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Chroniques
Attaque terroriste : Quatre morts et dix millions de blessés
18/02/2015 | 15:59
3 min

 

Et quatre de plus ! Quatre jeunes membres de la Garde nationale assassinés par des terroristes. Encore une fois, on se réveille sur une nouvelle terrible. Encore une fois, on voit les visages fermés des Tunisiens allant au travail et écoutant leur radio débiter un flot continu de mauvaises nouvelles. Encore une fois, on voit Mohamed Ali Aroui se coltiner la tâche d’expliquer à l’opinion publique un énième acte terroriste. Encore une fois, on verra le gouvernement se réunir et se concerter pour dire que la lutte contre le terrorisme est une guerre qui nous coûtera en temps, en vies et en moyens.


On va observer des minutes de silence et probablement annoncer un deuil national. On verra aussi les ministres qui seront présents aux funérailles des quatre agents de la Garde nationale. On alimentera ainsi notre bibliothèque d’images que l’on a, hélas, trop vu et auxquelles on commence à s’habituer.


On sera aussi abreuvé par les condoléances présentées par les différents politiciens. Ils tenteront d’exprimer leur douleur, le plus sincèrement possible, avant de partir dans des analyses à deux balles. On verra également les communiqués des partis qui vont condamner fermement et s’indigner contre cet acte lâche et barbare. On connait la musique.


Justement, on connait la musique parce qu’on la beaucoup trop souvent entendue. On n’arrive même plus à savoir combien de fois on l’a entendue. Cette musique est lassante, fatigante et déprimante.


Les forces de l’ordre nous assurent de leur détermination à combattre la terreur et de leur disposition à mourir en martyrs. On ne peut que les en remercier mais nous ne voulons plus de morts, de cadavres, de funérailles, de larmes et de sang.
Ça devient difficile d’être Tunisien, mais c’est dans la difficulté que l’on se construit. Et c’est la difficulté qui permet de trancher les positions et de comprendre ce que nous sommes. Les personnes qui soutiennent ces actes ou qui refusent de s’en indigner montrent clairement leur appartenance. Il s’agit bien d’une guerre. Une guerre entre les défenseurs d’une patrie et les pourfendeurs d’une idéologie.

 

Le couplet de la guerre globale contre le terrorisme qui passe par la lutte contre la pauvreté et la nécessité du développement vous sera servi à toutes les sauces par les politiciens. Ce qu’ils ne disent pas, par contre, c’est que le terrorisme est enfant d’ignorance. Et que nous sommes des ignorants ! Quand on est incapable de monter dans un bus sans se bousculer, quand on s’acharne sur des personnes de couleur à cause d’un match de foot, quand on est inondé par ses propres ordures, on ne peut pas apporter de réponse au fléau terroriste.
Cette réponse sociale qui vient spontanément de la population. Cette mobilisation qui ne se contente pas d’une indignation collective mais d’une condamnation individuelle sans équivoque. En Tunisie, ce type de réponse n’existe pas.


On reste divisés entre ceux qui condamnent, ceux qui se taisent et ceux qui saluent ce type d’actes. On sera toujours divisés entre les complotistes qui n’hésitent pas à remettre en cause la véracité de cadavres pourtant bien réels et d’autres qui ont les larmes aux yeux en pensant à ces soldats morts pour nous protéger.


C’est là qu’on se tourne tous vers nos gouvernants en tentant de trouver une réponse, de déceler une stratégie ou même une volonté claire et affichée. Et c’est là qu’on trouve une réponse laconique qui creuse encore plus les divisions et les différences. On voit un président de la République et un chef du gouvernement qui tardent à nous parler. Pourtant, sous d’autres cieux, l’allocution au peuple est quasi immédiate et les dirigeants vont sur place.

 

En tout cas, ce n’est pas comme ça qu’on pourra se défaire de cette horrible statistique qui fait de la Tunisie le principal fournisseur en djihadistes. Ce n’est pas comme ça qu’on mettra fin aux écoles coraniques disséminées un peu partout sur le territoire qui dispensent un enseignement plus que douteux. Ce n’est pas comme ça qu’on pourra construire un pays débarrassé du terrorisme.
Oui le mal est là, visible, ostentatoire, et les moyens de le combattre sont connus. Pourtant rien ne se passe. Les nostalgiques de Ben Ali s’en donnent alors à cœur joie et ceux qui ne veulent ni du terrorisme, ni de Ben Ali sont perdus. Mais bon, on s’en remettra, on oubliera et on se rappellera de tout cela au prochain meurtre, au prochain cadavre. Et la même musique recommencera…

18/02/2015 | 15:59
3 min
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Commentaires (17) Commenter
@ Ras
Jim
| 20-02-2015 21:10
Oui, "règlement de comptes" entre la garde nationale et la katiba Okba Ibn Nafaa liée à AQMI qui a revendiqué l'attaque.
Le titre d'universitaire peut servir d'alibi pour couvrir de l'idéologie... comme ne cesse de le démontrer Vincent Geisser à longueur de prêche.
Vigilance : Attentat ou règlement de compte ???
RAS
| 20-02-2015 14:52
Consulter ce lien SVP
http://www.medi1.com/infos/invite/Invite_Emission.php?id=817

Il y a un problème local à Kasserine. Terrorisme, trabendo, clans familiaux et mafias locales sont entre chevées

