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Chroniques
Les cobayes vous saluent bien bas
Par Inès Oueslati
27/01/2015 | 15:59
4 min
Les cobayes vous saluent bien bas

Par Inès Oueslati

La Tunisie, précurseur en matière de démocratie, peine, depuis trois ans, à atteindre la stabilité. Le parcours évidemment difficile est mené par des néophytes observés par des néophytes et critiqués, de toutes parts, par des néophytes qui se présentent, des fois, comme des experts confirmés. La politique devient, dès lors, un véritable laboratoire et nous voilà nous-mêmes cobayes de chercheurs ne cherchant, dans la majorité des cas, que la réalisation de leurs ambitions.

L’amateurisme trouve toute sa splendeur dans la composition du gouvernement Essid. A peine annoncée, la composition du nouveau gouvernement est amenée à être revue. Le premier essai a fait face à des refus en nombre et, avant même de passer devant l’ARP, nos ministres potentiels seront, à coup sûr, remplacés par d’autres.

Nous ignorons sur quel critère ces stars d’un weekend ont été nominées pour les portefeuilles. Les avait-on consultées en amont ou juste mises au parfum quelques minutes auparavant ? Le désistement d’un Karim Skik, potentiel ministre des TIC et de l’Economie numérique, en dit long sur un casting orchestré de manière légère. Soit Habib Essid a été très mal conseillé en matière de sélection puis de communication, soit, en se laissant mener par Béji Caïd Essebsi qui l’a lui-même choisi, il a foncé vers le fiasco, sans même voir vers où être conciliant le menait.

Pouvait-on arriver au pouvoir sans être un fin stratège ? Là encore, l’équation ne trouve pas de solution et les hypothèses les plus divergentes restent de mise. Selon la première, Nidaa et ses dirigeants nous manipulent ; selon la deuxième, ils sont, eux aussi, en plein pataugeage. Les tergiversations actuelles sont-elles inattendues pour ceux qui en ont orchestré les causes ou sont-elles, au contraire, l’effet escompté par une annonce voulue comme provocatrice. Il est possible qu’on nous prépare à accepter la présence d’Ennahdha dans le gouvernement alors que les essais évoquant cela ont été mal accueillis. Un bon communicateur et un politicien professionnel a toujours une marge d’avance dans ses décisions et dans le choix de ses paroles : tel un fin psychologue, il anticipe les réactions ; tel un fin pédagogue, il facilite l’assimilation de ce qui pourrait même relever de l’inadmissible.

Mais peut-être cherche-t-on le génie là où il n’y en a point. Il est possible, en effet, que Nidaa, propulsé au pouvoir par la peur de l’islamisme, n’ait pas les moyens de ses ambitions politiques devenues réelles. Une fois devant la tarte à découper, Nidaa, essoufflé par la course au siège, serait donc tombé en plein dedans et se serait entarté lui-même. Sacrée tarte ! Longtemps on nous a parlé de la Tunisie comme une pièce de pâtisserie à partager. Les métaphores de nos politiciens mauvais communicateurs en disent long sur la nature prosaïque de leurs desseins. Leurs voltes-faces sont l’expression de leur amateurisme incontestable, sur le plan stratégie et sur le plan communication.

Qu’ils soient des génies ou de véritables poires, les éléments connus et inconnus planant dans la sphère décisionnelle actuelle ont une marge d’erreur considérable. Avec ce passage au pouvoir nul n’est dans son élément, et la mutation de l’opposition à la « gouvernance » a la fâcheuse « vertu » de grossir les lacunes et de les rendre visibles. L’expérience qu’on nous a présentée vendredi dernier a l’air de ne pas prendre, faute de dosage, faute de la composition, faute d’avoir préparé le cadre ambiant. Il y a faute, incontestablement, et le professionnalisme, s’il en reste une trace, se mesurera dans la manière de résoudre enfin l’équation difficile de l’appartenance partisane et de la compétence, du pragmatisme et de la complaisance.

