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Chroniques
Des Trabelsi et des terroristes
10/01/2017 | 15:59
3 min

Belhassen Trabelsi, frère de l’ancienne première dame Leila Ben Ali, et l’une des figures de l’ancien régime était l’invité phare d’une émission politique à une heure de grande écoute. Appelé à s’exprimer via Skype d’une destination inconnue qu’il n’a pas souhaité divulguer, il s’est offert une tribune en or face à l’opinion publique tunisienne.

Belhassen Trabelsi serait innocent des accusations de corruption tenues contre lui. Il serait même une victime. Victime d’une ségrégation ciblant les Trabelsi, victime d’une oppression qui veut que tous les caciques de l’ancien régime doivent payer pour les autres.

Ceci à l’entendre seulement. Mais rien n’est aussi simple.

La journée du 14-Janvier et les événements qui l’entourent et qui ont fait ce qui s’est passé ce jour-là, sont toujours aussi flous et les choses sont, elles aussi, floues dans l’esprit des Tunisiens.

 

La question des Trabelsi a été traitée à l’époque tout comme on traite aujourd’hui celle des terroristes tunisiens combattant à  l’étranger. Tous bons pour la casse. Les dossiers ne sont pas toujours bien constitués, les accusations sont floues, mais le sentiment national est le même. Il s’agit d’ennemis de l’Etat. Des ennemis à abattre sans ménagement.

 

Dans le collectif national, autant l’un que l’autre des deux chocs est difficile à surmonter et reste bien ancré dans les mémoires. Les terroristes qui ont tué plusieurs des nôtres et qui ont fait du mal à l’international, écorchant une image qu’on peine à reconstruire. Et les Trabelsi, et autres figures du clan Ben Ali et proches, qui ont pillé les caisses de l’Etat, persécuté plusieurs pans de la société et fait régner une corruption qui fait qu’aujourd’hui encore, le pays est au plus bas. Dans les deux cas, le sentimentalisme prime. Un sentimentalisme justifié certes et compris mais un sentimentalisme qui nous leste, qui nous tire vers le bas et nous empêche d’avancer. Des députés affichent des pancartes au lieu de voter des lois et des gens se retrouvent, des années, interdits de voyage et emprisonnés dans des conditions inhumaines en attendant leur procès.

 

Posons-nous les bonnes questions. Que faire de ces gens-là ? S’ils ont accusés de tous les torts et que nous ne croyons plus en une justice libre et indépendante pour nous rendre ce qui est à nous, que faut-il faire dans ce cas-là ?

 

La corruption qui a régné des années durant, continue encore à être l’une des habitudes auxquelles nous nous sommes gentiment accommodés. L’institution tunisienne est corrompue. La corruption règne dans plusieurs secteurs et nous l’alimentons chaque jour. Parce que c’est plus simple, parce qu’il est plus facile de donner un pot de vin que de mériter ce que l’ont reçoit. Ceci n’est pas près de changer. Pas avec la mentalité ambiante. Cette corruption alimente, elle aussi, le terrorisme qui prend racine dans la misère, la marginalisation et l’ignorance. Nous l’alimentons chaque jour.

Et pourtant, on continue à accuser ceux qui ont bien sûr gangréné l’Etat et vidé ses caisses de tous les maux. On continue aussi à considérer les terroristes construits par ce même Etat comme des sous-hommes et nous pensons qu’il suffit de les éliminer, tout simplement.

 

Autant l’une que l’autre des questions gagnerait à être traitée de la manière la plus réfléchie possible, loin du sentimentalisme qui n’apporte rien de bon. Ce sentimentalisme qui fait que les persécutés d’hier deviendront les persécuteurs de demain. Qui fait qu’on met tous les gens dans le même panier et que même si certains sont réellement innocents, ils doivent payer pour les autres et ils méritent d’être privés de leurs droits élémentaires.

 

Les deux faits sont avérés. Autant des figures de l’ancien régime se sont remplies les poches au détriment d’une classe de plus en plus marginalisée et opprimée, autant les terroristes ont tué des gens par centaines et le feraient encore si on leur en donnait l’occasion. Mais faut-il les conduire à l’exil ? Faut-il les priver de leurs droits élémentaires et humains et retomber, encore, dans le cercle vicieux de la haine et de la rancœur ? Quand sera-t-il enfin temps de poser les véritables bases de l’Etat que nous voulons construire pour demain ?

