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Tribunes
De la botanique et de la politique !
30/07/2018 | 20:43
5 min
De la botanique et de la politique !

 

Par Hédi Ben Abbes


Une des plus célèbres citations de Shakespeare relate avec force et minutie le délabrement à la fois politique et morale de l’Etat en l’occurrence celui du Danemark quand Marcellus dans Hamlet constate avec amertume que « Something is rotten in the state of Danemark. ». Il affirmait alors qu’il y avait quelque chose de pourri dans le royaume du Danemark. Ce fut une œuvre littéraire majeure (1603) relatant les intrigants et immoraux arcanes de la politique sur fond de lutte de pouvoir. Déchirement familial, trahison, meurtre, guerre fratricide, vengeance, sont au fondement même de ce que Shakespeare voulait mettre en évidence pour illustrer les travers de l’homme accablé par sa soif de pouvoir et par son immoralité. L’Histoire ne fait que se répéter pour ceux qui ne veulent pas en retenir les leçons.

 

Quatre siècles plus tard, nous constatons « qu’il y a quelque chose de pourri dans le royaume de Tunisie ». Une pourriture, qui prouve à quel point la réalité dépasse la fiction. En effet, dans notre « royaume de Tunisie » la roi Ubu n’est autre qu’un roi d’opérette. Il ne connait de la politique que les manigances, les basses manœuvres et les trahisons.

Entouré de bouffons et de sbires, le roi Ubu est tiraillé entre les exigences de sa reine, les ambitions d’un rejeton pressé de lui succéder d’un côté, et d’un jeune prince d’opérette, qui s’était fixé l’objectif d’être roi à son tour. Le roi Ubu lui-même, malgré son âge bien avancé et son incapacité à gérer son royaume, ne veut pas abdiquer et croit pouvoir manœuvrer entre les obstacles et prolonger ainsi son règne jusqu’à ce que la mort nous sépare, (« until death do us part » The Book of common Prayer) ! C’est ubuesque !!!!

 

En biologie du vivant, il y a plusieurs sortes de pourritures. Certaines sont souhaitées, comme la pourriture dite noble qui sert à révéler les saveurs et la douceur du suc comme pour le raisin. D’autres, comme la pourriture racinaire est une maladie qui provoque la putréfaction générale de la plante sous l’effet ravageur de plusieurs agents polyphages. « Tunisie la verte » subie cet effet ravageur causé par des agents pathogènes qui sont en train de causer la désintégration des organes de l’Etat. Comme pour les plantes, la désintégration peut provenir de l’action conjuguée des nématodes qui gangrènent les racines et de parasites secondaires qui gravitent autour des nématodes. Observons le phénomène de plus près et transférons la putréfaction de la plante à celle de l’Etat.

 

Tout comme la plante, les organes de l’Etat ont des racines historiques, culturelles, sociales, politiques. Ces racines se développent en de multiples ramifications et peuvent donner lieu à une plante prospère produisant des fruits qui peuvent profiter à tous. Il est évident que malgré tous les soins qu’on peut y mettre pour contrôler le développement de la plante, il peut y avoir des facteurs exogènes qui peuvent influer sur ce développement. Un Etat dépend lui aussi du soin que ses agents ont envi d’y mettre pour l’entretenir et le développer et ainsi donner des fruits sains à même de subvenir aux besoins de tous.

Comme une plante a besoin d’un terreau riche, d’eau, de lumière et des soins du jardinier, un Etat a lui aussi besoin d’être entretenu, soigné, sans cesse réformé pour grandir et devenir prospère. Pour les plantes, il y a des greffes qui ne prennent pas et causent la mort de la plante, il y a aussi des greffes politiques qui tuent. Comme quand on demande à une personne qui n’a jamais cru dans les vertus de la démocratie de devenir démocrate (le cas du roi Ubu), ou faire croire à un « greffon » politique qu’il peut se substituer à la plante elle-même, ce qui peut causer la perte et du greffon et de la plante en même temps.

