La Banque de Tunisie (BT) continue sur sa lancée avec des résultats en forte progression, malgré une conjoncture nationale morose. Des performances saluées par la majorité écrasante des actionnaires. C’est ce qui ressort globalement de l’Assemblée générale ordinaire de la Banque de Tunisie (BT) pour l’exercice 2017, tenue ce lundi 23 avril 2018, sous la présidence de Michel Lucas, président du Conseil d’administration, et Mohamed Habib Ben Saâd, directeur général de la banque.
La BT a amélioré son résultat net de 30,4%, s’établissant à 135,95 millions de dinars (MD) en 2017 contre 101,36 MD en 2016, tout en s’acquittant d’un impôt sur les bénéfices de 24,76 MD et une contribution conjoncturelle exceptionnelle de 3,54 MD. Ainsi, les actionnaires auront droit cette année à un dividende de 0,400 dinar par action (en hausse de 11,11% par rapport à 2016), mis en paiement à partir du 4 mai 2018. Et ceci tout en bénéficiant d'une action nouvelle gratuite pour 4 anciennes avec droit de jouissance à partir du 1er janvier 2018 grâce à l’augmentation du capital de la société de 45 millions de dinars (MD) par incorporation des réserves à travers l’émission de 45.000.000 actions de un dinar chacune. Le rendement de l’action BT s’est établi à 7,91% pour 2017. De quoi ravir ses actionnaires.
Côté performance, la banque a enregistré, pour l’exercice 2017, une amélioration de son Produit Net Bancaire (PNB) de 14%, passant de 235,53 MD à 268,54 MD.
Les dépôts ont augmenté de 9,4%, se situant à 3.450,09 MD alors que les crédits nets à la clientèle ont évolué de 13,8%, atteignant 4.157,76 MD.
Le coefficient d’exploitation a atteint 34,1% pour une rentabilité des fonds propres (ROE) de 19,5% et des ratios en nette amélioration avec un ratio de solvabilité 14,19%, un ratio de liquidité 94,6%, un taux de créances classées de 6,9% et un taux de couverture de 73,7%.
Des fondamentaux importants pour la Banque centrale de Tunisie mais aussi pour le monde extérieur et qui ont permis à la banque de pouvoir profiter de crédit de grandes institutions comme la Banque européenne d'investissement (BEI) et la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) et ceci sans garantie de l’Etat, indique M. Lucas.
S’agissant du résultat consolidé, le groupe Banque de Tunisie a réalisé un résultat net consolidé en augmentation de 33,23% évoluant de 105,84 MD à 141,01 MD, un résultat net part groupe par action de 0,786 dinars (contre 0,617 dinars en 2016) et un PNB consolidé en hausse de 15,36% passant de 240,90 MD à 277,90 MD. Dans ce cadre M. Ben Saâd a précisé que toutes les sociétés du groupe sont bénéficiaires. L’Astrée Assurance y participe avec un bénéfice de 15 MD.
Dans son allocution d’ouverture, Michel Lucas a exprimé la satisfaction du conseil par rapport aux résultats réalisés, qui sont selon lui le fruit d’un travail de longue haleine, privilégiant l’action à la médiatisation. Pour sa part, Mohamed Habib Ben Saâd est revenu sur la hausse de l’inflation et celle du taux moyen du marché monétaire (TMM). Ainsi, il a expliqué qu’au début de 2017, le TMM était de 4,25%. Actuellement, il est à 6,04% et on s’attend à ce qu’il atteint 6,70% fin d’avril 2018. Pour sa part, l’inflation était de 5% début 2017, actuellement elle est de plus de 7%. Certes, l’augmentation du TMM peut être profitable, mais ça peut freiner le crédit, note-t-il. Et d’ajouter qu’il s’agit d’une équation sensible à équilibrer.
Les primes d’intéressement au personnel ont fait augmenter les frais globaux de gestion, mais c’est grâce aux employés de la banque que de tels résultats ont pu être réalisés, souligne-t-il.
Pour leur part, les commissaires aux comptes ont relevé dans leur rapport que la banque a fait l’objet d’un contrôle social couvrant les exercices 2011 à 2013, qui a conclu à un complément de cotisations de 6,95 MD, et qu’elle conteste. En 2015, la banque a accepté une partie de la taxation, soit un montant de 465.000 et a intenté une action en justice pour contester le reliquat des cotisations, soit un montant de 6,486. L’affaire suit toujours son cours. Le montant alloué couvre raisonnablement le risque, estiment-t-ils.
