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De quoi la Tunisie a besoin?
13/06/2018 | 12:13
3 min
De quoi la Tunisie a besoin?

 Par  Ahlem Hachicha Chaker

La crise actuelle que nous traversons pose de manière de plus en plus aigue la question des solutions, propositions, recommandations, stratégies à apporter.

 

Sur les quelques années récentes, nous avons tenté des théories politiques, des structures institutions, des compositions gouvernementales, des stratégies financières, des visions législatives, diverses et variées. Nous avons vu une multitude de gouvernements, de gouvernants, de partis politiques, d'élus. Des experts, des institutions internationales, des associations, d'anciens dirigeants politiques, des think-tanks ont présenté leurs idées sur la manière dont la Tunisie doit être gérée et dirigée.

 

Et pourtant…. Nous voici dans une posture des plus délicates. Rien ne semble fonctionner dans le pays. Tout va mal, au niveau politique, financier, social, institutionnel, médiatique, économique.

 

Et si on faisait, nous Tunisiens, une liste de ce que nous ne voulons plus, de ce dont nous n'avons pas besoin? Cela pourrait peut-être servir à nos brillantes élites dirigeantes.

 

Nous n'avons certainement pas besoin des guéguerres politiques qui agitent la scène partisane depuis des années. Quel parti est dirigé par qui, cela intéresse très peu les Tunisiens. Quel parti remonte plus loin dans le temps pour trouver l'origine de sa pensée politique, cela importe très peu également. Les étiquettes et labels politiques sortis tout droit du siècle passé, les débats byzantins qui s'en suivent, les références à des personnages historiques, les structures politiques alambiquées et complexes, tout cela semble passionner la scène. Avec quel résultat?

 

Nous n'avons pas besoin non plus d'être le laboratoire d'application de toutes les notions juridico-politico-législatives de l'univers. Notre structure institutionnelle ressemble à un cahier d'étudiant en sciences-politiques.  Utopique, emmêlée, inefficiente, irréalisable et handicapante.

 

Nous n'avons aucun besoin de vivre par procuration les conflits régionaux et internationaux. Oui, le Tunisien a des causes qui lui tiennent à cœur. Oui, il a une conscience aigue des injustices du monde. Mais il n'a pas à prendre part à toutes les guerres, à être pour ou contre les querelles régionales, à devenir un instrument d'influence étrangère.

 

Nous n'avons pas besoin du déballage des fantasmes de tel ou tel patron médiatique. Les dérives sociales, les misères, les relations de couple, les familles difficiles, l'argent, tout cela fait partie de la vie. Mettre cela en scène pour la télé ou en faire des thèmes de débat, c'est salutaire. Nous faire subir la vision malade de quelques personnes, c'est sordide.

 

Nous avons encore moins besoin de savoir qui porte une cravate, un foulard ou un nez de clown. Nous sommes très peu concernés par qui mange pendant Ramadan ou va au Haj. Tout ceci relève du domaine personnel. Nous ne voulons pas de curiosité publique malsaine dans nos vies privées, et nous ne voulons pas non plus être mêlés aux choix personnels, vestimentaires ou autres, des personnes publiques.

 

Nous n'avons pas besoin de photos, de vidéos et de mises en scène pathétiques des visites, des inaugurations, des rubans coupés, des circoncisions, des bouquets de fleurs, des salons feutrés, des colloques et autres frivolités.

 

Dans quelle mesure tout ceci est d'intérêt pour nous aujourd'hui? Dans quelle mesure cela contribue à des lendemains meilleurs? Qu'est-ce que cela apporte au pays?

 

Voilà ce dont nous avons besoin. Cessez de polluer notre quotidien avec toutes ces futilités. 

 

Nous n'avons pas besoin de solutions pour aujourd'hui. Nous avons besoin de solutions pour demain.

 

Cette incapacité de se projeter dans l'avenir, de concevoir un modèle nouveau, d'innover, de consommer notre rupture avec le passé, d'adopter un langage nouveau, voilà ce qui nous bloque. Et voilà ce qui empêche les jeunes de s'engager, d'imaginer leur avenir en Tunisie.

 

13/06/2018 | 12:13
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Commentaires (21)

Commenter

Gg
| 26-06-2018 11:07
La Tunisie a besoin de travailler. C'est tout!
Mais ça...

