En Tunisie, la majorité d´ électeurs sont des femmes et ont donc le poids politique nécessaire pour prendre le pouvoir...
Bonne jounée.
Par Sonia Ben Mahmoud Khouaja*
L'Assemblée Générale Ordinaire élective de l’IACE (Institut Arabe des Chefs d’Entreprises) s'est tenue le vendredi 5 avril 2018, à la Maison de l’Entreprise à Tunis.
A l'issue de ces élections, un nouveau comité directeur a été désigné pour le mandat 2018-2022 : un comité composé de vingt membres masculins, et pas l'ombre d'une femme dans le paysage.
La question qui se pose alors d'emblée est de savoir s'il n'y a pas, dans toute la Tunisie, des femmes chefs d'entreprise aptes à intégrer le comité directeur de l'IACE. Cet institut qui se targue de promouvoir des idées innovantes et porteuses de changement, est-il en phase avec son environnement et son époque dans un pays où les femmes représentent plus de la moitié des talents?
Alors que la mixité se généralise à tous les secteurs d'activités et à toutes les institutions officielles emblématiques de la Tunisie, l'IACE continue, en dépit de la tendance nationale et internationale, à exclure les femmes en faisant fi du principe de diversité lié au genre. Alors que la mixité est pensée comme une évidence pour certains, il semblerait qu'elle soit perçue comme une contrainte pour les membres de cet institut.
La mixité n'est pas une affaire de femmes, portée par des femmes pour les femmes. La mixité est l'affaire de tous, et notamment celles des décideurs qui président aux destinées des entreprises et en tracent la stratégie. Si les chefs d'entreprises, au plus haut niveau de la hiérarchie managériale ne se mobilisent pas en faveur de la mixité, qui d'autres le ferait dans le monde de l'entreprise? Nous savons tous que seule une volonté ferme et des objectifs clairs fixés par le dirigeant permettront de faire évoluer les mentalités et d'avancer vers la mixité.
Malheureusement, peu de patrons ou de dirigeants masculins s'engagent publiquement en faveur de la mixité en entreprise. Selon une étude de l'institut Catalyst (organisme américain à but non lucratif, fondé en 1962) intitulée : « Engager les hommes dans les initiatives en faveur de la mixité » datant de 2011, ceci est principalement dû aux freins suivants :
La peur : de perdre son statut et de désavantager sa propre carrière,
L'ignorance : une grande méconnaissance des opportunités que la mixité permet,
L'apathie : un nombre important d'hommes ne se sentent absolument pas concernés par le sujet.
Il ne s'agit pas ici de rappeler les bénéfices de la mixité en entreprises, par ailleurs nombreux, mais de s'adresser aux hommes ainsi qu’aux femmes car tous deux doivent évoluer :
Aux hommes je demande de sortir les femmes compétentes de l'ombre, de les accompagner, de favoriser des équipes équilibrées, de questionner les pratiques existantes pour la mise en œuvre d'une mixité constructive, positive et utile à l'entreprise.
Quant aux femmes, je les prie instamment (et peut-être devrais-je commencer par moi-même …) de prendre en main leur carrière professionnelle, de se rendre visible et disponible, d'arrêter de s'autocensurer, de croire en elles, en leur légitimité et en leurs capacités, d'oser et surtout d'être solidaires. Michelle Obama disait à ce propos: « En tant que femmes, nous devons nous lever pour nous-mêmes. En tant que femmes, nous devons nous lever les unes pour les autres. En tant que femmes, nous devons nous lever pour la justice pour tous. »
Je souhaite, cependant, bon vent au nouveau bureau exécutif de l'IACE, en espérant que son nouveau président, M. Taïeb Bayahi, entamera une refonte des statuts de l'institut pour favoriser la mixité et qu'il engagera une réflexion de fond pour faire évoluer ce think tank et développer son influence et son rôle.
J'espère enfin, que les journées de l'entreprise 2018, qui se préparent, seront rehaussées par la présence de panélistes féminins, car encore une fois la participation féminine à cet événement économique majeur, reste marginale.
