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Conseil supérieur de la magistrature : La guerre des clans fait rage !
26/10/2016 | 19:58
6 min
Conseil supérieur de la magistrature : La guerre des clans fait rage !

 

Les élections des membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) se sont déroulées, dimanche 23 octobre 2016, avec un taux de participation de 46,9%.

Les résultats, proclamés tard dans la soirée du dimanche, n’ont cependant pas fait l’unanimité. Ainsi, face à des réactions plutôt dubitatives, d’autres ont estimé que ces élections ne présagent rien de bon pour ce qui est de l’indépendance de la justice en Tunisie, pointant du doigt certains noms, en particulier, celui du juge Khaled Abbes. 

 

Le juge et président de l’Observatoire tunisien de l’Indépendance de la magistrature, Ahmed Rahmouni, a déclaré qu’il n’est pas du tout satisfait des résultats des élections du Conseil supérieur de la magistrature.

Dans un post publié immédiatement après l’annonce de la composition du CSM, M. Rahmouni a écrit que « l’élite des magistrats a choisi les putschistes et que ces résultats sont à l’image de la magistrature ». Faisant remarquer que les magistrats de troisième grade, qui représentent l’élite des magistrats et le plus haut grade de la profession, ont voté à hauteur de 77% pour cette composition du Conseil.

 

Ahmed Rahmouni avait conclu qu’il n’a même pas besoin de voir le reste des résultats quand il constate que l’un des plus hauts membres du conseil attendu, élu pour six ans, sera un des « agents » putschistes de Béchir Tekkari (ancien ministre de la Justice sous Ben Ali) pour représenter « la justice indépendante » dans le premier CSM post-révolution. D’après lui, ce magistrat aurait été soutenu par un ami de Noureddine Bhiri (ancien ministre de la Justice sous la troïka), ainsi que les partis puissants et la « conscience de la profession », ironise ce magistrat très proche des autoproclamés révolutionnaires et défenseurs de la démocratie et de la transparence.

 

La juge et ancienne présidente de l’AMT, Kalthoum Kennou a posté, tard dans la soirée du 23 octobre 2016, un texte sur les réseaux sociaux pour se dire heureuse de ne pas avoir été élue aux élections du CSM.

Elle a déclaré, plus tard sur Shems Fm, qu’il fallait accepter les résultats de ces élections et qu’elle remerciait Dieu de ne pas être aux côtés de « celui qui a conduit le putsch de 2005 et qui se met au service de l’autorité politique quelle que soit sa couleur, de celui qui a déçu les juges et a œuvré en vue d'avilir la magistrature ».

La juge a ainsi qualifié de scandaleuse l’élection de Khaled Abbes au Conseil supérieur de la magistrature et a rappelé qu’un dossier relatif à la tentative de putsch menée par le juge en question, a été déposé à l’Instance Vérité et Dignité.

« C’est la même machine qui opérait sous l’ancien régime, qui a aujourd’hui mené ces élections. Un mot d’ordre a probablement été donné me concernant, il n’y a qu’à voir le nombre de voix que j’ai récolté à l’intérieur du pays alors que sur le Grand-Tunis ce n’était pas du tout le cas » a affirmé la juge.

« Il s’agit sans doute d’un évènement historique qui précède la mise en place du Tribunal constitutionnel mais cela ne veut pas dire qu’on va dormir sur nos lauriers. Là nous allons vraiment voir si les membres élus du CSM croient en l’indépendance de la Justice ou pas » a-t-elle ajouté.

 

Ahmed Rahmouni a déclaré, pour sa part sur la Radio nationale, que « Khaled Abbes a été mis en avant par Noureddine Bhiri avec une coalition de responsables du secteur judiciaire et ce, depuis 10 ans ou plus ».

« Il nous a persécuté, nous qu’il qualifiait de juges révolutionnaires, déchirant nos communiqués et intensifiant les contrôles sécuritaires sur nos personnes » a-t-il souligné, estimant que « ce conseil est celui de Noureddine Bhiri et de Abada El Kefi, et qu’il ne consacrera pas l’indépendance de la justice ».