 

Que faire quand une plante, tout comme un Etat sont attaqués par les parasites ? Elaguer. Oui élaguer, tailler, couper dans le vif les banches pourris pour sauver ce qui peut l’être encore. Si nous voulons que la « Tunisie la verte » le devienne vraiment, agissons comme de véritables jardiniers soucieux du bien-être de leur plante comme du bien-être de l’Etat. Il y a des règles et des conditions à respecter pour débarrasser aussi bien les plantes que l’Etat des agents pathogènes qui provoquent la désintégration de leurs organes vitaux. Extirper le greffon et le mettre dans un petit pot pour qu’il apprenne d’abord à évoluer dans un milieu propice à son développement et le laisser grandir et apprendre avant de vouloir faire de l’ombre à d’autres plantes bien plus grandes et plus saines.

Eloigner les vieilles souches qui empêchent les bonnes graines de pousser et empoisonnent le sol en s’entourant de parasites polyphages qui prolifèrent tel un rhizome sans racine, et envahissent le terrain.

Couper tous les tubercules infectés et prendre des mesures phytosanitaires draconiennes.

Labourer la terre et débarrasser la de tous les microorganismes fongiques.

 

Pour que la plante puisse pousser et ses organes puissent prospérer de manière saine, il faut d’abord aimer la terre sur laquelle elle pousse. Il faut lui être fidèle et en prendre soin pour qu’elle puisse donner les meilleurs sédiments nutritifs possibles. Faire grandir une plante requière tout l’amour et le soin du jardinier et de tous ceux qui participent à sa croissance et son épanouissement. Agissons comme des jardiniers qui n’hésitent pas à se salir les mains pour que le moment venu, d’autres puissent manger des fruits mûrs.  Pour que les « raisins de la colère » se transforment en raisins de la vie tels que décrits aussi bien dans les textes sacrés (La Bible et le Coran) que les textes profanes de la Grèce antique, j’invite les véritables patriotes tunisiens à agir comme des jardiniers.

Citoyens tunisiens à vos pioches !

30/07/2018 | 20:43
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Commentaires (17)

Commenter

kamel
| 01-08-2018 12:06
J'arrive pas à comprendre comment les idées d'échec de ce Monsieur sont toujours publiés à mon e-journal BN.

J.trad
| 01-08-2018 11:13
La conclusion , de votre article , manque de logique ,c'est un commandement ,trés dangereux ,parceque ,les citoyens ,n'ont aucune formation de jardinage ,les citoyens ,auraient dus s'indigner ,demander des explications ,lorsque un expert en jardinage ,est mort ,lorsque j'ai appris la mort du docteur en agronomie ,Farid Bel hadj sada9 ,j'ai été traumatisé ,j'ai couru à internet ,pas d'informations !!!! Drôle de silence ,c'est un boing qui s'est écroulé ,quand et comment !!je ne le sait. Pas encore ,un homme aussi important s'en va , et vous parlez de jardinage ,?!?! Les citoyens ne peuvent jardiner ,ni au sens vrais ,ni au sens figuré ,le jardinage ,est une science ,un art ,il faut une formation ,cette formation est drôlement négligée , absente ,à vous monsieur ,de nous régaler ,par des articles généreux ,

Citoyen_H
| 31-07-2018 17:37
Bravo.
C'est la stricte réalité, et encore.
Les charognards de l'après coup d'état, sont bien plus voraces que votre courtoise description.
Salutations.





A4
| 31-07-2018 16:00
LA VACHE
Ecrit par A4 - Tunis, le 08 Septembre 2016

La pauvre vache est à terre
Sortez vite vos longs couteaux
Sans retenue et sans prière
Servez-vous quelques bons morceaux

Elle est là, raide, sans défense
Son doux museau est dans la boue
Préparez vos chants et danses
Amusez-vous comme de vrais fous

Sortez-nous vos vieilles gamelles
Aiguisez vos canines et dents
L'occasion est des plus belles
Attaquez poitrine et puis flancs

Découpez, n'ayez pas honte
Oubliez ses yeux larmoyants
Charcutez sans tenir compte
De son long râle gémissant

C'est aujourd'hui qu'il faut le faire
Demain ça sera sûr trop tard
Profitez de cette nouvelle ère
Empiffrez-vous de gras et lard

Charcutez, peuple d'affamés
Gavez-vous, c'est de la vachette
Qu'elle soit crue ou même cramée
Ne laissez-en aucune miette

Enfoncez encore vos hachettes
Faites jaillir et couler son sang
N'ayez pitié de la "pauv' bête"
Le temps n'est pas aux sentiments

Taillez encore, la chair est fraîche
Ce n'est pas elle la vache qui rit
Le temps n'est pas du tout aux prêches
Le temps est à la barbarie !

