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Chroniques
Comment expliquer ça aux enfants ?
03/01/2017 | 15:59
3 min

 

C’est en regardant les enfants de mon quartier jouer aux soldats de Daech que je me suis rendue compte que les générations futures grandiront dans un climat qui sera à des années lumières de celui que nous avons connu, enfants.

Un couple de jeunes Tunisiens vient d’être fauché par un terroriste lors de la soirée de fin d’année à Istanbul. Il laisse derrière lui une fille de quelques mois à peine. « Comment expliquer ça à leur fille ? » s’est interrogée la mère du défunt dans une interview à l’Express. Comment expliquer à cette enfant qu’un terroriste a ôté la vie à ses parents et qu’elle devra vivre sans, le reste de ses jours ? Comment lui expliquer que ses parents, même décédés, se font lyncher depuis des jours sur les réseaux sociaux par des énergumènes qui pensent qu’ils méritent leur triste sort ? Comment lui expliquer que ces mêmes énergumènes souillent leur mémoire car ils critiquent leur manière de faire la fête et de célébrer la vie ?

 

Alors qu’on doit enseigner aux enfants les bonnes manières, à se laver les mains, à dire merci et à ne pas se mettre les doigts dans le nez, il devient nécessaire aujourd’hui de leur apprendre le pourquoi du terrorisme. Pourquoi certaines personnes éprouvent le besoin de tuer d’autres personnes avec lesquelles elles ne sont pas d’accord. Est-ce que ces personnes sont différentes de nous. Et pourquoi devons-nous subir cela dans notre pays.

Si on arrive à trouver réponse convaincante à cette question, il faudra en convaincre des dizaines d’autres enfants. Des enfants qui ont perdu leurs parents dans des attentats terroristes en Tunisie ou d’autres dont les parents sont partis faire le djihad dans des pays éloignés du notre. Il faudra convaincre toute une génération et lui expliquer comment faire pour vivre, au quotidien, avec ces mêmes personnes qui ont tué leurs parents. Mais aussi comment vivre pour ne pas devenir ces personnes-là.  

 

La question du retour, ou non, des terroristes agite les débats. Mais pas celle de leur réhabilitation, de leur réinsertion et de la place qu’on devra éventuellement leur faire parmi nous. Si les débats se multiplient aujourd’hui, tout en restant vides d’idées concrètes, ils ont été occultés par les politiques depuis des années. Pourtant, ce sont plusieurs centaines à quelques milliers de jihadistes (personne n’a encore les chiffres exacts) qui combattent auprès de Daech dans les foyers de tension et qui restent des citoyens tunisiens bénéficiant de certains droits constitutionnels.

On parle d’agrandir les prisons et d’en construire d’autres, mais les propositions s’arrêtent là. Un débat politique sur lequel personne ne semble se mettre d’accord. Encore une fois, des discours, de jolies paroles, des propos indignés et puis c’est tout (pardonnez-moi de me répéter). On ne parle que de ça depuis des mois, mais cette question qui éclate aujourd’hui, car le vide de l’actualité le lui permet, fondera bientôt comme neige au soleil et sera jetée aux oubliettes en attendant que le problème nous explose en pleine figure.

 

Les politiques bavassent sur les plateaux tv et les députés brandissent des pancartes. Comme s’il suffisait de brandir des slogans populistes pour trouver des solutions. Nombre d’entre eux sont passés maîtres dans l’art de brasser du vent et de faire croire le contraire. Des députés élus pour changer les lois, brandissent des pancartes dans une assemblée dans laquelle ces mêmes lois doivent et ont été votées. Jouer aux militants, est-ce pour cela qu’ils ont été élus ? Au lieu d’expliquer les réalités, qui fâchent et qui blessent, aux enfants, ne serait-il pas plus utile d’expliquer à ces gens-là la nature-même de leur fonction ? Ce pourquoi ils sont assis sur les chaises qu’ils occupent depuis plusieurs mois et en quoi consiste leur rôle. Ce qu’ils peuvent réellement et concrètement faire pour que les choses changent. C’est tout sauf brandir des pancartes dans une assemblée, souvent, à moitié vide.

