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Tribunes
Ces applications virtuelles qui tuent nos enfants dans le silence de nos gouvernements
26/02/2018 | 08:58
5 min
Ces applications virtuelles qui tuent nos enfants dans le silence de nos gouvernements

Par Lilia Bouguira 

 

 

Depuis quelques temps, une vague de suicide cachetée par le label d’une application virtuelle destinée aux enfants a défrayé le quotidien tunisien. De grosses angoisses et une panique générale risquent de fausser ainsi la vraie démarche à suivre. Un jeu particulièrement dangereux a causé de par le monde plus de 150 suicides. En Afrique du nord, particulièrement en Algérie, on compte plus de cinq victimes. Au Maroc, un cas et en Tunisie depuis le début du mois de Février trois cas de suicide imputés au jeu de la baleine bleue.

 

En tant que médecin spécialiste des adolescents, j’ai suivi un grand nombre d’enfants de toutes catégories d’âge à partir de 9 ans et classes sociales confondues. J’ai exploré leur expérience avec les applications internes en particulier certains jeux de challenge qui se sont avérés à travers le monde dangereux et qui ont incité au suicide un bon nombre d’enfants partout dans le monde.

J’ai travaillé avec les enfants groupés dans leurs classes ou séparés en privé, assistée par un personnel avisé tels que des éducateurs ou des enseignants en informatique. L’échantillon est chiffré à 300 enfants. La méthode est simple, basée sur des tours de table, des témoignages d’enfants et des jeux de rôle.

 

Les résultats ont été alarmants :

99 pour cent des enfants connaissent les réseaux sociaux et citent   FB, Twitter, Imo, Instagram, Skype, Snapchat, Viber, Musically, Whatsapp, Messenger...                                                                                                                                                 Je risque certainement d’en oublier quelques autres tellement les enfants m’ont étonnée par leurs larges connaissances et informations.

80 pour cent des enfants ont déjà visionné ou joué à ces jeux.

70 pour cent d’entre eux sont dépendants de ce type de jeu et semblent sous l’emprise de ces jeux par différents stratagèmes tels que la curiosité, l’amour du défi, la séduction ou encore la menace et la peur.

90 pour cent de ces sous- groupes sont régis par la peur.

Dix pour cent seulement ont exécuté les défis sans grande peur et sont convaincus que ce sont de gros mensonges et que ceux qui ont inventé ces défis ne peuvent rien contre eux.

 

Ces jeux de défis sont en effet une gosse arnaque criminelle puisqu’ils visent des enfants vulnérables par leur âge, leur innocence, naïveté et leurs défenses non affermies. Tout commence par un clic et une acceptation de l’application. Les erreurs s’enchaînent en laissant nos enfants s’inscrire livrant noms, prénoms, adresse, numéros de téléphone, mail et toutes sortes d’informations plus ou moins utiles que des prédateurs virtuels stockent et utilisent par la suite pour venir terroriser ces êtres vulnérables. Des rites plus ou moins sataniques comme une mauvaise musique très sonore ou affreusement triste. Des sms, des appels téléphoniques nocturnes visent à faire lever l’enfant la nuit et rompre son sommeil pour le fatiguer et le fragiliser sur le plan défense et sommeil réparateur. Des appels de femme ou d’homme au dialecte purement tunisien à toutes les heures de la journée intimant à l’enfant de toujours répondre et ne jamais s’éloigner de son téléphone ou ordinateur. Tout cela dans le secret total avec l’interdiction formelle d’aviser ses parents au risque d’une pluie de menaces toutes aussi lourdes sur le mental de l’enfant.

 

Un élève me rapporte qu’au dernier stade du jeu, il a préféré en dernière minute couper son ballon au lieu de se couper la tête. Un autre plus hardi s’est badigeonné au ketchup le bras en un dessin de poisson et s’est pris le bras en photo qu’il a posté à son interlocuteur du jeu pour pouvoir passer à l’étape suivante.