« Ce sont eux qui ont planifié ce Conseil et imposé leur plan aux juges et nous détenons les rapports qui prouvent que Noureddine Bhiri ne croit pas en l’indépendance de la justice. Nous détenons ces rapports, qui prouvent que durant son mandat à la tête du ministère de la Justice, il a procédé à deux mouvements judiciaires qui ont concerné des promotions et des distributions de postes pour 1000 juges » a-t-il ajouté. Mouvements qui ont été qualifiés par la juge Kalthoum Kenou comme une catastrophe. « Noureddine Bhiri a placé les personnes qu’il voulait aux postes qu’il voulait » a-t-elle lancé.

 

Noureddine Bhiri, a accordé une déclaration au site Hakaek Online, mardi, pour s’exprimer sur ces critiques. Il a estimé qu’elles « sont le signe d’un mépris flagrant des électeurs, c’est aussi le signe d’une mise en doute des résultats issus des urnes et donc, de fait, une mise en doute de la crédibilité de l’ISIE ».

M.Bhiri a ajouté que le corps judiciaire jouit d’ « un haut degré de conscience et de responsabilité » et qu’il est donc en mesure de choisir ses propres représentants.

« Que celui qui a des problèmes avec les électeurs ou les élus du CSM s’adresse à quelqu’un d’autre que Noureddine Bhiri et qu’il cherche à tirer des leçons de cette expérience et à faire une introspection sur lui-même et sur ses erreurs. Qu’il cesse d’accuser ces collègues, de les dénigrer et d’exercer un droit de tutelle sur eux, car ces pratiques ne sont pas dignes d’un Etat démocratique » a souligné le président du bloc parlementaire d’Ennahdha.

 

S’adressant aux détracteurs du CSM, il a ajouté : « Ceux qui ont tenté de gâcher la joie issue du bon déroulement de ces élections en se fondant sur des considérations personnelles et idéologiques avaient, en réalité, l’intention d’exploiter ces élections à des fins personnelles », avant de rappeler que le CSM est un acquis historique d’importance majeure pour la nation tunisienne dans sa globalité et que l’issue de ces élections indique que « la volonté du peuple l’a emporté sur toutes autres considérations ».

 

Le juge administratif, Ahmed Soueb, a quant à lui, estimé que la situation actuelle de la Magistrature est encore pire que sous l’ère de Ben Ali, précisant que la composition du CSM est globalement équilibrée et soulignant que « ceux qui n’ont pas été élus auraient sans doute tenu des propos tout à fait différents s’ils l’avaient été ».

 

Des avis qui divergent, certes, mais qui sont toutefois d’accord sur la portée historique de l’évènement et son importance. Le CSM est un acquis indéniable pour la Tunisie, en particulier à la veille d’un autre évènement majeur, celui de la tenue de la Conférence d’appui à l’investissement, en novembre. Conférence au cours de laquelle, les yeux des investisseurs étrangers seront braqués sur notre pays et sur toutes ses institutions et en particulier sur son système judiciaire.

 

Myriam Ben Zineb

26/10/2016 | 19:58
6 min
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Commentaires (8)

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TMT
| 28-10-2016 08:33
Largement d'accord avec votre analyse.
Les réactions de ces deux personnes de l'élite (ya hasra!)sont inadmissibles et frôlent l'esprit putschiste contre la démocratie.
Je suis convaincu que nous sommes devant des pleurnichards combien même leur thèses soient défendables
Aussi,le mieux serait de laisser leur postes à d'autres plus prévoyants.

