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Coupures d'eau, ce que la Sonede ne dit pas
06/07/2018 | 19:59
6 min
Coupures d'eau, ce que la Sonede ne dit pas


Les récentes coupures d'eau touchant Ben Arous, Tunis et Nabeul ces derniers jours ont suscité un état d'exaspération générale. La Sonede tente de calmer les esprits qui s'échauffent en ces temps de canicule en multipliant les communiqués et en filmant ses agents en train de « faire de leur mieux pour réparer la panne ».  Sauf que ce que la Sonede dit sur sa page Facebook est pire que ce qu'elle ne dit pas.

 

« L’erreur est humaine ! ». C’est ce qu’a déclaré le ministre de l’Equipement, de l’Habitat et de l’Aménagement du territoire, le 5 juillet à propos de l’incident survenu la veille. Une « erreur » qui a provoqué des coupures d’eau qui durent 3 jours dans les gouvernorats de Tunis, Ben Arous et Nabeul.

Techniquement, la panne a été causée lors des travaux effectués à proximité de la ligne d’eau. Au cours des travaux, une pelle Poclain a percuté un canal d’un diamètre de deux mètres, ce qui a nécessité une coupure immédiate des eaux en attendant sa réparation.

 

Interrogé sur Express Fm, le ministre explique que « l’infrastructure dans les quartiers touchés par l’incident est faible. Dans ce type de projet, il faut s’attendre à des incidents pareils. L’essentiel est qu’il n’y avait que des dégâts matériels à cause des inondationsCes dégâts seront évalués par la Sonede dans un délai ne dépassant pas les 2 jours».

En réalité, des dégâts, il y aurait pu en avoir pire. Derrière la panne survenue sur  le canal principal d’adduction d’eaux à la RN5 au niveau du croisement avec la RR39 il existe une erreur de manipulation humaine.

 

 

Après visionnage des vidéos postées sur la page Facebook de la Sonede, Business News a contacté un ingénieur expert en sécurité des chantiers qui a pointé du doigt une « absence totale de respect des normes élémentaires de sécurité ».

L’expert affirme que ce qu’on voit dans les vidéos filmées par la Sonede est une preuve qu’une deuxième catastrophe « pire que la précédente » aurait pu avoir lieu puisque des dégâts humains auraient pu également être causés.

« Ce qui m’a sidéré, c’est le positionnement du Poclin qui est tombé sur la ligne d’eau causant sa fissure. L’engin était installé sur le bord de la fouille qui est un terrain glissant. Dans tout chantier, une fouille doit être blindée pour éviter tout éventuel éboulement de terrain. Dans les vidéos de la Sonede, le positionnement de l’engin montre qu’il n’y a eu aucune préparation préliminaire ni analyse du risque.  La présence même de l’engin sur le chantier était inutile puisqu’il était utilisé uniquement dans le but d’éclairer alors qu’il y avait déjà des projecteurs présents sur place », détaille-t-il.

 

 

« Dans chaque chantier, une analyse de risque préliminaire est effectuée sur les lieux avant de débuter les travaux afin de connaitre le positionnement des canaux existants et des installations électriques. Il s’agit également de sécuriser le périmètre du chantier et d’assurer la sécurité de l’infrastructure et des personnes qui s’y trouvent. Or ce qu’on peut constater sur les vidéos postées par la Sonede est que non seulement la société tunisienne n’a pas installé les barrières nécessaires pour protéger le canal d’eau mais que la sécurité même des personnes n’a pas été garantie », explique l’expert.

Les ouvriers et agents de la Sonede ne portaient, en effet, pas l’équipement requis de protection comme des gants, des casques, des chaussures de terrain et des gilets de protection. « La position même de l’agent qui est debout sur le canal est dangereuse puisqu’il aurait pu tomber à tout moment et se blesser grièvement », toujours selon l’avis de l’expert. « Le nombre même d’agents présents dans le chantier était supérieur à celui requis pour ce genre d’opération ».

En théorie, en plus d’une analyse de risque préliminaire et de plans de recollement des installations souterraines, un superviseur HSE (hygiène et sécurité environnement) devrait être sur place afin de superviser l’avancement des travaux et veiller à ce qu'ils se déroulent dans le respect des normes. Ceci n’a visiblement pas été fait lors du chantier en cours de la Sonede ni lors du dernier qui a provoqué la première panne. Si les normes de sécurité avaient été respectées, ce genre d’incident n’aurait jamais pu avoir lieu.

 

 

Celui qui est responsable des travaux est évidemment le maître d’ouvrage, à savoir la Sonede elle-même qui se doit de superviser la sécurité des équipements de l’Etat mais aussi des personnes. Une responsabilité que la Sonede n’assume pas et rejette la faute sur la société en charge des travaux.