03/01/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (11)

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SAMIA
| 04-01-2017 12:16
Bonjour chère Tunisienne
"... implacable de l'Islam(isme) !... "
".... au nom (et sous couvert) de l'Islam !"
Tu as écrit,j'ai compris et j'ai beaucoup apprécié..ça progresse!
Bisous et excellente journée à toi aussi chère amie

Tunisienne
| 04-01-2017 11:06

Bonjour chers amis,


Merci Nestor de conjuguer à la perfection la douceur de l'attention et du verbe au rappel de l'un des épisodes les plus anciens et les plus insoutenables de la barbarie aveugle et implacable de l'Islam(isme) !

Merci Samia d'être toujours au rendez-vous pour rappeler avec beaucoup de pertinence et sans mains tremblantes toutes les horreurs commises au nom (et sous couvert) de l'Islam !


Ils ont de leur côté les ténèbres, la bêtise et la bestialité latente...

Nous avons de notre côté le sens de l'Histoire (lui-même indissociable d'une quête de ce qu'il y a de meilleur en et pour l'Humanité, en dépit de tous les parasitages et de toutes les pesanteurs)...

Certes l'Histoire sombre des horreurs commises au nom de la religion est un éternel recommencement, mais l'Histoire n'avance jamais à reculons... Et le verbe par lequel s'écrit la petite histoire et la grande Histoire est aussi puissant que le sabre... Le musellement de Asma bint Marouane et de bien bien d'autres en est la meilleure preuve...


Je vous embrasse et vous souhaite une excellente journée !


DHEJ
| 04-01-2017 09:38
Quel mirage, quel lumière dans ce tableau sombre dessiné par un non-voyant de jour comme de nuit!!!


Non, il n'y a rien à dire aux enfants, ils ont compris et tout compris d'ailleurs tout est dans l'air!

N.Burma
| 03-01-2017 23:16
Bonsoir Samia,
Vous avez complété le sombre tableaux des premiers assassinats commis au nom de l'islam au moment même où cette religion naissait, nous sommes à quinze siècles après sa naissance et les crimes toujours en son nom se comptent par dizaines de milliers, voire centaines de milliers et probablement davantage.
Entendant des anthropologues lors de conférences de très haute tenue, certains de ces savants ont émis l'hypothèse, qu'après cette infernale vague d'assassinats au nom de l'islam, il faudrait plus d'un siècle pour retrouver un semblant de paix, à supposer que demain tous les assassins et leurs complices puissent être mis hors d'état de nuire.
Et dire que par millions, des Tunisiennes et des Tunisiens ont porté aux nues les parrains de ces assassins, croyant à la théorie des gentils chacals islamistes dans les poulaillers espiègles de la République, voilà où nous en sommes à présent.

Je vous souhaite également une bonnqe année 2017.

Abel Chater
| 03-01-2017 21:56
On ne peut parler d'une maladie sans parler de ses causes, comme on ne peut parler de ce terrorisme aveugle qui frappe partout dans le monde, sans parler de sa source, qui réside sans le moindre doute, dans l'occupation des juifs de la Palestine, première Mecque de l'Islam et de leurs multiples génocides contre les Palestiniens.
Je ne pense nullement qu'il y aura de nouveau une paix mondiale, sans la libération de la Palestine de ses occupants juifs.
Tous les pays doivent récupérer leurs citoyens juifs et les restituer làoù ils ont leur source, afin que les Palestiniens retournent dans leur pays et que finisse tout ce terrorisme aveugle de par le mond, dont nous souffrons tous.
Parler du terrorisme sans parler de sa source et de sa cause principale et primordiale, qui n'est autre que l'occupation de la Palestine par les juifs venus des quatre coins du monde, n'est qu'une perte de temps qui ne résoudra jamais ce gangrène qui grossit de jour en jour et d'une année à une autre.
Honni soit qui mal y pense.

La cause du peuple
| 03-01-2017 21:42
ATTENTION LES TUNISIENS
TAREK KALAOUI INVITE' SUR BBC

SAMIA
| 03-01-2017 21:09
Bonsoir Nestor
Il faut rappeler aussi que A.bent Marouen a été tuée par un sabre qui a traversé son corps
alors qu'elle ALLAITAIT SES DEUX BEBES!!!
l'autre victime était la femme d'un aveugle qui lui même l'a tué quant elle a refusé de cesser de dire la poésie..elle a laissé 2 ptits enfants..la troisième c'est la vielle OM KERFA...son corps a été coupé en 2 !!(la liberté d'expression islamique!!)
cette bambino n'est qu'une goutte d'un océan d'enfants devenues orphelins à cause de la barbarie islamiste!
Bonne et heureuse année 2017

