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Bassesses et injures, maîtres-mots de la campagne présidentielle !
19/11/2014 | 1
min
Bassesses et injures, maîtres-mots de la campagne présidentielle !
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Dans une démocratie, la campagne électorale est censée s’inscrire dans le débat sur les programmes et la réflexion sur les idées. Toutefois, loin de cette conception, certains politiques se rabattent sur des stratégies électorales d’une bassesse inouïe, plutôt que de mettre en avant leurs visions et programmes. Propos diffamatoires, insultes et discours haineux sont pratiquement le lot quotidien de ces politiques pour tenter de jeter le discrédit sur leurs adversaires! Comment ne pas être saisi de stupeur, ou de dégoût, par de tels comportements électoralistes indignes, à l’approche d’une élection présidentielle autour de laquelle un climat malsain a été véhiculé ?


Les exemples ne manquent pas pour illustrer les agissements contestables de ces responsables politiques, à leur tête, les CPR et leurs acolytes sont indéniablement les plus à même de représenter cette caste bien particulière de diffamateurs et d’insolents. A trois jours de l’élection, il est nécessaire de lever le voile sur la recrudescence des insultes et la montée de la vulgarité dans la scène politique.

Samir Ben Amor, membre dirigeant du parti présidentiel CPR ne ménage pas ses efforts, et ses injures, pour s’attaquer au camp « ennemi », à savoir Nidaa Tounes. Tous les coups bas sont permis, le verbe d’une insolence démesurée n’épargne personne (Voir ici : capture Samir Ben Amor). M. Ben Amor met en cause d’une façon insidieuse l’âge du candidat Béji Caïd Essebsi, nous révélant une facette bien culottée de sa personnalité : « Je ne voterai pas pour un cadavre ambulant », lit-on, « Il faut honorer les morts en les enterrant », ou encore « La chaîne Tunisie 7, le sponsor officiel du cadavre numéro 7 ». Samir Ben Amor use donc des attaques personnelles, les plus mesquines, pour salir l’image de ses opposants ! Il faut dire qu’on s’attendait un peu dans le cadre de la campagne présidentielle, à la mauvaise foi la plus complète et aux attaques les plus basses, après la débâcle du CPR aux législatives, au moins on n’est pas déçus !  Et ce n’est pas fini, M. Ben Amor s’attaque aux journalistes, notamment à Mariem Belkadhi, à coup de diffamation, lui rappelant qu’elle était proche du clan Ben Ali. La raison, la journaliste avait attiré l’attention sur le fait que le cortège du candidat à sa propre succession, Moncef Marzouki  comprenait 14 voitures, lors de ses déplacements pour la campagne. La carte « médias de la honte », se rappelle tout de suite au député sortant…

L’autre CPR passé pro des propos diffamatoires, Slim Ben Hamidane assure en public de la grandeur de son candidat, qui a dirigé plusieurs thèses de doctorat, (Voir ici : Slim Ben Hamidane) alors que BCE n’a fait que superviser les tortures, les fraudes et une échoppe de vente d’alcool (sic.). Il nous entraine également dans un délire conspirationniste, dans lequel il compare « les persécutions subies par les forces révolutionnaires » à l’occupation sioniste (Voir ici : Slim Ben Hamidane sioniste)! Les soutiens de Moncef Marzouki déploient tout leur talent, se lâchant et se croyant, autorisés au nom de la campagne, de proférer des grossièretés contre quiconque qui les dérange, alors que Marzouki lui-même assure qu’il a donné la consigne à ses disciples pour s’éloigner de ses pratiques, tout en niant que de tels dépassement aient eu lieu.

L’un des plus grossiers d’entre tous est Yassine Ayari. Le bloggeur controversé fait partie de l’équipe de campagne de Moncef Marzouki. Et pour bien faire les choses, il semble avoir perdu le sens de la mesure et d’un certain savoir-vivre. Sa signature : Ne pas voter pour les « couches », en référence à l’âge avancé de Béji Caïd Essebsi et aux fuites et autres désagréments nécessitant la protection de couches pour adultes (Voir ici : capture Yassine Ayari ). Ces propos contenus dans ses posts Facebook sont tout simplement inadmissibles ! En plus de la teneur scandaleuse de ses attaques à l’encontre d’un candidat à la présidentielle, M. Ayari publie des photos montrant des soient-disant manifestations de soutien à BCE, où les participants portent… des couches ! Les sous-entendus insinués sont, le moins qu’on puisse dire grossiers et déplacés. 