Dans les faits, avant d’accuser directement la société privée dans l’accident survenu, la société tunisienne aurait dû attendre les résultats de l’enquête en cours qui déterminera les différentes responsabilités. Contactée par Business News, l’entreprise privée en question a d’ailleurs démenti catégoriquement être responsable et a signalé qu’elle n’est pas le maître d’œuvre du projet en question mais qu’il s’agit du ministère de l’Equipement.

 

Si « l’erreur est humaine », dans certains cas elle peut être aisément évitée. Surtout si cette erreur pèse lourd sur les caisses de l’Etat et sur le confort du citoyen qui doit subir des coupures d’eau de plusieurs jours en temps de canicule. Mosbah Helali, PDG de la Sonede, s’est exprimé aujourd’hui, toujours sur la page Facebook de la Société tunisienne, pour affirmer que la panne a été réparée et que l’approvisionnement en eau reprendra progressivement. Dans un souci de transparence, la Sonede tente de communiquer pour calmer la colère des citoyens, sauf qu’en le faisant, elle montre au grand jour une défaillance bien plus grave et qui gagnerait, elle, à être réparée.


 Synda TAJINE

 

06/07/2018 | 19:59
6 min
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Commentaires (18)

Commenter

Gg
| 10-07-2018 15:35
"c'est comme parler d'un code de la circulation pour les astéroïdes et autres comètes"
Mais il existe! Ce sont les lois de la gravitation universelle. Un astéroïde est plus prévisible qu'un Tunisien dans la circulation!

pit
| 09-07-2018 10:39
Pour rester dans le thème ... le chantier de l'autoroute de Kaalat El Andalous devant desservir le fameux "Port financier" qui au final ne va enrichir que certains promoteurs. Ce chantier vaut des milliards...il doit y avoir en tout et pour tout 5 panneaux de signalisation (très mal placés) les normes de sécurité pour les citoyens sont inexistantes et ils ont même été obligés de mettre des dos d'ânes pour éviter que les camions du chantier qui roulent à tombeau ouvert ne mettent en danger la vie des conducteurs qui ont l'audace de l'emprunter !!!

Pie
| 08-07-2018 22:38
bonjour, vous racontez tous n'importe quoi..!
Personnellement, je fais comme mes ancêtres, je porte toujours un entonnoir sur moi, accroché à ma taille.
Lorsqu'il pleut, je n'ai qu'a mettre l'embout dans ma bouche et le tour est joué.
Pour me laver, eh bien je fais un plongeon dans la Mer.
Voilà, ni Sonède et ni Compteur, pourquoi se casser la tête pour rien di tout...!

ABDOU
| 08-07-2018 16:24
Sans être expert en la matière, je vous jure que que j'ai eu chaud au point où j'ai transpiré en regardant toutes les abhérations qu'elle comporte.
Un engin très lourd au bord d'une falaise menaçant de tomber sur la foule de réparateurs, des réparateurs trop nombreux entreprenant une action très dangereuse sans un seul casque et sans même une seule paire de gants.
Mais ... le PIRE c'est que la société Nationale qui publie cette vidéo ne semble guère consciente de ce qu'elle offre comme INSOUCIENCE EN MATIERE DE SECURITE

Carthage Libre
| 08-07-2018 14:55
J'étais récemment dans un pays anglmo-saxon ; les travaux se font avec casques, gants, barrière de protection (délimitation), materiel de pointe, très sérieuse organisation, propreté du chantier, et surtout célérité et planning à la minute près...

C'est ce qui caractérise ces pays islamiques, où tu vois tous les bureaux vides, des routes coupées, un pays qui s'arrête vendredi après midi pour aller à la mosquée, ou des prières dans les mosquées pour gagner un match.

versus
| 08-07-2018 13:04
Parler de sécurité en Tunisie en Tunisie c'est comme parler d'un code de la circulation pour les astéroïdes et autres comètes. Le tunisien est éternel, il ne périt jamais, point besoin de sécurité. La sécurité n'est pratiqué que verbalement, approximativement, car personne ne sait ce que c'est que cet animal.
Lorsqu'on bosse sur un chantier en sandale, lorsqu'on s'arrête sur l'autoroute pour chouffer le nombre de victimes d'un accident..., tous ici le font, on s'abstient de parler de sécurité

Benje
| 08-07-2018 11:13
Vous venez de découvrir l'une des constructions essentielles obligatoire dans les maisons autrefois mais moins maintenant de la réserve d'eau . '? sfax c'était le Majel ce trou conique cimenté profonde de plus de 10m de volume plusieurs m2 mais remplie par la collecte des eaux de pluie c'est mieux que que la remplir avec l'eau de la sonede dont l'analyse est douteuse notamment bactériologique et calcaire ....
Votre chiffre de consommation de 1m3 par semaine pour la douche uniquement est grandement exagéré (facteur 4) je pense votre l'avoir signalé dans un commentaire précédent : en France je consomme avec mon épouse pour toute la maison(douche, laveage, wc...) 25m2/an soit 0,25m3par semaine par personne c'est quatre fois moins ce que vous dites pour un Dr c'est pas bien et en plus dans les salles de bain des hôtels il y a une etickette qui invite les touristes à économiser l'eau !
Enfin c'est louable votre proposition de recherche de solution pour économiser l'eau et prévenir les coupures d'autant plus que la pénurie d'eau dans le monde et le pourtour de la Méditerranée notamment l'Afrique est en Gand danger.

