Bahri Jelassi a été l’invité vendredi 29 août de l’émission Tunivisions Live sur Hannibal TV. D’après ses déclarations, il aurait déjà obtenu les 10.000 signatures nécessaires pour se présenter à la présidentielle et il croit sincèrement en ses espoirs de la remporter. Idem pour les législatives. Le président du Parti de l’Ouverture et de la Fidélité (POF) entend gagner quelques sièges au parlement.
Il annonce d’ores et déjà son programme et après avoir promis en 2011 de construire un pont gigantesque reliant la Tunisie à l’Italie, il annonce en 2014 des accords avec la Malaisie et l’Indonésie.
Il réitère sa promesse d’autoriser immédiatement la polygamie car, selon lui, il y aurait deux millions de femmes à la recherche d’un mari, ainsi que plusieurs autres promesses farfelues.

Le passage de Bahri Jelassi sur Hannibal a déclenché une salve de critiques virulentes contre les quatre animateurs de la chaîne, Nizar Chaâri, Emna Ben Jemâa, Meriem Sabbagh et Tayssir Ksouri. La réponse de l’équipe est très simple : « la démocratie t'oblige malheureusement à écouter les voix les plus absurdes. Bahri Jlassi est à la tête d'un parti constitué légalement, il est malheureusement l'unique candidat à la présidentielle à avoir réuni les 10.000 signatures (12.000 même déposées), il est le premier à avoir présenté un programme, obsolète certes mais il l'a publié », a répondu M. Ksouri. « Il faut choisir entre faire du journalisme ou de la politique. Si ce type est dangereux portez plainte, mais entre temps il se présente légalement aux élections législatives et présidentielles et ce n'est pas à nous de décider qui boycotter. Il est plutôt de notre devoir de faire découvrir ses "objectifs" », a répliqué Mme Ben Jemâa.

Les différentes déclarations médiatiques de Bahri Jelassi sont toujours jugées farfelues par les différents observateurs, mais un fait est là, le candidat réussit à convaincre les plus crédules et il y a un grand risque qu’ils soient nombreux. Aucun politique ne le prend au sérieux et aucun n’a appelé à ce qu’il soit exclu des élections, contrairement à ce que l’on entend régulièrement contre les symboles de l’ancien régime. Or les déclarations de Bahri Jelassi tombent sous le coup de la loi et, dans tout pays qui se respecte, il aurait dû répondre de ses actes devant la justice. Idem pour ses grossièretés sur antenne dans certaines de ses apparitions médiatiques.

Si ses appels à la polygamie ne peuvent pas être considérés comme illégaux, ce n’est pas le cas pour ses appels au mariage des petites filles. Le candidat l’a dit clairement (cliquer ici pour voir la vidéo) que les Tunisiennes devraient avoir le droit de se marier jeunes dès 13-15 ans ou même un autre âge plus jeune. En dépit de plaintes déposées depuis le 16 octobre 2012 contre lui, ce candidat farfelu continue à encore à jouir de sa liberté et à courir les plateaux pour annoncer ses programmes dangereux.
Paradoxalement, quand c’est lui qui a saisi la justice, l’affaire a été rapidement examinée bien qu’elle soit des plus risibles. Ça remonte à janvier dernier, Bahri Jelassi a déposé plainte contre l’homme d’affaires Chafik Jarraya suite à une bagarre physique. Parmi ses propos devant le tribunal, il a accusé Chafik Jarraya d’avoir exporté illégalement du fer tunisien pour construire à la Tour Eiffel à Paris. La justice l’a débouté naturellement. N’empêche, et en dépit de ces clowneries, le monsieur réussit à convaincre des Tunisiens de la justesse de sa vision et, d’après lui, il y en aurait au moins 10.000 concitoyens qui lui ont signé leur accord pour se présenter à la présidentielle.

Parmi ses autres déclarations qui devraient alerter les autorités judiciaires « je dépense cent dinars ou cent millions de dinars, c’est pareil pour moi ». Les observateurs les plus avisés ignorent l’origine de cet argent et si sa situation fiscale est en règle ou pas.
Le succès de la transition démocratique passe nécessairement par l’application stricte de la loi contre tout le monde. Au vu de ce qui se passe aujourd’hui avec ce Jelassi, on voit bien que ce n’est pas encore le cas. C’est un cas totalement anormal qui mérite d’être examiné par un staff médical ou par la justice et en urgence vu que quelques jours seulement nous séparent de l’ouverture officielle des candidatures à la présidentielle.