
Un fumeur a 2,5 fois plus de risques de mourir d'une maladie cardiaque qu'un non-fumeur. La crise cardiaque, l'insuffisance cardiaque et l'angine de poitrine sont plus fréquentes et plus sévères chez les fumeurs.

Le tabagisme augmente le risque d'artériosclérose qui entraîne des maladies vasculaires telles que l'hémorragie cérébrale ou l'obstruction des artères de la jambe. Le tabagisme provoque environ 80% de toutes les maladies pulmonaires obstructives chroniques. Les femmes qui combinent la prise de la pilule contraceptive et le tabagisme, augmentent leur risque de développer une maladie cardiovasculaire.
Est moins connu également, le fait que le tabagisme fragilise les os (ostéoporose), ce qui favorise les fractures osseuses, pouvant avoir de graves conséquences chez les personnes âgées. La ménopause est plus précoce chez les femmes qui fument. Chez l'homme comme chez la femme, le tabac accentue la stérilité.

La fumée de tabac accroît l'impuissance sexuelle. La consommation de tabac augmente notamment le risque d'ulcère gastrique, de diabète, de diminution de l'audition, de perte des dents (due à un déchaussement). En effet, deux affections des yeux sont favorisées par le tabac: la cataracte et la dégénérescence maculaire. Toutes deux sont responsables d'une diminution de la vue.
Pour la Tunisie, il s’agit bien d’un fléau qui a amené les autorités publiques à adopter une stratégie quinquennale visant à réduire de 10% le taux des fumeurs. Cette stratégie mise sur l’abaissement de deux points chaque année, du taux des amateurs de la nicotine.

Sur le plan pratique, la loi anti-tabac est renforcée par le décret n° 2009-2611 du 14 septembre 2009. D’ici six mois, il serait interdit de fumer dans tous les locaux à usage collectifs, clos ou couverts, notamment les restaurants, les salons de thé, les débits de boissons, et les établissements de tourisme, sauf dans les emplacements spécifiquement réservés à cet effet.
Selon le nouveau décret, il est interdit de fumer dans les restaurants dont la superficie couverte ne dépasse pas 50m² et dans les débits de boissons de première catégorie dits buvettes. Une pièce ou espace réservé aux fumeurs sera autorisé dans ces locaux sans que la superficie de ces espaces puisse dépasser 15m².

Les restaurants dont la superficie couverte dépasse 50m², les débits de boissons de première catégorie dits cafés ou salons de thé ainsi que les débits de boissons de deuxième et de troisième catégori, doivent aménager des emplacements réservés aux non fumeurs. La superficie de ces emplacements est égale au moins à 50% de la superficie totale des espaces fermés affectés à l’usage collectif du local.
Les établissements de tourisme fournissant des prestations de nourriture ou de boisson doivent réserver aux non fumeurs une partie qui est égale au moins à la moitié de la superficie des locaux et des espaces fermés affectés à l’usage collectif. Les espaces fermés réservés aux fumeurs dans les établissements de tourisme doivent être équipés d’un système d’aspiration de l’air pollué.

Des séparations physiques isolantes doivent être installées afin d’éviter la propagation de l’air pollué dans les emplacements réservés aux non fumeurs. La signalisation de ces emplacements doit être suffisamment apparente.
Dés les débuts de l’année 2009, 1800 médecins ont été formés à la gestion des centres d’accompagnement au sevrage tabagique. 105 d’entre eux ont été affectés dans des centres couvrant le territoire national. De telles actions permettent d’appuyer la guerre anti-tabac. Sans oublier l’impact de la taxation comme instrument de prévention. Pour les dépendants de la clope, tirer quelques bouffées en sirotant un café, dans les lieux publics doit être sévèrement pénalisé. Une solution à adopter pour persuader les accros à la cigarette d’arrêter. Il y va surtout de leur bourse !

Pour un pays souvent considéré comme le paradis des fumeurs, le nouveau décret aurait-il la force de persuader les accros à la nicotine de se débarrasser de la cigarette ? L’expérience a montré que le sevrage volontaire n’est pas une seconde nature du Tunisien. La loi à elle seule ne suffit pas. Promouvoir la prévention et l’aide à l’arrêt du tabac, aider les fumeurs à se défaire de leurs habitudes tabagiques, respecter les non fumeurs, c’est désormais envisageable avec d’autres solutions plus efficaces peut-être. Les campagnes de sensibilisation sur les dangers du tabac et l’exploitation, à cet effet, des moyens de communication dans le milieu scolaire est de nature à enraciner une culture anti-tabac. Les médias sont appelés à remplir leur rôle et à essayer de persuader les fumeurs des dangers de la cigarette, grâce à une information pertinente et toujours renouvelée.

24/09/2009 | 1
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