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Chroniques
Comment ces ministres peuvent-ils s'asseoir à la même table ?
11/04/2017 | 15:59
3 min

 

La cohésion gouvernementale est visiblement un principe totalement surfait. Au sein d’un même cabinet, dit d’union nationale, plusieurs ministères prennent des décisions contradictoires et incohérentes pour, au final, présenter devant l’opinion publique un parfait discours, fidèle à ce que les gens ont envie d’entendre.

 

Hier encore, le ministère des Affaires religieuses a adressé une correspondance à une entreprise tunisienne afin de lui demander une copie de ses statuts. L’entreprise incriminée se trouve être l’éditrice de la billetterie du festival de musique électronique Orbit. Festival dans lequel un DJ a eu la malencontreuse idée de mixer de la musique électro avec un appel à la prière et a provoqué ainsi un tollé général qui lui a valu une condamnation d’un an de prison ferme.

 

Si des entreprises sont dans la ligne de mire du département religieux, d’autres intéressent aujourd’hui de près la présidence du gouvernement et le ministère des TIC et de l’Economie numérique qui s’engagent aujourd’hui à trouver des solutions pour qu’elles prospèrent. Aujourd’hui, Youssef Chahed et Anouar Maârouf présentent une nouvelle initiative législative en faveur des start up tunisiennes. De quoi leur offrir plus de facilités pour leur création et de marge dans leur activité au quotidien.

 

Dans les discours officiels, la relance économique, la reprise du tourisme et la sauvegarde des libertés individuelles sont les maître-mots. Le ministre des Affaires religieuses, qui défend la ligne conservatrice et islamique sur les bords,  se heurte aux missions de plusieurs ministres. Face à lui, un ministère de la Culture organise manifestations culturelles et festivals et un autre du Tourisme qui s’emploie à redonner vie à un secteur fragile. 

Comment ces mêmes ministres peuvent-ils s’asseoir à la même table et décider, de concert, en réunion de conseil de décisions engageant, pèle mêle, de grands principes tels que « l’intérêt supérieur de la nation », « la relance de l’activité économique », « la sauvegarde des libertés individuelles », etc. ?

 

Couac isolé ou énième preuve de l’absence d’une feuille de route claire du gouvernement actuel ? La réponse est simple. Il suffit de regarder les discours qui se multiplient en faveur de la liberté d’expression dont Youssef Chahed se dit lui-même le garant. Ceci n’a pourtant pas empêché le ministère de l’Intérieur de décider la suspension du journal Athawra News qu’il accuse de « dépassements éthiques et professionnels qui vont jusqu’à la diffamation ». Un ministère de l’Intérieur, adepte du « tout sécuritaire » et aidé par un état d’urgence en vigueur, se heurte lui-aussi à une présidence du gouvernement qui soutient œuvrer pour la sauvegarde des libertés individuelles chèrement défendues.

 

Ce manque évident de cohésion et de cohérence dans l’action gouvernementale contribue, malencontreusement, à nourrir les tensions sociales et à alimenter la grogne, la déception et le pessimisme de l’opinion publique. L’opinion publique doute aujourd’hui des capacités du gouvernement à garantir certaines libertés et un certain mode de vie auquel les citoyens se sont habitués depuis des années et à relancer une croissance économique en berne. Si certains ministres s’y emploient, d’autres avec leurs actions improvisées ne font que saboter leurs efforts et donner davantage de matière au pessimisme.

 

Est-ce qu’il suffit d’avoir des compétences pour qu’un gouvernement fonctionne ? Est-ce qu’il suffit de prononcer le mot « union » pour que l’union soit faite ? Le gouvernement de Youssef Chahed a prouvé le contraire. Un gouvernement, c'est une stratégie, une ligne directrice et des objectifs communs. Un gouvernement est censé être composé de membres, même différents et de sensibilités diverses, mais qui œuvrent pour les mêmes résultats et qui règlent leurs différents en interne. Non pas pour diviser mais pour enrichir. Par ses rangs dispersés et ses multiples couacs, le gouvernement creuse aujourd’hui un fossé qui avait uniquement besoin d’être rempli…

 

11/04/2017 | 15:59
3 min
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Commentaires (10)

