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Condamnation des ministres de Ben Ali, vengeance quand tu nous tiens !
06/03/2017 | 15:59
6 min
Condamnation des ministres de Ben Ali, vengeance quand tu nous tiens !

 

Le verdict prononcé, en fin de semaine passée, dans l’affaire des concerts Mariah Carey qui remonte à 2006, soit depuis onze ans, continue à susciter une vaste polémique dans le pays, aussi bien sur la toile que parmi la classe politique et autres personnalités du monde de la culture, des médias et même des droits de l’Homme.

 

 

Le verdict consiste en la condamnation par le Tribunal de première instance de Tunis à six ans de prison ferme avec exécution immédiate de trois anciens ministres sous le régime de Ben Ali, en l’occurrence Tijani Haddad, Kamel Haj Sassi et Samira Belhaj Khayach.

L’accusation porte sur le fait que les recettes des concerts de Mariah Carey, qui devaient aller au profit de l'association Besma, donc exonérées de taxes, seraient parties dans les caisses de la société organisatrice appartenant à Imed Trabelsi, neveu de Leïla Trabelsi. D’où le procès et le tollé quasi-général qu’il a soulevé.

 

Il faut dire aussi que l’affaire semblait tellement banale et ne portait pas vraiment sur de gros sous, que personne ne s’attendait à un jugement aussi sévère. D’où la surprise générale qu’il a suscitée. Les trois anciens ministres ont écopé de la même peine que l’ancien président Ben Ali et Imed Trabelsi (il aura 5 ans de plus pour falsification de documents), ce dernier étant présumé accusé direct et principal.

 

En effet, les Kamel Sassi, Tijani Haddad et Samira Khayach n’ont pas tiré de profit matériel direct de cette affaire, d’où les interrogations légitimes sur le pourquoi de cette sentence maximale qui semble être assortie de circonstances aggravantes puisque la condamnation à la prison ferme est accompagnée d’un effet immédiat, appliqué, généralement et en principe pour les « criminels dangereux qu’on tient à placer sous les verrous en attendant un éventuel recours en appel ».

 

Or, dans le cas d’espèce, les trois ministres en question ont comparu en état de liberté et, avant le procès, jouissaient d’une liberté de mouvement et de voyage. L’un d’eux, du moins, en l’occurrence Tijani Haddad, a été élu en 2016 à Malte en tant que vice-président de la Fondation méditerranéenne du tourisme.

Il a été, également, reconduit à la tête de la Fédération internationale des journalistes et écrivains de tourisme (FIJET) en 2012 en Egypte pour quatre nouvelles années sachant qu’il occupait ce poste depuis 1996. Sans oublier qu’il est conseiller spécial auprès de l'Organisation mondiale du tourisme (OMT) dont il a présidé  le conseil exécutif pendant deux années consécutives.

 

Quant à Kamel Haj Sassi, il y a unanimité quant à sa droiture, sa bonne morale et sa compétence, reconnues par tous ceux qui l’ont connu de près.

Autre point. Personne ne sait exactement ce qu’il y a dans les documents du dossier pour provoquer une telle sévérité des juges dont certains statueraient selon leurs orientations politiques. Et comme il s’agit de personnalités nationales, l’opinion publique est en droit de savoir tous les détails sur les tenants et les aboutissants de l’affaire.

 

Cette condamnation a, donc, suscité les plus vives critiques chez les partis politiques et les personnalités nationales.

Parmi eux, Elie Trabelsi, militant tunisien de la communauté juive de Djerba qui avait indiqué que «la magistrature tunisienne semble influencée par ce qui se passe en France et les accusations lancées contre François Fillon qu’on veut éliminer de la course à la présidentielle au profit de l'extrême droite ». Il ajoute que « la réconciliation nationale en Tunisie ne peut se faire avec l’existence de certains mercenaires, car nous les jeunes,  voulons tourner la page et en entamer une nouvelle avec un sang nouveau, loin de la haine »…

L’homme de culture, Raja Farhat, a pour sa part écrit qu’il y a « une quasi-unanimité pour déplorer la condamnation injuste de Kamel Haj Sassi, fonctionnaire intègre, et respectueux des autres ».

Quant à Mounir Charfi, militant des droits de l’Homme, a indiqué , « qu’il ne discute pas le verdict dans le sens où s’ils ont commis des méfaits, ils doivent payer, mais qu’il était sûr que Kamel et Tijani ne sont pas corrompus dans le sens où ils n’ont pas été condamnés pour détournement de fonds ou pour avoir bénéficié des deniers publics tout en précisant qu’il ne connaissait pas Samira Khayach… ».

