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Chroniques
Dialogue de sourds, dialogue de dupes… Chaque « âne » choisit son dialogue
06/10/2013 | 1
min
Dialogue de sourds, dialogue de dupes… Chaque « âne » choisit son dialogue
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Par Sofiéne Ben Hamida

Il serait exagéré de dire que la séance protocolaire organisée par le quartette, samedi au Palais des congrès, constitue le démarrage du dialogue national bloqué depuis le 25 juillet dernier. Tout au plus, on dira que la cérémonie du Palais du congrès a permis de confirmer deux réalités. La première est que les organisations nationales qui parrainent le dialogue se sont exténuées dans leur tâche. Elles ne sont pas responsables du succès ou des résultats du dialogue et doivent être remerciées pour leurs efforts. La seconde réalité concerne nos partis politiques, tous sans distinction. Ils ont montré que le microcosme politique tunisien est resté égal à lui-même, entendez par là puéril et médiocre.

La première ratée de cette journée que les Tunisiens espéraient une journée de kermesse avait été le retard de trois heures enregistré avant le démarrage de la cérémonie. Les représentants du POCT de Hamma Hammami et du Massar ont boycotté la séance d’ouverture.
On connaît approximativement les raisons de ce boycott. Elles semblent toutefois être de même nature que celles qui ont causé l’état de fatigue de Béji Caïd Essebsi et l’ont contraint à quitter le palais des congrès avant le démarrage de la séance d’ouverture. Au cours de ces trois longues heures de tergiversations, il a fallu tout l’art légendaire des négociateurs de l’UGTT pour trouver un terrain d’entente, couper la poire en deux et le cheveu en quatre. Cela a permis la tenue de la séance inaugurale même si le boycott a été maintenu.

Puis viennent les discours des trois présidences, attendus aussi bien par les Tunisiens que par leurs partenaires étrangers. Hélas, ces trois discours ont étalé l’ampleur du désastre tunisien : l’impotence de ses dirigeants.
Le président provisoire Moncef Marzouki nous a gratifiés d’un discours digne d’un opposant qui a oublié qu’il est désormais au pouvoir. Un discours comme à son habitude, aussi démagogique que peu crédible.
Le président de la constituante a été de son côté fidèle à lui-même: il a voulu contenter tout le monde et son Dieu. Il a tellement savonné son discours que l’assistance n’en a pas saisi, ou peu, la teneur ou la visée. Il y aura toujours les panégyristes attitrés, Mohamed Bennour quand il s’agit de s’adresser à l’opposition et Mouldi Riahi pour les alliés au sein de la Troïka, pour donner un sens à la carte aux déclarations de leur chef.
Quant au chef du gouvernement, il a excellé dans le déni de la réalité, la fuite en avant et le mépris des autres, surtout les médias. En deux mots, son discours consiste à dire taisez-vous et laissez-moi gouverner. On attendait qu’il annonce sa démission. Il n’a pas rassuré sur la date de son départ.

Il y a aussi la séance de signature de la feuille de route, une séance tragi-comique qui a montré combien la scène politique est minée par les magouilles, les trahisons, les basses manœuvres et l’opportunisme. Monté sur le podium pour signer la feuille de route, le président d’Ennahdha Rached Ghannouchi s’est permis d’annoter sa signature de réserves qui la rendent caduque. Il a fallu toute la vigilance du secrétaire général de l’UGTT, Houcine Abassi, pour que le leader islamiste révise sa copie et respecte ses engagements de départ. Cet acte n’est pas anodin. Il prouve que Ghannouchi et les islamistes ont choisi de manœuvrer jusqu’au dernier moment, jusqu’à la dernière seconde. Leurs opposants qui affirment qu’ils ne font pas confiance aux islamistes et à leurs dirigeants ont-ils tout à fait tort?

Les acolytes et les apparentés d’Ennahdha ont été plus directs au moins et ont annoncé leur refus de signer la feuille de route présentée par le quartette. Imed Daïmi, énième chef du CPR, sait qu’il doit s’opposer à tout projet amenant la Troïka à quitter le pouvoir. Il signifierait la désagrégation de son parti et la fin personnelle de son président. Mohamed Goumani, président d’un parti que rares connaissent, sait quant à lui, que c’est le bon timing pour se positionner. Peut-être que le poste de ministre, raté de peu la dernière fois, sera pour lui cette fois-ci. Quant aux représentants de Hachemi Hamdi, ils continuent comme toujours, de mener une campagne permanente par procuration, au profit de leur chef, quitte à devenir pathétiques.

NB le mot « âne » utilisé dans le titre de cet article est un emprunt du lapsus du président de la LTDH, Abdessattar Ben Moussa. Un lapsus tellement révélateur, avouons-le, qu’il justifie cet emprunt. Loin de moi donc l’idée d’associer aux personnes des qualificatifs non humains.     
06/10/2013 | 1
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