* Co-fondatrice du réseau We4Dev (Women For Development)
Par Sonia Ben Mahmoud Khouaja*
L'Assemblée Générale Ordinaire élective de l’IACE (Institut Arabe des Chefs d’Entreprises) s'est tenue le vendredi 5 avril 2018, à la Maison de l’Entreprise à Tunis.
A l'issue de ces élections, un nouveau comité directeur a été désigné pour le mandat 2018-2022 : un comité composé de vingt membres masculins, et pas l'ombre d'une femme dans le paysage.
La question qui se pose alors d'emblée est de savoir s'il n'y a pas, dans toute la Tunisie, des femmes chefs d'entreprise aptes à intégrer le comité directeur de l'IACE. Cet institut qui se targue de promouvoir des idées innovantes et porteuses de changement, est-il en phase avec son environnement et son époque dans un pays où les femmes représentent plus de la moitié des talents?
Alors que la mixité se généralise à tous les secteurs d'activités et à toutes les institutions officielles emblématiques de la Tunisie, l'IACE continue, en dépit de la tendance nationale et internationale, à exclure les femmes en faisant fi du principe de diversité lié au genre. Alors que la mixité est pensée comme une évidence pour certains, il semblerait qu'elle soit perçue comme une contrainte pour les membres de cet institut.
La mixité n'est pas une affaire de femmes, portée par des femmes pour les femmes. La mixité est l'affaire de tous, et notamment celles des décideurs qui président aux destinées des entreprises et en tracent la stratégie. Si les chefs d'entreprises, au plus haut niveau de la hiérarchie managériale ne se mobilisent pas en faveur de la mixité, qui d'autres le ferait dans le monde de l'entreprise? Nous savons tous que seule une volonté ferme et des objectifs clairs fixés par le dirigeant permettront de faire évoluer les mentalités et d'avancer vers la mixité.
Malheureusement, peu de patrons ou de dirigeants masculins s'engagent publiquement en faveur de la mixité en entreprise. Selon une étude de l'institut Catalyst (organisme américain à but non lucratif, fondé en 1962) intitulée : « Engager les hommes dans les initiatives en faveur de la mixité » datant de 2011, ceci est principalement dû aux freins suivants :
La peur : de perdre son statut et de désavantager sa propre carrière,
L'ignorance : une grande méconnaissance des opportunités que la mixité permet,
L'apathie : un nombre important d'hommes ne se sentent absolument pas concernés par le sujet.
Il ne s'agit pas ici de rappeler les bénéfices de la mixité en entreprises, par ailleurs nombreux, mais de s'adresser aux hommes ainsi qu’aux femmes car tous deux doivent évoluer :
Aux hommes je demande de sortir les femmes compétentes de l'ombre, de les accompagner, de favoriser des équipes équilibrées, de questionner les pratiques existantes pour la mise en œuvre d'une mixité constructive, positive et utile à l'entreprise.
Quant aux femmes, je les prie instamment (et peut-être devrais-je commencer par moi-même …) de prendre en main leur carrière professionnelle, de se rendre visible et disponible, d'arrêter de s'autocensurer, de croire en elles, en leur légitimité et en leurs capacités, d'oser et surtout d'être solidaires. Michelle Obama disait à ce propos: « En tant que femmes, nous devons nous lever pour nous-mêmes. En tant que femmes, nous devons nous lever les unes pour les autres. En tant que femmes, nous devons nous lever pour la justice pour tous. »
Je souhaite, cependant, bon vent au nouveau bureau exécutif de l'IACE, en espérant que son nouveau président, M. Taïeb Bayahi, entamera une refonte des statuts de l'institut pour favoriser la mixité et qu'il engagera une réflexion de fond pour faire évoluer ce think tank et développer son influence et son rôle.
J'espère enfin, que les journées de l'entreprise 2018, qui se préparent, seront rehaussées par la présence de panélistes féminins, car encore une fois la participation féminine à cet événement économique majeur, reste marginale.
* Co-fondatrice du réseau We4Dev (Women For Development)