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Béji Caïd Essebsi spectateur de l'effritement de Nidaa Tounes…
01/11/2015 | 18:00
5 min
Béji Caïd Essebsi spectateur de l'effritement de Nidaa Tounes…

Les événements au sein de Nidaa Tounes se sont précipités à une vitesse vertigineuse durant ces dernières quarante-huit heures. De quoi faire planer des menaces, plus que jamais sérieuses, sur l’avenir du premier parti du pays et celui qui contrôle le pouvoir en Tunisie.

 

La crise, qui couvait depuis plusieurs mois déjà, vient de connaitre son apogée aujourd’hui. Après une accalmie de 24 heures dans les tensions vécues par le parti, la scène politique a été marquée, en ce dimanche matin, par la nouvelle d’affrontements violents entre le service de sécurité de Nidaa et « des personnes étrangères au parti venues pas bus pour empêcher la tenue de la réunion du Bureau exécutif de Nidaa dans un hôtel à Hammamet », selon un communiqué des membres présents à ladite réunion. Dans des réactions immédiates, on accuse immédiatement Hafedh Caïd Essebsi et Ridha Belhaj d’être derrière les troubles. L’autre camp se défend et affirme que ce seraient au contraire les membres du bureau exécutif qui sont derrière les violences au sein de la réunion d’aujourd’hui.

 

La semaine passée, les tensions étaient déjà à leur comble lorsque des dirigeants de Nidaa et non des moindres, à savoir le président, le secrétaire général et le porte-parole officiel révèlent avoir reçu des invitations, sous forme de convocation par huissier en vue d’assister à une réunion du Comité constitutif, un certain mardi 3 novembre 2015. Criant au scandale, les membres dirigeants récipiendaires de cette invitation, ont négativement réagi et annoncé qu’ils refusent ce genre de procédés et affirmé qu’ils n’assisteraient pas à une telle réunion.

Plus encore, le secrétaire général appelle à une réunion pour aujourd’hui dimanche 1er novembre 2015 à Hammamet. Et entretemps, Hafedh Caïd Essebsi publie un statut dans lequel il crie à la manipulation et dément l’envoi d’une telle « convocation ». Mais, Boujemâ Remili, porte-parole officiel et Mohsen Marzouk, secrétaire général de Nidaa, confirmeront l’information et affirmeront qu’ils on bien reçu la notification par huissier de justice.

 

Malgré les tensions, on ne pouvait s’attendre au débordement qui a éclaté aujourd’hui. Réagissant à chaud,  le dirigeant de Nidaa Tounes, Faouzi Elloumi, a assimilé l’attaque contre la réunion du bureau exécutif du parti, annulée aujourd’hui, à « un acte terroriste », le comparant aux violences perpétrées par les Ligues dites de protection de la Révolution.  Intervenant sur Shems Fm et sur Jawhara Fm au sujet des violences qui ont éclaté aujourd’hui, dimanche 1er novembre 2015, M. Elloumi a déclaré que « ce qui s’est passé aujourd’hui n’a aucun rapport avec Nidaa Tounes », accusant par la même « des milices payées et ramenées par bus pour s’attaquer à la réunion et empêcher sa tenue, et ce sur instigation de Hafedh Caïd Essebsi et Ridha Belhaj».

 

Selon les dires de Faouzi Elloumi, « Ils [les assaillants] appartiennent au camp de Djerba et ont été payés pour foutre le trouble », a-t-il dit précisant que la réunion tenue par le camp de Hafedh Caïd Essebsi à Djerba, le 18 octobre, a réuni quelques cadres de Nidaa, mais plusieurs membres extérieurs au parti. « Ceux qui veulent faire un coup d’Etat au sein du parti ont fait leur cinéma parce qu’ils n’ont aucune popularité », a-t-il dit.

