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Chroniques
Délocalisations bien de chez nous
Par Sofiene Ben Hamida
06/01/2019 | 15:59
4 min
Délocalisations bien de chez nous

Par Sofiene Ben Hamida

 

En économie, la délocalisation des entreprises est devenue une pratique communément admise à la faveur de la mondialisation galopante. Elle consiste pour une entreprise, de changer le lieu de son activité pour profiter d’un meilleur  environnement fiscal et économique ou d’un niveau de salaires plus bas, ce qui lui permet d’augmenter ses bénéfices et d’améliorer sa compétitivité. La  Tunisie, étant un pays ouvert à toutes les influences, a connu depuis longtemps ce phénomène de la délocalisation qui lui a été favorable durant les années 70 et 80 mais qui s’est retourné contre elle à partir des années 90 et notamment après la révolution, pour des raisons multiples et diverses.

Seulement en Tunisie, la délocalisation ne s’est pas limitée au domaine économique mais s’est élargie à d’autres sphères politiques et même sportives pour donner au phénomène de la délocalisation un caractère bien de chez nous.

 

Ce dimanche, le derby footballistique de la capitale entre le Club africain et l’Espérance sportive de Tunis s’est déroulé à huis clos à Monastir. Cette délocalisation n’est pas la première de la saison. La confrontation entre l’Union sportive de Tataouine, pourtant équipe hôte, et l’Espérance de Tunis, s’était déroulée il y a quelques semaines à Tunis à cause des travaux interminables au stade de Tataouine. Cette fois, le derby de la capitale se déroule au Sahel car deux grands stades, celui de Radès et celui d’El Menzeh sont hors-service. On ne s’attardera pas, à ce propos, sur les problèmes chroniques et structurels liés à notre football. On s’interroge juste pourquoi le troisième stade, celui de Chedly Zouiten, avait été totalement écarté des options possibles pour abriter le derby de la capitale ? Dans toute délocalisation, le levier central est l’intérêt. Dans le cas présent, la délocalisation du derby de Tunis ne profite ni aux antagonistes sportifs, ni aux instances du football. Il profite uniquement aux riverains du stade Chedly Zouiten, une catégorie fortunée de tunisiens qui s’accommodent mal du vacarme des jeunes supporters susceptible de perturber leur quiétude. Malheureusement, l’intérêt d’une frange influente et nantie a primé sur l’intérêt du football et du grand nombre de supporters des deux équipes.

 

Sur le plan politique, deux formes de délocalisation émergent. La première concerne les députés qui émigrent d’un bloc parlementaire à l’autre avec une aisance déconcertante. Il existe même des députés qui ont changé de bloc parlementaire à cinq reprises au cours d’un même mandat. Ce phénomène de délocalisation est appelé pudiquement chez nous le tourisme parlementaire, comme pour mieux occulter les intérêts, souvent sonnants et trébuchants, qui se cachent derrière cette valse de députés. Cette valse a commencé avec l’assemblée constituante et ne s’est pas arrêtée depuis. Elle semble même s’accélérer à l’approche des échéances électorales. Pour certains, cette démarche dénote d’un sens pragmatique aiguisé chez ces députés. Pour d’autres, c’est juste la marque d’un opportunisme nauséabond et malsain.

 

La seconde forme de délocalisation sur le plan politique concerne les partis, fruit d’une scission pour la plupart, qui cherchent à délocaliser les forces de production, sous entendu les adhérents de base de leur ancienne formation politique. Il s’agit notamment du Machroûu et de la nouvelle dynamique qui soutient le chef du gouvernement. L’intérêt de ce cette manœuvre est de profiter des difficultés de Nidaa pour garantir une présence effective sur le terrain à moindres frais. Ceux qui ont adopté cette tactique n’en ont pas profité lors des dernières élections municipales. Peut-être qu’elle leur sera plus profitable dans leurs prochaines campagnes pour les législatives et la présidentielle.

 

Même les imams, habituellement concentrés sur leur univers spirituel et religieux, ont délocalisé leur univers de pensée et se sont immiscé, sans vergogne, dans l’espace politique. Réunis samedi dans le cadre d’une structure appelée la «Coordination nationale pour la défense du Coran, de la Constitution et du développement équitable », ils ont estimé que le président de la République, initiateur du projet de loi sur l’égalité successorale, n’est désormais plus un protecteur de la religion, du sacré ou même de la Constitution, appelant ainsi à ne plus le réélire à aucun poste dans l’avenir. Lors des prochaines élections, ils exigeront probablement des candidats de se munir d’un quitus de bonnes intentions religieuses qui leur sera délivré par leur soin.  

Par Sofiene Ben Hamida
06/01/2019 | 15:59
4 min
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Commentaires (5)

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mansour
| 06-01-2019 22:54
l'engagement politique des islamistes freres muulmans salafistes d'Ennahdha avec sa cour de serviteurs n'est que verbal

Cassius Clay
| 06-01-2019 18:00
Evidemment on n'en est pas à une question près.Il faudrait peut être aussi se demander si les stades d'El Menzah et de Radès n'ont pas été construits simplement pour la paix des week end des résidents de Mutu. Dans ce cas, pourquoi n'a t on pas rasé le stade Jean Dré...excusez moi, Chedly Zouiten?

Abir
| 06-01-2019 17:37
La mairesse Nahdaoui

Abir
| 06-01-2019 17:19
Les imams d'Ennahda proteste contre un projet du loi en évoquant la constitution,La mairaisse d'Ennahda,veut arabiser les enseignes en évoquant la constitution,dites mois ,cette constitution est fait pour 11 million de Tunisiens ou simplement pour le 10% de Kwanjias!? Où est elle,la constitution des musulmans progressistes et Laïcs?

Pourquoi faire
| 06-01-2019 17:03
Vous oubliez la délocalisation de l'intelligence qui quitte nos contrées qui en deviennent mécaniquement plus bêtes !