Laissera-t-on à Béji Caïd Essebsi et à ses clones autour de Carthage la marge la plus large pour choisir quel portefeuille pour quel nom ou Essid qui a réalisé qu’un deuxième échec ne sera endossé que sur son propre compte reprendra-t-il les rennes d’une décision qui naturellement lui revient ? Parce qu’il est hétéroclite, le gouvernement « transgénique » a été refusé à l’unanimité car il est dur, en l’absence du génie, de faire passer, pour normal, le contre-nature. Si le parti au pouvoir et ses dirigeants sont conscients que ce qui importe ce n’est pas leurs ambitions d’hégémonie mais celles de ne pas achever leur pays, Habib Essid est alors la bonne personne, celle de la conjoncture et de tous les défis, comme il est de mode de le dire.

Cette bonne personne choisie par Nidaa est alors capable de faire de bons choix, et si ces choix ne sont pas faciles à accepter il faudra réfléchir à la manière de faire avaler la pilule avant de la proposer. Autrement nous nous retrouvons face à des hésitations mettant à mal la stabilité du pays et la confiance du citoyen. Ce pas vers l’arrière est-il constitutionnel ? Peu importe nous sommes entre nous ; personne ne nous observe et celui qui a dit que nous étions un exemple exagérait un peu. Nous sommes le pays du système D, nous avons bricolé une Constitution, nous bricolerons alors un gouvernement, puis un deuxième. Les cobayes que nous sommes peuvent attendre, le laboratoire démocratique cherche encore la potion magique pouvant nous guérir de l’amateurisme chronique de notre classe politique.

Par Inès Oueslati
27/01/2015 | 15:59
4 min
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Commentaires (12) Commenter
Messieurs les élus je ne vous salue pas et de vous serrer la main
boubaker sadok
| 28-01-2015 15:50
Penser que nous sommes dans une démocratie uniquement quand les électeurs votent pour vous ? enfin c'est quoi ces blocages des députés pour placer leurs carrières et empêcher le gouvernement de gouverner et Si Béji de présider
cette classe politique de la droite à la gauche avide de pouvoir fait le malheur du pays
Ouvre un peu les yeux
Montygolikely
| 28-01-2015 11:59
Mais qu'est-ce que tu nous parles de démocratie dans un pays jonché de poubelles et ou le sucre en morceaux est introuvable, ou brûler un feu rouge ou un stop est devenu un sport national et j'en passe...
Cobayes d'amateurs : la leçon d'Aristote
El Barmeki
| 28-01-2015 11:40
La leçon à méditer nous est donnée par la patrie de Socrate et d'Aristote, berceau de la démocratie et de la philosophie. Quelques jours ont suffi pour que la volonté du peuple soit concrétisée par les politiciens. Inchalla les nôtres ouvrent les yeux plutôt que leur bouche pour palabrer et mettent fin au cirque. Apprenons a être modestes et être conscients de nos limites et nos défauts et cessons de nous gargariser d'illusions. Que les partis, tous confondus sachent tirer les leçons de l'histoire des autres peuples et l'histoire de la Troïka est encore brûlante!
GRECE : LA VRAIE REVOLUTION DE LA LIBERTE ET DE LA DIGNITE (1)
JOHN WAYNE
| 27-01-2015 23:49
Il y a des peuples qui peuvent vraiment prétendre à représenter des milliers d'années d'histoire car ils ont su prendre la relève même en passant par les pires tragédies.
Les Grecs font partie de cette honorable catégorie puisque même dans une Europe dont l'union a pour tyrans des technocrates Allemands eux même ayant comme maitres suprêmes des agents de la CIA qui oscillent entre bases militaires et ambassades aux grilles monotones, ce peuple a su dire non à l'autoritarisme capitaliste et sioniste mondial.
Les Grecs ont subi les pires des massacres pendant l'occupation Nazi mais n'ont jamais cherché à monnayer ces tragédies. Ils pleurent leurs morts en silence comme le font les Russes.
Hier, les Grecs ont véritablement donné une leçon au monde en votant pour un parti d'extrême gauche dont la spécificité et l'originalité comptent entre autres un soutien de l'extrême droite Grecque.
Les Grecs sont aujourd'hui libres.
Le message est à la fois fort et humiliant et il dit que ce qui importe pour les Grecs est la dignité et la souveraineté par le peuple et pour le peuple. Un peuple qui refuse de s'agenouiller face à un diktat Européen dont le capitalisme odieux et inhumain est copié du FMI, branche dégoutante du Ministère des Finances Américain qui joue encore les cartes de l'impérialisme sioniste né de la guerre froide et de la naissance d'Israël.
Les Grecques sont dignes quand les Tunisiens ne le sont pas.
Et comparer la Grèce a la Tunisie équivaut à comparer un pays Européen libre, économiquement viable, et à l'avenir radieux, a un pays recolonisé, appauvri, et a l'économie inexistante.
La Grèce survivra même sans l'Allemagne et surtout sans l'Europe.
Elle comporte en elle une élite intellectuelle aussi glorieuse que brillante.
Mais surtout la Grèce est ce pays au tourisme inégalable et au relief unique au monde et dont le peuple ne se débat guère dans le carcan et les ténèbres de l'Islam.