 

Dans l’autre camp, Abdelaziz Kotti affirme de son côté, dans une déclaration à Business News, qu’il a été lui-même, ainsi que des élus du parti, empêché d’assister à la réunion étant donné que des milices se sont interposées et leur ont barré l’accès à l’aide de bâtons. « Les milices sont dirigées par le député Walid Jalled, muni lui-aussi de bâton », dit-il. Et d’ajouter que « Mohamed Ennaceur et Mohsen Marzouk ont commis une grave erreur en appelant à cette réunion du dimanche qui constitue une provocation flagrante à l’encontre des militants de Nidaa, et que les accusations portées contre Hafedh Caïd Essebsi et Ridha Belhaj sont infondées ».

 

Nous avons contacté un autre dirigeant à Nidaa et opposant au courant de HCE : Lazhar Akremi. Ce dernier n’y est pas allé par quatre chemins en accusant nommément Hafedh Caïd Essebsi et Ridha Belhaj d’être derrière toutes les perturbations survenues ces derniers temps.

 

Et ce n’est pas fini. La réunion, interrompue le matin,  a pu se tenir, quelque temps après, à un endroit différent où les participants auraient mis au point une lettre adressée au président de la République lui demandant de prendre les mesures qui s’imposent envers Ridha Belhaj, directeur du cabinet présidentiel, dans le sens où il devrait arrêter d'user de sa double casquette en prenant parti pour un camp contre un autre au sein de Nidaa.  Plusieurs rumeurs ont circulé quant à un éventuel limogeage de M. Belhaj suite à cela. Rumeurs qui ont rapidement été « catégoriquement » démenties  par la présidence de la République.

 

Face à tout cela, le président de la République, Béji Caïd Essebsi fondateur du parti, a été étrangement silencieux. Un silence qui n’a pas manqué d’étonner les analystes, dans le sens où toute perturbation au sein de ce parti aura des répercussions inéluctables sur le rendement et le fonctionnement du gouvernement et, par voie de conséquence, sur la gestion des affaires du pays.

En effet, les mêmes observateurs estiment que BCE devrait user de son influence et de son autorité morale afin de remettre de l’ordre au « bercail » et éviter, ainsi, un éventuel effritement de ce parti. Un effritement prévisible que plusieurs avaient redouté, voire carrément prévu, après l’élection présidentielle. On avait assuré, à l’époque, que Nidaa Tounes valait beaucoup plus par la personnalité et le charisme de son président fondateur que par ses structures et sa cohésion.  Cette thèse est-elle en train de prendre forme et de se confirmer ? Tous les indices actuels le laissent entendre et d’aucuns se demandent si la rupture et la scission de ce parti n’est pas imminente.

 

Les bruits qui ont filtrés de la réunion d’aujourd’hui laissent entendre que deux blocs à part verront le jour au sein de l’Assemblée des représentants du peuple et qu’un nouveau parti, émanant de Nidaa, verrait bientôt le jour. On n’en est pas encore là, mais dans le cas d’espèce, quelles seront les retombées de l’alliance avec Ennahdha et quel avenir du paysage politique et partisan en général ?

 

 

01/11/2015 | 18:00
5 min
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Commentaires (29)

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TMT
| 03-11-2015 11:50
Je vous dis d'entrée que BCE n'est pas né de la dernière heure et toute tentative de le mouiller ne saurait aboutir
Voila je pense comme d'autres gens sincères qu'à travers son fils on vise le paternel
Qestios1/de quel droit juge t on le président sur ses intentions uniquement?
2/de quel droit se permettrait on de refuser à son fils de faire la politique à l'instar de tout citoyen qui se respecte
Ne pensez vous pas que ce genre de réactions montrent que l'on a toujours pas digéré le Destour et qu'il nous faut beaucoup de temps et de patience pour la nouvelle pendule à l'heure?
Enfin si vous pensez que la solution des problèmes de NT en premier et du pays en général réside dans l'écartement de HCE,je pense que l'intéressé hésiterai pas à tirer sa révérence à la politique