Benje
| 14-06-2018 10:58
Madame Hachicha tout ce que vous dites est vraie mais malheureusement c'est un diagnostic bien connu ! C'est impressionnant et affligeant de voire le nombre de médecin qui occulte ce pauvre pays sans donner le traitement adéquat !
Pour moi la tunisie a besoin prioritairement des investissements de l'agent frais mais pas de la planche à billet et un climat social stable pour attirer ces investisseus étrangers et autochtones et aussi la diasporas (les résidents à l'étrangers). C'est ainsi que l'on crée des emplois et réduire le chômage. Pour finir je dirais que lorsque le tunisien aura mange à sa faim on peut alors parler de démocratie de liberté même de religion si vous voulez ....

gerard
| 14-06-2018 08:29
pas besoin de 40ministres,ni de leurs limousines ni de leurs chauffeurs ,et leurs secretaires etc.etc.
pas besoin d'un fonctionnaire pour 4 citoyens
pas besoin de tant de colloques,commissions,salons et autres inaugurations,la tunisie est frappee de reunionite aigue debatant de la" sexualite des anges" et blablabla,blablabla...etc qui coutent la peau des fesses
la tunisie a besoin de patriotisme, de justice de democratie et d'espoir ,apres une vraie REVOLUTION!!! ensuite bosser,bosser,bosser......

G&G
| 14-06-2018 04:06
La réponse est simple.
La Tunisie en a marre de vous et de tous ces criquets envahisseurs. Ces nouveaux locataires sans projet et sans programme et sans but. Leur seul et unique but est de sucer le suc longtemps fabriqué à la sueurs des vrais nationalistes chassés par des vendeurs ambulants. Aujourd'hui la vache à lait a tellement maigri et ne reste plus rien à traire.
G&G
RCDiste et fier




déja-vu
| 14-06-2018 01:28
Voila 7 ans que vous consommez de la "rupture avec le passé". Boisson empoisonnée et hallucinogène.

Les amnésiques , que dieu les aide, peine à retrouver leur chemin...

Vous vous êtes égarés et tournez sans cesse en rond... échec...élections...gouvernements...des tonnes de lois contradictoires et inapplicable en bédouinie...Oubli...reéchecs...reélections...

Je prescris du Abir...C'est rafraicissant, surtout pour la mémoire...héhéhé

A tout à coup...

Dr. Jamel Tazarki
| 13-06-2018 21:57
De quoi la Tunisie a besoin? évidement d'une réforme agraire!

Je vous prie de prendre le temps afin de lire mes commentaires ci-dessous!


Bien cordialement

Jamel Tazarki


@Business News, c'est mon dernier commentaire pour aujourd'hui, Merci!

Dr. Jamel Tazarki
| 13-06-2018 21:51
Seulement avec l'assiduité on ne risquera pas de résoudre les problèmes socio-économiques de la Tunisie! La Tunisie a besoin simultanément d'intelligence et d'assiduité' Je vous l'exemple de nos paysans/agriculteurs qui travaillent 16 heures par jours et 365 jours par an et pourtant notre productivité est relativement faible: les Hollandais produisent 460 tonnes de tomates par hectare alors qu'en Tunisie on produit moins que 20 tonnes par hectare'

Je propose à certains Tunisiens de travailler moins, mais par contre de travailler intelligemment afin de minimiser le prix de revient et d'augmenter la productivité!


Nos agriculteurs sont à 90% ignorants et routiniers et ne font qu'un très petit profit (ou même pas). Nous consacrons un espace énorme et un travail considérable dans tous les domaines économiques mais la rentabilité est minimale, de telle façon qu'il n y a pas assez pour tous les tunisiens. Le problème principal est que nous ne ressentons pas la nécessité d'améliorer nos méthodes de production. Il faut que l'on sorte de cette routine. Nos agriculteurs et une grande partie de nos industriels manquent de stimulation et ils restent dans leur ignorance et routine. La perte de rentabilité causée par une faible production porte tout le peuple tunisien. Nous avons baissé les bras et on s'est résigné à suivre les mêmes routes tracées depuis des décennies. Nous restons ainsi aussi pauvres qu'auparavant parce que nos frais de productions absorbent tous. Qu'est-ce qui nous empêche d'aller plus loin ? Qu'est-ce qui nous freine? La grande problématique des tunisiens c'est bien cette difficulté à mener une activité à son terme. Il semble que tout nous fasse envie mais nous ne menons jamais les choses jusqu'à leur optimum (rien n'est réellement fini).