Soufi
| 08-07-2018 10:30
Indépendamment de l'incident sur l'aqueduc le RFR ne devrait pas passer au dessus de l'aqueduc de cette dimension car il empêcherait toute intervention en cas de nouvelle rupture.
Pensez -y
A bon entendeur salut.

Dr. Jamel Tazarki
| 08-07-2018 09:22
Il y a quelques années j'ai acheté une petite maison dans une région aride! Le courtier m'a averti des coupures d'eau fréquentes dans la région et m'a proposé une maison à Sidi Bou Saïd!
===>
Oh non, je ne voulais pas renoncer à une maison avec un grand jardin de 500 m2, à un prix très raisonnable, avec des voisins adorables et avec un soleil qui brille 365 jours par an seulement à cause des coupures d'eau!

La solution était si simple, afin de ne pas souffrir des coupures fréquentes d'eau, j'ai construit une citerne en béton de 2m3 sur le toit de la maison que je venais d'acheter (certes, j'ai renforcé le tout par des colonnes en béton armé).

En plus, les substances acides contenues dans l'eau réagissent avec les composantes basiques du béton. De ce fait, l'acidité disparaît et l'eau devient neutre et de meilleure qualité. De même je n'ai jamais mesuré plus que 9mg/l de nitrates dans l'eau de ma citerne en béton, la valeur moyenne est de l'ordre de 20mg/l.


Afin de contrôler la potabilité de l'eau de la citerne j'utilise des bandelettes test, Il s'agit de petites bandes à usage unique qui changent de couleur pour indiquer la concentration de tel ou tel produit chimique.

La façon la plus simple/naturelle afin de contrôler la potabilité de votre eau est d'élever une truite dans un aquarium avec de l'eau provenant de votre citerne de resserve d'eau ! En Allemagne, il y a des villages et même de petites villes qui utilisent des truites afin de contrôler la potabilité de l'eau du robinet! En effet, les truites sont sensibles aux pesticides, aux infections et à la moindre pollution dans leur environnement.


Je conseille à tous les Tunisiens d'arrêter de pleurnicher tout le temps et d'utiliser leur intelligence afin de trouver des solutions à leur problèmes de tous les jours! Il y aurait toujours une solution à tout, si seulement on utilisait notre intelligence!

Je résume: Il faut travailler intelligemment afin de résoudre nos problèmes de tous les jours! Certes, l'assiduité est indispensable mais elle n'est pas suffisante!

Jamel Tazarki

Emeli Sandé - Read All About It
https://www.youtube.com/watch?v=vaAVByGaON0

Dr. Jamel Tazarki
| 08-07-2018 09:17
Nos hôtels devraient minimiser le gaspillage d'eau douce. Je donne un exemple, dans les piscines allemandes on douche pendant des mois/années avec la même eau recyclée "on the fly" par ozonateur ===> recirculation de la même eau dans les douches après recyclage. Et pour cela il faut absolument séparer les eaux savonneuses de la douche/bain quotidien des eaux fécales des toilettes.

A la piscine que je fréquente quotidiennement, dans la grande ville allemande où je vis, le recyclage des eaux de la douche se fait sur place dans un grand bassin à la piscine même! ==> De même, J'insiste que le recyclage et le traitement des eaux savonneuses d'un hôtel touristique devraient se faire en Tunisie à l'hôtel même!


Il faut absolument moderniser nos hôtels:
a) séparer les eaux fécales des eaux de la douche/bain,
b) recycler les eaux savonneuses (de la salle de bain/douche) afin de les réutiliser pour la douche/bain et à la limite les utiliser en agriculture sans traitement cher et en particulier sans risques de contamination des sols!

7000000 de touristes ont besoin au minimum de 7000000 m3 d'eau par semaine pour la douche/bain quotidien! Si on séparait les eaux fécales des eaux de la salle de bain/douche dans nos hôtels et si on faisait le recyclage de ces eaux, on aurait besoin au maximum de 500000 m3 d'eau pour une période de 10 ans et même plus!

Oui, tous nos hôtels devraient séparer l'eau des Wc des eaux des bains, et canaliser ces eaux dans un grand bassin se trouvant sur le terrain de l'hôtel même. ==>le recyclage de l'eau des bains se fait sur place. Le même principe est applicable pour les bâtiments de quelques dizaines d'appartements dans les grandes villes.


Jamel Tazarki