Rifal
| 03-11-2015 10:59
Merci pour tes encouragements.
Nous avons choisi de ne pas nous contenter d'être de simples spectateurs et de faire au mieux pour alerter de façon constructive.
Jeune, j'ai également travaillé avec Bourguiba et assumé de hautes responsabilités publiques et politiques.
Bourguiba, au temps de sa plénitude, était une grande école (d'exemplarité, de travail pour l'intérêt national et d'apprentissage de la vie publique et politique ( avec ses joies et ses revers nécessaires à toute expérience) et j'ai beaucoup appris ( et je ne finis pas d'apprendre) de la gestion des hommes et des femmes, de la famille, de la société et des enjeux géopolitiques. A l'arrivée de Ben Ali au pouvoir, j'ai quitté le pays et la vie en Europe a été bien simplifiée justement grâce à cette école Bourguibienne dont j'évoque souvent l'expression à chaque fois que je devais dépasser une étape relativement compliquée.. En d'autres termes, cette école m'a simplifié ma nouvelle vie professionnelle, publique et même politique en dehors de la Tunisie ( élu local et régional au suffrage universel).
J'ai pu ensuite, après de longues années, retourner en Tunisie sans problèmes et j'ai choisi de ne faire partie d'aucune formation politique et de n'avoir aucune ambition politique tant que nos élites n'auront pas compris que les temps ont changé et que toute démocratie ou transition ne pouvait se passer d'un autre « cheminement de l'esprit » chargé d'un minimum d'honnêteté intellectuelle et morale qui font l'exemplarité des dirigeants que vous avez également évoqué dans votre dernier post. Ce n'est pas encore le cas pour un certain nombre d'entre eux de l'échiquier politique). A force de tout vouloir prendre, ils risquent de tout perdre et d'entrainer, par conséquence, le pays dans une hasardeuse aventure. Voilà pourquoi, je suis réellement inquiet pour notre économie et notre qualité de vie à court et moyen terme tout en étant convaincu que la Tunisie s'en sortira mais à quel prix et quelle perte de temps.
A notre niveau, notre job se contentera d'analyser et d'alerter de façon constructive et dans l'intérêt de tous. En espérant le faire sans erreur car le doute en soi, partagé à l'espérance, est toujours de mise.

canalou
| 03-11-2015 09:54
Nidaa est une victoire d un peuple qui a peur pour son independance et qui veut la preserver contre vent et marees . Nous sommes tous les soldats de la mere patrie . Vous n avez pas le droit de deprimer .Nous sommes en guerre pour l avenir de nos enfants . Ce qui se passe a nida TOUNES est une repetition de ce qui s est passe en 55 avec la division du parti avant le congres entre yousfistes et bouruibistes avec la victoire des bourguibistes .Soyez patients ,toute tentative de division et de guerre civile est a eviter . Le congres va resoudre ce probleme mais il faut s attendre a une reaction des mauvais perdants . Ce qui se passe aujourdhui est une manipulation externe turque et interne .NE TOMBEZ PAS DANS CE PIEGE . tahya tounes

Slaheddine
| 03-11-2015 08:15
Il avait juré devant le tombeau de Bourguiba ( qu'il implorait pour avoir les voix des destouriens ) de ne pas trahir sa ligne politique libérale et respecter les principes de dignité .il est tombé dans le panneau du fils indigne et du jeu intelligent et discret de Nahdha.
S'il ne retient pas son fils ,le peuple le fera à sa manière .
J'espere en tant que vieux militant ,qu'on n 'arrivera pas à la situation de 1955/1956 e.t au combat fratricide dans le parti du destour entre le président Bourguiba et le secrétaire général Benyoussef . Il y a eu des centaines de morts . ALLAH y3fina

Thoura
| 02-11-2015 21:16
Le fond de la crise de ce parti a commencé des la propulsion de HEC.j'ai adhéré à nida tounes avant lui. Il se trouve aujourd'hui membre du comité constitutif.vraiment il y a de quoi se poser des questions.N'a t il pas par ailleurs tenter d'imposer l'adjonction de Karoui à comité constitutif. Aujourd'hui ce comité N'a plus de raison de continuer à exister après les élections et après le départ du vrai fondateur BCE.La logique est de laisser le bureau exécutif coduire le parti jusqu'au congrès qu'il doit organiser.