En période de campagne, les camps adverses peuvent, au nom de la polémique électorale, se lancer des attaques, cela fait partie du jeu. Cependant, rien ne pourrait excuser ou justifier ce qui s’apparente ici à une médiocrité innommable ! Le député sortant du CPR,  Béchir Nefzi n’est pas en reste, qualifiant le candidat de Nidaa Tounes de « momie ». La question de l’âge de BCE est un leitmotiv qui alimente les injures de ses détracteurs (Voir ici : capture Bechir Nefzi). Par ailleurs, il tourne en dérision les sympathisants de Nidaa et se positionne en gardien de l’éthique : « Vous les orphelins de l’esclavage, votre maître nous promet un strip-tease. Honte à vous ! », les harangue-t-il. M. Nefzi s’attaque également au directeur de campagne de BCE, Mohsen Marzouk le traitant de lâche et d’apprenti de la momie !

Le frère du président provisoire, Mokhlès Marzouki participe activement à la campagne de dénigrement. Ainsi, il s’attaque au candidat du Front populaire, Hamma Hammami insinuant que le leader de gauche est soutenu par l’argent politique corrompu, tout en comparant la campagne de Hammami à celle, modeste, de son frère (Voir ici : capture Mokhlès Marzouki). Il n’épargne pas non plus de ses invectives, les médias dits de la honte, notamment Business News et son directeur: « Le chiffon odieux de tous les mensonges et manipulations : le Bahloulisme toute une école de vilenies et de veuleries », nous a-t-il gratifié. Passons ! Un dernier exemple, parmi la multitude de bassesse, est celui de Radhouane Masmoudi qui, après avoir publié des résultats de sondages d’opinion et que Business News l’ait épinglé à juste titre, pour dépassement de la loi électorale, a commencé à nier tout en bloc, prenant bien soin d’effacer toute trace du méfait. Après que le pot aux roses ait été découvert, M. Masmoudi se met à parler de police de Facebook et à diaboliser les médias tunisiens, selon lui pro Nidaa Tounes (Voir ici : capture Radhouane Masmoudi). La même rengaine !

Les plus indisciplinés et irrévérencieux lors de cette campagne présidentielle semblent être les CPR. Mais pourquoi tant de haine ? Cela cacherait-il autre chose derrière ? Les débats sérieux, de fonds sont relégués aux oubliettes ! On élève un écran de fumée dans le but de détourner l'attention du public des questions gênantes… Les Tunisiens ont beau espérer une campagne digne, mais depuis un moment les insultes n'ont eu de cesse d'entraver le débat. Le candidat du Courant de l’amour, Hechmi Hamdi au cours de sa tournée a fait aujourd’hui, un discours incitant à la haine entre classes. Sa technique de manipulation, user explicitement d’un populisme poussé à son extrême. Le candidat se fait même appeler « émir », mettant ainsi ses interlocuteurs dans une position de faiblesse, en leur rappelant leur détresse financière et s’érige au final, en tant que sauveur. Hechmi Hamdi va par moments dans la sensiblerie et s’arrache quelques larmes pour émouvoir la présence. Chacun son terrain de jeu en somme ! Un autre fait enregistré aujourd’hui, le communiqué publié par Nidaa Tounes, sommant ses sympathisants de ne plus s’attaquer à la députée d’Al-Massar, Karima Souid. C’est que les aficionados de Nidaa n’apprécient pas la critique, surtout quand celle-ci touche à leur leader Béji Caïd Essebsi ! L’ire des sympathisants contre Mme. Souid, qui a pris position contre BCE, s’est manifestée en insultes racistes et grossièretés sexistes en tous genres, amenant la députée à faire savoir qu’elle portera plainte…

On est en droit d’évoquer une dérive ordurière de la campagne présidentielle. Injures et diffamations, fréquentes et banalisées, et dirigées contre des personnes et non contre des idées, nous amènent à réfléchir sur tout le fonctionnement de la vie politique. La campagne est pourtant un espace-temps crucial pour débattre sur les programmes des candidats. Pendant que les camps se déchirent le débat d’idée est malheureusement relégué au second plan.
 

Ikhlas Latif
19/11/2014 | 1
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