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Tribunes
De la réforme de la circulaire 73, une lecture citoyenne
17/09/2017 | 13:19
2 min
De la réforme de la circulaire 73, une lecture citoyenne

 Par Ahlem Hachicha Chaker*

 

Recentrons le débat. Le sens de cette réforme n'est pas d'accorder à la femme tunisienne le droit d'épouser un non-musulman. L'interpréter dans ce sens est un raccourci et une étroitesse de l'esprit.

 

La Tunisie est un pays qui vit sous le régime républicain. Ce régime se base sur quelques composantes reconnues, dont la plus importante est le citoyen qui se place au cœur de tout système républicain. Qu'est-ce qui définit donc un citoyen? Un ensemble de droits et d'obligation.

L'égalité dans et devant la justice. Le respect de l'état. L'appartenance à la nation. La citoyenneté est bien ce qui différencie le régime républicain des autres régimes politiques. Elle annule toute supériorité d'une classe d'individus sur une autre par un droit de naissance ou autre. Elle établit l'état de droit contre l'arbitraire. Elle établit la justice et l'équité entre les personnes. Elle ordonne le respect des personnes et leurs droits par l'administration et l'état.

 

Alors cette circulaire 73? Historiquement, il s'agit d'un texte infâme établi par un individu pour empêcher une femme de choisir son mari. Le caprice d'un homme qui refusait de reconnaître la liberté individuelle d'une femme de sa famille s'est ainsi abattu sur des générations de femmes. Un homme avait décidé d'instrumentaliser la justice pour imposer sa volonté personnelle. L'arbitraire même.

 

Cette réforme met donc fin au règne de cet arbitraire. Le droit ne peut être qu'absolu et objectif. La citoyenneté aussi. Annuler la circulaire 73, affirme la citoyenneté absolue et lève la tutelle imposée aux femmes par une hypocrisie sociale.

Il serait risible d'imaginer que l'état puisse imposer aux citoyens un code vestimentaire, un choix de carrière, un régime alimentaire, un lieu de résidence. Pourquoi ? Cela relève de choix personnels faits par des individus libres et responsables. L'état ne peut mettre ses citoyens sous tutelle. Les citoyens sont libres de leurs opinions et de leurs mouvements, dans le respect de la loi qui établit l'ordre entre eux et les protège de l'injustice.

L'état en est garant. La logique le dicte. La démocratie l'impose.

 

 

* Directrice exécutive de l'Institut des Politiques Publiques de Machrou3 Tounes (MPT)

17/09/2017 | 13:19
2 min
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Commentaires (10)

Commenter

gerard
| 22-09-2017 03:52
ce sont les femmes tunisiennes qui sauveront en TUNISIE,la justice,la démocratie,et la liberte !

himar
| 18-09-2017 09:10
il faut le taire
Wittengstein
ou encore : quand on n'a rien à dire il vaut mieux se taire

Maxula
| 18-09-2017 01:17
Vous dites :
"Il serait risible d'imaginer que l'état puisse imposer aux citoyens un code vestimentaire, un choix de carrière, un régime alimentaire, un lieu de résidence."
Bravo...! Mais encore...?
Vous acceptez, en contre partie (ou par défaut ?), que ce même Etat "impose aux citoyens un code" islamique dans la vie courante, comme dans les textes qui régissent lois et règlements...et ce, "de l'aube claire jusqu'à la fin du jour"(dixit Brel)...
Je n'en veux pour preuve simple, démontrable et irréfutable...que le fait d'imposer au bon peuple, la première des bondieuseries les plus courantes, à la télé nationale comme à la radio du même nom, les médias privés n'étant pas en reste...ces sempiternels et récurrents appels à la prière, ces psalmodies coraniques qui ouvrent et ferment les antennes...Appels et psalmodies qui n'intéressent que les croyants pratiquants, ceux qui devraient être seuls responsables de la gestion de leur propre emploi du temps...
Et ce que vous tenez pour "risible"...n'est que ce qui se passe dans beaucoup de pays arabo-musulmans (mais pas que...) qui avaient commencé insidieusement sur cette voie pour finir par imposer à leurs citoyens une religion officielle...à l'exclusion de toute autre...
Le pays n'est-il pas condamné à vivre sous un régime "ridicule", comme vous dites...qui imposerait à terme aux citoyens, magnanimes puis pusillanimes, "un code vestimentaire, un choix de carrière, un régime alimentaire, un lieu de résidence"...?
Et n'y voyez-vous pas les signes avant-coureurs de pratiques qui ont déjà cours et que certains beaux esprits voudraient voir généralisées puis imposées ?
Passons-les en revue ces signes, si vous le voulez bien...
- "Un code vestimentaire" : l'on s'interrogerait à moins quand on voit l'interdiction de fait, sinon le harcèlement auxquels sont soumises les baigneuses qui auraient l'outrecuidance de faire trempette en maillot...et carrément attaquées physiquement si elles se mettaient en bikini...Vade retro feminas...! Ne parlons même pas de mini-jupes, de débardeurs et autres shorts...que la décence bondieusarde m'empêche de citer ici...
- "Un choix de carrière" : avec le chômage endémique qui a toujours sévi, et sévira encore en Tunisie, et à moins de monter un stand dans la rue parce qu'on est bien vu par l'imam du coin... ou de prendre des leçons de natation avant de s'embarquer de nuit vers l'inconnu...le choix de carrière est plutôt restreint pour le travailleur lambda qui n'a déjà pas de quoi vivre correctement pour se payer le luxe de graisser la patte aux décideurs enturbannés...
- "Un régime alimentaire" : ne l'imposerait-on pas déjà à ceux qui ne désirent pas "ramadaner" avec la masse des suiveurs panurgistes...? Ainsi qu'à ceux qui voudraient de temps à autre, se payer une bonne choucroute garnie (de charcuterie...? Woh !)...même si ce plat n'est pas de consommation courante...? Ainsi qu'aux amateurs de bonnes soirées "arrosées" entre amis ?
- "Un lieu de résidence" : étant donné le peu de moyens dont disposent les candidats au peu de logements disponibles...il n'est pas question de faire la fine bouche, sous peine de loger sous les ponts...Il faut accepter par exemple de se faire casser les oreilles par la sono poussée à fond, de la mosquée d'à côté...et ce, aux heures les plus indues, ce qui fait tout le charme, vous en conviendrez, de cette religion qu'on impose à tout le monde...Et quand par miracle, le pauvre travailleur déniche un modeste logement qu'il accepte de payer en se saignant aux quatre veines...il faudrait encore qu'il passe sous les fourches caudines des gens d'influence et qu'il satisfasse les desiderata pécuniaires des facilitateurs de tout poil et de toutes obédiences...dont le premier souci est de se remplir les poches et basta !
Ah ! Si tout cela n'était que "risible"...on se suffirait de raconter cette histoire aux copains...et on en rirait de bon coeur...
Maxula.