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URMAX
| 18-04-2017 08:46
...
Tous, des doubles-face !
Lorsqu'ils sont ensemble, ils se congratulent réciproquement, mais, en fait, ils se détestent mutuellement d'une façon incroyable.
...
C'est "ça" la politique : un bien sale milieu, où une personne honnête n'a que faire !
...
URMAX

Bob
| 13-04-2017 11:27
Hi

Oui, ils se sont arroger le monopôle sur allah!. C'est effectivement leur fond de commerce. allah vient les voir la nuit et leur dit ce qu'ils doivent déclarer ou faire le lendemain, c'est bien connu.
Les chinois ont sniffé l'affaire et ont devancé nos religieux qui ne savent rien faire de leurs dix doigts en vendant aux musulmans les tapis à prière, les chapelets de prière, les réveil à adhan et autres gadgets. Être religieux ça rapporte même aux chinois dis-donc !. Le musulman, lui se fait dépouillé hahaha. Notre Ministère des affaires religieuses a le monopôle sur allah, ils l'ont fait breveter. Pourquoi n'exploitent-ils pas ce brevet ! ils pourraient se coordonner avec le Ministère de l'Industrie tunisien pour faire fabriquer des porte-clés suspendus au mot allah !. A 1 dinar le porte clé, ça fait 11 millions de dinars dans la popoche ! sans trop se fatiguer !. Mais non ! ils attendent que ce soit les Chinois qui le fassent ! bande de fainéants.

Turlututu
| 13-04-2017 10:24
Bonjour,

la religion, allah mais ca se gère. C'est une affaire vous savez. Un fond de commerce qui rapporte gros. la solution : Un Ministère des affaires religieuses. Des postes, des employés, des salaires, un rôle dans le pays !. des positions et des avis a donné, éduquer ceux qui s'écartent du droit chemin...un rôle, un droit de citer et de justifier son existence. allah a toujours eu ses protecteurs, ses défenseurs : les saints, les imams, les cheikhs, les muftis...toute une armée. cette armée de prédicateurs fonctionnaires ne bossent pas pour allah mais pour eux mêmes !.

Ataturk
| 12-04-2017 21:08
Un autre cas qui reflète la non-cohésion gouvernementale est celui des ministères de l'agriculture d'une part et l'industrie et le commerce d'autre part.
Quand Samir Ettaïeb a exigé l'arrêt de l'importation des "glibettes" turques ^pour sauver la récolte des agriculteurs du nord ouest, Zied Ladhari, le nahdhaoui a refusé...

chiraz
| 12-04-2017 12:23
c'est simplissime, ils s'attablent pour déguster la soupe à la grimace !
succulent comme mets .

CONQUERANT
| 12-04-2017 11:10
« Comment ces ministres peuvent-ils s'asseoir à la même table » dites-vous ?

Aussi ubuesque que cela puisse paraître l'interrogation est légitime.

Connaissant votre goût prononcé pour l'ironie et l'antiphrase, je peine à croire que vous n'ayez déjà la réponse à votre tourment Madame Synda Tajine.

Néanmoins, je vais mimer le candide. Comme ça on restera TOUS dans le même registre.

Tout simplement parce que ce gouvernement qui ressemble, à s'y méprendre, à l'arche de Noé où tout le monde a pris place en prévision d'un déluge futur, n'a pas mis la boussole sur le cap de "Bonne espérance".
On y dénombre des espoirs déçus, des vocations contrariées et des vertus incomprises.
Malgré les précautions prises, l'assurance-naufrage risque d'être de peu d'effet. Tout le monde tire à hue et à dia.
Tout cela on le doit au fameux consensus mou, alias « ATAWAFOUK », synonyme d'immobilisme et de lâcheté.
Jamais une démocratie ne peut fonctionner durablement ainsi.
Seul un gouvernement homogène peut être tenu politiquement responsable de ses choix devant l'assemblée.
Lorsqu'on dilue les responsabilités, on ne peut aboutir qu'à cet axiome :
« Pas responsable, donc pas coupable. »

