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Des libertés rejetées au profit d’un honneur présumé
12/08/2018 | 15:59
4 min
Des libertés rejetées au profit d’un honneur présumé

La polémique autour du rapport de la Colibe est à son comble, notamment, à l’approche de la date fatidique du 13 août. De quoi remettre au grand jour la question des droits de la femme, et plus généralement, celle des libertés individuelles et de l’égalité. Rejetée pour des raisons idéologiques ou pour des calculs politiques, la Colibe se trouve, dès lors, sujette à une vaste vague de diffamation et de dénigrement.

 

La femme tunisienne a toujours réussi à se distinguer à l’échelle du monde arabe et musulman, suscitant l’admiration du monde occidental. Pour cause, son émancipation, son modernisme et son combat acharné pour obtenir tous ses droits dans une société qui a toujours favorisé la gente masculine.

Il va sans dire, que la promulgation du Code du Statut Personnel (CSP), le 13 août 1956 par décret beylical avant son entrée en vigueur le 1er janvier 1957, a fortement contribué à la consécration des droits de la femme, en étant, à l’époque, une véritable révolution législative. Cette série de lois progressistes tunisiennes visant l’instauration de l’égalité entre l’homme et la femme dans nombre de domaines, fût l’un des actes les plus connus du Premier ministre et futur président Habib Bourguiba près de cinq mois après l’indépendance de son pays.

Il donne à la femme une place inédite dans la société tunisienne et dans le monde arabe en général, abolissant notamment la polygamie, créant une procédure judiciaire pour le divorce et n’autorisant le mariage que sous consentement mutuel des deux époux.

 

Ces avancées, bien que fort louables, restent désormais insuffisantes, 60 ans après. Ainsi, le président de la république Béji Caïd Essebsi, a pris l’initiative de créer la Commission des libertés individuelles et de l'égalité, la Colibe, chargée d’élaborer un rapport en phase avec la nouvelle constitution et complétant l’arsenal législatif et juridique tunisien.

Cependant, et depuis la publication du rapport de la commission présidée par l’avocate et députée, Bochra Belhaj Hmida, une vive polémique fût déclenchée. Les détracteurs et autres réactionnaires n’ont retenu que certains points d’un rapport s’étalant sur 232 pages, pointant principalement, l’égalité successorale et la dépénalisation de l’homosexualité.

Considérant, qu’il s’agit de lignes rouges à ne pas franchir, d’un point de vue purement religieux, les détracteurs de la Colibe lui ont déclaré une guerre sans répit. Lancée initialement sur les réseaux sociaux, insultes, mensonges, dénigrements et diffamation, en étaient les principaux mots d’ordre. Cette campagne orchestrée, a été déplacée par la suite dans l’enceinte des mosquées, où les prêches étaient orientés, mettant en garde contre ce rapport, « qui détruira la famille tunisienne, éliminera son identité arabo-musulmane et l’alignera aux pays de l’occident mécréant ! », tout cela se passe sous le silence radio du ministère des Affaires religieuses, normalement, garant de la neutralité des mosquées.

 

Les choses n’en demeurent pas là, puisqu’une coordination nationale pour la défense du Coran, de la Constitution et du développement équitable est créée. Conduite par des figures emblématiques du parti islamiste et autres extrémistes religieux, cette coordination a organisé une marche nationale, durant la journée d’hier, rien que pour dire « Non au rapport de la discorde » !

Près de 6000 personnes déparquent à la place du Bardo, transportées par des bus venant à travers tout le territoire tunisien, ont manifesté contre un recueil de propositions et de recommandations prônant les libertés individuelles et l’égalité. Pire, plusieurs femmes ont pris part à cette manifestation, renonçant à leurs droits acquis via l’Etat civil et préférant être complémentaires, et se suffire de l’honneur que leur a accordé l’islam. A écouter certaines jeunes filles âgées d’à peine 18 ans qualifier la Tunisie de « Etat islamique », on croirait vivre dans un autre pays. Un pays envié par des millions de femmes arabes qui négocient encore leur droit à conduire, seules, une voiture.