"La "faim" justifie les moyens, est leur unique devise." ... C'est tout à fait ça !!!

Citoyen_H
| 31-07-2018 13:12
Entièrement d'accord avec vos affirmations.

Pour quelqu'un qui a collaboré avec le pire président et parti que notre nation ait connu, il restera à jamais un pourri d'opportuniste, qui n'a pas hésité un instant à retourner sa veste, lors de la débâcle engendrée par ses pairs.

La grande majorité de la nouvelle génération "de politicien(ne)s est à son image.

La "faim" justifie les moyens, est leur unique devise.
La débâcle actuelle est une résultante directe du défilé incessant de pingouins pseudo-politiciens, dépourvus de toute fibre patriotique, pour le gros de la troupe.
Les médiocres niveaux culturels et intellectuels d'une bonne partie de ces derniers, ferment la marche.
Quant aux volatiles peuplant la basse-cour nationale, je préfère m'abstenir d'émettre la moindre critique, car ce serait une pure perte de temps.

La situation est grave et désespérée.
L'instauration d'une véritable dictature, pourrait éventuellement redresser tous les torts enfantés par le 1er gouvernement de l'après coup d'état.
Ils sont les géniteurs de tous nos maux.
C'est l'évidence même.

Faillite généralisée, ministères et administrations livrés à des incultes affamés, sécurité nationale démembrée, syndicats élevés à un rang divin, tels sont en partie les fléaux propagés par ces criminels
Ce monsieur faisait parti de ce staff.
'? l'époque muet, il était conciliant avec tout ce qui se passait, et le voilà devenu subitement de nos jours, aussi bavard qu'une pie.
Complice un jour, traitre pour toujours.
Salutations.




déja-vu
| 31-07-2018 13:12
Un autre adepte de la solution finale?! On a déja les péts nauséabonds de notre nazi local abel-le-fol qui affirme qu'hitler était un prophète avant de croasser son "Allahou Akbar" d'hypocrite, y ajouter une tribune oú on appelle au meurtre sans vergogne n'ajoute qu'une mauvaise herbe de plus. A arracher au plus vite.

Barra ikib s3oudkom kima kabbitou saad tounis!!

#La inabbitilkom chaara fi raas fartas...kallou "citoyens à vos ciseaux... "héhéhé

Léon
| 31-07-2018 12:50
Bien reçu. Mais la tribune de Abbes ressemble fortement à un appel à éradiquer et à tuer. Sur ce, tout le monde a le droit de tromper.
Léon.

@Leon
| 31-07-2018 12:33
Mr Leon, je respecte ton point de vue mais en même temps, je pense que pour convaincre il faut être juste et se référer aux faits sinon tu perds ta pertinence. J'ai suivi le parcours de Mr Abes et tout est lisible et vérifiable sur internet et voici après vérification ce qu'il a fait et qui démontre son patriotisme:
1- Démission de l'ANC mais 2012
2- Démission du CPR en mai 2013
3- Refus de faire partie du gouvernement Laaraydh et soutien àJebali pour un gouvernement de technocrates, le seul au CPR
4- Démission de la présidence août 2013
Il a toujours été contre la politique de son parti ce qui lui a valu des ennuis avec Nahdha et avec le CPR
Pour sa carrière universitaire il a été nommé après concours Maître de conférence à franchecomté en 1993
Il n'a jamais quitté la Tunisie depuis 2010 et travaille dans le privé.
Il ne faut pas que la haine te fasse perdre le sens du discernement et de l'objectivité. Il faut que les Tunisiens arrivent à dépasser le sentiment de vengeance primaire et irraisonnée!

sador
| 31-07-2018 11:44
Pour filer une métaphore marine je dirai que la gouvernance d'un pays est similaire au pilotage d'un navire, donc obéissance totale aux lois de navigation.En cas de danger il faut se délester des poids morts et rectifier le cap.

frej fenniche
| 31-07-2018 09:34
Bien dit et avec beaucoup d'éloquence et d'élégance à la fois, Si Hédi.Merci