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Chroniques
Brûlées vives 
09/02/2018 | 16:00
4 min

Entre un nouveau blacklistage européen de la Tunisie se retrouvant sur une liste des pays fortement exposés au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme, le limogeage dans la foulée du gouverneur de la Banque centrale, une histoire d’espionnage et de personnalités politiques achetées et vendues, l’opinion publique tunisienne avait de la matière pour jaser. De grosses affaires qui ont relégué au second plan les « tous petits » drames à l’échelle régionale.

 

Dans la soirée du lundi au mardi, deux fillettes entre la vie et la mort ont été transférées à l’hôpital de Kasserine. La mort l’emportera sur la vie et les deux petites succomberont à leurs blessures. Quelques heures avant le drame, elles dormaient paisiblement dans le dortoir du collège de Thala qui leur servait de foyer. Les parents, en toute confiance, avaient confié leurs enfants à l’établissement public, à l’Etat, pour qu’il les prenne en charge et qu’elles puissent poursuivre leurs études dans les meilleures conditions possibles. Sauf que les conditions ne l’étaient pas. Un incendie se déclare dans les locaux, où 83 collégiennes dormaient. Les pensionnaires sont évacuées dans la précipitation, une vingtaine souffrant d’asphyxie ont pu être secourues, mais les blessures de Rahma et Sourour étaient beaucoup trop grave pour qu’elles y survivent.   

 

Presque passée inaperçue, cette tragédie appelle tout d’abord la question de la responsabilité. Qui l’assumera cette responsabilité ? Est-ce le directeur de l’établissement ? Le délégué de la région ? Le gouverneur ? Le ministère de tutelle ou l’Etat ? Tous à leurs niveaux respectifs sont responsables de ce drame ! Vous me diriez que de pareils incidents peuvent fâcheusement survenir n’importe où et n’importe quand. Je vous dirai qu’un pensionnat d’élèves n’est pas n’importe quel lieu et que des mesures de sécurité strictes se doivent d’être prises, notamment en matière de prévention des incendies. Après tout, il s’agit-là de la vie de centaines d’enfants pris en charge par l’Etat ! Et c’est là que se pose la question de la lente mais sûre dégradation des conditions de scolarisation de nos enfants. Il est vrai que c’est plus particulièrement visible au niveau des établissements scolaires dans les zones défavorisées, touchés de plein fouet par l’inégalité. Un mal qui ronge depuis des décennies la Tunisie et a fortiori  ses régions reculées.

Dans ces établissements, à l’image de leurs régions, les premières victimes sont les élèves. Dans le dénuement le plus total, ils tentent tant bien que mal de suivre leurs études, de réussir, de se créer un avenir, l’avenir de la Tunisie. Ils font face à une infrastructure désuète, à une misère sans nom, à une hygiène inexistante- certains établissements ne disposant pas d’eau potable ou d’installations sanitaires-, à des bâtiments qui tombent en ruines et j’en passe ! Il ne faudra pas s’étonner dès lors de l’absence d’un système de sécurité incendie dans un internat d’un coin paumé de la Tunisie…

 

Ce système et ce réseau scolaires tant vantés par nos politiques sont à l’agonie. L’enseignement public n’est plus la fierté de la Tunisie. Les plus aisés le fuient comme la peste et inscrivent leurs enfants dans des établissements privés. La classe moyenne, en phase de paupérisation, et les plus démunis n’ont pas d’autre choix que de confier leurs enfants à l’Etat. Un Etat qui peine à trouver des solutions immédiates à un problème de la plus haute importance, dont dépend l’avenir même du pays. A l’aube de la nouvelle nation, Bourguiba avait misé sur l’éducation. Aujourd’hui, son œuvre s’effondre comme un château de cartes, la résultante de l’échec des politiques successives adoptées au fil du temps et des gouvernements successifs.

 

A qui incombe la responsabilité de la mort des deux fillettes ?

L’actuel ministre de l’Education nationale a déploré l’infrastructure  « désastreuse » des établissements scolaires, et a déclaré que des mesures « exceptionnelles » allaient être prises lors d’un conseil des ministres restreint pour remédier à cette situation. Ce n’est toujours qu’après de pareils drames que nos dirigeants annoncent de nouvelles mesures urgentes ou exceptionnelles. Qu’en est-il d’une stratégie à court ou moyen termes ? Passé le moment d’émotion, retour à la case départ.

« Par chance, je n’ai pas pu dormir à cause du froid et de la faim au moment de l’incendie », avait commenté l’une des rescapées de l’incendie de Thala. Une terrible phrase qui résume à elle seule l’état de misère dans lequel vivent nos élèves.  

 

 

 

09/02/2018 | 16:00
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Commentaires (17)

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Ameur
| 15-02-2018 10:22
En lisant le Titre de l'article , j'ai pensé aux BéBés Palestiniens Carbonisés Vifs par les Colons Sionistes sous la protection de l'Armée d'Occupation Israélienne , ces Crimes sont à ce jour Impunis , sous le regard Impuissant du Monde entier .

