L'annonce de l’adjudicataire final pour l'obtention de la concession de Carthage Cement ainsi que le prix de cession de la cimenterie sont prévus pour le 1er semestre 2018. C’est ce qu’a annoncé le PDG d'Al Karama Holding Adel Grar, lors de la communication financière tenue ce mardi 6 février 2018 au siège de la Bourse aux Berges du Lac.
14 retraits de cahiers des charges de pré-qualification ont été déjà opérés, ce qui signifie qu’au moins 7 à 8 investisseurs réels sont déjà sur le coup. Ceci dit, et ayant appris que d’autres investisseurs importants sont intéressés par l’achat de la cimenterie, Al Karama Holding a décidé de proroger le dernier délai de dépôt des dossiers de manifestations d’intérêt de 3 semaines, qui est désormais fixé à la date du 9 mars 2018 à 17H00.
Adel Grar a précisé que parmi les personnes intéressées figurent de grands noms de ce secteur ainsi que les filiales tunisiennes des cimenteries étrangères qui espèrent, sans doute, à travers cette acquisition, un positionnement stratégiques sur le marché international. La maîtrise des coûts de production et de transport étant primordiale dans ce secteur très difficile. En plus, le site tunisien propose une qualité des produits et de l’outil industriel, fournie par le danois NLS, filiale du groupe FLSmidth.
Pour sa part, le directeur général de Carthage Cement Brahim Sanaa a expliqué que les résultats accomplis par la société ont été réalisés dans un contexte difficile, pour l’ensemble du secteur.
Il a précisé qu’en 2010, la capacité de production du secteur en Tunisie était de 7 millions de tonnes alors que les ventes étaient de 7,5 millions de tonnes. Aujourd’hui, la capacité de production du secteur est de 11 à 12 millions de tonnes alors que les ventes ont légèrement régressé par rapport à 2010. En plus, les cimenteries tunisiennes ont été privées de deux marchés importants à l’export 0 SAVOIR l’Algérie et la Libye : l’activité du secteur cimentier ayant enregistré une chute vertigineuse de 79% en 2017 en comparaison avec une année auparavant, surtout pour l’Algérie.
Ainsi, et suite à cette conjoncture assez difficile, le chiffre d’affaires global de la société a atteint 172,9 millions de dinars contre 196,1 millions de dinarS en 2016, soit une régression de 12%.
En plus, le contrat d'exploitation liant Carthage Cement à NLS fixe une production minimale par an à un prix prédéterminé de 8,59 euros à la tonne, un contrat de 5 ans qui prendra fin en avril 2019. Or vu la conjoncture, la société a fini l’année 2017 avec un stock de 300.000 tonnes d’environ de 35 millions de dinars, le même que celui de 2016, malgré un arrêt de production de deux mois.
Ceci dit, M. Sanaa est assez optimiste pour 2018. Le marché que la cimenterie vient de décrocher pour l’exportation de 350.000 tonnes de Clinker vers l’Afrique subsaharienne pour l’exercice 2018. Cette opération a nettement amélioré la situation de la trésorerie. La société est en train de négocier pour améliorer le prix de vente des 350.000 tonnes en option. L’ensemble de cette opération, considérée comme une une bouffée d’oxygène, aura un impact significatif sur la rentabilité et la liquidité de la société et le premier navire de clinker (38.000 tonnes) a déjà quitté la Tunisie à partir du port de la Goulette.
En outre, la hausse des prix de 30% à partir de janvier est une aubaine, les prix de tous les intrants ayant augmenté.
Brahim Sanaa évoque surtout un nouveau procédé d’emballage, la fardélisation, actuellement en cours d’installation et qui permettra, in fine, d’empaqueter les produits de la cimenterie avec 6 couches de plastique sans palette. Une révolution qui permettra de ne plus être s'inquiéter des intempéries et d’exporter n’importe où dans le monde, sans risque pour les produits, chose qui était impossible avant, explique-t-il.
Les deux hommes ont parlé de projets connexes en pipe et qui prouvent que la cimenterie a du potentiel. Le DG a notamment cité la mise en place d’un concasseur de dernière génération, d’une sacherie ou d’un béton coloré.
Adel Grar a conclu en affirmant à l’adresse des actionnaires : «Votre valeur est notre valeur. En plus, nous détenons plus de 50%. Nous ne sommes pas là pour brader les prix. Vous avez un bijou qui a tardé à ramener des dividendes mais qui demeure un bijou !».
Imen Nouira
