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Tribunes
Attention à la course poursuite prix salaires
26/09/2012 | 1
min
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Ezzeddine Saidane*

La dernière majoration des prix de l’électricité et du gaz a soulevé un certain nombre de questions. Certaines sont relatives à la forme et d’autres concernent le fond.

Les questions de forme d’abord : la majoration des prix de l’électricité et du gaz vient d’être annoncée mais elle prend effet à compter du 1er septembre de cette année. Il y a là un problème juridique et un problème de transparence. En effet si la décision de majorer les prix a été prise récemment, comment peut-elle avoir un effet rétroactif. Il y a un contrat entre la STEG et ses abonnés et les termes de ce contrat ne sembleraient pas (dans ce cas) avoir été respectés. Comment peut-on en effet augmenter le prix d’un produit après réalisation de la vente (supposée être faite sur la base de l’ancien prix) et consommation du produit vendu.
Il se peut par contre que la décision de majorer les prix ait été prise depuis le début du mois, mais que l’annonce de la décision n’ait pas été faite à temps. Il y aurait là un problème de transparence et donc de crédibilité.
Toujours dans la forme le fait de majorer le prix de l’électricité et du gaz de :
- 0% pour les ménages qui consomment moins de 50 kwh et moins de 30 m3 de gaz par mois
- 2% pour les autres ménages, et
- 8% pour les entreprises,
pose aussi un problème.
Cette présentation qui semble vouloir ménager le pouvoir d’achat du consommateur pourrait induire les abonnés de la STEG en erreur sur le fond.

Sur le fond : la majoration des prix de l’électricité et du gaz se place dans la même logique que celle relative à la majoration des prix des hydrocarbures. Les deux majorations, par souci de transparence mais aussi de logique économique, auraient dû intervenir en même temps. Cependant que l’on majore les prix de la même manière pour les ménages et les entreprises ou de manières différenciées, telle que cela a été fait, le résultat est le même. Les entreprises sont en effet dans l’obligation de majorer les prix de leurs produits et services et donc de transmettre la majoration des prix de l’électricité et du gaz au consommateur final. C’est donc le pouvoir d’achat du consommateur qui est affecté. Il aurait été donc plus juste et plus transparent de majorer les prix de la même manière (à l’exception des ménages à faible revenu) tout en réduisant le pourcentage de cette majoration (4 ou 5% par exemple).

Sur un autre plan il faut rappeler que cette majoration, en plus des augmentations des prix des autres produits et services intervenues récemment, affectent négativement
- le pouvoir d’achat du citoyen
- la compétitivité de nos entreprises
et alimente les tensions inflationnistes. En effet, si nous comprenons le souci de l’Etat de préserver les équilibres budgétaires et de réduire un tant soit peu le niveau du déficit, nous devons reconnaitre que l’on commence à voir un tourbillon inflationniste s’installer. Ce tourbillon risque de déstabiliser sérieusement l’économie tunisienne, d’en ébranler les équilibres fondamentaux et d’engager une course poursuite prix-salaires.

Redresser notre économie en prenant les mesures qui s’imposent à court terme et en engageant les réformes profondes qui s’imposent à moyen et long termes semble la seule issue pour permettre à cette économie de supporter ces majorations sans affecter sa capacité à créer des emplois et des richesses et à combattre de manière effective la pauvreté.

*Expert économique et financier
26/09/2012 | 1
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