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Chroniques
Elections législatives : La Tunisie gagnante
26/10/2014 | 17:37
3 min

Par Sofiene Ben Hamida

Les Tunisiens se sont déplacés aux bureaux de vote aujourd’hui pour participer aux élections législatives, les premières tenues depuis la révolution du 14 janvier 2011. Celles qui ont eu lieu le 23 octobre 2011 étant des élections pour choisir les membres de l’Assemblée constituante chargée de rédiger une nouvelle constitution. Vraisemblablement, le taux de participation à ces élections est respectable ce qui montre que contrairement à ce que beaucoup d’observateurs ont cru comprendre, les Tunisiens s’intéressent à la vie politique de leurs pays. L’affaire de Oued Ellil pourrait avoir eu un impact sur le degré de mobilisation des Tunisiens qui, en allant voter, expriment, avant tout, leur refus de la violence et du terrorisme.

Les organisations de la société civile, notamment ATIDE et Mouraquiboun ont relevé plusieurs infractions se rapportant à l’opération électorale. Elles ont aussi relevé des carences organisationnelles qui ont touché les listes électorales, la distribution du matériel électoral, les badges des membres du bureaux et bien d’autres aspects. Mais toutes ces accusations ont été réfutées par l’ISIE qui semble se murer dans un déni de la réalité. Croisons les doigts pour que les choses n’empirent pas et que ces irrégularités qui ne sont pas très graves pour le moment n’aient pas d’incidences lourdes sur les résultats du scrutin.

En effet, ce qu’il faudrait espérer maintenant, c’est que les résultats de ce scrutin soient disponibles dans des délais raisonnables pour limiter le temps d’attente et d’anxiété pour toute une Nation. Par la suite, tous les participants à ces élections doivent accepter les résultats et s’incliner face à la volonté populaire et au verdict des urnes. C’est à ce prix qu’on pourra affirmer que ce test fondateur de la nouvelle démocratie tunisienne a été passé avec brio.

Et comme toutes les élections, celles d’aujourd’hui déboucheront sur des gagnants et des perdants. Du côté des gagnants, on retrouvera tous les partis politiques et les indépendants politiquement actifs qui ont participé à cette compétition électorale. Peu importe le nombre de listes qu’ils ont présentées, peu importe aussi leurs résultats, s’ils ont progressé ou reculé, s’ils ont gagné ou perdu des sièges. L’essentiel c’est qu’ils ont démontré leur attachement à l’action politique civile, à la construction démocratique qui passe obligatoirement et exclusivement par les urnes, leur respect du peuple tunisien et de sa volonté. Pour ce premier groupe de gagnants, les compétitions électorales ne sont pas finies. Ils auront à croiser leurs programmes à plusieurs reprises au cours des prochains mois.

Ceux qui occupent aujourd’hui les premiers rangs doivent redoubler d’efforts, ne pas dormir sur leurs lauriers pour honorer la confiance placée en eux. Ceux qui les talonnent doivent aussi redoubler d’efforts, corriger leurs carences pour coller encore plus aux préoccupations de leurs électeurs. Mais tous, autant que les centaines de milliers de Tunisiens qui ont participé à ce suffrage ont eu l’honneur et le mérite de participer à l’édification de la nouvelle République et gravi un nouveau palier sur le long chemin de la concrétisation du rêve de la révolution.

Face à eux, il y a le clan des perdants, assez conséquent malheureusement. On y trouve ces milliers de Tunisiens qui n’ont pas assumé leur devoir de citoyen, qui n’ont pas participé au vote, certains par ignorance, d’autres par laxisme ou encore simplement pour n’avoir pas voulu s’inscrire à temps. Ceux là ont raté l’occasion de s’exprimer. Ils se sont condamnés à subir ce que les autres ont décidé pour eux pour les cinq prochaines années.

On y trouve aussi ceux qui ont boycotté les élections. Ceux-là se sont mis au ban de la construction démocratique. Le succès des élections est un échec personnel pour eux. La question est de savoir s’ils sont capables de faire leur autocritique, de tirer les bonnes conclusions et de s’inscrire de nouveau dans la dynamique de la construction révolutionnaire.

Mais il ya aussi parmi ce clan des perdants tous ces partis politiques qui ont refusé de participer au processus électoral. Ils sont au nombre de soixante-dix partis politiques. Ces partis ont, de fait, perdu leur raison d’exister en refusant de se soumettre au suffrage universel. Ils sont amenés à repartir de zéro et leur absence de ces élections pèsera lourdement contre eux lors des prochaines échéances. Cette absence sera en effet leur talon d’Achille et la croix qu’ils porteront longtemps, très longtemps.

26/10/2014 | 17:37
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