 

Cependant, force est de constater que la commission de Bochra Belhaj Hmida, mais aussi de ses 8 autres membres,  a dû faire face, seule, à cette violente vague d’opposition. Mis à part quelques communiqués laconiques publiés par certains partis politiques, la commission se bat en solitaire contre ses multiples détracteurs, sans même l’appui de la présidence de la République qui l’a pourtant initiée. La Colibe ne bénéficie que d’un grand soutien de la société civile, des indépendants et d’une majorité aspirant à une Tunisie meilleure, libre et fidèle à sa réputation.

D’ailleurs, un rendez-vous a été fixé pour le lundi 13 août à 18h face au théâtre municipal pour exprimer sa solidarité avec la Colibe, et appuyer ses recommandations qui demeurent le seuil minimal garantissant les libertés individuelles, l’égalité et la dignité humaine.

 

Sarra HLAOUI

12/08/2018 | 15:59
4 min
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Commentaires (12)

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J.trad
| 17-08-2018 17:16
Tahta kalkali le (FMI,)drôle de liberté

J.trad
| 17-08-2018 17:10
C'est une question de calcul ,question de fraction ,question de relativité ,la polémique qui atteint aujourd'hui l'apogée ,prouve que certains regardent le (+) les autres ne voient que le(-),c'est simple ,Allah a tranché ,il a choisit pour nous ,en principe et par bon sens ,lorsque l'arbitre suprême ordonne ,plus personne ne doit bouder ,je crois que les médias n'ont pas bien mis en relief ,comment Allah a puni son peuple élu ,leneuple d'Israël,et des peuples avant Israël ,parcequ'ils ont désobéi à Allah ,(in 9adha Allahou amran) personne n'a le droit de riposter ,les conséquences sont maires ,l'audace ,engendre des risques et des périls,les sourds ne veulent pas entendre,faut-il,il leur rappeler comment Allah a puni ( ennamroud)?

kameleon78
| 13-08-2018 13:04
BCE a piégé la Nahda, les obligeant à se prononcer sur la Colibe. Ghannouchi depuis 2014 a fait beaucoup d'efforts en changeant son look, en mettant un costume et une cravate, à cacher surtout les "extrémistes" de son parti comme Ellouze et d'autres, comme des parents honteux qu'on veut mettre à l'abri des regards, mais tout cela n'a servi à rien, sa base exige de répondre aux attaques de Béji (la Colibe) aux fondements même de l'état religieux.

Les islamistes, la base la plus virulente, exige l'affrontement avec les instigateurs de la Colibe. Ghannouchi sous la pression de ses partenaires religieux et sa base extrémiste est obligé de se prononcer au risque soit de briser le Taweq (avec BCE) en critiquant la Colibe soit de décevoir sa base électorale islamiste et revancharde s'il ne réagit pas. Dans les deux cas de figure, Ghannouchi est embarrassé. Le Gourou a essayé de cacher ses "extrémistes" mais là il ne peut plus, il est obligé de se découvrir sinon sa "base" se détachera de lui. Sans sa base, Ghannouchi n'est plus rien.

BCE a gagné son pari politique, il a divisé la Nahda entre les plus "modérés" et les "extrémistes". Béji a utilisé la manière la plus pacifique pour le faire avec la divulgation de la Colibe, il a dégoupillé une grenade prête à exploser au visage de Ghannouchi qui est obligé de se déclarer s'il est pour ou contre la Colibe. Dans les deux cas, il aura tout perdu et il pourra vendre son costume et sa cravate qui ne lui servent plus à rien.

