Maryam Mirzakhani est morte le 15 juillet 2017 à l’âge de 40 ans. Cette mathématicienne iranienne de génie, récipiendaire de la célèbre médaille Fields, était enseignante à Stanford. Le monde a perdu une de ses lumières scientifiques incarnées par une belle jeune femme qui aura « forcé » les journaux de son pays à publier des photos d’une femme sans voile, uniquement par la valeur de ses travaux.
Le génie n’est pas seulement scientifique ou artistique. Le génie peut s’exprimer partout sans crier gare. Il suffit d’avoir assez de sensibilité pour savoir le reconnaitre quand on le voit, car rares sont les génies reconnus de leur époque. Un bel exemple de génie est celui donné hier par l’illustre Khaled Chouket.
Le président de la République, Béji Caïd Essebsi, a reçu hier les dirigeants de Nidaa Tounes. Il y avait Hafedh, Samir, Borhen, Sofiene et Khaled. Le premier est le fils de son père, le deuxième est un ancien ministre de Ben Ali, le troisième est un communicateur hors pair et le quatrième est chef du bloc Nidaa à l’ARP. Que restait-il à Khaled pour se distinguer ? Pondre un livre ! N’est-ce pas là du génie ?
Un livre modestement intitulé : « Nidaa Tounes : cinq ans de dévouement à la nation ». J’avoue ne pas encore avoir eu le privilège de lire cet ouvrage. Mais force est de constater que parvenir à remplir un livre, avec ce qu’a fait Nidaa Tounes pour le pays, tient du génie. Mais qu’a-t-il bien pu écrire dedans ? Est-ce qu’il parle du congrès de Sousse qui a vu Hafedh Caïd Essebsi installé à la tête du parti en sa qualité de fils ? Chouket a-t-il évoqué les enregistrements fuités des réunions des leaders de Nidaa Tounes qui nous ont montré la vision globale et prospective de ces gens ? A-t-il analysé les raisons qui ont fait qu’aujourd’hui, Nidaa Tounes est devenu la deuxième force au parlement après avoir gagné les élections de 2014 ? Se risque-t-il à dégager un bilan de la collaboration et de l’alliance de Nidaa Tounes avec Ennahdha en dépit de ce que les électeurs en pensent ? Aura-t-on plus de détails sur les liens de Chafik Jarraya avec le parti ? Ou encore des révélations sur la rencontre de Paris entre Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi sous la houlette de Slim Riahi et de Nébil Karoui ?
L’impatience et la soif de connaissances nous saisissent rien qu’en pensant à ce pourrait nous apprendre ce livre, et ça c’est la marque des auteurs de génie. En plus, l’auteur, Khaled Chouket, a certainement dû se distancier de son propre parcours, notamment en tant qu’islamiste, pour prendre la mesure du grand parti qu’est Nidaa Tounes. Comme tous les génies, il a été insulté, il a été traité d’opportuniste surtout quand il a été catapulté porte-parole du gouvernement avec Habib Essid. Mais comme les génies reconnaissent les génies, ceux de l’actuel Nidaa ont reconnu le génie de leur collègue. C’est pour cela qu’ils on préféré financer l’édition d’un tel ouvrage plutôt que de payer les loyers en retard de plusieurs bureaux locaux et régionaux du parti. C’est ce qu’on appelle du courage.
Dans quelques dizaines d’années, ou peut-être plus, nos enfants se tourneront vers leur Histoire et sauront reconnaitre les génies qui les ont précédés. Si l’on avait un peu de jugeote, on reconnaitrait d’ores et déjà les génies parmi nos contemporains. Je le répète encore : réussir la performance d’écrire un livre sur ce qu’a apporté Nidaa Tounes à la nation, c’est du pur génie !
