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Chroniques
Avocats, députés, SBS… ces apparatchiks avec une « richa » sur la tête !
31/10/2016 | 15:55
5 min

 

A l’actualité cette semaine, le démarrage des Journées cinématographiques de Carthage. Le fait même que ces journées perdurent est un signe que la Tunisie n’est pas perdue, qu’il y a de l’espoir en ce pays. Peu importe la désorganisation observée ici et là, la mentalité des « copains d’abord » qui continue à étouffer certains membres du comité organisateur, l’essentiel est que Carthage continue à abriter ses JCC, que les Tunisiens continuent à aimer le cinéma, à aimer l’art, à aimer la vie.

 

L’autre actualité de la semaine, c’est la polémique autour de la Loi de finances qui continue, mais quasi exclusivement autour des articles 31 et 32 relatifs à certaines professions libérales. Les avocats sont montés au créneau, ils ont observé une grève et annoncé une semaine de colère. Au vu de l’historique militant des avocats, et de leur poids sur la scène politique tunisienne depuis des décennies, ces actions ont été assez suffisantes pour intimider le pouvoir. Béji Caïd Essebsi reçoit Ameur Mehrezi le bâtonnier, Youssef Chahed le suit dans la foulée et il est désormais question de revoir les articles en question. Il est probable, très probable, que les avocats obtiennent ce qu’ils veulent, c'est-à-dire un taux d’imposition sur leurs revenus inférieur à celui des autres contribuables.

L’égalité de tous envers les lois attendra. Une autre révolution peut-être.

 

En Tunisie, pour désigner ces personnes qui sont au dessus des lois, on dit qu’ils ont une « richa » sur la tête. « Richa » signifiant plume. Un peu comme ces chefs de tribus amérindiennes. A la différence que, chez nous, tout un chacun s’estime « chef », supérieur aux autres, non concerné par les lois de la cité. Et si l’on oblige ce « tout un chacun » à se soumettre aux lois, et bien on se débrouille pour changer la loi qui dérange nos chers « chefs ».

La polémique liée aux avocats n’est qu’un épisode de ce feuilleton de « lois » pondues à la taille des bénéficiaires. « Il y a de l’argent qui est donné pour les lois », a déclaré en juin dernier la députée Samia Abbou qui maintient actuellement le silence total quand il s’agit d’une loi qu’on cherche à faire tordre pour servir ses confrères avocats.

De l’argent donné pour servir une corporation, un groupement d’intérêts ou une profession, cela est courant dans toutes les démocraties. Le lobbying a été uniquement créé pour et autour de ça. Certains lobbys sont plus puissants que d’autres, comme celui des armes aux USA ou du sucre en France.

Le souci n’est pas en l’existence des lobbys, mais dans la rétribution des députés par ces lobbys pour servir les intérêts de telle ou telle corporation, aux dépends de l’intérêt public et collectif. Le souci le plus grave et le plus inquiétant demeure cependant le silence des autorités quand le pot aux roses est découvert ou que l’argent nauséabond se laisse sentir. Dans les démocraties, quelque soit le nom de l’homme ou femme politique impliqué dans de telles affaires, il est immédiatement pointé du doigt, rejeté par son parti et écarté de la scène politique. Il est considéré comme un malpropre avant même que la justice ne se prononce sur son cas.

 

En Tunisie, les scandales se suivent et se ressemblent, sans que rien ne change. Les avocats sortent crier à visage découvert pour réclamer un traitement préférentiel. Sihem Ben Sedrine, présidente de l’IVD, a violé plus d’une fois les lois existantes, a refusé d’exécuter des décisions de justice, mais elle continue quand même à siéger envers et contre tous.

« De l’argent nauséabond est versé pour cette loi », s’est écrié Mme Abbou pour tirer la sonnette d’alarme. C’était en juin. En septembre, elle revient à la charge : « certains députés auraient reçu de l’argent pour aider à faire passer des lois à l’avantage d’hommes d’affaires ». Que s’est-il passé depuis ? Le parquet a ouvert une information judiciaire sur des présomptions de corruption au sein de l’Assemblée, Mme Abbou a été auditionnée et on attend encore la suite et les résultats de l’instruction, entre les mains (parait-il) d’un juge d’instruction du pôle financier judiciaire.

Ailleurs, dans une démocratie qui se respecte, cette instruction et ce scandale auraient dû inciter les députés et les hommes politiques à se calmer. Chez nous, on ne se fait même pas plus discret !

