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Chroniques
Aux mains sales, les Tunisiens répondent par le doigt… propre !
06/05/2018 | 12:36
2 min

 

Par Nizar Bahloul

 

Allez voter ! Allez voter ! Allez voter ! La majorité des hommes et femmes politiques, des médias et des leaders d’opinion ne cessaient de répéter cette directive civique, mais les Tunisiens ont été d’un autre avis ce dimanche 6 mai 2018 à mi journée, pour les élections municipales.

 

Dégoûtés par les promesses non tenues depuis 2011, date des premières élections démocratiques post-révolution, et encore plus dégoûtés par celles de 2014, les Tunisiens ont préféré passer leur dimanche comme d’habitude en vaquant à leurs occupations ordinaires : marché, courses, grand-ménage, cuisine, balades. Bref, tout sauf aller voter. « A quoi cela servirait ? De toute façon, ils ne vont rien changer, ils sont tous menteurs, ils sont tous voleurs et, au mieux, ils sont incapables ! ». C’est ce que l’on entend ici et là parmi les jeunes rodeurs de café qui préfèrent siroter leur capucin et fumer leur cigarette que d’aller voter. « Je préfère garder mon doigt propre », nous dira l’un d’eux, allusion à l’encre bleue dont chaque électeur doit enduire le doigt au moment du vote. D’après l’Instance supérieure indépendante des élections, le taux de participation varie entre 9 et 10% à 11h. En 2014, ce taux était de 25% à 10h et de 50% à 16h. Pour aujourd’hui, et au vu de l’affluence trop faible à mi-journée, on ne devrait pas dépasser les 25%.

 

Ce que l’on a constaté à mi-journée mène à une seule conclusion : les Tunisiens n’en ont rien à faire de la chose démocratique, ils n’ont plus confiance en leurs politiques. Ces mêmes politiques qui crient sur tous les toits qu’ils combattent la corruption et qui ont les mains propres sont les mêmes qu’on attrape la main dans le sac des mensonges, de la fraude électorale, voire de la fraude tout court. En pleine campagne électorale, et à trois jours du vote des Municipales, le juge Sofiène Selliti lance un pavé dans la mare en indiquant que certains députés sont suspectés de crimes financiers. Leur immunité parlementaire les fait bénéficier de toute instruction judiciaire. Elle ne les préserve cependant pas des « procès » des médias qui ont tout de suite relayé les propos de M. Selliti, ni des « verdicts » populaires qui les a condamnés au déficit de confiance. La sentence est prononcée et le couperet est tombé ce 6 mai. Ce taux d’abstention manifeste une réelle colère populaire. Le peuple tourne le dos à ses politiques et à la démocratie tout court. Les politiques retiendront-ils la leçon ? Nous connaissons un peu trop bien nos hommes et femmes politiques, ils n’en retiendront aucune ! Dès demain, les vainqueurs vont pavoiser fiers de leur classement et de leur élections avec si peu de voix. Le taux d’abstention élevé sera oublié et ils dirigeront les conseils municipaux comme s’ils avaient obtenu un blanc-seing massif, parce que la démocratie ne prend en considération que ceux qui votent, jamais ceux qui s’abstiennent.

 

06/05/2018 | 12:36
2 min
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Commentaires (26)

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Pan
| 09-05-2018 21:50
« Aux mains sales, les Tunisiens répondent par le doigt'?' propre ! ».
Bravo Nizar, une tache au doigt est une tâche lâche. En Tunisie on ne veut pas accepter l'idée de l'abstention, s'abstenir de voter n'est pas une action illicite, elle est l'une des revendications politiques de la majorité, s'abstenir n'est pas une traitrise, et ceux qui n'ont pas voulu salir leur doigt ne sont pas des poltrons ; au contraire, on est dans la bonne voie, c'est un moyen de lutte contre la crise actuelle, pour dire haut que la Tunisie a passé d'une dictature corrompue à une corruption démocratisée.

Mansour Lahyani
| 08-05-2018 15:55
Jamais un tel paradoxe n'a été aussi avéré : le "doigt propre" n'a jamais été aussi sale ! Pour brillante qu'elle soit, cette malheureuse parabole de Nizar Bahloul est complètement à côté de la plaque : les élections, c'est l'occasion ou jamais de mouiller sa chemise, d'aller au cambouis pour faire preuve de bonne citoyenneté, pour donner au pays les égards auxquels il a droit, pour pouvoir prétendre qu'on a tout entrepris pour lui rendre une partie au moins de ce qu'il a fait pour nous ! Et vous voudriez faire croire qu'il convenait de continuer à roupiller sans désemparer POUR GARDER VOTRE DOIGT PROPRE, et de féliciter qui n'a pas cru indispensable de se bouger les *** pour exprimer un vote en cette période cruciale ?
Cette conception a quelque chose d'hallucinant!

Adel
| 07-05-2018 19:57
Quand on fait ce qu'on reproche aux autres: être médiocre et obscène on peut être fier de son appartenance à la Tunisie

Ali Baba au Rhum
| 07-05-2018 18:39
le doigt dans l'oeil pour les électeurs; les doigts dans le nez pour les *** NINA.

Tounsi
| 07-05-2018 12:04
Juste pour corriger un chiffre avancé dans mon commentaire précédent, Nahda et Nida ont perdu environ 60% de leurs électeurs (environ 2.3 million en 2014 à environ 0.9 million en 2018).

felfel
| 07-05-2018 11:28
Ceux qui n'ont pas voter = les opportunistes, les arrivistes, les banou hilel qui laissent leur merde dans la rue ou la jettent par les voitures et qui polluent les villes avec leurs soirees mezoued et enfin les clochards (hommes) qui s'attablent aux cafés nuit et jour, tous les jours de la semaine (y compris le dimanche). Alors je dis, tant mieux s'ils n'ont pas voter, on n'a pas besoin de leurs vote (qui sont donnes soient a Nakba soient aux autres descendants des banou hilel: cpr et co.) et j'espere qu'ils ne voteront pas dans le futur, pour le bien de ce pays.

bechir toukabri
| 07-05-2018 11:04
Voilà un 3eme preuve que la "democratie" est une illusion, une niaiserie, un piège à cons......etc.Or si les politiciens croient encore à cette mascarade, le "peuple" à compris l'astuce et à boycoté ces élections. Esperons qu'il réagira réellement comme en en 2011 pour faire le grand menage d'une 2eme révolution plus radicale.

anis
| 07-05-2018 10:21
Restons indifférent à la loi du nombre,une minorité active vaut toujours mieux qu'une majorité en rang d'oignon

anis
| 07-05-2018 08:58
Cela se confirme à chaque vote,c'est un leurre démocratique que de croire que des élections peuvent changer quoi que ce soit.On avait raison de dire"'?lections piège à cons". On dira aujourd'hui"Voter c'est abdiquer" alors restons à la loi du nombre en politique comme en science et en art,c'est toujours des minorités que viennent les vérités.Gallilé était seul à crier que la terre est ronde,minoritaires étaient les anti-nazi,minoritaires les anti-ben Ali......Alors pourquoi suivre des majorités des denuées tout sens de vérité

takilas
| 07-05-2018 08:33
Ethnie manigance réussie par nahdha face à des crédules.