LE NOMADE
| 12-02-2018 00:25
Bonsoir madame.mon commentaire ne s'adressait qu''à la charmante Ikhlas!Je la l'encourageais et la félicitais,comme à chaque occasion,pour son talent! Je la trouve talentueuse et mature en dépit de son jeune âge. Je ne nuis. le genre à passer la pommade.Il m'arrive d'apprécier les gens,juste,pour un mot,une phrase ou une expression qui me fait plaisir! Sachez madame que vous n'avez rien compris à propos de la "cruche"! Si je l'ai évoquée,c'était pour éviter les équivoques! Ma "cruche"(c'est de l'affectif) vaut de l'or et je ne l'échangerais jamais,même contre une douzaine de gour..s,fussent-elles diamantaires! PS;madame Zohra,moi pas comprendre pourquoi vous avoir agressé moi!.

EL OUAFI
| 11-02-2018 13:21
Vous l'aviez mentionnez Madame dans une et une seule phrase, je vous cite ; « l’inégalité. Un mal qui ronge depuis des décennies la Tunisie et a fortiori ses régions reculées. » Est-ce la justice à nos jours, voici sept ans, sept longue années rien n'a bougé même pas d'un iota plutôt elle s’est aggravée !, et dire des centaines de jeunes qui ont donné de leurs vies pour ôter cette injustice ou tout de même l’atténuer, que pouvions nous dire ou attendre de ceux qui se sont substitués aux vrais désespérés de ceux qui ont osé dire nous ne pouvons pas continuer à être conduit comme des brebis aux abattoirs ? Se questionnant toujours et indéfiniment toujours sur cet immobilisme, cette déconsidération à des millions de nos concitoyens à ces régions reculées, à ces régions de l’intérieur ? Il est bien réel que nos hommes politiques ne pensent qu'à leurs places à leurs postes et combien leurs rapporte t-ils ? L’affairisme est là il progresse il n’épargne que les plus faibles qui ne peuvent que constater le train partir les laissant attendre et attendre qu’un éventuel vent de bonheur leur viendra au secours leur dégager ce ciel qui s’assombrit de jour en jour plus ! Notre lot quotidien est ainsi il ne nous présage pas un futur meilleur, allions-nous se recoquiller sur nous-mêmes pour gamberger s’il est utile de procéder à une deuxième « Intifadha » résoudra-t-elle vraiment nos problèmes, soulagera-t-elle nos souffrances ? L’équation est du troisième degré saurions-nous capable de la solutionner, tellement les inconnues sont grandes ! C’est moins sure tellement qu’il pourrait y avoir d’autres facteurs qui s’ajouteraient aux malheurs un autre malheur plus néfaste plus destructeur et dont nous pouvions à jamais revoir des jours meilleurs tant espérés, nous resterions prisonniers de ce sable mouvant qui nous engloutirait probablement et jusqu’aux nuits des temps ! Y a t-il un remède à cela, nous voici empêtré dans ce dilemme que personne n'ose se pencher dessus ne serait ce que pour petit un laps de temps pour définir la source de ce mal qu'il parait insoluble ! Nous réconforter ou nous faire miroiter une petite lueur d’espoir un petit brin de soleil ?ce qu'ils nous disent, allions nous les croire si c'est vraiment la bonne solution ? Ou pour nous cantonner derrière notre frustration nos déceptions ?

Zohra
| 11-02-2018 11:28
Bonjour Monsieur, Au lieu de vous battre sur un pays ruiné, unissez vous pour construire le pays, une fois que le pays est sauvé à ce moment vous pouvez vous battre politiquement sur un pays fort, et là c'est légitime car aujourd'hui votre politique à mentalité sous développées vous êtes en train de détruire tout un peuple Monsieur . Les cruches, il en ya à revendre dans ce pays à prix de diamant. La Cruche en personne

LE NOMADE
| 10-02-2018 23:36
Permettez-moi de vous appeler Ikhlas simplement! Permettez-moi aussi de féliciter la charmante et talentueuse journaliste que vous êtes! J'apprécie vos articles dépourvus de banalités et de futilités!s Vous mettez toujours le doigt là ou ça fait mal. Un journaliste qui tient des propos pertinents,peut se permettre d'être impertinent,non déplaise aux incultes!! PS:pour faire taire les mauvaise langues,je précise que possède à la maison une"cruche" qui vaut de l'or! Bon courage et bonne continuation!

Foued abid
| 10-02-2018 18:51
Vous n avez pas idée sur les richesses de la région de kasserine , la population aurait dû être en prospérité , c triste .

takilas
| 10-02-2018 13:48
Tandis tous les autres centres et locaux des vingt deux autres gouvernorats sont dans un état lamentable et vétustes ; à part celui de la cité Ettadhamen (qui groupe plus d'un million d'habitants, et qui autre que "le tamis qui cache le plein soleil ".

Zohra
| 10-02-2018 10:48
A tous mes respects bien évidemment

Zohra
| 10-02-2018 07:33
Vous avez omis un point très important que vous n'avez pas évoqué. Il y avait des garçons qui avaient risqué leur vie pour sauver beaucoup de filles et ils méritent la médaille de bravoure. Il fallait leur rendre hommage, ils sont l'exemple de courage et bon sens. Au lieu de se lamenter sur l'état des établissements il faudrait se rendre à l'évidence que l'état est en faillite Madame. Merci beaucoup

tunisien
| 09-02-2018 22:28
En TUNISIE il n’existe pas de stratégie pour l'avenir bref on vit le jour au jour