 

A l’actualité cette semaine, une information jugée non importante (et elle ne l’est pas en effet) a été passée sous silence par les médias. Le chef du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, Sofiène Toubel, est parti en voyage à Paris où il a eu une série de rencontres. Dans l’une des photos de ce voyage, on le voit avec un lobbyiste tunisien vivant en France, connu pour son vocabulaire ordurier et son bling-bling, mais aussi pour ses accointances avec des chefs d’Etat peu recommandables et des hommes politiques aux nombreuses casseroles judiciaires. Son nom est cité dans les Panama Papers, ce qui devrait théoriquement alerter les autorités judiciaires tunisiennes, mais également françaises qui prétendent lutter contre le terrorisme et le blanchiment d’argent.

Le même Sofiène Toubel était confronté il y a quelques semaines à son collègue de Nidaa Tahar Battikh qui évoquait sur Express FM les ingérences externes dans le travail du bloc parlementaire de la part d’hommes d’affaires corrompus. Il précise qu’il y aurait entre 10 et 15 députés qui prennent leurs ordres du dehors du parti. M. Toubel en ferait partie et il serait même leur chef, d’après M. Battikh.

 

Ces accusations sont publiques, celles de Samia Abbou le sont également, tout comme celles de plusieurs membres de l’IVD à l’encontre de leur présidente, mais rien n’a changé, personne n’a été condamné, ni même mis en examen. Les médias ont fait leur travail, ils ont dénoncé et, en retour, nous avons eu droit au mépris (au meilleur des cas) ou à l’intimidation et la menace (comme pour notre cas lors du traitement de l’affaire de Toubel, pas plus tard qu’hier) voire les procès fallacieux (comme pour notre cas lors du traitement des casseroles de SBS).

Ce silence des autorités, cette intimidation des lanceurs d’alerte et des médias et ce sentiment d’impunité de ceux qui ont une « richa » sur la tête ressemblent comme deux gouttes d’eau à l’Italie des années 1990 et Chicago des années 1920 du temps de la mafia.

Avant la révolution, on se plaignait de la mafia autour du pouvoir qui contournait la loi. Après la révolution, ce sont des mafias qui se trouvent dans le pouvoir et qui font carrément la loi !   

31/10/2016 | 15:55
5 min
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Commentaires (17)

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Tunisienne
| 01-11-2016 14:24
Bonjour Madame,

Puisque BN n'est pas en mesure d'authentifier les intervenants, je vous prie d'éviter d'utiliser ce pseudo qui est celui sous lequel je m'exprime habituellement !

Merci beaucoup de votre compréhension !


Bonne journée !

G&G
| 01-11-2016 12:27
Mais je ne vois pas mon message adressé à Nizar.

B.N : Votre commentaire a été publié.

open-sky
| 01-11-2016 10:22
" un lobbyiste tunisien vivant en France, connu pour son vocabulaire ordurier et son bling-bling,"
Puis je avoir le nom de ce type SVP

G D ID
| 01-11-2016 08:30
Le fait que mon commentaire d."hier s'est envolé comme une plume dans les courants d'air de vos bureaux confirme son contenu à savoir que la " RICHA" plantée sur la cabosse de la profession.
@Monsieur Bahloul:Un grand coup de PLUMEAU s'impose du côté de vos modérateurs qui laissent passer tout ce Qu'envoie le "Préposé aux insultes et aux vulgarites" sur ce site:j'ai nommé Hatem Chaieb .
Je vous salue Monsieur BAHLOUL.

Réponse BN : L'unique commentaire envoyé sous cet article a été publié avec un retard que nous regrettons. Si vous en avez envoyé un autre, merci de le poster de nouveau.

tunisienne
| 01-11-2016 04:09
Quelle est relation entre makhlouf et imed dghij????????. Les deux discutent ensemble sur la page de ID. C'est une taupe??? J'y comprend plus rien! C'est un gars de himyet el thawra ou quoi!!!!! Peut -être c'est pour cette raison qu'il a été exclu !!!!essayez svp,en tant que journalistes d'investiguer un peu pus

G&G
| 01-11-2016 01:16
Nizar découvre le Lobbying tunisien comme s'il vit dans une autre planète.
En présence des lobbys la Tunisie demeurera un pays arriéré.
Chez les civilisés, ce sont les lois qui créent des lobbys qui poussent leur pays vers l'avant. Par contre chez nous ce sont les lobbys qui créent les lois pour tirer leur pays vers l'arrière.
Allez voir du coté du Conseil de l'ordre des pharmaciens qui impose le numerus clausus pour faire barrages aux jeunes diplômés.
Allez voir du coté du conseil de l'ordre des médecins qui parvient à chasser un ministre voulant lutter contre la corruption dans son secteur.
Allez voir du coté du conseil de l'ordre des avocats qui avaient tenu tète à Ben Ali en 2008 en imposant une loi interdisant au conseiller fiscal d'exercer la profession d'expert auprès des tribunaux en laissant dans la rue les ressortissants de l'Ecole Supérieure de fiscalité.
Mais encore pis chez le lobby des journalistes qui semble avoir été évité par vos soins.
Non monsieur Bahloul. Le Tunisien calcule bien et ne se trompe jamais.
En tout cas le seul proverbe appris par coeur par le Tunisien est: " Après moi le déluge"
Un proverbe que j'ai tant adoré et adopté le 14 maudit après 35 années de militantisme évaporées en un clin d'oeil.

