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Crise du secteur pétrolier : A la fin il ne restera plus personne à pomper !
29/08/2017 | 19:59
5 min
Crise du secteur pétrolier : A la fin il ne restera plus personne à pomper !

Le secteur pétrolier connait une crise en Tunisie. Les chiffres annoncés au mois de mai par le ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables au Forum PetroServ, sont édifiants. En l’espace de quatre années, les revenus du pétrole ont été divisés par trois, allant de 6.698 MDT en 2012 à 2.424 MDT en 2016. La production a, quant à elle, été de 16,7 millions de barils en 2016, contre 24,4 millions en 2012.

Pourtant, rien n’a arrêté les mouvements sociaux et les revendications croissantes des employés du secteur qui, depuis deux ans, à coup de grèves et de sit-in, font régner leur loi sur les régions exploitées par des sociétés étrangères poussées à quitter le pays.

 

Après Kerkennah, El Faouar, El Kamour, c’est au tour de Kébili de rejoindre le mouvement des grévistes du secteur pétrolier. Le 22 juin 2017, la ministre de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables, Héla Cheikhrouhou, a annoncé l’arrêt, par les manifestants, de la production de pétrole et de gaz dans les champs du gouvernorat de la région. Soit 5 semaines d’interruption totale de production de gaz et de pétrole.

Le 24 août, les sociétés de production pétrolière implantées dans le gouvernorat de Kébili ont décidé de fermer leurs portes, de stopper les vannes de pompage de pétrole et de démobiliser tous leurs travailleurs.

Dans un entretien accordé au journal Le Maghreb, le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, avait expliqué que cette décision est intervenue suite « aux sit-in intempestifs des travailleurs et des fermetures répétitives des vannes de pompage de pétrole ».

Le ministre avait également souligné que, malgré le fait que l’Etat ait répondu à plus de 214 demandes émanant des protestataires, ceux-ci n’ont eu cesse d’ajouter de nouvelles conditions allant jusqu’à demander de négocier directement avec les dirigeants étrangers des sociétés en question.

 

 

Le 27 août, le ministère de l’Energie, a annoncé la cessation des protestations et un accord enfin signé avec les manifestants. « Si un accord a été signé hier avec les sit-inneurs de Kalâa, de Douz et de Faouar, la production pétrolière ne reprendra pas avec le rythme habituel, dans l’immédiat » a-t-il toutefois tenu à préciser. Le ministère, qui a exprimé sa volonté à appliquer tous les termes de l’accord, a expliqué qu’en plus d’avoir engendré des pertes matérielles colossales, la fermeture sauvage des vannes a causé des problèmes techniques surtout au niveau des puits les plus anciens baissant ainsi leur productivité.

 

Les répercussions des sit-in sauvages ont déjà été révélées par le ministère de l’Energie, des Mines et des Energies renouvelables le 1er juin 2017. Elle avait alors souligné que les sabotages de l’infrastructure de base et des équipements dont le gazoduc de Trapsa et le site de Nawara font subir à l’Etat de grosses pertes matérielles et financières. Il avait, en outre, fait remarquer que les sit-in observés depuis plus de deux mois à Tataouine avant de s’étendre, depuis le 3 mai à Kébili, causent des pertes sèches à la trésorerie publique de l’ordre de 24 millions de dinars par semaine.

 

Le département ministériel a martelé que les travaux de mise en valeur au gisement de gaz de Nawara se sont totalement arrêtés alors qu’il devait assurer, lors de son entrée en exploitation, au cours de 2018, 2,7 millions de mètres cubes par jour, soit 17% de la production nationale. « Un arrêt qui engendrera une hausse du coût de revient à raison de 20 millions de dinars supplémentaires par mois ». Le sabotage du pipeline d’El Kamour et sa fermeture ont conduit à l’arrêt de production sur les champs pétroliers de la région, à cause de leur capacité de stockage limitée, avait souligné le ministère précisant que l’arrêt de la production à Tataouine et Kébili coûte aux caisses de l’Etat 24 millions de dinars (MD) par semaine.

 

Voulant expliquer la gravité et l’absurdité de la situation, la ministre Héla Cheikhrouhou avait indiqué que le gaz produit est destiné à la STEG pour sa production d’électricité alors que le pétrole est, quant à lui, destiné à l’export. « Tout ceci, a donc des incidences directes : on sera obligé d’importer nos besoins au lieu de consommer local et on aura des pertes sèches pour l’arrêt de nos exportations. Sans parler des sites pétroliers et des équipements industriels qui sont créés pour fonctionner 24 h sur 24 et qui, lorsqu’ils sont fermés ou arrêtés, sont victimes de dégâts importants et irréversibles », a déclaré la ministre ajoutant que ceux qui pensent qu’ils sont en train de sanctionner un secteur privé étranger se trompent lourdement, « car c’est l’Etat tunisien, donc le contribuable, qui assume les coûts de tout sabotage ».