GRECE : LA VRAIE REVOLUTION DE LA LIBERTE ET DE LA DIGNITE (2)
JOHN WAYNE
| 27-01-2015 23:48
Que dire de la Tunisie aujourd'hui ?
Comment peut-on décrire sans humour et sans sarcasme un pays sans réserves d'hydrocarbures notables et dont l'industrie touristique a été anéantie a jamais par le désordre d'une révolution fomentée par la CIA et ses officiers de l'armée Tunisienne et des membres du gouvernement par intérim devenus aujourd'hui Présidents?
Sans compter une économie capitaliste inadaptée et inappropriée et dont les prêts et les ententes virtuelles impayables même dans des siècles sont signées par un ministre qui entre deux fricassés huileux était petit cadre dans une société en France ?
Que reste-t-il de l'euphorie qui a suivi la nomination d'Amel Karboul qui en public et face à une ANC constituée de bonniches, d'homosexuels, de clochards, de beurres, et d'islamistes à la barbe soignée, a menti quant à ses voyages en « Palestine » lors desquels elle fut « retenue par la police Israélienne avant d'être expulsée ».
Combien de clowns, de traitres, de fanatiques, et de beurres sociopathes défileront en bafouant les grandeurs de Bourguiba et de Ben Ali avant que la Tunisie ne se réveille ?
Qui comprend quoi et qui gère qui ?
La réponse est que les Tunisiens n'ont jamais compris ni leur histoire, ni leur passé, ni leur présent, ni leur futur et que leur seul talent a été pendant soixante années de singer les démocraties à l'européenne, de vendre leur pays en échange de fonds des droits de l'homme sionistes, et de se prosterner devant tout colon qui montrait le nez à l'aéroport de Tunis Carthage.
Oui la Grèce a donné une leçon au monde.
Sa démocratie et sa révolution sont exemplaires.
La Grèce a aujourd'hui son Lula, son Chavez, et son Fidel Castro.
Il n'y a plus de retour en arrière possible même avec la CIA et ses agents qui en ce moment même doivent tenter de réunir des officiers véreux de l'armée Grecque tardant à venir en espérant reproduire le scenario Tunisien du 14 Janvier 2011.
Un scenario Grec a la Costa Gavras ne verra jamais plus le jour, hélas pour Washington et ses pays Européens mendiants de l'après mur de Berlin.
Mais surtout « Game over » pour l'Europe car la révolution Grecque de la dignité et de la liberté a déjà des émules surtout en cette Marine Le Pen que la tuerie de Charlie Hebdo a propulsé tout prêt de l'Elysée malgré la campagne diffamatoire de journaux sionistes comme Libération et Le Nouvel Observateur.
Oui, les Grecques sont les dignes descendants de Platon, de Socrate et de Pythagore.
Et quant aux Tunisiens qui souvent écrivent qu'ils sont les descendants d'Hannibal et d'Elissa, ils n'ont même pas été dignes d'être les simples descendants de Bourguiba.
Ou plutôt devrais-je dire qu'ils sont aujourd'hui dans leur Tunisie déstabilisée par la CIA, les dignes descendants de Mohamed Bouaazizi, l'homme qui dans ses accès de colère d'alcoolique abusait de sa mère et dont l'immolation du désespoir a suivi l'acte d'agression sexuelle d'une fonctionnaire de l'état Tunisien.
La Grèce vie un nouveau matin et une nouvelle ère.
La Tunisie vie sa Start up démocratie dans la misère et le mensonge.
La Tunisie sauvée par un scénario à la « Z » de Costa Gravas ou plutôt devrais-je dire par un « Z » comme Zine El Abidine Ben Ali.