Un autre s’est repris en dernière minute sur le toit et a jeté son téléphone au lieu de se jeter.                                                          Une élève de moins de dix ans rapporte avoir « brûlé » plus d’une dizaine de puces téléphoniques parce qu’à chaque fois, l’autre réussissait à installer l’application bien qu’elle a tenté en vain de l’effacer.

Tous sont formels sur la désinstallation impossible de ces jeux une fois acceptés comme ils le sont tous à propos du caractère hypnotisant, envoûtant voire de la magie ou carrément de la drogue et de l’addiction de ces applications.

 

Je tiens à partager mon étude pour attirer l’attention sur le fait que nos enfants sont sous une réelle menace cybercriminelle qui ne réside pas uniquement dans ces applications mais dans ce ciel virtuel ouvert déversé sur nos enfants sans contrôle parental ni éducatif et voire même des autorités.                                                      

 La cybercriminalité tente à toucher les enfants pour des objectifs plus ou moins connus certainement  dans le but de terroriser nos enfants pour mieux les assujettir et ainsi atteindre leur famille et certainement toute une société.

C’est un vrai terrorisme qui rappelle de près celui qui a secoué la Tunisie depuis la révolution en embrigadant ses jeunes devenus soudain terroristes et au premier plan dans les zones de conflit comme en Syrie ou en Libye. Les ministères de l’Intérieur, de la Défense, de l’Education, de la Santé et des Techniques d’information et de communication sont appelés à réagir immédiatement et  trouver une stratégie multidisciplinaire sur les moyens de lutte et protection contre cette nouvelle forme de terrorisme d’enfants.    

 

26/02/2018 | 08:58
5 min
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Commentaires (4)

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Zohra
| 27-02-2018 08:38
Jeux morbides en vogue sur les réseaux sociaux. Les parents doivent surveiller et regarder ce que leurs enfants font et limiter les smartphones. On fera face à d'autres jeux morbides et dangereux.

Mayday
| 26-02-2018 15:14
Tout d'abord, un Grand Merci à Madame Lilia Bouguira qui invite les parents à prendre conscience du POISON qu'est le petit écran qui s'appelle téléphone portable ou ordinateur et qui peut tuer à petit feu ou instantanément.

Mais la sonnette d'alarme n'est JAMAIS assez tirée !

Oui, il s'agit bien d'UN CRIME avec une horde de CRIMINELS qui agissent à distance..
Dans quel but ?

Est-ce la cupidité, le gain de fric, l'agent lâchement gagné qui les motive ?

OU BIEN est-ce cette nouvelle technologie qu'on teste à distance pour en tirer des statistiques, des analyses et des conclusions pour servir demain ?

Combien de dépendants..Combien de suicidés..Combien d'accrocs..Combien se lassent-ils..Combien tiennent-ils et Combien de temps..etc..etc...

TOUTE L'HORREUR EST LA DEDANS...dans un simple petit écran qui à première vue semble anodin et POURTANT quand il vous tient, il ne vous lâche plus..jusqu'à vous faire crever parfois.

DONC, il faut traîner CES CRIMINELS devant la justice et retirer à vos enfants ou à vous mêmes ces dangereux joujoux.

En attendant continuons à tirer la sonnette d'alarme et ne restons pas sourds devant le son ou la leçon de Madame Lilia Bouguira qu'on ne remerciera jamais assez !

Wild bled
| 26-02-2018 10:25
Je suis d'accord avec vous. Les hypocrites sont en train de payer. Le problèmes c'est que leurs enfants sont les victimes. Qu'Allah leur vienne en aide !

Amine
| 26-02-2018 08:41
Quand je vois les m'res tunisiennes, je comprends que les enfants puissent trouver refuge dans la virtualit' des applications de leur g'n'ration.

L'enfer de la famille tunisienne est la vrai cause des suicides, pas des applications qui ne sont que le sympt'me d'un mal plus profond;