alexametrics
jeudi 28 mars 2024
Heure de Tunis : 11:40
A la Une
Les enfants turbulents de Nidaa Tounes
15/09/2014 | 1
min
Les enfants turbulents de Nidaa Tounes
{legende_image}
Des taupes infiltrées au sein de Nidaa Tounes menaceraient Béji Caïd Essebsi et son parti. C’est ce qu’avait déclaré le principal intéressé, vendredi 12 septembre, devant plus de 1.000 personnes venues écouter les motivations de sa candidature à la présidence. Au lieu de cela, le président de Nidaa Tounes ne décevra pas son auditoire en annonçant que trois membres de son parti projetteraient un « coup d’Etat interne ». Deux jours après, deux de ces enfants turbulents sont déclarés persona non grata et priés de partir. Il s’agit de Omar S’habou et de Noureddine Ben Ticha.

« Partisan », « non maître de ses décisions », « pas entièrement contre une alliance avec Ennahdha » et « souffrant de problèmes de santé ». Telles sont les qualifications employées par Omar S’habou pour décrire Béji Caïd Essebsi, leader de Nidaa Tounes et son candidat à la présidentielle. Dans une lettre intitulée « Cher si Béji, dites la vérité aux Tunisiens » et rendue publique le 5 septembre par Business News, le membre de Nidaa Tounes appelle son président à ne pas se présenter au scrutin.
A ce candidat « malade et entouré d’une cour qui rappelle celles qu’ont eues Bourguiba et Ben Ali », il écrit : « Votre décision de présenter votre candidature à la présidence de la République ne me parait pas répondre aux exigences politiques de la prochaine étape de notre histoire nationale ni au profil souhaité du prochain président de la République. Votre candidature serait même, à mon avis, porteuse de difficultés pour la République ».

Une position qu’il réitère dans la soirée du dimanche 14 septembre où, lors d’une apparition télévisée dans le cadre de l’émission d’Ettounsisya « A celui qui ose », il a critiqué la candidature de Caïd Essebsi l’estimant inapte à siéger au Palais de Carthage. Tout en assurant que, selon des informations en sa possession, l’état de santé de BCE ne lui permettrait pas d’assurer un mandat de 5 ans, il affirme même que des membres du parti disent en coulisses : « laissons-le faire son show, il pourra tenir encore un an ou un an et demi ».
Dans la même soirée, l’autre membre indiscipliné de Nidaa Tounes, Tahar Ben Hassine, s’exprime sur sa chaîne privée El Hiwar Ettounsi pour critiquer cette candidature, et ce pour des raisons morales et politiques. Morales d’abord dans la mesure où "il avait applaudi à la destitution de Bourguiba, en raison de son âge, et collaboré avec Ben Ali lors des premières années de son régime". Politiques, ensuite pour avoir "participé avec Bourguiba à la répression des libertés et à la transgression des droits de l’Homme".

Le parti n’attendra pas longtemps pour rappeler à l’ordre ses enfants turbulents et s’empresse de publier un communiqué, le lendemain de ces déclarations télévisées, dans lequel il annonce qu’Omar S’habou n’est désormais plus le bienvenu au sein du parti, ainsi que Noureddine Ben Ticha, autre membre à ne pas avoir soutenu la candidature de Béji Caïd Essebsi. Tahar Ben Hassine ayant fait l’objet d’une pareille décision il y a de cela un mois, il n’est donc pas concerné par ce rappel à l’ordre. Le communiqué, signé par Ridha Belhaj, regrette : «les propos tenus par les deux membres qui ne comportent pas le moindre respect des règles morales et des intérêts supérieurs du mouvement, en cette période décisive de précampagne électorale ».

« J’ai été sidéré par cette éviction, ceci relève d’un esprit d’exclusion auquel le parti nous a habitués »,
a réagi Omar S’habou à la décision du parti de le virer aujourd’hui. Noureddine Ben Ticha, auquel on reproche d’avoir rejoint le comité de soutien de Mustapha Kamel Nabli auprès duquel il serait devenu conseiller politique, est accusé d’ « absence de loyauté » face à la candidature de Béji Caïd Essebsi, briguant le même mandat.
Une candidature que soutient également Tahar Ben Hassine et même Omar S’habou selon des spéculations non encore vérifiées. L’homme correspondrait au profil type prôné par ces membres du parti de Béji Caïd Essebsi étant : "indépendant et crédible, ayant une forte personnalité et des principes".

Vendredi dernier, lors d’un événement de grande envergure organisé au Palais des Congrès de Tunis, et qui devait réunir plus de 1.000 personnalités nationales de haut calibre, Béji Caïd Essebsi pointe du doigt les « enfants turbulents de Nidaa Tounes ». Au lieu de faire connaitre, comme il était prévu, les grandes lignes de son programme à la présidentielle ainsi que les motivations de sa candidature, ce dernier a surpris son auditoire par une toute autre annonce. « Nidaa Tounes et moi-même sommes visés par des services officiels de l’Etat ». Selon ses dires, et se basant sur des informations révélées par les services de sécurité de la présidence de la République,  ces menaces proviennent de « taupes » infiltrées au sein de son parti pour y effectuer « un coup d’état ». Il ajoute : « Il s’agit d’une tentative de déstabilisation du mouvement, menée de l’intérieur par trois personnes que j’ai déjà identifiées », tout en précisant que pareille manœuvre avait pour but d’affaiblir le parti de l’intérieur en ces temps de précampagne électorale. Khemaïes Ksila, autre dirigeant du parti et proche de Béji Caïd Essebsi, a cependant préféré nuancer, en parlant d’assassinat dans le sens politique et non littéral du terme.

Omar S’habou et Noureddine Ben Ticha feraient donc partie de ces trois turbulents que Nidaa Tounes s’est empressé de mettre à la porte ? Qui serait donc la troisième « taupe » ? Des sources proches de Béji Caïd Essebsi affirment que, malgré les rumeurs qui courent, ce ne serait ni Mohamed Gheriani, ni Abdelmajid Sahraoui.

La candidature de Béji Caïd Essebsi divise. Nidaa Tounes, tournant principalement autour de cette personnalité emblématique, semble être porteur d’un projet pour les législatives mais non pour la présidence. C’est que s’accordent à dire les dissidents qui, tout en souhaitant y être membres, n’arrêtent pas de critiquer son grand leader.
Mais les dissidences dans ce parti ne datent pas d’hier. Les affaires de Hafedh Caïd Essebsi et de Faouzi Elloumi sont encore fraiches et le parti a encore de belles luttes intestines devant lui, qui seront d’autant plus revigorées par cette  période d’élections. Dans le parti destourien dans lequel rivalités internes sont légion et où les cadres sont mis à la porte, l’un après l’autre, on s’entretue avant, les idéologies et les programmes attendront…



Synda TAJINE

15/09/2014 | 1
min
sur le fil
Tous les Articles
Suivez-nous