L’universitaire Olfa Youssef a apporté, également, sa voix pour condamner le verdict prononcé hier contre trois ministres de Ben Ali. « Normal qu’on vous jette en prison. Vous qui n’avez pas volé un milliard de dons chinois, qui n’avez pas été financé par des pays étrangers, qui n’avez pas vendu votre pays au Qatar et à la Turquie, qui ne vous êtes pas inclinés devant l’Allemagne et le Fonds monétaire international et qui n’avez pas commandité des exécutions. Vous avez été un homme et aujourd’hui c’est l’ère des scélérats ».

 

Des partis politiques se sont, aussi, prononcé sur cette affaire. On citera, entre autre, le Mouvement du Projet pour la Tunisie (MPT), qui s’est dit étonné par le jugement. Le MPT « qui tient à consacrer l’indépendance de la justice », a exprimé son inquiétude de voir la justice instrumentalisée à des fins de règlement de comptes politiques. Il a appelé le gouvernement à honorer ses engagements pour ce qui est de la lutte contre la corruption et « à ne pas recourir à de spectaculaires traitements de certains dossiers juste pour dissimuler son incapacité à éradiquer la corruption qui ravage le pays ».

Afek Tounes a indiqué, quant à lui, qu’il suit "les procès impliquant des hauts cadres ayant servi l’Etat sans réaliser des profits personnels" et que sans vouloir empiéter sur l’indépendance de la magistrature, estime que "le processus de la justice transitionnelle a dévié de ses nobles objectifs tout en menaçant l’unité nationale". Le parti conclut en lançant un appel à élaborer un projet de loi instituant la cessation des poursuites judiciaires à l’encontre des commis de l’Etat pour des faits perpétrés lors de l’accomplissement de leurs missions sous l’ancien régime, exceptés les faits portant sur la corruption ou le détournement des deniers publics.

 

Mais le plus concret est venu de la part d’une commission indépendante d’avocats qui a été constituée, samedi 4 mars 2017, afin de réexaminer les condamnations prononcées à l’encontre des trois anciens ministres.

 « La commission considère, de premier abord, qu’il s’agit d’une condamnation politique qui doit être rectifiée pour rétablir la vérité » précise, l’avocat Hechmi Mahjoub, dans un post publié sur les réseaux sociaux.

 

 

Force est de constater que ce verdict n’a pas laissé indifférent la majorité de la classe politique. Ce qui nous pousse à se poser la question sur l’intérêt d’avoir une justice transitionnelle qui aurait pu trancher sur cette affaire.

 

Sarra HLAOUI

06/03/2017 | 15:59
6 min
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Commentaires (24)

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amadyka
| 09-03-2017 11:55
Les "proches", en plus "d'énnséb".......et ça dure depuis 1438 ans !!! "Les plus proches sont les plus méritants du « Maârouf» celui-ci étant tout acte de bienfaisance d'ordre matériel ou moral soit-il." Rapporté par El Boukhari.......Et ce nonobstant de ce dont ont profité, on ne peut plus, "ENNSEB", par leur "nsèb", avec le Prophéte (dont le un cinquième de ce que rapportaient "él ghazéwét", et elles rapportaient, gros !!!)...Ils en sont devenus, après sa mort, les "MAITRES DU MONDE (arabo-musulman)"........hamadi khammar

khneji
| 08-03-2017 17:40
Je m'adresse pour SARRA HLAOUI pour lui dire si elle est en mesure de prouver qu'il s'agit d'une vengeance?

artiste citoyen
| 07-03-2017 20:20
C'est parce que tout le monde connait la célèbre fable de La Fontaine nous devons rappeler aux honorables juges qu'une Nation nôtre Nation tient à ce qu'on respecte les Serviteurs de l'Etat et de la Nation pour les services rendus. NON à la vindicte NON à la confusion et aux réglements de comptes Pensez bien que l'Histoire ne pardonne pas ainsi que les victimes d'un acharnement contraire à l'ESPRIT des LOIS et à l'ESPRIT d'EQUITE Une Tunisie de concorde avec une Justice Sereine Diligente et bien protégée des manigances et interférences . Le TUNISIEN en a marre d' un certain cannibalisme toléré NON la TUNISIE NE MANGERA PAS SES ENFANTS n'en déplaise aux passionnés du cirque romain. RECTIFIEZ LE TIR: La Justice'est le SOCLE majestueux de la PAIX SOCIALE