Le terrorisme peut servir d'alibi pour couvrir des activités mafieuses éloignées de toute idéologie
Geisser et le révisionnisme en temps réel
Jim
| 19-02-2015 23:47
Toujours prompt à voler au secours de ses amis barbus, pour Geisser et sa rigueur universitaire, les quatre gendarmes tués sont des victimes de trafiquants aux frontières, vieux problème que décidément la Tunisie n'arrive pas à résoudre : http://www.medi1.com/infos/invite/Invite_Emission.php?id=817
Je pleure pour ma Tunisie
Tounsia
| 19-02-2015 15:55
La Tunisie coule dans mes veines,j'y suis née et même si je ne suis pas musulmane,c'est mon pays de c'ur, ma terre natale, mes racines, je ne comprends pas ce qu'elle est devenue.Tout ce que vos exposez me désole.Il faut absolument que l'Etat réagisse,c'est de sa responsabilité,on ne peut pas laisser assassiner ses citoyens sans réagir fermement,quitte à avoir l'aide d'organismes internationaux pour y parvenir , ce sera toujours mieux que le retour à l'obscurantisme moyenâgeux ou ils veulent vous refaire plonger . Que Dieu , le vrai, vous aide et Protège la Tunisie
Je vis en France
FaycalM
| 19-02-2015 15:18
Depuis 1999, c'est un choix et j'en suis content même si je reviens chaque année en Tunisie. Le vrai probleme est que nous Arabes Musulmans nous sommes aveuglés par un complexe vis a vis de l'Occident des USA et d'Israel et que par conséquent nous sommes incapables de nous analyser. Quel que soit le probleme, ce sera toujours la faute du voisin, de l'étranger ou du sioniste. Nous sommes devenus incapables de créer quoi que ce soit de durable à quelques exceptions prés. Chaque fois que je reviens mes freres, mes neveux et nieces me demandent n'importe quoi pourvu que ca vienne de France.
Le 2e probleme est que la religion, notre belle Religion a été empoisonnée par des gens qui n'y connaissent absolument rien. Je me me souviens qu'enfant j'accompagnais parfois mon Pere à la Mosquée et qu'aprés une fois à la maison avec des amis ils buvaient une bière. Notre pays a changé pour le pire et il est temps de nous reveiller !
Résultats d'une fausse route
rami
| 19-02-2015 15:09
Pourquoi on est dans cette situation?C'est le résultat de 60 ans de tapage psychologique et d'endormissent politique de nos chers leades:notre pays est un pays de paix,on n'a pas d'ennemis.On n'a pas besoin d'une bonne Armée bien de équipée et bien organisée.C'est gaspiller de l'argent!Où est donc parti l'argent qui aurait dù construire une Armée capable de faire face rapidement et adéquatement au terrorisme et autre.On va nous aboyer '"on préfère construire des écoles que des casernes" On connait le résultat des écoles mal faites et une Armée insufffisante:des chômeurs à n'en pas finir,des terroristes à profusion et une Armée qui peine faute d'effectif et de matériel.L'argent,on sait où il est allé.Le tunisien à force de l'habituer à ne pas penser à sa sécurité qu'il est devenu molasse, peureux.Il manque de virilité, de rjoulia,un peu efféminé. Je me demande si ces jeunes terroristes en plus de répondre à leur conviction ne cherchent pas aussi cette virilité qu'il ne trouve pas dans son pays.On nous a trop drogués de paix,de cette paix liquéfiante pour qu'ils puissent jouir du pouvoir.Une fois ces dictateurs partis,on découvre l'horrible vérité : rien ne marche convenablement.Tout le pays est en état de faiblesse dans tous les secteurs, c'est un château de carte.Je crains que nos nouveaux gouvernants d'esprit bourguibien ne fassent les mêmes fautes que Bourguiba.


10 millions moins un
G&G
| 19-02-2015 14:48
G&G n'est pas blessé. il est vacciné comme tous les rcdistes propres et honnêtes qui refusent de vendre leur pays pour quelques sous
Il n'y a que les révolutionnaires qui sont blessés. Ils sont déçus de voir leur rêve s'évaporer.
A Lou
sss
| 19-02-2015 14:24
C exact la Tunisie des années 60-70 diffèrent totalement de la Tunisie actuelle; la bonté des tunisiens étaient sans égale le respect la politesse esprit ouvert sans haine sans rancune celui qui prie prie celui qui ne prie pas ne prie pas et on vivait tranquillement sainement même la baraka existait maintenant c l'enfer !
Jolie plume
Sarra
| 19-02-2015 13:54
mais attention aux coquilles!
Tout est si loin...
Lou
| 19-02-2015 13:31
Tout d'abord je vous remercie pour la finesse de votre analyse et votre constat si réaliste de la situation actuelle en Tunisie.
J'ai connu votre pays au début des années 70. J'étais jeune et j'ai été éblouie: je suis restée à jamais sous le charme de la Tunisie. Alors c'était un pays tranquille, très agréable et le respect était réciproque entre les communautés. La religion ne créait pas de scissions ou alors je ne les ressentais nullement. Je suis revenue plus de 20 ans plus tard: l'atmosphère avait changé, c'était un peu trop la cahsse aux touristes mais nul sentiment d'insécurité ou de tension. Maintenant je n'ose revenir alors que j'aime toujours autant la Tunisie. Je préfère garder pour toujours en moi le souvenir éblouissant de cette Tunisie radieuse de mes 18 ans.