alexametrics
mardi 16 avril 2024
Heure de Tunis : 05:51
Tribunes
Comment servir la Tunisie de l'étranger ?
29/06/2017 | 11:12
4 min
Comment servir la Tunisie de l'étranger ?

Par Mohamed Adel Chehida*

 

Alors que les retours au pays commencent, une question se pose à nouveau et toujours plus insistante aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur de la Tunisie, comment le Tunisien vivant à l’étranger peut-il contribuer au développement de la Patrie? Comment pouvons-nous faire converger nos actions pour servir la mère Patrie?

 

Les idées ne manquent pas.  Certains, ne voyant dans les Tunisiens à l’étranger que des devises à ramener, ont même suggéré de leur appliquer un impôt, une sorte de taxe annuelle. D’autres proposent de réinstaurer des fonds type 26/26! 

 

Il ne faut avoir aucun doute sur la volonté du citoyen tunisien à l’étranger de contribuer à l’effort national. Toutes les propositions seront les bienvenues à condition qu’elles soient constitutionnelles. Bien évidemment, il faudrait aussi les discuter avec les concernés.

Je suis convaincu qu’il faudrait aborder le sujet dans le cadre d’un débat national, qu’il faudrait dès le départ éviter toute idée de taxation qui rappelle un certain sectarisme, le devoir de payer pour le droit à une appartenance…

 

Le Tunisien à l’étranger s’impliquera d’autant mieux du moment qu’il sera considéré comme un acteur réel aux niveaux politique, social et économique de son pays.

Le Tunisien servira la Tunisie quand sa situation à l’étranger aussi bien économique que sociale est stable.

 

Il faudra donc et d’abord connaitre la spécificité des immigrés et des problématiques de chaque catégorie. Ce qui n’est pas le cas actuellement.

Beaucoup de nos compatriotes ont eu de sérieux problèmes économiques durant ces dernières années suite à la crise économique en Europe.

 

L’Etat doit savoir que celui qui quitte son pays pour trouver une vie meilleure et un travail, ne peut être utile au pays que si sa situation est stable et que si les enfants de la deuxième ou troisième génération sont aussi traités en citoyens à part entière. A ce niveau, force est de constater que peu d’efforts sont faits pour attacher ces générations à notre culture. 

 

Par ailleurs, rentrer en Tunisie est en soi un témoignage d’attachement à la patrie et par conséquent une contribution indirecte qui stimule l’économie nationale. Ici aussi, les retours sont souvent des moments de tensions. Dès l’arrivée sur le territoire, les stigmatisations deviennent quotidiennes.

 

Par conséquent, le gouvernement et l’Etat doivent investir pour défendre ses enfants en négociant des accords bilatéraux favorables. Par exemple, les accords de contribution et versement des caisses de retraite pour l’obtention de retraite décente doivent en faire partie.

 

Plus généralement, des actions simples doivent être entreprises par le gouvernement tunisien et ceci à partir de ses services consulaires:

 

- Facilitations de la bureaucratie en introduisant le service digital (ce n’est pas normal de devoir faire des centaines de kilomètres pour inscrire un nouveau né….) 

- Augmenter le nombre d’assistants sociaux dans chaque consulat (le consulat de Rome à titre d’illustration ne dispose que d’un seul assistant, submergé de dossiers des clandestins disparus, des divorces, des décès,..)

- Augmenter le personnel de l’ambassade s’occupant des affaires commerciales afin d’encourager et faciliter les investissements en Tunisie

- Augmenter le nombre d’enseignants d’arabe afin de renforcer les liens avec la patrie et ce sentiment d’appartenance que cherchent les nouvelles générations, tout en évitant que ces écoles soient soumises à la gouvernance de certaines parties politiques ou idéologiques à travers des associations, comme c’est le cas actuellement dans certains endroits.

- Faciliter les transactions bancaires avec des commissions acceptables ce qui encouragera les voies légales de transfert de devises.

- Améliorer les services d’accueil du Tunisien à son retour, lui évitant des queues interminables que ce soit aux aéroports ou dans les ports.

- Améliorer les conditions contractuelles du personnel diplomatique, moteur essentiel du fonctionnement de la roue administrative à l’étranger.

 

Ceci n’est qu’un point de départ et bien d’autres actions doivent être entreprises. 

Nos responsables doivent intégrer que les Tunisiens à l’étranger sont autant d’atouts perdus ou mal exploités.

 

 

 

*Médecin anesthésiste réanimateur et coordinateur d'Al Badil Ettounsi

 

 

29/06/2017 | 11:12
4 min
Suivez-nous

Commentaires (39)

Commenter

why
| 05-07-2017 08:24
J'ai vécu en France (10 ans) puis en Chine depuis 6 ans. Après avoir fait mes études en France et obtenu un diplôme d'ingénieur, j'ai travaillé en France et acquis de l'expérience. Une opportunité s'est présentée et me voici en Chine avec un pote de responsabilité.

