L’Institut tunisien des Etudes stratégiques (ITES), présidé par Néji Jalloul a organisé, ce mercredi 21 février 2018, une table ronde regroupant différents acteurs économiques concernés par le récent blacklistage de la Tunisie par l’Union européenne en tant qu’Etat exposé au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme.
Cette réunion, qui a vu la présence notamment de représentants du ministère des Affaires étrangères, de la Commission tunisienne des analyses financières ainsi que des acteurs non institutionnels, avait pour objet de mener une réflexion sur les causes de cet échec et de présenter une liste de recommandations pour remédier aux défaillances qui ont fait que la Tunisie soit classée dans cette liste.
Parmi les principales défaillances pointées par les participants à la table ronde, on peut citer l’absence de politique efficace de lobbying par nos autorités politiques (ministère des Affaires étrangères et les députés). Ce point a notamment été soulevé par le président de l’ITES.
« Il faut faire du lobbying avec des dossiers solides, pas avec des petits fours !» a affirmé l’universitaire Fatma Marrakchi Cherif.
De son côté, l’expert économique Nabil Chahdoura a estimé que l’intention des autorités tunisiennes de mettre en place des mesures concrètes pour lutter contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme existe mais que le décalage entre les déclarations et les faits a coûté cher à la Tunisie.
Maher Belhaj, banquier et expert en économie et en finances considère que la circulation en masse de l’argent liquide est la principale cause de ce blacklistage : « D’importantes sommes d’argent font l’objet d’opérations de blanchiment dans les secteurs immobiliers et agricoles » a-t-il affirmé, avant de pointer un autre problème qui ronge le secteur de la monnaie en Tunisie, à savoir la conversion de l’argent au noir : « 90 % des touristes algériens et libyens échangent leur monnaie dans le circuit parallèle » a dévoilé l’expert.
Le vice-président du Cercle des financiers tunisiens, Abdelkader Boudriga a pointé du doigt des défaillances au niveau du système judiciaire tunisien, vu que les tribunaux prononcent très peu de jugements dans des affaires relatives au blanchiment d’argent et le financement des associations : « A-t-on jugé les associations qui ont envoyé des Tunisiens combattre en Syrie ? Et d’où provient leur argent ? », s’est demandé l’universitaire.
Pour Abdejlil Bedoui, le principal problème aujourd’hui provient du fait que l’Etat tunisien est incapable de prévoir et d’anticiper ces blacklistages : « On est en présence d’un Etat pompier qui agit seulement une fois qu’il y a le feu », a regretté l’économiste.
Parmi les solutions préconisées par les participants à la table ronde, il y a la mise en place du décashing (réduire au maximum l’utilisation de l’argent en liquide et préconiser les paiements en carte bancaire et en chèque), la digitalisation de l’économie, l’instauration d’une équité fiscale et la lutte efficace contre l’économie parallèle.
Pour cela, soulignent les experts, il faut du « courage, de l’audace et de la persévérance. Ce n’est qu’à ce prix que la Tunisie pourra se sortir de cette mauvaise passe » affirment-ils.
N.B.G
Commentaires (3)
CommenterLobbying du n'importe qoui
Certes de l'audace et du courage
Des experts experts en rien!
C'est le COURAGE, L'AUDACE et la PERSEVERENCE!