Ouvrant le débat, Ahmed Naïm Kchaou étant lui-même un client de la banque, s’est insurgé contre la hausse de la commission de frais d’entretien de compte.
Le président de l’Association des actionnaires minoritaires "ADAM", Khaled Ahres, a tenu tout d’abord à remercier la BT pour les élections du représentant des petits porteurs. Comme à son accoutumé, il a réclamé la création d’un Club Espace pour les petits actionnaires. Il a aussi réclamé que la distribution d’actions gratuites soit plus importante 1 ou pour 2 au lieu de 1 pour 4.
Habib Bouzouita a rendu hommage à M. Lucas qui a toujours accompagné la BT. Il a noté les bons fondamentaux de la banque, la bonne maitrise des risques, la qualité de la gouvernance et le dynamisme de la banque qui a généré cette «grande surprise» et ce résultat «excellent». Et d’expliquer : «Ce qui nous manque c’est la vision à moyen terme au moins jusqu’à 2020»
Abdessatar Ibrahim s’est interrogé sur l’impact de la hausse du TMM sur le résultat de la banque à moyen terme. Il s’est interrogé sur les BTA.
Mustapha Chouaïeb a réclamé l’augmentation du dividende par action en estimant que 0,400 dinar n’était pas suffisant.
Abdelaziz Ben Youssef s’est interrogé sur Carthage Cement et les crédits qu’a contacté la cimenterie.
En réponse, M. Ben Saâd a indiqué que l’augmentation des frais de compte se fait avec l’accord de la BCT. «Il faut bien gagner sa vie», s’est-t-il exclamé en notant que la banque est parmi les moins chères de la place en matière de commission. S’agissant de l’élection du représentant des petits porteurs, il a expliqué que tout c’est bien passé et selon la procédure désirée par certains.
S’agissant de l’augmentation de capital, il a rappelé que le capital de la banque est passé de 50 MD en 2006 à 225 MD en 2017.
Concernant la vision de la BT, il a précisé que c’est le sujet de débats depuis plusieurs conseils d’administration. "La stratégie est en train d’être fignolée et sera prête dans 5 à 6 mois. Elle sera annoncée, lors d’une communication financière. Assisté par des cabinets internationaux dans sa mise en œuvre, elle sera offensive avec une stratégie de croissance agressive mais tout en préservant les fondamentaux".
Sur le volet du TMM, le DG a indiqué qu’il est dans une phase d’augmentation très forte et l’interbancaire est déjà situé à 6,73%. Pour la banque, ceci est pour l’instant tout bénef vu qu’elle va engranger 200 MD de plus, mais le risque est de freiner l’octroi de crédit ainsi que de freiner l’investissement à cause de l’environnement global.
Au sujet des BTA, qui ont augmenté de 30,4%, Mohamed Habib Ben Saâd a expliqué qu’ils sont nécessaires pour l’activité de la banque, les BTA étant utilisés comme garantie auprès de la BCT.
S’agissant du montant du dividende jugé insuffisant, il a indiqué que le montant des dividendes ne peut pas être augmenté, vu que la banque a alloué 90 MD en réinvestissement exonéré. Il a noté que l’action BT est un titre qui a connu une des plus importantes hausse avec 28% d’augmentation
Concernant Carthage Cement, le DG a affirmé que le dossier est suivi de près. Il a précisé qu’à son arrivée à la BT, la dette de la cimenterie envers la banque était de 125 MD alors que le capital de la banque était de de 112 MD. « Nous sommes le chef de file des banques qui ont accordé des crédits à la cimenterie. Nous avons exigé que quelqu’un qui nous représente et assiste aux conseils d’administration. Nous avons suivi de près l’appel d’offres et le secteur bancaire a réagi dès qu’il a su qu’on comptait payer les 130 MD de compte associé et il a affirmé ne pas être prêt à rééchelonner les dettes bancaires de l’entreprise".
La Banque de Tunisie est en train d’avancer. La hausse de son résultat de 30% prouve la pertinence de son modèle. La banque table en 2018 sur la progression de son PNB de 15%. Elle espère dégager un résultat brut d’exploitation en augmentation de 17%. Les dépôts augmenteraient de 15% pour atteindre 3.980 MD et les crédits de 12% pour atteindre 4.663 MD, pour ce même exercice.
«Nous essayons d’être une maison de verre, nous n’avons rien à cacher. Tout est géré d’une manière transparente», a martelé M. Ben Saâd.
Imen NOUIRA
