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Tribunes
A propos d'absence de terroristes au Mont Chaâmbi
25/02/2014 | 1
min
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Par le Colonel (r) Mohamed Kasdallah*

“ J’ai dit biologie, c’est biologie”

J’ai emprunté ce titre à la « sortie » cocasse d’un dirigeant maghrébin des années 80 connu par ses frasques célèbres. Lors d’une conférence de presse, il décrivait avec force détails la mégalomanie d’un autre dirigeant qui vient d’être déchu et affirmait dans la « foulée » de son exposé, qu’il connaissait tout de lui jusqu’à sa biologie ! A cet instant précis, son conseiller le plus proche l’interrompit discrètement pour lui signaler la faute, lui susurrant à l’oreille qu’il s’agissait de biographie et non de biologie. Ce à quoi le conférencier rétorque avec force en frappant brutalement sur la table : « j’ai dit biologie, c’est biologie ».

La situation est aujourd’hui trop sérieuse pour rire d’une telle analogie originale avec la thèse qui soutenait l’absence totale de terroristes à Chaambi quelques jours avant le massacre de nos valeureux soldats. Mais voilà, la réalité tellement cruelle qu’elle nous oblige à rappeler que ce n’est pas parce qu’on proclame, à cor et à cri, que le Mont est vide de terroristes, qu’il l’est effectivement. Quel Tunisien ne serait pas réjoui de la fin définitive et sans retour du terrorisme à la région ? Quel bonheur que les Kasserinois et tout le reste de leurs compatriotes, puissent vivre dans la paix et la sécurité, qu’ils puissent œuvrer librement pour leur épanouissement économique, social et culturel ! Que tout le pays reprenne les chemins du labeur et du développement ! Qu’on n’ait plus à vivre ces jours maudits constamment poursuivis par le spectre de Tunisiens aux corps perforés par les kalachnikovs, égorgés ou décapités et éclatés par l’explosion de mines piégées ! Qu’on n’ait plus à frôler l’évanouissement aux nouvelles de l’assassinat de meilleurs enfants du pays et à vivre dans la hantise de nouveaux assassinats ?

Mais la réalité est malheureusement toute autre. Les incantations, quelle que soit la bonne volonté qui peut animer leurs auteurs, restent improductives et pour cause ! L’évolution physique de la situation sécuritaire a montré que Chaambi était et il est jusqu’à nos jours infesté de terroristes et l’hydre intégriste ne cesse de ravager la région et de hanter la population. Comment expliquer alors cette incohérence qui frise l’inconscience et qui s’est traduite par la perte de vies humaines avec une atrocité sans égale ?

On épiloguera encore longtemps avant de pouvoir deviner les mobiles de cette attitude irraisonnée. Je remarque seulement que son auteur semble être enfermé dans une disposition de l’esprit, une posture intellectuelle qui rejette les faits tels qu’ils sont réellement et préfère s’arc-bouter dans une perception de la réalité telle qu’il la souhaite être.

Il ya de l’indécence à se cacher derrière le petit doigt de sa main et fuir ses responsabilités en étant, peut-être, fort du soutien complice et du blanc-seing de la nomenklatura locale impressionnée par le soi-disant service rendu à la révolution et par naïveté et manque de lucidité.
Où en est –on aujourd’hui ? Quel a été le degré d’efficacité de l’approche suivie jusqu’ici ? Où va-t-on encore ? De nombreuses questions viennent à l’esprit, à la lumière des événements tragiques, survenus ces derniers jours.

Le constat général qu’on peut faire est comme suit :

Primo : contrairement au cas algérien où le terrorisme a pris naissance dans les grandes cités (Alger par exemple) puis s’est retiré dans les maquis en raison de la répression qu’il a subie, le nôtre a plutôt commencé en montagne, il descend dernièrement en rase campagne (Jendouba) et en ville (Raoued).

Secundo : la démarche qui vise à éliminer les derniers nids de terroristes a démontré ses limites. Les bombardements massifs de l’artillerie et de l’aviation s’avèrent peu efficaces face à un terrorisme presque invisible. Que dire lorsque celui-ci devient urbain.

Tertio : ce résultat interpelle les responsables de la lutte antiterroriste à repenser leurs options aux plans : stratégique, opérationnel, logistique, renseignement,.. etc.

Pour ma part, puisque mes suggestions en la matière n’ont pas convaincu (une dizaine d’articles publiés) je me mets encore une fois à la disposition du commandement pour la concrétisation immédiate de ces propositions. J’invite, par ailleurs, tous les experts qui « squattent » le petit écran pour nous faire part de leur savoir, de me rejoindre sur le champ et nous montrer plutôt leur savoir faire. A bon entendeur, salut !

*Mot argotique employé par De Gaulle en parlant de l’ONU.
25/02/2014 | 1
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