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Tunis, ville dépotoir : La situation est critique, mais à qui la faute ?
24/08/2012 | 1
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Tunis, ville dépotoir : La situation est critique, mais à qui la faute ?
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Les Tunisiens comptaient sur la deuxième étape transitoire pour voir entreprendre une action énergique et efficace en vue d’une amélioration des conditions de vie aux divers niveaux économique, social et sécuritaire. Mais on n’avait jamais cru que la détérioration des conditions toucherait davantage le volet environnemental et sanitaire.

Ce constat alarmant vient de nous être confirmé par « The global liveability report », publié au mois d’août 2012, par l’Economist Intelligence Unit (EIU), unité de recherches et d’analyses appartenant au journal britannique The Economist, qui place notre capitale Tunis à la 104ème place sur un total de 140 villes, soit parmi les cités les moins «vivables» au monde.
La capitale tunisienne figure, ainsi, parmi les villes et les capitales du Printemps arabe ayant affiché une chute par rapport au classement précédent (août 2011).


0La plus forte baisse a été attribuée à Tripoli, capitale libyenne, qui a chuté de 28 places pour se positionner au 135ème rang, et au Caire (Egypte) qui a perdu quatre places pour se situer à la 121ème
Ce classement annuel basé sur 30 critères dont, notamment, les infrastructures, la culture et l’environnement, l’éducation, les soins de santé et la stabilité politique, estime que le Printemps arabe a presque taxé les capitales arabes en détériorant la qualité de vie des villes touchées par les révolutions.


Ces révolutions ont «provoqué un recul en matière de qualité de vie pour les Etats concernés», ont constaté les éditeurs (experts et économistes) de l’EIU dans leur rapport publié sur le site Web de l’unité.

Il faut dire qu’il s’agit d’un constat triste, mais révélateur d’une mauvaise gestion notoire des affaires de proximité. En effet, tous les Tunisiens ont constaté, impuissants, l’entassement des déchets et autres ordures ménagères un peu partout à travers le pays, plus particulièrement à Tunis où, même dans les quartiers, jadis dits résidentiels et huppés, tels les Manazeh et El Manar et la banlieue nord.

Certains imputent cette situation au comportement de quelques responsables et agents municipaux qui n’ont plus ce dévouement envers leur mission d’assurer la propreté de la ville. Cela a commencé par la grève, entamée dès 2011 pour réclamer la titularisation. Revendication satisfaite après plusieurs jours de débrayage qui ont causé des désagréments indescriptibles pour les citoyens.

Aussitôt cet épisode clos, une nouvelle grève de quatre jours, accompagnée de sit-in, a été enregistrée par les agents municipaux, du 20 au 23 février 2012, pour réclamer une prime de 76 dinars, revendiquée depuis un certain temps et ayant fait l’objet d’un précédent accord. Sans oublier l’amélioration de leurs conditions matérielles et la révision du statut qui date de 1959, pour garantir leurs droits.


Or, même après la satisfaction de ces revendications, la situation laissait et laisse encore à désirer au vu de la multiplication des dépotoirs anarchiques à ciel ouvert et à l’incinération de ces déchets sans observations des réglementations en vigueur. Ce qui est dû, selon des citoyens, au comportement irresponsable de certains agents municipaux éboueurs qui s’absentent souvent et n’assurent plus les tournées habituelles et obligatoires, étant convaincus que du moment qu’ils sont titulaires, ils ne risquent plus aucune sanction.


Côté officiel, au lieu d’entreprendre des opérations radicales, nous avons vu des campagnes populistes montrant de hauts responsables, voire des membres du gouvernement ramasser les ordures, l’espace d’une séance de caméra. Mais rien n’a été dit sur les effets de cette situation d’insalubrité sur la qualité de l’environnement et sur l’état de santé des citoyens. Or il ne s’agit pas uniquement d’une question d’esthétique des villes, mais bel et bien de considération d’ordre sanitaire.


En effet, la majorité de nos cités, n’échappant pas au spectacle de ces amas d’ordures ménagères entassées sauvagement, plusieurs jours durant, cela ne pouvait qu’engendrer une prolifération massive des germes les plus inattendus. Salmonelles, mouches, moustiques, rats, souris vont, effectivement, se nourrir bien comme il faut et nous transmettre copieusement les maladies les plus diverses et les plus graves, contagieusement parlant. On en citera notamment : le paludisme, les intoxications alimentaires, la fièvre typhoïde, le choléra, la peste, etc.


D’ailleurs, Dr Mohamed Rebhi, ingénieur en génie sanitaire au ministère de la Santé avait indiqué, dernièrement à ce propos que la situation est devenue problématique. « Nous avons un problème épineux avec les ordures ménagères », concède t-il à l’occasion d’apparition d’un virus cholérique près d’une station de traitement des eaux usées à Radès Miliane.


« Ces ordures, ajoute-t-il, sont composées à 80% de matières organiques. Et qui dit matières organiques, dit prolifération facile de germes de toutes sortes : microbiologiques, comme les bactéries, les virus, les parasites ; insectes, comme les mouches et moustiques, vecteurs potentiels de transmission de maladies via les animaux tels les rats, les souris, véritables réservoir de maladies. La situation est tellement critique qu’on peut imaginer la flambée de toutes sortes de maladies ».


Autre problème auquel notre santé est confrontée, c’est l’incinération sauvage de ces ordures, résultat de l’attitude de nombreux citoyens qui, croyant bien faire, y jettent une allumette. Une incinération qui peut aussi se faire spontanément, puisqu’avec tous les gaz qui se dégagent, il suffit qu’il y ait un contact d’une étincelle, et c’est le feu qui prend.

Or, au cours de l’incinération, la combustion n’est jamais complète, seules les matières sèches, comme le papier, brûlent en surface, et à l’intérieur la température chauffe provoquant une émanation de gaz toxiques, dont les dioxines. L’incinération est donc à éviter strictement, car elle accentue la prolifération des germes.


Et la chaleur persistante depuis près de trois mois, n’arrange guère les choses. On ne peut plus gérer cette situation car plus il fait chaud, plus la prolifération des germes est rapide dans le sens où elle voit sa vitesse se multiplier de façon exponentielle.


Pour faire face à cette situation, à la limite du dramatique, les autorités compétentes agissent, certes, mais timidement se contentant de communiqués de sensibilisation à l’adresse des citoyens les exhortant de faire preuve de plus de civisme.

En attendant, la dégradation de l’environnement et de la qualité de la vie se poursuit. Jusqu’à quand ?

Noureddine HLAOUI
24/08/2012 | 1
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