Rifal
| 07-03-2017 16:09
Du temps de Zaba, personne n'aurait pu avoir la bravitude de poster le moindre post sur facebook pour défendre un frère, un père ou une mère injustement condamnée.
La réaction ne se serait pas fait attendre: c'est le bâton et la privation de liberté que l'on appelle la prison'
Cette liberté de contester, c'est un grand pas vers la démocratie même si l'injustice règne encore en maitre. Beaucoup d'affaires ne sont pas encore traitées, trainent en longueur et tout est fait pour qu'elles trainent ainsi ou même qu'elles soient stoppées dans le cadre d'une « Mousalha.. »
Quant aux gouvernants que nous avons, une grande majorité de braves citoyens est partie allègrement courir voter pour eux et c'est grâce à ces bulletins qu'ils sont là...et qu'ils mènent le jeu..
C'est ainsi que beaucoup se doivent d'assumer leur responsabilité de s'être trompé, par leur bulletin de vote, si erreur il y a.
A méditer '
Quant à si Yahia, rassurez-vous, il sortira de prison dans quelques jours s'il y est déjà' (Ce qui n'est pas encore sûr')

Hanni2
| 07-03-2017 15:16
Comme par enchantement, nos juges sont pour cette fois considéré comme indépendants par nos valareux pourfendeurs de la dictatoure de 62000 ans suite à cette décision qui ne mange pas pain, à savoir condamner des gens peut-être fautifs (j'en sais rien) mais aussi et surtout sans aucun soutien et ressources pour se défendre...décision populiste facile pour flatter les ignars et/ou les revenchards(le combo gagnant en Tunisie)!

Tout d'un coup, nous n'avons que des braves qui, soyons en assuré, auraient préféré mourrir plutôt que de servir Ben Ali (je me marre)...affirmation qui elle aussi ne mange pas de pain!

Malheureusement pour les pourfendeurs et leur crédibilité, ainsi que celle de nos juges, la supercherie ne peut prendre pour qui a un tant soit peu suivi l'actualité juduciaire ces derniers temps en Tunisie...

Comme l'ont opportunément rappelé d'autres intervenants, le milliard chinois, le sheratongate, les meurtres politiques, la fuite de Abou niqab, les terroristes relachés, les chevrotineurs nullement inqiétés, les déstructeurs d'ambassade relaxés, les opérateurs touristique en destination de la Syrie félicités, les voleurs d'archives autorisé à publier, les siffoneurs des caisses de l'état récompensés par des emplois de fonctionnaires, les prédicateurs de la haine plébiscités,les exciseurs de petites filles reçus avec les honneurs...j'en passe et des meilleures...tout ce beau monde vous salue! L'indépendance juducaire leur va magnifiquement au teint, ils resplendissent...et mettent le pays en coupe réglée et en voie de sous-développement sous les vivas des ignars/revenchards qui n'en n'ont que pour Zaba et Bourguiba...6 ans déjà après la "révolution"!

Donc oui, un grand bravo à nos juges pour cette décision remarquable de courage et de bravitude...prochaine piste pour nos juges, le concert de Georges Wassouf du temps de la dictatoure, il doit bien y avoir la aussi quelque malandrins faciles à châtier pour combler la soif de revanche des opprimés!

Hannibal

amine
| 07-03-2017 10:20
un paragraphe elogieux de la tres propre Samira Belhaj Khayach!

et la boucle est faite

Lefghoun
| 07-03-2017 09:35
aticle bidon ou l'auteure semble oublier tout le mal que ces gens ont fait subir au pauvre peuple - ces gens se sont enrichis sous la couverture de ZABA et sa maitraisse appartements, lots de terrains, avantages, etc... et on vient nous raconter une histoire a dormir debout de vengence - non et mille fois non, ce n'est que Justice et puis pourquoi ces gens n'ont pas remboursé au Trésor public les sommes prise indument....

Rifal
| 07-03-2017 09:29
@URMAX les dindons de la farce ont toujours été, hélas, les peuples..

URMAX
| 07-03-2017 08:40
...
Le poste de [ mini ]-stre était en fait un camouflet.
...
Ce n'étaient que des figurines, des marionnettes.
...
ILS étaient tous assis sur un siège éjectable et gare à celui (ou celle) qui n'exécutait pas les consignes à la lettre :
...
"ping" !! : IL était éjecté !
...
Ayez pitié de ces pauv'types ; ils font pitié.
...
Ce sont des gars comme vous et moi et qui avaient juste [ l'espoir de gravir des échelons, pour devenir "quelqu'un"].
...
Les vrais responsables, se la coulent douce jusqu'à aujourd'hui.
...
URMAX

raspoutine
| 07-03-2017 08:35
@kameleon 78
la méchanceté voit une grande partie de son venin
que tout ceux qui ont souffert sous ben Ali vous hante