Mouaten_x
| 13-08-2018 11:52
La liberté d'avoir voté deja à 2 reprises pour un état inexistant et impotent, qui poursuit la fuite en avant initiée par la funeste Troïka et des partis qui crachent sur la Nation et les tunisiens pour s'accrocher aux fauteuils. On avait vraiment besoin de ce "débat de société" pour sortir le pays de la mer... dans laquelle il ne cesse de s'enfoncer. La femme a toujours été l'égale de l'homme quand elle le veut et l'économie nationale repose sur toutes les composantes de notre société. C'est un FAIT. Comptez le nombres de femmes d'affaires tunisiennes ayant reussi pleinement avec ou surtout sans héritage depuis des dizaines d'années, elles n'ont attendu personne pour défendre leur droits : elles les ont arrachés . C'est une insulte à la Tunisie et aux femmes que d'entendre certains slogans réducteurs. Cela rappelle l'instrumentalisation de la " cause féminine" entre aute par BenAli et des personnages sulfureux, Femmes et hommes, qui s'en sont bien servi. Si on plus on veut faire l'amalgame avec un fourre tout de "sujets" par essence diviseurs comme la peine de mort etc... alors on organise le désordre, pour cacher l'incapacité à régler le marasme actuel. Vous êtes libres depuis 2011, qu'en avez vous fait ? Pourquoi le pays fonctionne de moins en moins bien, pourquoi les crimes et délits sont- ils plus nombreux, pourquoi on coupe l'eau aux usagers, pourquoi la poste Tunisienne ( le service public trivial et basique !) ne fonctionne plus, pourquoi l'administration tourne au ralenti ( alors qu'elle a très bien fonctionné entre janvier et octobre 2011), pourquoi la haine a gangrené nos mosquées, pourquoi la drogue a colonisé nos lycées, pourquoi nos conducteurs et conductrices sont fous ? C'est certainement le COLIBE qui va résoudre tous nos problèmes. Un "machin" imaginé par le désormais grabataire locataire de Carthage, qui se rêve un destin à la Bourguiba et qui va plutôt devenir le Néron de la Tunisie. Selon le proverbe bien de chez nous : ki tchouf el mahboul rakeb al forka, kollou Mabrouk l'Ahssan.

Montaigne
| 13-08-2018 09:57
On écrit "verset" et non "versais" SVP

zamharir
| 13-08-2018 09:46
Il ne s'agit pas seulement de la femme tunisienne, mais de la société tunisienne. La Colibe propose un nouveau modèle de société, dont le moins que l'on puisse dire est qu'il doit faire l'objet d'un débat national suivi d'un référendum national, au lieu d'être adopté en catimini dans l'entrebâillement d'une porte cochère au Palais de Carthage. Si le sujet de l'égalité de l'héritage entre femmes et hommes mérite assurément d'être abordé et approfondi, en quoi celui de l'homosexualité se pose-t-il avec urgence. En Tunisie on compte nombre d'homosexuels, nous-dit-on. Et, ajoute la présidente de la Colibe dans une inspiration populiste au petit pied, les plus pauvres d'entre eux sont moins bien protégés que les fils des grandes familles qui s'y adonnent à découvert, librement. Soit. Mais ce n'est pas parce qu'il y a des voleurs qu'il faut légaliser le vol, parce qu'il y a des assassins qu'il faut légaliser le crime ou qu'il y a des menteurs qu'il faut tolérer le mensonge. Sans entrer dans le détail des arguments fallacieux de tous ordres brandis par une minorité essentiellement anglo-saxonne dans le monde, la liberté de "l'orientation sexuelle", placée désormais au sommet des libertés individuelles, est, quoique s'en défendent les rédacteurs du rapport, une porte grande ouverte sur le mariage homosexuel. Verra-t-on un jour le Président de la République tunisienne se pavaner avec son mari au Palais de Carthage comme on le voit déjà aujourd'hui au Luxembourg et dans de nombreuses ambassades occidentales dans le monde arabe. En quoi la légitimation de l'enfant hors mariage, ce bébé que la femme "a fait toute seule", comme le proclame la chanson française, est-il une avancée pour la femme tunisienne et pour l'enfant ? En revanche, l'un et l'autre marqueront la ruine de la cellule familiale, qui doit rester la cellule de base de la société. Elle est composée d'une mère, d'un père et d'enfants -- on n'a pas trouvé mieux . Elle s'est organisée il y a des milliers d'années autour de l'interdit de l'inceste, comme l'ont établi les ethnologues, Claude Lévi-Strauss en tête Ou faut-il par paliers successifs, dont le premier serait le mariage homosexuel, aller aussi vers l'inceste, comme le proclame la minorité citée plus haut, s'appuyant sur les pratiques des pharaons d'Egypte (Toutankhamon épousant sa mère, Cléopâtre épousant son frère). Il faut lire la littérature américaine sur le sujet. Elle est de moins en moins "undergroud". Elle se répand en Europe et finira tôt ou tard, mondialisation oblige, par déferler sur le monde arabe. La société civile n'est pas une société sans religion. La laïcité n'est pas la mort de Dieu. Le copié-collé de la Colibe épouse jusqu'à la caricature les propositions d'une minorité anglo-saxonne très active, qui, hélas !, a réussi à imposer ses vues à une ONU sans colonne vertébrale, en usant de sophismes et de subterfuges à un moment ou la dite communauté internationale avait les regards tournés vers d'autres problèmes plus urgents agitant le monde. De New York le fléau s'est abattu sur le monde entier. Avec le même objectif : construire une société mondiale uniforme, à l'identique de la société américaine en gestation dans certains campus, une société de consommateurs indifférenciés, une société de marché. La Tunisie doit aller vers la modernité dans tous les domaines, mais une modernité qu'elle aura réfléchi et choisi et non une modernité d'emprunt qui finira par la submerger, la transformant en sous-société européenne ou américaine comme on le constate déjà dans divers secteurs de la vie sociale. Il nous faut discuter de notre avenir entre Tunisiens, loin, le plus loin possible, des pressions extérieures, à commencer par celles des "résidents généraux" qui ont élu domicile dans le pays sous diverses formes : ambassadeurs, ONG et autres. N'en déplaise à la présidente de la Colibe, qui fait preuve d'un activisme très suspect en l'occurence, le peuple tunisien, qui l'a élue, ainsi qu'un certain nombre de ses complices, qu'elle proclame immature pour trancher sur les sujets qu'elle propose à la sauvette, est suffisamment mûr pour aborder ces sujets culturels et sociétaux avec sagesse et dans la sérénité. Un dernier mot pour BCE : vous avez fait beaucoup pour votre pays, vous avez un pied sans la tombe, n'enjambez pas la Constitution, dont vous êtes le premier gardien, ne commettez pas l'irréparable en couvrant l'imposture de la Colibe par votre légitimité. Le peuple Tunisien vous rendra la reconnaissance qu'il doit aux grands hommes de son pays.