Ben
| 27-10-2016 22:22
La neutralité de la magistrature, notion plus large que celle de l'indépendance de la magistrature, pour laquelle des magistrats apolitique, intègres et lucides s'étaient battus, croyant que le salut des magistrats y réside, aura, finalement, fini par voler en éclat avec la nouvelle composition du conseil supérieur de la magistrature : un conseil partisan, annonçant une politisation accrue de la magistrature et une mainmise générale sur l'appareil judiciaire jamais atteinte même sous les régimes de BOURGUIBA et BEN ALI.
Qu'aura gagné, en définitive, RAHMOUNI, KENNOU et leurs acolytes, qui avaient, au lendemain du 14/01/2011, dressés les listes avec ce même BHIRI qu'ils dénigrent, aujourd'hui, pour démettre leurs rivaux, parmi leurs collègues magistrats dits proches du régime, à part l'affaiblissement de la magistrature à travers l'intégration de membres non-magistrats dans sa composition, des membres se disant , pour les uns, proches des islamistes, d'autres affichant leurs affinités gauchistes et d'autres se disant indépendants, se situant, au gré des circonstances, tantôt à gauche tantôt à droite.
Madame Sachez que les magistrats, les plus lucides, qui s'étaient battus pour la consécration de la neutralité de la justice, connaissaient leurs limites et savaient, pertinemment, que la guerre avec le pouvoir politique était perdue d'avance.
Cette guerre potentielle qu'ils avaient su éviter des décennies durant, par des générations de magistrats, a eu finalement lieu, ses résultats, bien prévisibles, sont là. Elles consacrent l'hégémonie des politiques sur un corps qui aspirait à la neutralité, de peur d'être envahis, chose désormais faite sous plusieurs appellations : Avocats, huissiers, universitaires et autres représentants des pouvoirs exécutif et législatif.
Avant la révolution on disait des magistrats qu'ils étaient organisés comme des loups, ne se mangeant pas entre eux, aujourd'hui les loups sont la proie facile des politiques et de plusieurs corporations dont principalement les avocats qui auront fini par diviser les magistrats pour mieux régner sur l'institution dans laquelle ils se sont arrogés des sièges, un espace et une dimension.
Bravo donc à RAHMOUNI, KENNOU, KARAFI &Co, vous avez semé la division, provoqué la faiblesse de la magistrature et par conséquent la colère des magistrats comme le suggère les résultats des élections parmi les magistrats de 3ème grade votant tous pour KHALED ABBES, considéré plus proches des préoccupations des magistrats, justement par esprit de corporatisme base de toute lutte syndicale.
On peut dire, in fine, que l'histoire se répète, et que le rejet de KENNOU est un recommencement de son rejet, en 2005, par une majorité de magistrats soucieux de l'intégrité de leur institution quel qu'en soient les faiblesses qu'ils lui reconnaissent, rejet qualifié, alors, de putsch par les uns et de réajustement de l'action de l'AMT par les autres.
D'autre combats sont attendus, ils porteront sur la reconquête d'un espace perdu, du fait et de la faute de magistrats politisés, qui auront causé le plus grand tort à la magistrature après la révolution comme ils l'avaient en 2005, et seront menés par des magistrats apolitique imprégné d'un esprit syndicaliste tel KHALED ABBES plébiscité, à raison, par ses collègue parce qu'il privilégie l'intérêt de ses paires plutôt que ceux de partis politiques, chacun avec son agenda.

Canalou
| 27-10-2016 17:07
Le mandat se termine et on change les mauvais membres .le malheur en tunisie c est le clanisme .le leader bourguiba a rassemble les tunisiens en luttant contre le tribalisme avec l egalite des chances et des etudes.la tunisie aujourdhui n est pas la tunise post independance mais mr tahmouni n est pas gueri de sa haine .ce n est pas un democrate .les querelles avec le nationalisme arabe d un cote et la haine entre sunnites et chiites et entre sunnites et ikhouanes wahabite le monde arabe est devenu un enfer .la tunisie a echappe grace a son grand peuple civilise et progressiste en majorite .les quelques malins n auront pas gain de cause inchallah

Maryem
| 27-10-2016 15:44
Une justice libre et independante,c est tout ce que nous demandons.La justice est une des principales colonnes d une democratie.Le combat contre la corruption et la contrebande ne peut reussir qu avec une justice independante et incorruptible.

observator
| 27-10-2016 13:31
Ces éléctions pour élire les membres du CSM ont été, de l'avis de tous, transparentes et non été entachées d'aucune irrégularité mettant en cause celles-ci.
Sauf que dans ce pays habitué à la culture de la dictature, les mauvais perdants crient au scandale.
On s'est engagé à respecter les règles du jeu et il ,faut l'accepter.
L'essentiel est que la justice soit plus indépendante pour le bien de l'ensemble des tunisiens.

Dr. Jamel Tazarki
| 27-10-2016 10:38
a) Je prends les donnée suivantes de l'article ci-dessus:

1) Mr. Ahmed Rahmouni a déclaré dans l'article ci-dessus "durant son mandat à la tête du ministère de la Justice, il [Mr. Noureddine Bhiri] a procédé à deux mouvements judiciaires qui ont concerné des promotions et des distributions de postes pour 1000 juges"

2) Madame Kalthoum Kennou a déclaré dans l'article ci-dessus: "La juge [Madame Kalthoum Kennou] a ainsi qualifié de scandaleuse l'élection de Khaled Abbes au Conseil supérieur de la magistrature et a rappelé qu'un dossier relatif à la tentative de putsch menée par le juge en question, a été déposé à l'Instance Vérité et Dignité"

