alexametrics
vendredi 19 avril 2024
Heure de Tunis : 16:09
Tribunes
Chroniques d’une vengeance
31/03/2018 | 21:23
3 min
Chroniques d’une vengeance

 

Par Aymen Battaieb*

 

« Les demandes des jeunes médecins sont toutes légitimes » scandaient-ils.
« Vous avez tout notre soutien » disaient-ils.
Pourtant nous nous sommes trouvés livrés à nous-mêmes, dans une bataille sans pitié… aucune… durant 47 jours… Quasiment seuls, tant avant, durant ou même après notre mouvement.
Pire même, une minorité entre eux s’est même dressée contre nous.

Et ce terme (minorité) sera employé et re-employé tout au long de cet article, pour que vos captures d’écran en soient témoins, car je ne mets jamais tout le monde dans le même sac, et que je sais que la majorité entre vous a des principes.

Mais malheureusement, cette « minorité » a choisi de suivre le chemin d’une vengeance injustifiée :
« Vous avez acquis un statut ? On verra ce que ce statut fera pour vous ! »
« Vous avez suivi Jed et Aymen ? Appelez-les qu’ils assurent vos cours ! Qu’ils valident vos stages ! Qu’ils paient vos salaires ! »
Ceci est devenu le pain quotidien des jeunes médecins dans quelques services.

Mais comme si le harcèlement moral ne suffisait pas, il a fallu que certains rajoutent une couche en passant au harcèlement physique, poussant leurs disciples à s’épuiser dans des journées interminables de travail.
En usant d’un manque de connaissances juridiques, certains ont choisi d’obliger leurs internes et résidents à assurer des heures de travail supplémentaires, sous prétexte que le nouveau statut le stipulait. Mais ce que cette minorité ne sait pas (ou fait semblant de ne pas savoir) c’est qu’entre le statut de 1976, de 1993 et de 2018, la charge horaire des jeunes n’a pas changé.

Pire encore, outre la pression morale et physique, le ministère a choisi de passer à la pression pécuniaire, en bloquant illégalement les salaires de ces jeunes, tous azimuts, bloquant au passage les salaires même des pharmaciens et dentistes pendant une période par leur incompétence.

Et cerise sur le gâteau, cette minorité a choisi aussi une vengeance académique et scientifique, privant ses étudiants de leurs cours, en supposant faits les cours programmés durant la grève, les privant ainsi même de leur formation. Ces mêmes personnes se disaient inquiètes pour la formation manquante des étudiants durant la grève, les incitant (en les menaçant d’une année blanche) à revenir aux bancs des facs.

Et là, je me pose une question :

Qui est à l’origine de tous ces problèmes ?
N’est-ce pas la minorité de responsables académiques ayant œuvré seuls sans consulter personne lors de la rédaction de ces réformes?
Pourquoi est-ce donc aux jeunes d’en payer le prix ?
Et pourquoi toute cette rancune ?
Est-ce une punition pour avoir mis à nu les défaillances de notre système de santé en Tunisie?
Est-ce un châtiment pour avoir prouvé que les anciens responsables académiques se sont trompés en faisant des réformes mal étudiées seuls, sans en aviser les étudiants, ni même leurs bases, le reste des enseignants ?
OU est-ce pour dissuader les jeunes de se mobiliser dorénavant pour leurs droits ?

Nous avons répété une chose durant tout notre mouvement :
La confiance a été perdue durant 7 ans de négociations et de reformes unilatérales. Et nous comptons rebâtir cette confiance.
Mais j’en doute fort actuellement.
Et avec les agissements de ce ministère et d’une minorité de ces responsables académiques, j’ai bien peur que cette confiance soit anéantie à jamais.

 

*Vice-président de l’Organisation tunisienne des jeunes médecins

31/03/2018 | 21:23
3 min
Suivez-nous

Commentaires (5)

Commenter

Hajjoura
| 09-04-2018 20:40
Les jeunes médecins étaient toujours le bouche-trou d'un système de santé corrompu à tous les niveaux. Pourquoi veut-on qu'on les traite avec dignité?
L'esclavage de cette main d'oeuvre intelligente ambitieuse compétente mais en même temps très pas chère a été toujours de mise. Le jour où elle s'est levé pour défendre son droit à une formation meilleure et à un diplmôme préservant sa dignité, elle a été vite battue par les batons d'une autorité académique arrogante, corrompue ne voulant que défendre ses propres inétrêts dans le secteur privé. Pourquoi veut-on soutenir les jeunes médecins en cours de formation si les moins jeunes et les vieux puisent leurs force et fortune de ces premiers?

Toubib
| 01-04-2018 22:15
Monsieur (ou madame) @kran-bouch, personne n'a contesté le fait qu'un "travail non fait est un travail non payé" comme n'a pas oublié de le rappeler Dr. Falfoul (directrice générale au sein du ministère de la santé).. Elle l'a même rappelé vigoureusement ! (J'espère seulement que c'est la même vigueur qu'elle utilise pour se pencher sur des problèmes plus urgents de la santé publique (manque de matériels, manque de personnel, corruption à tous les niveaux, cris de détresses de l'ensemble des médecins de la santé publiques et pas que les jeunes..) au lieu de taper sur les jeunes médecins.. Bref !)
Toute journée de grève, quelle que soit la durée du service non fait donne lieu à une retenue de 1/30eme de la rémunération mensuelle ça on le sait. Cependant les retenues opérées sur la rémunération ne peuvent pas excéder une certaine quotité: on ne peut prendre tout un salaire ! Les retenues doivent se faire sur des tranches.. On fait comment pour manger On part mendier devant les mosquées ?! '?a fait deux mois que les internes et résidents ne sont pas payés un rond ! Le plus drôle est comme l'a dit Aymen les salaires des résidents en médecine dentaire et en pharmacie (rien à voir avec ceux médecine) ont été eux aussi suspendus ! Si ça c'est pas de l'incompétence je ne vois pas ce que ça serait.. Moi pour ma part j'ai été déçu, dégoûté et en rage après tout ce qui s'est passé et ce sentiment je le partage avec une majorité de mes confrères.. Pour ma part, et c'est avec beaucoup de tristesse que je le conçois, je quitte ce navire qui part à la dérive pour rejoindre d'autres cieux dès que j'en aurais l'opportunité..

kameleon78
| 01-04-2018 12:51
Il est étonnant que la Centrale Syndicale dans cette affaire n'ait pas réagi. Où est-il passé Taboubi qui est toujours prompt à réagir sur les droits des travailleurs?
La réponse est simple, Taboubi ne veut pas gêner Imed Hammami le poulain de Rached Ghannouchi et je soupçonne l'UGTT de collusion avec les islamistes.

MKH
| 01-04-2018 12:00
Bravo aymen
Continuez et ne lâchez rien
Cette horde de vautours finira par disparaître.
Et surtout n'ecoutez Pas les commentaires de certains ignares comme kran-bouch

Kran-bouch
| 01-04-2018 10:43
Arrêtez de jouer les victimes, nul part, dans aucun pays au monde on ne paye les journées de grève. Vous vous plaignez de tout et de rien, sans ouvrir vos yeux et vos coeurs autour de vous pour voir que dans notre pays il y a plus de malheureux que vous.....un peu de dignité et arrêtez de gémir...