Jamel Tazarki

Bob Marley - Everything's Gonna Be Alright
https://www.youtube.com/watch?v=OD3F7J2PeYU

Dr. Jamel Tazarki
| 13-06-2018 21:47
D'après le Spiegel-online, 13 millions d'allemand vivent avec moins de 900 euros par mois! Comme si je disais que 13 millions de Tunisiens pourraient vivre avec moins de 100 dinars par mois! Est-ce possible? Oui, si l'état tunisien pourrait garantir l'abondance des aliments de base sur le marché tunisien et ceci à un très bas prix. En Allemagne, un sac de pommes de terre de 5 Kg coute 1,50 euros, un Kg de pain coute 80 centimes, 12 oeufs coutent 1,19 euros et un litre de lait coute 60 centimes (la marque JA).


Faisons un très simple calcul numérique:
a) Nous formons un panier de biens (on néglige les différents services) qui contient des aliments de base: pain, huile, lait, pommes de terre, céréales, fruit (on se limite aux oranges, dattes, pastèques, figues), sucre (bien que le sucre industriel n'est pas à mon sens un aliment de base), oeufs.
b) Pt est le prix sur une période t de notre panier défini ci-dessus.
c) ===> Si on compare l'évolution de l'indicateur Pt de l'Allemagne avec celui de la Tunisie pour la période 2011-2017, on remarque que l'indicateur Pt de la Tunisie a subi une inflation de 5%, alors que l'indicateur Pt de l'Allemagne est resté constant. Je rappelle que l'Allemagne a eu entre 2011-2017 une inflation moyenne de 3% (2% pour 2016).
d) conclusion: si on arrivait à maintenir le panier des aliments de base hors de l'effet de l'inflation (comme c'est le cas de l'Allemagne), on aurait beaucoup moins de problèmes sociaux, et on n'aurait pas besoin de s'endetter encore plus afin de nourrir notre peuple'


Le problème d'optimisation afin de faire sortir la Tunisie de la crise socio-économique est si simple: comment vivre dans les limites des moyens qu'offrent nos ressources naturelles afin d'assurer à chaque Tunisien une qualité de vie suffisante (je dis bien suffisante)?


Je propose/conseille de garantir l'abondance des aliments de base sur le marché tunisien (comme les pommes de terre et les céréales) et de renoncer/limiter la culture des aliments qui ne sont pas vraiment indispensables afin de satisfaire les besoins nutritionnels de notre peuple. Si on continue à gaspiller nos réserves d'eau pour la production entre autres des fraises, nous allons sans un aucun doute vers une crise alimentaire (pour la production d'un Kg de fraise il faut sacrifier une tonne d'eau ---> pensez à l'empreinte écologique).

La pomme de terre est un aliment de base. On peut vivre des années et même tout une vie seulement des pommes de terre. Au 18ème siècle la pomme de terre a permis à l'Europe de vaincre les famines. La culture de la pomme de terre a nourrit toute l'Europe et continue à le faire. La stabilité alimentaire en Allemagne et partout en Europe n'est garantie que grâce à la pomme de terre. La pomme de terre est très nutritive, facile à cultiver et à conserver'

Je connais le problème d'eau qu'ont nos paysans à Tazarka et je sais aussi que la pomme de terre peu mieux supporter la chaleur et la sècheresse que la tomate ou les fraises. Puis, il n'y a aucun doute que la pomme de terre est plus nutritive que beaucoup d'autres légumes.

J'étais récemment chez une famille allemande au Ruhrgebiet (ancienne région industrielle allemande, jusqu'aux années 60). Oui, les Allemands au Ruhrgebiet mangent quotidiennement des pommes de terre, ils n'ont pas les moyens afin de manger autres choses que les pommes de terre et ne connaissent pas autres choses que la pomme de terre. Ceux d'entre eux qui vivent dans des petites agglomérations ont un petit poulailler pour avoir des oeufs frais. L'état allemand subventionne la culture des pommes de terre pour que la classe pauvre et même moyenne pourraient se nourrir à bons prix et d'un aliment très nutritif.

Oui, il faut arrêter/limiter entre autres la culture des fraises en Tunisie, et garantir d'abord l'abondance des aliments de base dans nos supermarchés.