N.Burma
| 03-01-2017 20:09
« Il faudra lui expliquer que maman et papa étaient des débauchés partis fêter le Réveillon des mécréants dans une boîte de nuit en Turquie. Elle méprisera probablement ses défunts parents mais aura quelques chances de s'intégrer dans cette pourriture de société ! « Tunisienne




Tunisienne superbe conteuse à rebrousse-poil !
Je pense qu'à la petite, il faudrait lui écrire un conte, un conte pour enfant, un conte comme il s'écrit depuis des siècles et comme ont su si bien l'écrire les frères Grimm deux magnifiques linguistes et philologues allemands de génie. Les frères Grimm étaient passionnés par les légendes, les langues étrangères, la mythologie rhénane.
Ainsi dans la Tunisie malheureuse et enniquabée depuis plus de cinq ans, il se pourrait que, semblable aux poétesses arabes de la période antéislamique émerge une poétesse de la veine de Asma bint Marouane, cette femme qui en avait, elle allait aux souks des quartiers de la Mecque et de Médine et disait haut sa poésie au vitriol contre les nouveaux islamistes qui prenaient de la graine dans l'élan d'une religion naissante. Elle récitait sa propre poésie arabe contre ces islamistes jusqu'au jour où, le nouveau prophète autoproclamé dit en public à ses compagnons : « qui me vengera d'Asma bint Marouane ? »
Elle fut assassinée peu de temps après la plainte du prophète.
On pourrait écrire un conte contemporain en hommage à Asma bint Marouane et dans ce conte on y introduirait la part d'amour de la vie des parents disparus et la part d'Anathos par qui ont été assassinés aveuglément deux êtres pacifiques que rien ne prédestinait à cette issue fatale.

Tunisienne
| 03-01-2017 19:18

Il faudra lui expliquer que maman et papa étaient des débauchés partis fêter le Réveillon des mécréants dans une boîte de nuit en Turquie. Elle méprisera probablement ses défunts parents mais aura quelques chances de s'intégrer dans cette pourriture de société !


Ou il faudra lui expliquer que maman et papa n'avaient rien fait de mal, que c'étaient au contraire des personnes amoureuses et joyeuses qui aimaient la vie et fêtaient l'espoir, et qu'ils ont été souillés par les sombres qui se cachent derrière l'Islam wahhabite noir, totalitaire et sanguinaire pour cacher leurs jalousies, leurs envies, leur malveillance et le fait que la vue du bonheur des autres leur soit complètement insupportable... Et qu'aucune forme de spiritualité ne pourra jamais apaiser des sombres aussi sombres. La petite sera probablement réconciliée avec la mémoire de ses parents et avec elle-même, mais comment pourra-t-elle vivre dans cette société féroce et impitoyable ?


Voilà un «petit» dilemme comme il y en a et il y en aura des dizaines et des centaines... Le profil des nouvelles générations de suicidaires se dessine trop crûment...


La Tunisie est malheureusement rattrapée par la noirceur d'une bonne partie des siens...

Vieux Routier
| 03-01-2017 19:09
Je commence par des condoléances attristées aux familles des défunts, paix à leurs âmes.
Pour emprunter le langage de la santé publique, on brasse du vent sur le traitement curatif du retour des "assassins", comme s'ils faisaient la queue devant les guichets de Tunis Carthage !!!
Madame Tajine est une des rares à parler de réhabilitation, consciente que ces assassins ne vont s'éterniser dans les prisons.
Le plus grave à expliquer aux enfants, et c'est le traitement préventif de la cause des causes, c'est tous les jardins d'enfants où on a le malheur de voir de petites filles voilées voire "nikabées". Comment répondre à la question de mon petit fils : "c'est quoi ça papy", en montrant de son petit doigt la petite boule noire qui se déplace accrochée à une autre boule noire, plus grande.
Quelle révolution culturelle faudra-t-il pour notre pays pour que nos enfants réfléchissent et agissent autrement ? Ceci passe nécessairement par un contrôle efficace de ce que font certains (es) des petites têtes des enfants qui leur sont confiés. Il passe aussi par une refonte des programmes scolaires pour ouvrir les neurones des uns et des autres. Ceci reste malgré tout insuffisant et d'autres actions intersectorielles et familiales demeurent nécessaires.
Alors, si on traite que la partie apparente de l'iceberg, on voit droit à la catastrophe.