10/01/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (14)

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EL OUFFI 2
| 14-01-2017 11:19
Une révolution qui avait brisé le poids d'un État qui était classée le meilleure État de la région dans tous les domaines ,un des piliers le plus puissant économiquement a été saboté sans tenir compte des 5 000 emplois qui ont été disparus et peut être ces employers se trouvaient dans une situation indigne .Si en raisonne un peut logiquement Belhassane Trablsi était qu'un esclave au peuple Tunisien et lesdites faux capitaux qu'il avait possédé auprès de son proche ont été déployés que dans la limite de l'interrets général ils sont considérés toujours des biens du peuple . Faut que les Tunisiens et Tunisiennes savent que personne ne peut mettre fin à la pauvreté ni à la richesse c'est les prérogatives de notre Dieux mais il a insisté au riches d'aider les pauvres au moyen de ( la zakkattes ) .Je défis qui dit qui pourra mettre fin à la pauvreté soit qu'il en soit Ben Ali ou Badji Caid Essebssi ou autres .
Et a ceux qui croient que leur dite révolution pourra changer la vie comme voulez Dieux c'est impossible et la preuve est très claire et ils pourront le constaté s'ils veulent laisser à coté la vertu (( se sont des chèvres mème qu'elles voles )) .
La situation était très meilleure durant la règne de Ben Ali que l'instant et que les fils de noble Si Mohamed Trablsi ont participé massivement dans l'économie du pays malgré qu'il y avaient certains qu'ils le détestent parce que tous simplement sans d'origine Libyens hormis certains sages Tunisiens qui ont regretté le sabotage des ce famille qui avait commis que du bonheur et du prospect au pays .
Ce que je peut dire à propos de ce ladite révolution qu'elle avait la cause de la chute du président Maamar Kaddafouhoum ni plus ni moins .

Loeil du diable
| 14-01-2017 09:20
Et bien justement ce sont les produits de la dictature Ben Ali,qui a intaure son systeme de gouvernance sur cette culture de la corruption,du nepotisme,de la malversation et tous les genres de trafic et contrebandes.

L oeil du diable
| 14-01-2017 09:15
J y adhere totalement,les 23 ans de dictature
ont atteint le peuple dans sa profonde matiere.Le reste vous l avez magistralement explique et analyse.Ce qui nous manque actuellement c est un veritable homme d Etat,un pouvoir fort pour reeduquer la societe Tunisienne,et imposer le respect de la loi et de la discipline,l exemple du pouvoir autoritaire de Singapour et rien d autre,la democratie ce n est pas des regles,c est un etat d esprit,on sait ce qu elle est quand on la perd.

barjawan
| 13-01-2017 16:37
Ces 80% on va leur créer une académie parlementaire, déja avec leurs absences répétées... pourront-ils concilierleur présence aux cours et aux débats parlementaires,...

Nephentes
| 11-01-2017 13:01
Clan Trabelsi, trabendistes, fonctionnaires corrompus, vendus aux services étrangers, pseudo-islamistes, terroristes, maquereaux polyvalents, tous ces archétypes de personnages sont des individus représentatifs de la société tunisienne de 2017; ce ne sont pas des marginaux.

Ils sont des milliers de tunisiens à être des trafiquants notoires en cours de "labellisation" sociale, des terroristes potentiels, des néo-parvenus inféodés à d'obscures parties étrangères, en Europe ou en Tunisie

Pourquoi notre société est devenue une usine à fabriquer des criminels dénués de conscience, de patriotisme et d'humanité ?

C'est clairement la résultante de 30 années de nivellement sociétal, institutionnel et d'anarchie généralisée :

- destruction en une vingtaine d'année à peine des fondements humanistes et culturels d'un peuple trois fois millénaire, ouvert et tolérant

- propagation de la culture du crime et de l'impunité

- prostitution morale, destruction de l'intégrité identitaire et éthique d'un nombre hallucinant de "gens bien" qui sous couvert de limousines et de trains de vie luxuriants cachent une déchéance morale qui confine au déshonneur. - le sujet est tabou, et il le restera encore longtemps-

- discrimination socio-économique récurrente des diplômés et populations issues des régions de l'intérieur - ce phénomène est d'ailleurs un schème socioculturel majeur de notre société, depuis la destruction du patrimoine zeitounien hanéfite

- destruction du patrimoine millénaire de la culture urbaine traditionnelle de Tunis, de Kairouan,du Kef, de Bizerte, de Sfax, de Djerba, etc...qui constituent le socle de notre identité

- falsification de l'histoire de notre civilisation depuis la dysnastie aghlabite

En définitive , la Tunisie est devenue littéralement un camp de bédouins agressifs et paumés, s'orientant vers un nihilisme criminogène.

La pseudo "islamisation" de ce pays n'est qu'une régression identitaire et sociétale parmi d'autres.

Folklore infantile, obscène, imbu de pseudo culture wahabite "authentique" sensée faire ressurgir nos "racines".

kameleon78
| 11-01-2017 12:30
Ton commentaire confirme mes dires, je ne vais pas débattre sur le fond de ce commentaire je m'en fiche des "Trabelsi" ou des "Ben Ali" c'est de l'histoire ancienne mais cela dénote la tentative de "diversion" dont j'ai parlé dans mon commentaire précédent, on essaie d'ouvrir un débat des "Trabelsi" et des "Ben Ali" et cela va durer des semaines comme l'Affaire du "Martyr du Hamas", cela va nous occuper pendant un temps et on oubliera l'essentiel, à savoir les terroristes de retour de Syrie ou l'affaire Frikha. Pour une fois @Abel Chater je te réponds sans te critiquer personnellement.(incroyable).

