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Mohamed Salah Hamdi démissionne, la présidence panique
30/07/2014 | 1
min
Mohamed Salah Hamdi démissionne, la présidence panique
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La démission de Mohamed Salah Hamdi de son poste de chef d’Etat major de l’armée de terre fait et fera couler de l’encre. Les proches de Moncef Marzouki ne sont pas prêts d’avaler de suite la couleuvre et affutent leurs armes en criant au complot.

L’information de la démission (ou du limogeage) de Mohamed Salah Hamdi a été ébruitée depuis dimanche 27 juillet par un célèbre blogueur connu pour sa forte proximité avec le palais de Carthage et sa loyauté aveugle à son locataire.
Deux jours plus tard, c’est un site aussi proche de la présidence qui livre une analyse avec moult détails sur cette démission et l’armée. Le même jour, des sites proches du CPR et de la présidence relaient les propos du blogueur en question qui s’appelle… Yassine Ayari et dirige l’association Sawaed, un organisme au financement inconnu et régulièrement convié au palais.
Aussitôt ces articles publiés, des internautes se chargent des relais habituels sur les réseaux sociaux. On fait même appel à des journalistes appartenant à des médias proches de la défunte troïka.
Et tout ce beau monde s’accorde à dire que cette démission est inquiétante, que c’est le ministre de la Défense qui se cache derrière et que "l’heure est grave". L’heure est grave, certes, mais pour qui ?

Mardi 29 juillet, en milieu d’après-midi, Mosaïque FM publie l’information en citant des sources très crédibles. Là, l’information prend une autre ampleur vu que la radio n’est pas réputée pour avoir une appartenance politique particulière et que ses informations sont, généralement, bien vérifiées.
Mercredi matin, soit aujourd’hui 30 juillet, le ministère de la Défense dément la démission avant de se rétracter quelques heures plus tard. C’est clair et évident, pour ceux qui en doutent encore, la Grande muette est déstabilisée jusqu’à son service de communication.

Dans son Midi Show, Néji Zaïri, directeur de la rédaction de Mosaïque FM, livre une analyse détaillée sur la démission. Non seulement le journaliste est réconforté par la rétractation du ministère, mais il se permet en plus d’en donner les raisons. Il sera naturellement accusé de tous les maux : « il déstabilise l’armée, il ne devrait pas faire ça, un journaliste doit donner l’info et s’arrête là et tout le toutim habituel », peut-on lire un peu partout.

Tarek Kahlaoui multiplie les posts et délaisse son sujet favori (les problèmes de Gaza) pour évoquer cette affaire et épingler ceux qui cherchent, à son avis, à obtenir des dividendes politiques sur le dos de cette démission. Il demande à ce que l’on éloigne l’armée de toute tension politique. Un autre membre du CPR se déchaîne sur les réseaux sociaux. Mohamed Lamjed Qdhami, membre du parti et conseiller auprès du Président de la République chargé de l’informatique et de l’organisation, publie, aujourd’hui, sur sa page Facebook un statut dans lequel il tance ceux qu’il qualifie de « putschistes » et leur déclare ouvertement la guerre. Cet employé de la Présidence va même jusqu'à menacer de les jeter à la mer et les traite d'esclaves.


Yassine Ayari revient une énième fois à la charge et appelle à une manifestation géante dimanche 3 août pour soutenir l’armée, appeler Moncef Marzouki à refuser la démission du général Mohamed Salah Hamdi et à la démission de l’actuel ministre de la Défense.
A Zitouna TV, chaîne islamiste créée par un membre d’Ennahdha, on demande la peau du ministre de la Défense et on exige sa démission.
Le ridicule atteint son paroxysme avec l’invitation de deux « révolutionnaires » réputés pour leur proximité avec Carthage … Recoba et Imed Deghij. Les deux « analystes » parlent maintenant de Défense, de stratégie, de terrorisme et de l’armée !
Du côté d’Attayar, dont le SG appelait l’année dernière au limogeage du général Rachid Ammar, on s’offusque des propos de Néji Zaïri et on appelle à une armée apolitique. 

 

En bref, et à la vue de toute l’effervescence, il est évident que la démission de Mohamed Salah Hamdi inquiète le palais de Carthage et ses inféodés.
Tout ce beau monde s’est tu quand l’année dernière Rachid Ammar a démissionné alors qu’on était, déjà, en pleine guerre contre le terrorisme. Rappelez-vous, c’était en juin 2013. A l’époque, c’était Moncef Marzouki qui avait pris cette décision. Pourquoi alors personne, de ces gens-là, n’a appelé à une armée apolitique, éloignée des tensions ? Pourtant, il est bon de rappeler que la décision était hasardeuse et ce selon le témoignage propre de Abdelkrim Zbidi, ancien ministre de la Défense et de Houcine Abassi, SG de l’UGTT. Sans parler des multiples analystes qui sont sortis sur le devant de la scène pour critiquer pareils mouvements dans l’armée alors qu’on était en pleine guerre contre le terrorisme.

Derrière toute cette effervescence, l’indépendance affirmée de Ghazi Jeribi, actuel ministre de la Défense du gouvernement des « technocrates ».
Des proches du dossier nous affirment que M. Jeribi est fortement décidé à redonner à l’armée son aura et son indépendance. Des mouvements sont prévus et ils vont toucher les nominations opérées par Moncef Marzouki. De là à dire que c’est le président de la République qui a politisé l’armée, il n’y a qu’un pas que beaucoup franchissent allègrement. Parmi les futurs départs, et selon les bruits de couloir, les hauts gradés Ben Taous, Ben Abdelaziz, Tlili, Matoussi, Belhadj et Laâbidi.
Peut-on parler de nominations partisanes dans l’armée ? Ceci n’est pas exclu.
Une chose est certaine, c’est que l’engagement de Mehdi Jomâa dans sa feuille de route de réviser les nominations partisanes est appliqué religieusement par son ministre de la Défense.
Que les CPR dansent comme un coq égorgé, cela ne changerait en rien la politique déjà entamée par le gouvernement et qui n’exclut par l’armée. Après tout, et c’est ce que eux-mêmes disaient il y a un an, nul n’est indispensable !

Nizar Bahloul


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