F.M. Alias JOHN WAYNE
Ancien Elève au Collège Sadiki.
Diplômé d'Histoire et de Sciences Politiques de l'Université Paris-Sorbonne.
Ancien Fonctionnaire aux Ministères des Affaires Etrangères et de l'Intérieur Tunisiens des gouvernements d'Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali.
Diplomate de carrière et spécialiste de la sécurité et du renseignement.

@moderateur ??
salahtataouine
| 27-01-2015 19:32
pas de reponse à ma demande dans mon commentaire ???

BN: Nizar Bahloul est en congé. Vous pouvez lire ses chroniques dès le lundi prochain. Merci pour votre fidélité.
pauvre électeur , pauvre contribuable
griguer
| 27-01-2015 18:29
un résumé réaliste de la situation :
paysage politique anarchique
une assemblée dominée par la droite et l'extrême droite .
un pays pauvre , un citoyen appauvri par l'injustice sociale et fiscale , un contribuable dégoûté , un pays qui compte des milliers de milliardaires et des millions de pauvres .
une filiale de l'organisation égyptienne des frères musulmans dénommée ennakba .
le qatar finance des associations des organisations terroristes en Tunisie et finance le gourou ghannouchi et sa bande .
budget 2015 élevé a carthage et a bardo .
trop de ministères , les femmes et les jeunes très peu représentés dans le futur gouvernement .
toujours les mêmes pratiques et les mêmes mentalités .
un pays qui recule et s'endette .
les pseudo-politiciens continuent de mentir au peuple sur le réelle et grave crise économique .
une caisse de subvention pour tous : libyens , milliardaires tunisiens , touristes , millionnaires tunisiens .
corruption généralisée , trafic , blanchiment d'argent , magouilles , détournements de fonds ...
450 km de frontière très dangereuse avec la libye .
absence de programmes de réformes et de réformes structurelles .
une gauche presque absente dans un pays pauvre
des tabous et des interdits à gogo.
3000 tunsiiens " assassins " en syrie dont une partie va revenir et aucun programme et arsenal législatif pour savoir comment faire à leurs retour . des instances et des comités à gogo pour pomper l'argent du contribuable .
des bailleurs de fonds qui demandent des réformes : BEI BAD FMI ...
une minorité non protégée .
bil abri tounes wallet kaeba gateau yeksmou fiha des menteurs et des voyous.
le plan diabolique des frères musulmans tunisiens
il y a eu une révolte populaire en 2011 et il y en aura dans le futur
nidaa aura le même sort qu'ettakatol : il aura le vote sanction car ce sont des traitres .
700 000 chômeurs auquel vont s'ajouter d'autres dans les années à venir si on continu avec cette politique de formation d'instruction d'enseignement et d'enseignement supérieur .
privatisation à gogo
endettement en augmentation
une justice judiciaire encore dépendante du pouvoir exécutif selon la loi
en gros : assemblée c'est un cirque ammar .
une momie a carthage
beji a rélisé son rêve de gosse
en conclusion : révolte populaire confisquée par les islamistes et les vieux papy
si tu cherches les jeunes tu les trouvent : au stade , au salon de thé , a la mosquée , ou en syrie
dommage....
ameur k
| 27-01-2015 17:48
une bonne présentation de la piéce théatrale qui se joue devant nous avec des acteurs amateurs ....et un "barbot" nahdhaoui qui attend au tournant pour nous offrir sur un plateau aux"daaechistes"....
babjbouj bara r****
candide
| 27-01-2015 17:22
kolha ki beadha , on s'est f** de la gueule du peuple
Bonjour @BN bonjour @moderateur
salahtataouine
| 27-01-2015 17:05
C est la dexieme semaine sans un edito de @NB......
En vacances ?? esperons que tout va bien ..merci pour une reponse !
Bonne journeé et amitieés