Bob
| 17-09-2017 23:19
La circulaire 73 est comme son nom l'indique un texte qui date de 1973, c'est à dire du temps de Bourguiba, le grand Libérateur(Sic)de la femme.Quarante quatre ans, presque jour pour jour, pour que les langues se délient et que l'on se découvre, à l'instar de l'activiste (resic) auteure de cet article, réformiste et défenseur du droit de la femme...mais il n'est jamais tard pour prendre le train en marche qui est lui-même en retard de plusieurs plombes. Et dans ce cas, la décence veut qu'on ait le triomphe modeste, mais entre la décence et l'obscénité la distance s'est réduite à rien...''et ce rien, on vous le laisse''.

anti-islamiste
| 17-09-2017 23:00
Erreur !
Les Tunisiens sont majoritaires dans ce pays .
La musulmanie n'est ni un état ni une nationalité !
Par contre c'est une maladie mentale caractérisée par l'islamisme et débouchant sur le terrorisme.
Si la dictature religieuse vous plaît tans, allez donc en Arabie ou au Qatar détruisez-y votre passeport et restez-y

Gabès-la-polluée
| 17-09-2017 22:03
Qui es-tu????

Sache que sur terre, seule la république et ses lois sont susceptibles de garantir l'égalité entre les citoyens.

El GHOUL
| 17-09-2017 18:33
C'est une belle leçon à ceux qui s'autoproclament Cheikh El Islam, ij'invite les membres du syndicat des ulémas Islam à lire cet article pour éviter de dire des inepties. Il était temps de faire la réforme du circulaire 73 qui concerne 50% de la population. Bravo Mr le président.

Nasser
| 17-09-2017 17:12
Merci pour cette explication. Limpide comme l'eau de roche.

Ahlem
| 17-09-2017 16:23
Le ministère des Affaires locales, a sauvé la situation de la femme en publiant le vendredi 15 septembre 2017, la circulaire n°1 relative aux documents à fournir pour conclure un contrat de mariage. Sinon c'est l'interdiction absolue du mariage d'une femme tunisienne avec un non musulman forcée par le CSP qui serait applicable (revoir le commentaire de Dr. Tazarki).


Il serait mieux et plus efficace d'annuler la circulaire de 1973 et d'adapter les lois du CSP, mais ce qui est difficile à réaliser puisqu'il faudrait passer par le parlement!


La Situation de la femme est encore très fragile car le prochain gouvernement ou ministre pourrait aussi changer facilement la circulaire. Apparemment les circulaires sont facilement changeables selon la mentalité et l'humeur du Ministre en place!

Il n'y a aucune raison afin de crier victoire tant que certaines lois dans le CSP n'ont pas été améliorées.


Lefghoun
| 17-09-2017 14:28
en aucun cas on pourrait accepter que le Republicain soit au dessus de la LOI DIVINE et rappelez vous bien que nous sommes des musulmans majoritaire dans ce pays et on laissera pas faire