Famous Corona
| 02-11-2015 20:01
A force de vouloir minimiser le problème, la situation s'est gravement détériorée au point de conduire le parti droit dans le mur faisant ainsi plusieurs milliers d'heureux essentiellement islamistes qui doivent se régaler de l'état du parti qui leur a arraché le pouvoir des griffes. La seule mesure permise à BCE: Geler HCE et MM de leur poste de dirigeants au sein de Nidâa Tounes et ce pour avoir privilégié leurs intérêts au détriment des intérêts du pays!!! C'est la seule manière qui réglera le problème de façon radicale et définitive.

Tunisien
| 02-11-2015 18:55
BCE demande à ton fils de s'effacer! La Tunisie a besoin d'un parti issu d'élection . Arrêtons ce cirque !!

Nephentes
| 02-11-2015 16:01
Quel hallucinant contraste entre le niveau de la vie politique des années 70 et celui d'aujourd'hui !!

Quelle obscène désintégration des orientations politiques et intellectuelles au profit de gangs de minables véreux !

Bourguiba le Grand avait su fédérer autour de lui de véritables intellectuels , de véritables responsables de la vie publique dévoués leur vie durant à l'édification de leur patrie, souvent sans même penser à leur confort matériel ou à leurs avantages personnels !!

Des milliers d'instituteurs , de professeurs, de fonctionnaires,de hauts cadres,d'ingénieurs sillonnant le pays et semant partout l'espoir, la certitude,de l'édification d'une société prospère basée sur le mérite et le travail !!

L'amour du travail et de la culture, qui faisait dire à Jean Daniel qu'il n'avait vu nulle part au monde de taxistes aussi érudits qu'à Tunis !

Le bourgeonnement dans les années 60 et 70 d'une jeunesse élégante, raffinée,pleine de joie de vivre ouverte au monde et conquérante, sûre de bâtir une société du Savoir, du Mérite et de la Tolérance !!

Tunis, Sfax, Sousse, s'illuminaient la nuit de cafés et de rendez vous mondains resplendissants de raffinement, de culture, d'intelligence et de joie de vivre !

Nos diplomates rayonnaient littéralement dans les salons et les manifestations internationales,la Tunisie appartenait presqu'à l'Europe et attirait les intellectuels et les professeurs d'université français, américains,sénégalais et algériens !

Seul un retour intégral aux valeurs concrètes du Bourguibisme -car ces valeurs sont tout ce qu'il y a de plus tangible- peuvent en réalité sauver ce pays devenu un repère de malfrats de bas étage.

Le bourguibisme des années 60 et 70 ne fut pas seulement un mouvement politique : ce fut l'adhésion, l'élan de tout un peuple vers la construction saine et confiante de son avenir

Parce qu'à la tête du pays ,au cours de ces deux décennies, il y avait un grand homme, un homme de culture et de principe
qui avait la Tunisie aux tripes et qui était réellement disposé, lui et ses compagnons, dans les années 40, à mourir le c'ur joyeux et la nuque raide du combattant, à mourir pour sa Patrie, sa raison de vivre.

Comparez donc chers compatriotes ce géant aux sales petites frappes qui se prétendent aujourd'hui "responsables politiques".

Bourguiba déclinant puis la sale petite frappe benali sont passés par là

pit
| 02-11-2015 15:55
les méthodes employées ressemblent fort à celles utilisées par la clique de la troïka aidée par les fameuses LPR...Nidaa serait-elle infectée par Ennahdha ???

Nephentes
| 02-11-2015 15:27
Votre commentaire est excellent

je souhaite que des auteurs de niveau tel que vous interviennent plus souvent

Je voudrais si vous permettez souligner le caractère incroyablement minable et irresponsable de ces deux "factions" - gangs, plutôt- au sein de Nida

Il s'agit tout de même de supposés dirigeants !!

N'avons nous pas réellement affaire à des malfrats en bonne et due forme plutôt que des politiciens appelés effectivement ou potentiellement à la gestion de la chose publique ?