Abel Chater
| 11-01-2017 10:55
Tout le monde connaît le passé de Moez Ben Gharbia en coopération avec Sami Fehri. Les deux se sont transformés comme par enchantement en des milliardaires propriétaires de chaînes de télévision et de radios, avec une incroyable facilité de contes de fée.
Les grands journalistes de Tunisie souffrent en silence et les "micmaqueurs" s'élancent sans la moindre limite en vue. Il n'est pas question de "blanchiment d'argent" chez eux. Il n'est pas question d'une sous-traitance de l'entreprise Trabelsi-Ben Ali, chez eux. Il n'est pas question d'une mission médiatique aux services de l'entreprise juive hollandaise Endemohl, chez eux. Il n'est même pas question de permettre à l'opinion publique de comprendre la "story" du conte mythologique des mille et une nuits de ce duo Sami Fehri et Moez Ben Gharbia, qui étaient très actifs du côté du régime déchu de Ben Ali heure par heure, jusqu'à la dernière minute de leur pouvoir. Les Ben Ali déclament leur pauvreté et leurs auxiliaires médiatiques Sami Fehri et Moez Ben Gharbia, se réclament nouveaux richards médiatiques de la Révolution tunisienne.
Tout bon Tunisien dirait que nous avons des autorités strictes, qui veillent au bon déroulement de ce mystère. Toutefois, où sont ces mêmes autorités qui voient de leurs propres yeux, le service rendu aux dictateur déchus, par ces deux chaînes TV de Sami Fehri «Al-Hiwar Ettounsi» et de Moez Ben Gharbia «Attassia», qui s'enfoncent davantage dans leurs projets contrerévolutionnaires. L'un nous apporte Ben Ali par une soi-disant caméra cachée et l'autre nous apporte les Trabelsia, par la même méthode sonore.
N'en parlons pas de Slim Chiboub et des multiples symboles du régime déchu, qui trouvent des micros à gogo, reprenant leur baratin d'antan.
Est-ce que la Tunisie ne saurait s'immuniser de ces mercenaires médiatiques ou est-ce que c'est uniquement pour cette raison, qu'ils ont mené une guerre médiatiquement diffamatoire contre la Ligue de protection de la Révolution, afin qu'ils trouvent le chemin libre pour leur enrichissement aux dépens de tout le peuple tunisien. Un peuple tunisien qui vient de se libérer du dictateur déchu Ben Ali, mais non pas de ses «Azlèms» médiatiques?

wiem
| 11-01-2017 10:49
Je suis tout à fait d'accord avec vous, ceux qui sont arrivés au pouvoir après 2011 ont fait beaucoup de mal à la Tunisie, surtout qu'ils sont supposés avoir été persécutés par l'ancien régime et être épris de liberté, d'équité, de justice sociale, ...etc

Givago
| 11-01-2017 07:13
Les trabelsis ont fait beaucoup de mal au pays et aux tunisiens,mais ceux qui sont arriver aprés ont fait cent fois plus de mal,le pays est gangrèné et nous aurons tous les peines du monde pour guérir de ce concert.et c'est pour cette raison que beaucoup de nos com patriotes ont la nostagie de la periode d'avant 2011.et ça se comprend.

Citoyen_H
| 11-01-2017 01:03

"mais la faute des incapables arrivés après"
"85% des députés n'ont même pas le Bac"

Absolument.

Pour les 15% restants, qui se prennent pour le phare d'Alexandrie, je parierai le peu que je possède, que si ces derniers repassaient le bac de l'époque de BOURGUIBA, ils se feraient rétrograder illico, au niveau de la 1ère année secondaire, et encore.

100% de députés, occupant la chambre des députés, devenue basse-cour depuis le passage des gardiens d'étables et d'écuries,sont là uniquement pour leurs poches, les passe-droits et la fameuse carte de visite.

L'absentéisme chronique de ces flèches, prouve bien qu'ils sont, pour la plupart
d'entre eux, concentré à bâtir des affaires en toute hâte, car ils sont conscients qu'ils sont assis sur des sièges éjectables.
Pas fous, les papous.

La brouette et le mulet "made in 2011", ont définitivement mis à mort le prestige de l'état.
Le "provisoire" (marzougui) en était le représentant exclusif.

Quand on voit l'accoutrement d'une bonne partie de ces resquilleurs à l'oeuvre dans la basse-cour du Bardo, on a l'impression d'assister à une vente à la criée.

Enfin, il faut être réaliste.
On ne peut pas exiger d'un bourricot, les performances d'un cheval de course.
Salutations.


@Synda Tajine
Ou étiez vous de 2011 à 2014 et même à ce jour?
Je suis stupéfait.
Vous n'avez pas mis un mot sur le plus gros holdup commis, depuis que la Tunisie existe.
La troika, ça vous parle?

Qu'ont fait ZABA, les trabelssi et autres, comparé aux piranhas d'ennahdha, du cpr et des autres nazes?
Et puis je ne vois pas du tout le rapport entre ZABA et le contingent des tueurs, pilleurs et violeurs nés s'étant rendus en Syrie, en Irak et ailleurs.

Quand même, essayez d'être objective.