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Ces petites fourmis travailleuses d'Ennahdha
13/08/2014 | 1
min
Ces petites fourmis travailleuses d'Ennahdha
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L’été, synonyme de vacances pour certains, est la période de tous les labeurs pour le parti Ennahdha. Limogeages, listes électorales bien ficelées, remaniements au sein du bureau exécutif et actions sur le terrain, le parti islamiste n’épargne aucun effort pour se réserver la part du lion dans le prochain scrutin.

Parti fort de l’ancienne Troïka, Ennahdha, lésé par son dernier exercice au pouvoir, se doit de se refaire une santé aujourd’hui, de plus que les résultats des sondages annoncent un coude-à-coude serré avec le parti de Béji Caïd Essebsi, son principal rival. Au programme, on se débarrasse des figures encombrantes, symboles d’une politique qui a prouvé son échec, et on garde les plus loyaux sous le coude.
Ennahdha est l’un des premiers partis à avoir ficelé ses têtes de listes électorales. Affichant une  présence féminine plus importante que celle de 2011, les têtes de listes enregistrent la présence de Mehrezia Laâbidi à Nabeul1, Kalthoum Badreddine à Sfax 2, Latifa Habachi à La Manouba et Monia Kasri à Kébili. Mais, côté femmes, Ennahdha ne compte pas s’arrêter en si bon chemin et ambitionne de réaliser la parité sur ses listes. En effet, Rached Ghannouchi n’a cessé de le marteler, notamment aujourd’hui à l’occasion de la journée nationale de la femme tunisienne : « La présence féminine sera renforcée au niveau des listes du parti et la parité homme-femme sera respectée».  L’autre figure du parti, Abdellatif Mekki, l’a souligné aussi dans une déclaration à Mosaïque Fm hier. Revenant sur la polémique suscitée par l’évincement de la farfelue Sonia Ben Toumia et la réaction qui s’en est suivie, il a affirmé que si la députée a été écartée ce n’était pas à cause de son statut de femme mais de « son rendement insuffisant à l’ANC et son manque de représentativité régionale ». Par ailleurs, il a fait part de la volonté du parti de remplacer Sahbi Atig, en tête de la circonscription de l’Ariana, par une candidate féminine.

Mais au-delà d’une présence féminine renforcée, Ennahdha s’est bien chargée de ranger dans un tiroir les figures controversées et trainant des casseroles, de peur de voir leur présence susciter de vieux démons. Aussi bien au niveau du bureau exécutif, qui a eu droit à un bon nettoyage, qu’au niveau des listes électorales, on se débarrasse des figures encombrantes pour le parti. Ainsi, le radical Habib Ellouze ou encore l’indiscipliné Néjib Mrad se voient retirés des listes. On n’entendra donc plus les discours enflammés d’un Habib Ellouze appelant au meurtre d’un autre député et glorifiant le jihad ou l’excision des femmes. Idem d’un Néjib Mrad connu pour ses apparitions imprévisibles à l’ANC, minimisant le danger du terrorisme ou encore accusant et insultant ses collègues à l’hémicycle.

D’un autre côté, les plus loyaux au président du parti ne quitteront pas les rangs. Ennahdha gardera certains incontournables dont Rached Ghannouchi ne semble pas vouloir se défaire. Des noms tels que Mehrezia Laâbidi, Abdellatif Mekki, Sahbi Atig, Ali Laârayedh, Noureddine B’hiri, Walid Bannani, Habib Kedhder ou encore Mohamed Ben Salem restent de partie malgré tout ce que leur présence comporte en messages négatifs pour l’image d’Ennahdha face à ses détracteurs.
Mais qu’importe ! Pour Ennahdha, nouveau n’est pas forcément synonyme de meilleur et les plus loyaux doivent rester en tête. Par ailleurs, hier 12 août 2014, dans un communiqué publié par le parti, on annonce la nomination de Lotfi Zitoun au poste de conseiller politique auprès de Rached Ghannouchi. On dépoussière de vieilles figures, controversées certes mais loyales, et on les dispatche pour donner l’illusion d’avoir donné un coup de balai.

Mais le terrain de jeu dans lequel le parti est le plus à l’aise reste incontestablement la rue. Les campagnes de terrain se multiplient à l’approche des élections et les militants du parti islamiste ne ratent pas une occasion pour se déplacer dans les régions et renouer avec leurs bases incertaines. A Bizerte, Monastir, Sfax, El Kef ou Béjà, dans ces villes qui ne sont pas « acquises» au parti, les petites fourmis d’Ennahdha s’activent et ne sont pas avares en petites attentions et en discours mielleux servant à revigorer les futurs électeurs indécis.

N’oublions pas un autre changement de taille qui a marqué le parti Ennahdha : la démission de l’ancien secrétaire général du parti Hammadi Jebali qui a décider de faire cavalier seul. Ce départ de l’enfant prodigue de Rached Ghannouchi a fait couler beaucoup d’encre et a nécessité un changement de fond, opéré lors de la dernière réunion du conseil de la Choura du parti. En plus de l’avoir remplacé par le fidèle Ali Laârayedh, les proches de Hamadi Jebali se retrouvent rayés du tableau. Aujourd'hui, Hamadi Jebali clame encore sa loyauté au parti mais annonce qu'il ne se présentera qu'en tant que candidat indépendant. Un mélodrame à la mexicaine, un peu trop fastidieux à suivre pour les observateurs, face auquel Ennahdha préfère prendre ses distances.


Peut-on faire du neuf avec du vieux ? Ennahdha semble visiblement le croire et adopte cette stratégie afin de coiffer au poteau ses adversaires au pouvoir grâce à une illusion de changement qui n’échappera pas à œil (très peu) averti. Reste à savoir si cette stratégie donnera ses fruits ? Dans l’autre camp, on s’active lentement mais, peut-être aussi, surement. Serait-ce suffisant face à la force de frappe islamiste ?

13/08/2014 | 1
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