Tous les jours je me pose la question: comment être utile à mon pays ? Car, même en prenant la peine de rentrer une ou deux fois par an, dès l'arrivée à Tunis-Carthage, les tracas commencent. Tout est plus compliqué et surtout le service est 7moum. En fait, rentrer au pays est comme un jour sans fin: le Pays nous manque, la Nostalgie l'emporte, l'impatience de rentrer et dès qu'on y met les pieds, on le regrette déjà pour diverses raisons.
Au-delà de cet exemple personnel, que faut-il faire?
1- Instituer des écoles tunisiennes dans les pays à forte immigration. Ceci nous permettra d'enseigner des valeurs de tolérance et de tunisianité. Quand je vois des connaissances G2 ou G3 et leurs connaissances branlantes en religion ça me fait peur...
2- Etre capable d'offrir des postes à responsabilités ainsi que des challenges à la hauteur des ambitions de nos "cerveaux".
3- Faciliter les procédures d'embauche des compétences.
4- Améliorer grandement l'accueil et les services à l'étranger: la digitalisation devrait être un axe prioritaire. Mais aussi, rallonger la période de validité des passeports de 5 à 10 ans.

Le retour de nos cerveaux devrait être une priorité nationale et la clé de voûte de tout un (nouveau) modèle de développement.

Adel Chehida
| 03-07-2017 20:44
On est bien d'accord que pour avoir des entrees en devises l'etat doit bien agir en prenant des actions à partir de la Tunisie

el manchou
| 03-07-2017 13:30
- La Tunisie, via la BCT ou la "Tunisian Foreign Bank" devraient mettre en place la gratuité des virements des euros, dollars ... vers les comptes bancaires Tunisiens en dinars.
Ceci permettra d'assécher le change au noir, les vols, les arnaques aux guichets de change et permettra de renflouer les réserves en devises.

- Permettre aux compagnies low cost de desservir la Tunisie et leur imposer une faible taxe ( 1 euro par passager ) pour financer un plan de transformation de Tunisair ( plan social, modernisation ...).
Ces compagnies à bas coût nous amèneront une nouvelle clientèle qui va dépenser ses devises en Tunisie, elle n'attireront pas le Tunisien lambda car une fois les frais de bagages ... rajoutés, le billet Ryanair ou EasyJet coûtera la même chose que celui de Tunisair.

- Moderniser les consulats Tunisiens, ils fonctionnent encore au formulaire papier avec photocopies de documents qu'ils ont déjà, timbres fiscaux d'un autre âge, légalisation de documents à la chaine ...

- Combattre l'islamisme qui gangrène la jeunesse Tunisiennee établie à l'étranger via des cours gratuits et LAIQUES d'arabe et de dialecte Tunisien.

DHEJ
| 03-07-2017 13:22
Partant de mon expérience, les responsables des institutions de l'Etat ne demandent pas et ne veulent pas l'aide des Tunisiens à l'étranger et ils n'aiment pas que nos TRE fourrent leurs nez dans leurs "incompétences"!!!

Pour nos responsables et les 300 familles régentes de la TUNISIE considèrent-ils
la TUNISIE comme une PYROXÉNITE???

A voir la balance de paiement et la balance commerciale, il est facile de conclure!!!


Alors les familles régentes ne veulent que les virements des TRE point barre! Des virements pour mieux spolier la TUNISIE!!!

zohra
| 03-07-2017 09:36
Excellent

Crow
| 03-07-2017 08:44
Moi je recommande aux Tunisiens vivants à l'étranger de bien élever leur progénitures afin d'éviter la casquette "racaille immigrée" et surtout faire le ménage parmi eux car actuellement il y a trop d'extrémistes et ceci nuit à l'image du pays...

Gabès-la-polluée
| 02-07-2017 19:20
Ainsi, les Tunisiens résidents à l'étranger pourraient avoir confiance et servir le pays.

Aucune confiance depuis 2012, le pays est dirigé par des traîtres : troïka à leur tête Ennahdha et Ennahdha et Nida Tounès.

Zohra
| 02-07-2017 11:44
Bonjour cher Dr,

Votre titre comment servir la Tunisie depuis l'étranger et ce n'est pas comment la Tunisie peut elle servir ses étranger.

Selon les commentaires de Monsieur Mounir que je trouve très intéressante et très juste en ce qui concerne les problèmes des travailleurs immigrés.

Merci

En vous souhaitant excellent dimanche

Adel Chehida
| 02-07-2017 08:13
L'idee de Mounir est tres interessante, elle est déja appliquée dans les ambassades et consulats occidentaux, ( bien sure ne peut pas etre à 100%)

DHEJ
| 01-07-2017 22:25
Ah tu touches le vrai problème... et tu proposes une des solutions à la question posée par le Toubib...


Mike Chinoye