Mon père m'a dit qu'à Tazarka on ne cultive les pastèques que depuis les années 70 et les fraises qu'à partir des années 90 aux dépens des aliments de base comme les pommes de terre et le blé.


Le but serait d'atteindre une autosuffisance alimentaire en produits de base (blé, huiles, maïs, pommes de terre, lait) à l'horizon de 2020, au prix de minimiser notre consommation de viandes rouges/blanches et de sucre, de limiter les dépenses inutiles pour les soins médicaux. Il faut même renoncer à certaines cultures agricoles non vraiment indispensables'

Je ne mange pas de viande, je ne prends pas de sucre, je mange quotidiennement des pommes de terres cuites à l'eau avec un peu de sel et une cuillère d'huile d'olive, je prends tous les matins deux oeufs et un verre de lait, j'utilise seulement les plantes médicinales pour mes soins de santé et je fais la navette à vélo entre mon Appartement et mon lieu de travail que de prendre la voiture, soit une distance de 20 Km par jour.

Je résume: l'idée centrale de mon commentaire est de vivre dans les limites des moyens qu'offrent nos ressources naturelles afin d'assurer à chaque Tunisien une qualité de vie suffisante (je dis bien suffisante). )! ===> minimiser les importations et ainsi plus besoin de s'endetter!

Jamel Tazarki

Dr. Jamel Tazarki
| 13-06-2018 21:45
On ne peut plus se permettre de gaspiller la moindre goutte d'eau. La gestion de cette ressource est aussi l'un des enjeux du renouveau démocratique. Nous devons prendre des mesures rapides et efficaces, si nous voulons éviter de graves pénuries d'eau. Dans certaines régions de la Tunisie les habitants doivent déjà vivre aujourd'hui avec moins de 100 mètres cubes d'eau par an et par personne, alors que l'on a besoin en moyenne de 1500 mètres cubes par personne et par an. L'heure est grave mais les problèmes ne sont pas insolubles. Il faut mettre une série de mesures de nature technique en oeuvre qui permettront une utilisation rationnelle des ressources hydrauliques.

Je prends l'exemple de la tomate en tant que produit agricole que l'on cultive encore avec des méthodes non rentables. Nos paysans arrosent quotidiennement et pendant des heures leurs champs de tomates. Et ceci, n'est pas du tout rentable.

les Hollandais produisent 460 tonnes de tomates par hectare alors qu'en Tunisie on produit moins que 20 tonnes par hectare.

Il faut admettre aujourd'hui que la Tunisie ne peut plus se permettre une culture des tomates avec les méthodes des années 60 car nous avons épuisé une grande partie de nos réserves souterraines d'eau. Il nous est impossible de gaspiller des millions de mètres cubes d'eau afin de satisfaire la grande soif de nos champs de tomates. Il faut comprendre enfin que nos nappes souterraines se sont dégradées (durant une période de 50 ans) en raison des activités agricoles avec des méthodes classiques nécessitant une surexploitation des eaux souterraines. Nous avons entre temps une invasion d'eau salée des nappes souterraines.

Puis le soleil et la chaleur excessive ne sont malheureusement pas les amis de la tomate. Si les températures sont trop élevées, cela favorise la croissance sans laisser aux fleurs le temps de pousser, ce qui rend difficile la pollinisation de la plante.

Une solution consiste à planter les tomates dans une partie ou le soleil tape uniquement le matin et en fin de soirée et avec de l'ombre durant la période ou le soleil est trop puissant. J'ai grandi dans un champ de tomate à Tazarka et mon père me disait souvent qu'il nous fallait renoncer à la culture des tomates vu les grandes quantités d'eau indispensables pour sa culture. Un jour j'ai eu l'idée inédite de placer des toiles d'ombrage sur nos plantes de tomate afin de limiter l'effet de la chaleur et du soleil et minimiser ainsi le temps d'arrosage (ce qui a amusé les paysans du voisinage :))

La culture des tomates en Tunisie ne laisse que deux options: la première consiste dans la mise en place des méthodes de l'hydro-culture, la deuxième consiste à renoncer à la culture de la tomate et de l'importer de l'Espagne. En effet, cela coûterait beaucoup moins cher à la Tunisie. Laquelle de ces options est la plus raisonnable? La réponse est évidente! Il nous faut cultiver les tomates en hydro culture et à bon prix.

