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Béji à l’ouverture du congrès de Nidaa : Deux propositions très liées malgré les apparences
Par Sofiene Ben Hamida
07/04/2019 | 15:55
3 min
Béji à l’ouverture du congrès de Nidaa : Deux propositions très liées malgré les apparences

Lors de son allocution d’ouverture du premier congrès de Nidaa, le président fondateur du parti Béji Caïd Essebsi a fait deux annonces essentielles. La première concerne sa personne et ses intentions concernant la prochaine élection présidentielle. La seconde concerne le chef du gouvernement Youssef Chahed. Les deux annonces semblent n’avoir rien en commun en apparence. Mais à voir de plus prés, elles sont très liées ensemble et on pourrait même interpréter le discours du chef de l’Etat samedi à Monastir comme une corrélation entre les deux annonces : l’une ne peut se vérifier que si l’autre est exécutée.

 

La première annonce concerne donc la prochaine élection présidentielle. A ce propos, Béji Caïd Essebsi a déclaré qu’il ne souhaite pas se présenter pour un second mandat. Bien entendu, il rappelle que sa candidature ne présente aucun problème sur le plan constitutionnel et qu’il est encore tôt pour prendre une décision définitive. Mais il affiche clairement sa préférence pour prendre sa retraite et laisser la place à plus jeune que lui pour gérer les affaires de l’Etat. En réalité, la position du chef de l’Etat n’est pas nouvelle. Il avait laissé planer le doute sur sa volonté de se présenter pour la prochaine élection présidentielle lors d’une interview accordée il y a deux semaines à un journal international arabophone. Ce qui l’est par contre, c’est son insistance pour partir devant les congressistes de son propre parti politique qui devait, croit-on savoir, adopter une motion appelant Béji Caïd Essebsi  à se présenter pour un second mandat présidentiel. En substance, le chef de l’Etat les a appelé à ne pas voter cette motion et laisser la porte ouverte à d’autres scénarios possibles.

 

L’un de ces scénarios est justement de voir le chef du gouvernement, Youssef Chahed réintégrer Nidaa et se présenter à la prochaine élection présidentielle sous sa bannière. Le chef de l’Etat ne l’a pas dit clairement lors de son allocution devant le congrès du Nidaa. Mais sa proposition insistante de lever le gel des activités de Youssef Chahed prise en septembre dernier laisse supposer  que Chahed pourrait être le candidat de Béji lors de la prochaine présidentielle.

 

De toute évidence, ce coup a été fomenté en catimini par le chef de l’Etat. Les cadres du Nidaa semblent surpris par la proposition de leur chef mais ne peuvent que se plier à sa demande, d’autant plus que dans les rangs des congressistes, une majorité évidente se dégage en faveur du retour au bercail du chef du gouvernement. Ce dernier continue de se murer dans son « silence aristocratique » comme le dit l’observateur politique Ali Mhadhebi, ce qui n’est pas sans créer la zizanie au sein de ses partisans transfuges. Il n’est pas exclu d’ailleurs que parmi les objectifs de la proposition annoncée par le chef de l’Etat concernant le chef du gouvernement, il existe une volonté maligne d’arracher le nouveau parti de sa zone de confort dans laquelle il semble s’installer, aidé par des sondages largement en sa faveur.

 

En résumé donc : Béji est prêt à quitter Carthage à condition que Chahed réintègre Nidaa. C’est un deal gagnant-gagnant puisqu’il permet au chef du gouvernement de se présenter à la prochaine élection présidentielle avec le soutien de Nidaa et de son président fondateur ce qui est de loin plus attractif que de se trouver le candidat du parti islamiste. De son côté, Nidaa assure par ce deal le leadership de la mouvance centriste dans le pays. L’annonce de Béji concernant l'élection présidentielle est directement liée donc à son annonce concernant la réintégration de Chahed. 

Par Sofiene Ben Hamida
07/04/2019 | 15:55
3 min
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Commentaires (7)

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Amilcar
| 08-04-2019 16:17
C' est un deal bon pour le combinard malin Beji. D' une pierre, croit ilfaire plusieurs coups.. Idéalement pour lui c ' est sa vision pour sortir par la grande porte en reluisant Nidaa, en préservant fiston au chaud à Nidaa subitement revigoré et au passage en dammant le.pion à Nahdha en lui raflant son poulain...
M" etonmerai que cela se passe de même. Le corps politique au pouvoir est dans un tel etat de décomposition avancé que les essais de sauvetage de ce qui semblerait le moins atteint par la pourriture que cela représente de la fiction cauchemard de la naissance d' un monstre hideux qui fera plonger le pays définitivement dans les Ténèbres

Y.C. Aurait dû démissionner et fonder son parti.. Il ne l à pas fait. Il a préféré l'ambition et la couverture factice d' un pouvoir usurpé de Nahdha à l assemblée des Ratés du peuple.. Des Ratés double zéro qui lui font payer par l' humiliation et le non respect de la bonne conduite de que un député doit être envers le peuple. '? travers Y. C
c' est une insulte et une humiliation de tout un peuple par le manque de considération que les députés majoritaires d' Ennahdha jouent avec le.destin du peuple.