Raad
| 13-08-2018 08:53
Pas de doute la dessus, l'ombre d'Ennahdha est partout, contre toute avancement et toute modernisation de la vie de tous les jours.
Ce parti est dangereux pour la Tunisie, ces dirigeants ne voient que par la chariaa, la religion, et le clergé ou cheikh.....Nous ne sommes plus au 7e siècle, chose qu'ils ne veulent pas comprendre dans leurs petite tête.
Ces gens ils sont fermés comme une coquille, ces des moutons, ils sont un danger pour la nation toute entière.
Ils sont obscurs, ne jure qu'à travers la religion, mais l'islam n'a rien avoir avec ces méthodes, nous sommes en Tunisie et non pas au pays du wahabismes.
Oui à l'émancipation de la femme tunisienne, oui à l'égalité entre la femme et l'homme, oui à la parité de l'héritage entre femmes et hommes.
Non à l'égoïsme et à l'hypocrisie de ces hommes politiques venus d'ailleurs....
Debout la Tunisie, femmes battez vous.....

Jupiter
| 13-08-2018 07:49
Aucune liberté n'est rejeté au non de la religion sauf que la majorité des Tunisiens veulent protéger nos valeurs au contraire de quelque extrémistes francophone vendue qui veulent imiter la culture occidentale.

kameleon78
| 13-08-2018 00:33
Venez nombreux aujourd'hui Lundi 13 août 18h pour soutenir la Colibe, plus vous serez nombreux plus vous appuierez le texte des libertés et de l'égalité entre les sexes. Les principaux partis progressistes ont rejoint l'initiative et c'est une bonne chose. Bien sûr, les extrémistes sortent de leur tanière, c'est le seul moyen qu'ils ont de s'exprimer contre les libertés individuelles et l'égalité mais soyons plus nombreux, c'est l'essentiel. Il faut combattre ces extrémistes religieux qui menacent notre société, ce sont des "corps étrangers" à notre Tunisie moderniste, il faut les éliminer politiquement.

Fehri
| 12-08-2018 23:59
Les versais de Coran que vous avez évoqués n'expliquent pas pourquoi la femme ne peut être égale à l'homme. Quels sont les versais de Coran qui interdisent aux femmes d'hériter autant que le garçon. Aujourd'hui la femme travaille toute la journée, gagne autant que le garçon, prépare les repas, nettoie la mason et passe toute la nuit à s'occuper des enfants malades. N'essayez pas de nous convaincre avec des versais de Coran que vous même vous ignorer le sens. Le jour où tu tombes malade ne demandes pas l'aide à ta femme, change vos propres couches et remercie le bon dieu qu'elle vous acheter les couches.