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A quoi ressemblerait la Constituante si les élections ont lieu aujourd'hui
10/08/2011 | 1
min
A quoi ressemblerait la Constituante si les élections ont lieu aujourd'hui
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L’agence Sigma Conseil a interrogé, du 3 au 7 août, 1450 personnes sur leurs intentions de vote pour l’échéance du 23 octobre 2011.
De ces réponses, l’agence conclut qu’Ennahdha est gagnante suivie de près par Ettakatol puis le PDP.
Hassen Zargouni, patron de Sigma, analyse pour Business News ce sondage et ses portées.

Dix semaines seulement nous séparent d'une échéance électorale tant attendue par la Tunisie. Déjà, près de 40% des Tunisiens de plus de dix-huit ans se sont inscrits volontairement sur les listes d’électeurs alors que le scrutin ne l’exige même pas. La simple présentation de la carte d’identité nationale pour accomplir ce droit et ce devoir suffit à participer à l’élection le dimanche 23 octobre 2011 d’une assemblée constituante de 217 sièges dont 18 consacrés aux Tunisiens résidents à l’étranger et dont l'objectif premier est d'offrir à la Tunisie une Constitution, mais aussi un gouvernement qui légiférera pleinement et un chef d'Etat pour la Tunisie.
Même si on ne connaît pas aujourd’hui le règlement intérieur qui régira cette institution légitimement élue, même si on ne sait pas comment elle fonctionnera en interne : le mode opératoire pour les décisions, quels types de majorité requise, majorité absolue, majorité relative, majorité qualifiée aux 2/3, à 60%, … ? Qui désignera et comment désigner le vainqueur de ce scrutin, combien de temps lui faudra-t-il pour former son gouvernement ? Et s’il échoue comment désigner l’alliance qui postule éventuellement pour prendre le relais et former un gouvernement ? Tout autant de questions qui ont contribué, quelque part, à cette ‘inhibition acquise’ saisie par une large frange de Tunisiens les empêchant, de fait, de s’intéresser à cette échéance majeure dans la vie politique tunisienne, voire dans l’histoire contemporaine de la Tunisie.

Le nombre de partis politiques dépasse, aujourd’hui, la centaine. Ils fournissent un effort considérable en matière de pédagogie politique, de travail d’encadrement sur le terrain, avec une bonne présence dans les médias et une contribution certaine à la bonne marche du processus démocratique et la transition vers une Tunisie nouvelle. Ces partis sur qui repose quasiment entièrement la démocratie tunisienne balbutiante, ont une responsabilité historique pour nous présenter un projet de société tunisien qui agrée le plus grand nombre, une capacité de staffing au niveau de l’administration avec des équipes de préfets, de diplomates, de hauts responsables capables de porter les espoirs d’un peuple en quête de dignité, de liberté et de démocratie et enfin d’anticiper sur les écueils et obstacles institutionnels des 100 premiers jours de gouvernement.

SIGMA a interrogé du 3 au 7 août 2011 par téléphone un échantillon de 1 450 tunisiens résidant en Tunisie de 18 ans et plus, sélectionnés de manière à être représentatifs en termes de tranches d’âge, de genre, de catégories socioprofessionnelles, et de lieux d’habitation qui correspondent aux 27 circonscriptions électorales prévues par le mode de scrutin, sur leurs intentions de vote pour l’échéance du 23 octobre 2011.
Les réponses ont été comme suit (pour les principaux partis) : Ennahdha 21,1% (contre 20,5% début juillet 2011) ; PDP, 10.4% (13,2%) ; Ettakatol 8,8% (2.4%) ; CPR 2.,0% (3,6%) ; l’Initiative 2,0% (0,6%) ; Al Watan 1,9% (2,8%) ; Ettajdid 1,3% (2,4%) ; Afek Tounes 1,2% (1,0%) ; PCOT 1,0% (2,4%). Il est à noter que 42,9% des personnes interrogées déclarent qu’ils n’ont pas encore choisi un parti pour qui voter.
De même, 3,7% des interviewés ont déclaré s’abstenir pour les prochaines échéances électorales, ce qui prouve que le travail des partis commence à donner ses fruits car cet indicateur était de l’ordre de 12,6% dans le précédent baromètre politique SIGMA. Ce qui donne en matière de nombre de sièges la configuration, à date, suivante : Ennahdha 73 sièges (36,7%) ; Ettakatol 40 (20,1%) ; PDP 37 (18,6%) ; Initiative 11 (5,5%) ; Al Watan 10 (5,0%) ; Ettajdid 9 (4,5%) ; CPR 7 (3,5%) ; Afek Tounes 5 (2,5%) ; PCOT 4 (2,0%) ; PSG 2 (1%) ; PTT 1 (0,.5%). Il ressort des principaux enseignements de ce sondage sur les intentions de vote des Tunisiens que trois quarts de l’assemblée constituante serait détenue par trois partis. Par ailleurs, une première en termes de mesure, SIGMA a interrogé lors de ce sondage les Tunisiens : « Quel est le parti pour lequel vous êtes sûrs de ne pas voter ? ». Les réponses ont été Ennahdha avec 17,7% suivi du PCOT avec 13,7%, le PDP avec 2,3%, Al Watan avec 1,8% et l’Initiative avec 1,7%.

Un exercice de politique fiction donnerait plusieurs types de scénarios possibles. On peut envisager un scénario classique où un bloc ‘Démocrates’ (Ettakatol, PDP, Ettajdid, AFEK, PSG, CPR et PTT) obtiendrait 50,7%, un bloc ‘Islamiste’ avec 36,7%, un bloc ‘New destouriens’ (Initiative + Al Watan) avec 10,5% et enfin un bloc d’extrême gauche et de nationalistes arabes avec 2,0%.
L’autre scénario qualifié plutôt de tactique consisterait en un bloc de ‘Démocrates’ (Ettakatol, PDP, Ettajdid, AFEK, PSG et PTT) avec 47,2%, un bloc qu’on appellerait ‘Protection de la révolution’ (Ennahdha, CPR, PCOT) avec 42,2% et un bloc ‘Historique de New destouriens’ formé par l’Initiative et Al Watan avec 10,5%.
Un troisième scénario qui constituerait une réelle surprise verrait une majorité présidentielle Ennahdha + Ettakatol avec 56,8% ou encore Ennahdha + PDP avec 55.3%. Enfin, un scénario consensuel dit d’Unité Nationale ou Union sacrée verrait toutes forces démocrates, modernistes et conservatrices diriger le pays ensemble avec un bloc formé de Ennahdha + Ettakatol+PDP totalisant 75,4% des sièges de l’assemblée avec les données à 10 semaines du scrutin.

Dans ce jeu de Monopoly, le seul paramètre incontrôlable est la répartition des taux d’inscription par parti. Si Ennahdha soigne son taux avec par exemple 70% de sympathisants inscrits ou mobilisés le Jour J contre une moyenne (actuelle) de 40%, il raflerait la majorité des sièges, donc de l’issue de la constitution et du processus politique tunisien à long terme.

Toutefois, rien, absolument rien n’est joué. Tout demeure possible. Installer durablement une démocratie tunisienne basée sur le droit du citoyen, de la liberté et de la prospérité pour tous sans discrimination est à portée de main. On y croit.

Cliquer ici pour télécharger les chiffres détaillés du sondage
10/08/2011 | 1
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