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Chroniques
Quand Mahmoud Baroudi leur disait République bananière…
27/02/2014 | 21:15
3 min
Par Nizar Bahloul

Jeudi 19 juillet 2012, le député de l’Alliance démocratique Mahmoud Baroudi crie en pleine ANC : « c’est là un décret digne d’un président provisoire d’une République bananière ». Il suscita alors la polémique et ses opposants sont montés sur leurs grands chevaux pour crier au scandale.

Un an et demi plus tard, ces mêmes députés agissent comme s’ils étaient dans une République bananière.
Une délégation de 25 députés est allée voir cet après-midi, jeudi 27 février 2014, le ministre de l’Intérieur pour parler (officiellement) de la tension qui a prévalu hier au Kram, après l’arrestation d’un certain nombre d’individus appartenant aux Ligues de protection de la révolution. A leur tête, Imed Deghij qui n’a cessé de diffuser des vidéos dans lesquelles il insulte et menace juges, police, journalistes, hommes politiques, hommes d’affaires etc. La loi est quotidiennement bafouée par cet individu, tout comme l’Etat de droit et le prestige de l’Etat.
Il n’est pas le seul, comme lui, on peut citer Yassine Ayari, Recoba et des dizaines d’autres individus totalement inconnus avant la révolution et devenus, soudain, de vrais révolutionnaires. Des individus dont on ne connait rien de leurs financements, ni de leurs parrains.

Ces députés et les amis de Imed Deghij parlent de son arrestation musclée, alors qu’il n’y a qu’un témoin (et un seul), un ami à lui, tenancier de café de son état. La mère de Deghij a répété les mêmes propos mettant le feu aux poudres parmi les jeunes du Kram et les amis de Deghij, qui agit comme un véritable caïd de cité.
Différentes sources sécuritaires et de syndicats des forces de l’ordre ont démenti catégoriquement avoir agressé physiquement l’interpellé. Idem pour le ministère de l’Intérieur qui a affirmé que tout s'est déroulé conformément à la loi. Mais toutes ces voix sont devenues inaudibles. Seule la version du tenancier du café est crue par les députés.
L'un d'eux, Béchir Nefzi, renie même le droit aux syndicats de s’exprimer sur le sujet, alors que la pratique est identique à tous les syndicats de police des pays démocratiques.
Les députés qui sont allés voir aujourd’hui le ministre de l’Intérieur sont les mêmes qui votaient il y a quelques jours la séparation des pouvoirs. Les mêmes qui parlaient de l'Etat de droit et de la primauté de la loi.

L’arrestation d'Imed Deghij a été ordonnée par le procureur de la République. Ses méfaits, ses insultes et ses violations des lois en vigueur peuvent être constatés par tout un chacun, il suffit d’aller voir ses vidéos publiées dans les réseaux sociaux.
Les 25 députés balaient tout cela d’un trait ! Ça ne les dérange nullement qu’ils désavouent l’appareil sécuritaire et son crédit. Ça ne les dérange nullement de décrédibiliser les forces de l’ordre. On ne les a pas vus bouger quand des dizaines de membres de ces forces de sécurité ont été assassinés sauvagement. On ne les a pas vus bouger quand Deghij and co se permettaient d’insulter les forces vives du pays. On ne les a pas vu bouger quand Nagdh, Belaïd et Brahmi ont été assassinés. Comme lors du temps de la Troïka et comme au bon vieux temps de la campagne électorale de 2011, Ennahdha et le CPR sont réunis pour le meilleur et pour le pire. Et ça continue, malgré les apparences trompeuses de ces dernières semaines.

Hier, on ne savait pas (ou par manque de preuves, on se taisait) qui étaient les parrains et financeurs des différents membres des LPR. Aujourd’hui, on en a une petite idée. Et cette idée renvoie exactement à ce que l’on voit dans les républiques bananières ou dans les pays où les milices font la loi, la Libye en exemple.
La Tunisie n'est pas et ne sera pas une République bananière. Ceux qui cherchent à la rendre comme telle doivent être éjectés immédiatement de là où ils sont. De leur position, ils sont plus nuisibles au pays et à l'Etat de droit que tous les voyous des LPR réunis.
27/02/2014 | 21:15
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