G&G
RCDiste et fier

Famous Corona
| 31-10-2016 23:45
Belle illustration de la situation dans le pays! On ne pouvait espérer mieux! Cette sensation que les maffieux bénéficient de l'immunité revient systématiquement comme si leur(s) protecteur(s) leur disaient avant chaque délit: Allez-y sans crainte, vous êtes couverts.....
Résultat: Nous assistons à un bal ininterrompu de violation des lois, effractions, délits suivis de depôts de plaintes qui mystérieusement demeurent sans suite en citant quelques noms: Ali Larayedh, Slim Ben Hmidène, Mencef Marzouki, Imed Daymi, Sihem Ben Sedrine, Chafik Jarraya, Hammadi Jbali et j'en passe.....,qui à ce jour jouissent de l'impunité la plus totale allez savoir pourquoi et comment??!!

Abel Chater
| 31-10-2016 21:35
Sauf que, je ne sais si tu étais bien informé au sujet de la gestion de l'IVD sous la vigilance de sa cheffe Sihèm Ben Sedrine !!!
Mon ami tu parles de la gestion de, je crois 25.000 (vingt-cinq mille) employés dans la jurisprudence tunisienne, liée aux normes de la loi internationale concernant les Droits de l'Homme.
25.000 cafés avec un morceau de gâteau, coûtent au moins 100.000,-d (cent mille dinars) à une moyenne de 4,-dinars seulement par personne. Et ce n'est sûrement pas Sihèm Ben Sédrine qui s'occupe de l'administration de ces dépenses, ni qu'elle s'occupe de la comptabilité de l'IVD. Sihem Ben Sedrine supervise le déroulement des grandes lignes de principe de l'IVD. C'est pour cela qu'elle trouve une grande difficulté avec ceux qui ne veulent pas se tenir aux règles juridiques de l'IVD. Eux-mêmes qui renversent les rôles et sabotent Sihèm Ben Sedrine dans l'idée de s'innocenter, comme si l'état tunisien dormait sur ses deux oreilles ou qu'il ne connaisse pas la vérité et la réalité des choses.
Je ne pense nullement t'influencer, ni te corriger, mais néanmoins, je t'exhorte à nous rédiger un de tes beaux articles concernant l'IVD de l'intérieur, par le biais d'une recherche sur terrain, non pas en ne te basant que sur de commérages unilatéraux.
Bonne continuation.

DHEJ
| 31-10-2016 20:33
Elle développe une Énergie qui place celui qui la porte à un niveau par rapport à la loi et c'est L'Énergie Legitielle ...


Alors à qui s'adresse lez critiques? Bien sûr au ministère public et ses représentants et substituts ... Comme le Ghazi JERIBI ...


Mais comme ce ministère public est en mal de portance ou vitalité comme l'appelait Maurice HORIOU, la Justice ne saura échapper aux trous obscures ( noirs) comme écrit dans le code pénal ...

Forza
| 31-10-2016 20:28
Puisque le président se dépêche d'accueillir leur représentant.
Aussi le corporatisme des avocats députés joue en leur faveur et ce n'est pas seulement Abou (Tayyar) mais aussi Bochra Belhadj Hmida de Nidaa, qui demande l'exonération d'impôts pour 5 ans pour les jeunes avocats (et pourquoi pas pour les jeunes médecins, ingénieurs, comptables ou menuisier etc.) et Labidi d'Enandha qui demande aussi des privilèges pour les avocats. Ils oublient tous leur appartenance idéologique et font ensemble du lobbyisme pour leur corps de métier et perdant est le contribuable lambda. Marouan a promis de suivre et d'analyser les positions de tous les députés concernant ce projet de loi de finance, c'est une très bonne idée.

Pour Carthage est-il nécessaire d'avoir un tapis rouge alors que la chaussée est pleine de trous et beaucoup de femmes perdaient en conséquence leur équilibre et tombaient, si tapis rouge, le reste doit aussi être parfait même si beaucoup des invités ne méritent pas vraiment le tapis rouge, voir la critique de Soussen Maalej par exemple.