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Ces partis qui ont disparu…
20/09/2018 | 19:59
5 min
Ces partis qui ont disparu…

Le paysage partisan en Tunisie connaît depuis l’avènement de la révolution du 14 janvier 2011, des changements incessants, dans un sens comme dans l’autre, allant, pour certains d’entre eux, jusqu’à la disparition ou presque de la scène.

 

Dislocation…désintégration…effondrement, autant de qualificatifs pour décrire la situation dans bon nombre de partis qui, il n’y a pas longtemps, constituaient des références en matière d’action et impact politiques. Mais suite à des approches erronées, à des communications dépassées et de mauvais calculs ainsi qu’une vision stratégique courte, ces formations ont fini par tomber dans les oubliettes.

 

Le dernier parti en date à pâtir de ce syndrome est, bien entendu, Harak Tounes Al Irada dont plus de 80 membres de sa direction ont annoncé une démission collective. Les démissionnaires expliquent leur décision par le  « règne de l’hégémonie d’une minorité essayant d’imposer ses points de vue et d’isoler les structures, les institutions et les adhérents ».

Parmi ces démissionnaires, on citera, notamment des membres du comité politique dont les Mabrouk Hrizi, Zouheir Ismaïl, Brahim Ben Saïd, Sabri Dkhil, Ghassen Marzouki, Rabîi El Abdi, Yadh Elloumi, Yassine Oumeya, Zied Soltane, Sami Ilahi, Leila Sebri et Karim Hammami.

Mais on mentionnera, aussi et surtout, les démissions de Tarek Kahlaoui et Adnen Mansar, pourtant, de très proches lieutenants de l’ancien président  provisoire de la République, qui lui reprochent de s’être mis sous la coupe d’Ennahdha tout en s’alignant sur les positions de ceux qui défendent bec et ongles la Turquie et le Qatar.

En bref, ils reprochent également à certains cadres du parti de vouloir « le saboter » en « barrant la route aux compétences, en privilégiant des intérêts personnels et ceux d’autres parties et en créant la discorde au sein du parti ». C’est dire la rupture totale entre hauts cadres du parti et Marzouki qui reste, pratiquement, seul à bord du navire.

A rappeler que Harak Al Irada a été enfanté par le CPR qui avait permis à Marzouki d’obtenir la deuxième place au scrutin de 2011 pour l’Assemblée nationale constituante (ANC) qui lui avait permis, par la suite de devenir président provisoire de la République. D’ailleurs, ce CPR n’existe pratiquement plus.

 

Au panier des oubliettes, on citera, aussi, Ettakatol de Mustapha Ben Jaâfar qui a été « enterré » de fait après les élections législatives de 2014 avec zéro siège à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP). Depuis, on entend quelques déclarations du « père de la Constitution » ou, plus rarement, de Khalil Ezzaouia et d’Elyes Fakhfakh. Sans plus…

L’autre parti, pourtant promu à un avenir fulgurant après la révolution de 2011 est Al Joumhouri (ex-Parti démocrate progressiste – PDP), dirigé par le charismatique Ahmed Nejib Chebbi, un opposant historique et farouche à Ben Ali et son régime.

Alors que les élections étaient programmées, au départ, pour le mois de juillet 2011, le PDP faisait figure de grand favori pour occuper le devant de la scène politique. Mais le report des élections au mois d’octobre 2011 et l’entrée en scène de la « machine » d’Ennahdha ont bouleversé les donnes et chamboulé toute la stratégie du PDP dont les dirigeants n’ont pas su s’acclimater avec les outils des nouvelles technologies de la communication.

Conséquence directe de cet épisode : une piètre 5ème place et une grosse déception. Depuis, ce parti, devenu Al Joumhouri, n’a fait que reculer et collectionner les fiascos. Et en 2014, il n’avait plus qu’un seul élu à l’ARP en la personne d’Iyad Dahmani qui, sommé de choisir entre son parti, et le portefeuille ministériel, il choisit ce dernier. Aujourd’hui, hormis Issam Chebbi, aucun « gros calibre » n’est resté au sein d’Al Joumhouri.