Y.C s' est créé son propre destin celui de s' être rapproché d' Ennahdha à qui il est maintenant redevable..

Que va t il faire?

Continuer avec Ennahdha? . c ' est la descente aux enfers
Contrôle des islamistes. Chahed une marionnette

Lâcher Ennahdha. '?craser son orgueil , son amour propre Accepter la proposition de la main tendue de Bce. ET D'?CLARER Les partis religieux incompatibles avec une démocratie Et réunir les progressistes centristes Est la
Porte de sortie de YC par la grande porte faire amende honorable et reprendre la confiance du peuple!

C ' est la qu' on verra la véritable envergure du bonhomme.

D' un autre côté, il faut que Nidaa fasse le ménage dans ses rangs se débarrasse des collabos et des traîtres. HCE et sa bande doivent s éclipser..

Pas facile.. Mais passage obligé pour dégager Ennahdha. L union obligatoire du centre et droite Patriotique PdL aux commandes..

A défaut d' une réaction Patriotique de Y.C, son timing historique ou jamais , quitte à provoquer une guerre civile thème souvent rappelé par les lâches et pleutres de la mouvance islamistes , Y C est responsable devant les Tunisiens Libres !

'? défaut Abir Moussi à déjà pris sa décision et nous sommes avec elle.
Invitons Yc à faire preuve de bon sens..

.






porte

tounsia2
| 08-04-2019 11:08
Une analyse pertinente avec un raisonnement qui tient parfaitement la route, mais s'il y a une seule idée à retenir, c'est le mot de la fin où SBH parle du deal gagnant- gagnant entre YC et BCE : "C'est un deal gagnant-gagnant puisqu'il permet au chef du gouvernement de se présenter à la prochaine élection présidentielle avec le soutien de Nidaa et de son président fondateur ce qui est de loin plus attractif que de se trouver le candidat du parti islamiste".

En effet, avec 80 % de l'électorat Tunisien anti-islamiste, YC aurait tout à gagner à considérer ce "deal".

Voila pour ma part ce que j'ai retenu le plus et que je trouve de très judicieux dans cette analyse. Comme quoi chacun est libre de retenir les idées qui lui conviennent et/ ou le consolent. . .

Sidi Bou
| 08-04-2019 10:01
Voilà une perpective intéressante de BCE à deux conditions:
- Nidaa et Tahia Tounes se rejoignent en tous y compris tous les militants des deux partis
- Chahed doit s'engager dans aucun cas de figure de s'allier avec les islamistes même au cas de résultat des prochaines élections à 50/50 (Patt).il faut qu'il mène campagne ouvertement contre les islamistes .

TATA
| 07-04-2019 21:04
Un article très interessant et très intelligent!

par contre il n'y a aucun signe d'une causalité ou d'une corrélation (ni positive et ni négative) dans les deux annonces de BCE.

Ce que vous dites:
"on pourrait même interpréter le discours du chef de l'Etat samedi à Monastir comme une corrélation entre les deux annonces : l'une ne peut se vérifier que si l'autre est exécutée."
est d'un point de vue mathématique faux!


Si Sofiene, Veuillez pardonner ma franchise!

observator
| 07-04-2019 20:45
Tout dépend du recul que l on a .
Pour moi les deux points essentiels de son discours sont :
Le changement qu il réclame pour le pays.
L apport de la communauté tunisienne à l etranger dans le changement.
Donc c est clair il pose le problème de la compétence de l élite tunisienne au pouvoir et dont Mr Ben Hmida fait partie.

C est pourquoi ce journaliste n a trouvé d intéressant dans ce discours que la décision de BCE de ne pas se présenter aux élections et le fait qu il souhaite que Chahed soit réintégré au sein du Nidaa.

Personnellement j ai retenu les points de son discours qui interressent le pays.
Mr Ben Hmida ne s' interresse qu'aux problèmes internes au sein du Nidaa.
C est une élite qui vit cloisonnée dans ses certitudes et n a pas le recul necessaire pour sortir de ses gants.
C est le grand problème de notre pays

mansour
| 07-04-2019 19:58
et on l'attendait celle-là,l'union des collaborateurs au pouvoir avec les islamistes freres musulmans salafistes d'Ennahdha pour ne pas tout perdre...

HAtemC
| 07-04-2019 19:08
Foutre toute la merde hors d'état de nuire '?' tourner la page des années 70/80/90/2000 '?' y en a marre des cadors et des passéistes qui ont pris en otage la tunisie y compris ce SBH '?' Tous à la poubelle de l'HISTOIRE '?'.La Tunisie en 2011 a eu RdV avec des requins, des opportunistes, des sociopathes qui voulaient la place du Calife uniquement '?' TUREZ VOUS.
Arrêtez de prendre en otage ce pays '?' ayez la sagesse de vous éclipser '?'
Le Tunisien croit avoir inventer le fil à couper le beurre et inauguré les printemps zarabes '?' or c'est l'Algérie qui a montré le chemin et continue à montrer sa maturité '?' On s'en bat les coucougnettes de vos analyses à la con '?' ON VEUT QUE CA CHANGE ET VOUS VOIR TOUS REDUIT AU SILENCE '?'. HC