3) On peut lire dans l'Article ci-dessus aussi: "Les élections des membres du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) se sont déroulées, dimanche 23 octobre 2016, avec un taux de participation de 46,9%."



b) des faits
5) Il y'avait 179 candidats
6) 13376 électeurs sont inscrits
7) Seulement 46,9% des 13376 électeurs inscrits ont votés, ce qui fait seulement 6273 ont voté.
8) Le CSM compte quatre organes: le conseil de l'ordre judiciaire, le conseil de l'ordre administratif, le conseil de l'ordre financier et l'assemblée plénière des trois conseils. Il est composée de 45 membres (15 dans chaque conseil), dont 30 magistrats et 15 personnalités indépendantes (avocats, professeurs-chercheurs, experts comptables et huissiers de justice).


c) Analyse:

D'après 1) et 2), je demande à Madame Kalthoum Kennou et à Mr. Ahmed Rahmouni, pourquoi n'avoir pas réagi avant les élections afin de ne pas permettre à certains juges de se porter candidats pour des raisons apparemment évidentes citées dans l'Article ci-dessus. Il fallait réagir avant les élections et non pas après' Il fallait définir les conditions nécessaires/indispensables afin de poser une candidature aux élections des membres du Conseil supérieur de la magistrature. Il fallait prévoir et anticiper, en effet Madame Kalthoum Kennou et Mr. Ahmed Rahmouni sont des personnes très intelligentes et devraient agir à temps et non pas après les élections.


D'après 1) et 3) et les faits 5) à 6):
-Je suppose, dans le cas extrême, que la donnée 1) est vraie (bien qu'il faut la vérifier d'abord).
===>Par contre, si le taux de participation était supérieur à 70%, les 1000 nominations du point 1) auraient relativement moins d'influence sur le résultat final des élections.


Conclusion:
La faute est à qui?
-Ceux qui contestent les résultats pour des raisons d'éthiques, de principes et de moralités, auraient dû contester avant les élections afin d'exclure la candidature de certaines personnes et non pas après'
-Si les 13376 électeurs inscrits avaient voté, le résultat des élections serait plus représentatif.

Ça ne sert à rien de pleurnicher après les résultats des élections, il fallait prévoir et anticiper avant les élections'

Jamel Tazarki

watani
| 27-10-2016 09:25
Les juges mécontents des élections des membres du CSM ne sont pas démocrates, ils n'ont pas encore appris la démocratie qui doit passer par les Urnes. Je ne suis pas Bhiri, un islamiste ***, mais ces juges mécontents n'ont pas convaincu leur électeurs, et s'ils pensent qu'il y a des sales juges d'appartenance Bhiri, il aurait fallu les dénoncer depuis longtemps. Effectivement, la magistrature doit être nettoyée des mauvaises graines mais il y a des juges compétents et propres, nationalistes et justes. Le matraquage des juges non propres élus est nécessaire. On apprend toujours, la démocratie n'est pas faite pour les pays arabes. Il faut un homme fort et honnête qui dirige le pays, si non c'est le gabegie. Il suffit de regarder le déroulement du dialogue des invités sur les plateaux TV, aucune discipline, des querelles non constructives de part et d'autre, des insultes, de la violence verbale, aucun respect, heureusement qu'ils ne sont pas armés, si non c'est la guerre et on ne sait plus qui tire sur qui.Conclusion : il faut revoir la démocratie qui s'apprend à partir du noyau familial, ensuite à l'école, dans les quartiers, dans l'administration, dans le milieu politique (les partis,...), les associations ...

Abel Chater
| 26-10-2016 21:55
Le mensonge que les deux dictateurs déchus Bourguiba et Ben Ali nous ont tambouriné depuis l'indépendance de la Tunisie en 1956, que le peuple tunisien n'est pas encore mûr pour la démocratie, s'est avéré le plus grand mensonge répandu de par tout le monde arabe.
Les peuples arabes sont plus que mûrs et même soûl d'avidité pour la liberté et pour la démocratie, mais seuls leurs gouvernants, leurs intellectuels et leurs élites ne pourront accepter la liberté de leurs peuples, afin de ne pas être dévoilés de quelle nullité ils sont conçus. Ils se gonflent par le pouvoir comme des paons et ne voudront jamais plus s'en séparer.
Une maladie contagieuse chez tous les concaves et les bidons.