 

Idem pour Al Massar. Ce parti, héritier du parti Ettajdid (ex-parti communiste) de feu Ahmed Ibrahim, était promu à un bel avenir dans la mesure où il regroupait les fleurons du mouvement de la gauche dont les Jouneidi Abdeljaoued, Mahmoud Ben Romdhane, etc.

Puis, avec Samir Ettaïeb en tant que ministre de l’Agriculture au sein du gouvernement d’union nationale de Youssef Chahed, la rupture a vite fait d’être consommée puisque prié de choisir entre la « chaise » et le parti, le ministre a préféré le pouvoir, ce qui lui a valu d’être « banni » d’Al Massar.

 

Plus récemment encore, le parti d’Afek Tounès, créé après 2011 par un groupe de libéraux et des technocrates présentés comme étant de hautes compétences, a enregistré une réussite relative avec l’élection d’une dizaine de députés lui permettant de former son propre bloc parlementaire.

Mais à la première épreuve entre le parti et le gouvernement d’union nationale, les quatre ministres d’Afek ont préféré quitter la barque avant d’être suivis par d’autres et de laisser le parti presque vide. Ainsi, Afek n’a plus de boc parlementaire tout en devenant un parti fondé sur deux ou trois personnes et, apparemment sans bases.

 

Tous ces constats prouvent que beaucoup d’eau a coulé sous les « ponts des partis politiques » depuis 2014 et, plus précisément depuis l’avènement du gouvernement d’union nationale. Sans oublier l’Union patriotique libre (UPL) de Slim Riahi dont les membres voyagent au gré des vents. D’ailleurs on retrouve tous ses élus au sein du bloc national, favorable à la stabilité gouvernementale.

C’est dire que dans ce paysage, deux formations, seulement, ont pu échapper à la noyade. Al Jabha et Ennahdha. Mais c’est surtout ce dernier parti qui confirme sa stabilité et son poids. Pour preuve, il a eu 27% au scrutin législatif de 2014 et…28% lors des élections municipales de 2018.

Ainsi, grâce à son noyau dur et à la fidélité de ses partisans, le parti islamiste demeure, en dépit de quelques divergences internes, solidaire et homogène. Plus encore, il s’est montré capable d’impacter l’atmosphère dans d’autres partis dont celui de Nidaa qui a perdu, déjà, près de la moitié des députés de son bloc parlementaire.

Et ce n’est pas fini. Car avec la disparition, ou presque de certains partis, les jours qui viennent seraient probablement annonciateurs de la naissance de nouveaux partis dans l’espoir de créer un certain équilibre sur la scène nationale.

 

Sarra HLAOUI

20/09/2018 | 19:59
5 min
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Commentaires (5)

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liam.ba
| 22-09-2018 08:20
Hélas , il en reste quant même plus de 200...

Léon
| 21-09-2018 18:10
...juste par la volonté de tiers pays et pour assurer la catastrophe et le point de non retour.
Je vous avais prévenu. Maintenant c'est trop tard, et je n'ai aucune envie de jubiler quand il s'agit de mon pays.

Léon,
VERSET 112 de la SOURATE des ABEILLES.

Abir
| 21-09-2018 15:20
Il manque Nida Tounes,du moins les palmiers sont disparus à 70%,reste le tronc qui est à moitié arraché,une fois disparu,le virus d'Ennahda touchera YC !

Ahmed
| 21-09-2018 08:42
A votre liste.

HatemC
| 20-09-2018 21:37
Un seul dénominateur commun ... NAHDHA ... c'est les islamistes qui ont phagocytés ces partis ... et le plus remarquable reste leur dirigeant qui ont été assez crédule pour croire au consensus ... ils ont les cons et ont sucé jusqu'à plus aucune goute ....
Ghannouhi est un piètre politicien ... c'est juste un prédicateur qui a navigué sur la crédulité des imbéciles tunisiens sans grande intelligence ... un manipulateur qui a eu face à lui des imbécile du niveau de la 5 ieme primaire ...

Coluche disait en mettant une pièce dans la fente d'un distributeur de boisson ... tant que je gagne je joue ...

Ces pseudos opposants à BenAli n'étaient en fait que de parfait opportunistes ... Ghannouchi lui a gardé le cap, il ne se contente pas de gagner le pouvoir mais de le garder... les autres se sont remplis les poches et disparus .... HC