Le mélange des genres ne donne rien de bon sauf en pâtisserie :
Un vieil adage Tunisien n'assène-t-il pas : « 3ALA KOL LOUN YA KRIMA ? (Le met Tunisien « Krima » ne se décline-t-il pas en plusieurs versions ?)
Remarquez, nous ne sommes guère loin de la cuisine.
Que celle-ci laisse exhaler un parfum organoleptique émoustillant les papilles ou un savant mélange dégageant un fumet électoraliste, cela revient au même.
Dans les deux cas on agence et on compose.
C'est le drame de cette jeune démocratie qui a voulu puiser à plusieurs sources et finit par ne ressembler à rien.
On ne gère pas un pays comme on gérerait une famille.
Là où il y a une volonté, il n'y a pas toujours de chemin.
Le parti Islamiste salafiste « Annahdha » a accepté de faire partie de l'équipée non par amour pour la conduite collégiale des affaires ou parce que NUMÉRIQUEMENT le parti Nidaa Tounes le dépassait à l'assemblée.
Non ! Par calcul simplement.
Il lui fallait OBSERVER une escale technique sur son parcours de conquête pour parachever son 'uvre.
Il lui fallait davantage de temps, cinq ans au moins, pour s'imprégner de la chose publique.
Il lui fallait une halte sur son parcours-santé afin de tout noyauter et s'installer durablement dans la géographie politique du pays.

Le temps est un facteur déterminant en politique.
N'oublions pas les propos ébruités de Ghannouchi en 2011 dans lesquels il conviait ses partisans à ne pas confondre : vitesse et précipitation. Parce que tout n'est pas encore garanti (Lkol Mouch Mathmoun)
Aujourd'hui, c'est chose faite !
En face, un mélange fait de bric et de broc.

chou
| 12-04-2017 06:50
Et pourquoi un ministère pour les affaires religieuses ? que va t-il gérer ? rien !un secrétariat d'état et encore !!! quel gâchis , l'argent du contribuable dans les égouts ! est-ce que le bon dieu a besoin d'un ministère ??? débile va ...

kameleon78
| 11-04-2017 17:49
Le parti Nahda et Ghannouchi ont imposé ce ministère des Affaires Religieuses au même titre que les ministères régaliens, la preuve est le montant conséquent du budget alloué à ce ministère sous la défunte Troïka mais avec la victoire de Nidaa Tounès et BCE en 2014, on pensait que cela allait changer, hélas, le président influencé par Ghannouchi ou peut-être sous les pressions de la Nahda a conservé ce caractère régalien du ministère des AR avec ses excès.

Jilani
| 11-04-2017 16:48
Ennadha et ses sbires, l'UGTT et BCE avec son entourage pourri tous balancent leurs décisions selon leurs intérêts et leur fans qui les suivent. Un nouvel acteur le syndicat des imams qui se prend pour le gendarme des moeurrs qui peuvent à tout moment débarquer dans un restaurant qui sert du vin et mettre tout ce qu'il trouve en prison avec la complicité de juges islamistes. Voici le nouveau tunistan promis par bce.

HatemC
| 11-04-2017 16:41
Un GVT est issu en principe de la même famille politique qui a gagné les élections ... point à la ligne par de conquonsuce qui tienne ...

Je n'ai pas compris ce système de cohabitation batard à la Tunisienne ...

Nida a gagné les élections ...
BCE aurait dû nommé son 1er ministre issu de sa famille politique et le 1er ministres propose ses ministres ... des ministres choisi avec qui IL PEUT TRAVAILLER et ces même ministres appliquent la politique issu du PROGRAMME de Nida ...
La programme pour lequel les Tunisiens ont voté ...

Alors que une fois en place BCE a trahi ses électeurs ... et s'est torché avec le semblant de PROGRAMME ..

Or là nous avons un GVT hétéroclite et forcément le GVT marche de travers ...

Les ministres sont issus de +sieurs familles politiques ... on comprend les atermoiements et surtout le GVT sans objectif ...

IL GERE LE QUOTIDIEN ... s'adapte aux circonstances ... recule devant la pression de quelques illuminés ... les ministres n'ont aucun contrôle de leur ministère ...

Même en cohabitation ... le GVT est issu de la même famille politique celle qui a gagné les législatives ... le président seul est issu d'une famille politique différente et en plus il peut s'opposer à certaines nominatons ...

Nida avec BCE ont fait du n'importe quoi ... Je me demande quelle mouche a piqué BCE ... a t-il subit des pressions de l'extérieur ????

Vous verrez que si nahdha gagne les prochaines élections ... il n'y aura que des ministres islamistes ou ayant des affinités ... et le conquonsuce sera enterré ...

Nida a TRAHI ... HC