 

Aujourd’hui, les choses semblent s’être arrangées ou presque. Les dégâts causés par les fermetures nombreuses et sauvages des vannes de pétrole ne tarderont pas à être constatés et la situation jouit d’une stabilité probablement très précaire. A El Kamour, malgré les promesses de recrutements par milliers et des dons par millions de dinars, l’accord n’avait pas empêché les manifestants de reprendre de plus belle, et cela fait craindre un scénario identique à Kébili. L’Etat semble fébrile et le ministre des Affaires sociales, Mohamed Trabelsi, avait bien tenu à rappeler qu’il est impossible de trouver toutes les solutions aux problèmes actuels en un simple claquement de doigts mais que la volonté était là. Un message maintes fois répété aux oreilles sourdes de manifestants qui semblent bien loin de vouloir comprendre la portée de certains de leurs actes…

29/08/2017 | 19:59
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Commentaires (23)

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Tunisien
| 06-09-2017 11:26
On relève que les vagabonds et les hors la loi font la loi et semblent imposer leur dictât. Ceci risque de créer une surenchère qui généralisera le chaos.
il est peut être temps que la société civile réagisse, si elle existe encore...
Plutôt que verbaliser des conducteurs qui dépassent timidement une limitation de vitesse souvent absurde (voir sur la route de Hammamet...), nos braves gendarmes pourraient servir plus utilement le pays en ramassant les ordures qui saccagent les installations chèrement payées par la communauté.

Maxula
| 02-09-2017 20:51
@Myriam Ben Zineb
Sauf votre respect...il me semble que vous commettez une faute de français en employant la préposition "à"...en si fâcheuse "position"...qui, si l'on ne se fie qu'au "titre", induit un contresens équivoque...et risible à la fois...
Comme vous l'employez, la préposition "à", confère à cette phrase le sens de "pomper sur quelqu'un" c.à.d. "copier"...
Ou plus trivialement (sinon vulgairement) "personne pour faire une fellation"...
La préposition "pour" serait ici plus indiquée : il ne restera plus personne "pour" pomper...
C'est donc "à" vous de décider...
Maxula.

massinissa
| 01-09-2017 11:52
pour quand la dictature militaire pure et dure et ATHEE ... 9allou dimocratie et liberté del cazzo à raser les gnoules destructeurs

Tounsi toujours
| 31-08-2017 09:41
Mon souhait le plus seicere que il aura plus de pétrole en Tunisie de cette façon ceux qui sont fermés les vannes ils vont boire l'eau de mer ou ils font grève dans les cafés c'est l'endroit qu'ils convient le mieux pour cette espèce qu'à rien à gagner avec eux ils savent faire que détruire tout sur leur passage.

Abdel2.
| 31-08-2017 05:58
Il n'y aura pas de bain de sang. Heureusement. Le nouvel exercice démocratique de la négociation a certes été long et couteux mais il a permis de l'éviter.
Si les mouvements sociaux sont récurrents depuis 1978 dans le Sud (à l'époque aussi on a eu droit au disque sur la 'tentative de déstabilisation') c'est parce que quasiment rien n'a été réglé depuis.

Pitbull
| 30-08-2017 18:06
Je n'arrive pas à comprendre pourquoi vs persister à dire que les champs pétroliers sont exploités par des sociétés étrangères alors que, mis a part Miskar,l'Etat Tunisien ou l'ETAP détiennent au moins 50% du capital donc de la production de toutes les campagnes et ce sans compter l'impôt sur bénéfice qui est de 75%..
Cette manière de présenter le secteur ne peut que donner raison aux sittineurs qui demandent a ce que les campagnies pétrolières soient nationalisées. .
A Kerkenah , par exemple, est-ce que vous entendez parler,dans les medias, de l'ETAP qui détient 55% du champ Chargui alors que PETOROFAC détient seulement 45% tout on etant operateur...


A4
| 30-08-2017 12:55
L'origine du mal est la constitution débile de 2014 !!!

chou
| 30-08-2017 12:07
a Mr Chahed chef de gouvernement : qui est derrière ces bandits qui ont réussi à mettre à genoux votre pays ? vous avez entamé une guerre contre les bandits et barons de la mafia dans ce pays, c'est bien mais ces voyous et nullards sont à 100% manipulés par quelqu'un ou un parti quelconque! impossible qu'ils soient si éveillés pour le faire par eux mêmes!
si j'étais CDG, je donnerai mes ordres d'ouvrir le feu à volonté sur tous ces rats affamés, ensuite les enterrer dans le sahara, ni vu ni connu. Basta, basta !

adel
| 30-08-2017 11:56
On a un Etat mou.

Amor
| 30-08-2017 10:53
A force de céder aux uns et aux autres, le gouvernement, en manque d'hommes d'Etat, au véritable sens du mot, c'est dire fermes et responsables, faillit à ses obligations de gouverner et cède la gestion du pays à la rue et à des lobbies et associations de tous genres consacrant ainsi la déliquescence de l'Etat.
Dés lors, un effet d'entrainement s'annonce dans tous les secteurs dénotant d'un pourrissement de la situation, déjà intenable, et il faudra bien au gouvernement de prendre ses responsabilités au risque de devoir utiliser la force pour rétablir l'ordre et sauver l'Etat.
Ceci arrivera quand la fuite en avant touchera la fermeture des vannes de l'eau et que la guerre des eaux commencera à prendre forme.