Certes, on ne peut pas imaginer la cuisine tunisienne sans tomates ni courgettes. L'été tunisien ne serait pas ce qu'il est sans tomates fraîches et juteuses. Puis il faut que l'on assure l'autosuffisance alimentaire en Tunisie par nos propres moyens et à bon prix.

Il n'y a pas de solutions évidentes et ni de formules magiques afin de développer les régions très pauvres de la Tunisie. De même, on n'a pas assez de moyens financiers afin de subventionner la vie des populations des régions les plus démunies de notre pays. La seule chose que l'on peut faire est de stimuler le développement économique des régions les plus peuplées et les plus pauvres du pays en associant tous les concernés à la croissance des secteurs régionaux. L'objectif principal serait d'augmenter la productivité agricole et d'assurer l'autosuffisance alimentaire des populations rurales toute en limitant les naissances (La Tunisie ne peut plus se permettre des couples qui ont même jusqu'à 13 enfants). La solution consiste à former les populations aux techniques de l'agriculture sans terre dans les régions ou les terres cultivables sont très rares et les étés sont trop chauds. Il est temps de renforcer les services de formation et d'introduire le crédit agricole pour l'agriculteur sans terre qui est la culture hydroponique remplaçant la terre par une solution nutritive.

La culture des tomates en pleine terre est hors de question pour la Tunisie, pour les raisons que j'ai citées ci-dessus.

Jamel Tazarki

Dr. Jamel Tazarki
| 13-06-2018 21:41
L'hydro-culture est une agriculture sans sol. Ceci veut dire que les plantes sont cultivées dans du substrat inorganique non-décomposable comme les billes d'argile expansé (que l'on peut fabriquer facilement en Tunisie). Le substrat n'a plus alors de valeurs nutritives: il est absolument non-décomposable et en conséquence hostile à la croissance des micro-organismes du sol. Il contribue seulement à maintenir les racines et à transporter (laisser passer) les nutriments, qui sont inclus dans l'eau d'arrosage.

Cette technique consiste à profiter du pouvoir absorbant que possède le substrat inorganique des billes d'argile pour alimenter la plante. Le fond du pot baigne en continuité dans une solution diluée d'engrais qui monte lentement par capillarité dans les billes d'argile. De ce fait, la plante est nourrie constamment en eau et en engrais. Si vous ne trouvez pas des billes d'argile en Tunisie, vous pouvez prendre même de la brique ou tuile en argile concassée. '?a fonctionne aussi. L'essentiel, est que l'eau puisse monter par capillarité.

Le substrat étant non-décomposable et très oxygéné, il reste de cette façon constamment mouillé. Le vide entre les billes d'argiles assure une oxygénation idéale des racines de la plante. Toute l'eau en excès est au fond du pot et remonte par capillarité à la demande de la plante même (étant donné que les billes d'argile en une capacité maximale d'absorption d'eau). Les racines ont ainsi un accès incessant à l'eau, à l'air et à l'engrais ce qui garantit un développement parfait des plantes. Finalement, plus de difficultés d'arrosage journalier: la plante a son approvisionnement d'eau qui peut lui suffire pour plusieurs jours. Les plantes élevées de cette façon sont en bien meilleure santé que celle jardinées dans du sol. Les racines sont dans des circonstances idéales et le pourrissement est quasi impossible.

Il faut se libérer de cette idée que les plantes ont besoin de la terre. Eh bien non, les plantes n'ont pas nécessairement besoin de terre et du sol. Il faut comprendre que toute plante se nourrit essentiellement et en grande quantité de trois éléments: le phosphore, la potasse et l'azote. En quantités moindres mais encore importantes la plante a besoin aussi de huit produits: zinc, manganèse, cuivre, bore, fer, molibdène, chlore, cobalt. Une terre qui contiendrait chacun de ces éléments serait apte à toutes les cultures. La difficulté est qu'une telle terre n'existe pas en Tunisie. Que faire alors afin de produire nos melons, nos pastèques, nos piments, nos concombres, nos laitues, nos tomates, etc. à bon prix ? La culture hydroponique est la seule solution à tous nos problèmes concernant l'autosuffisance alimentaire et le chômage dans les régions relativement sous-développées de la Tunisie. Elle est la seule qui peut procurer une activité économique alternative aux régions rurales où il n'y a pas d'infrastructure. La culture hydroponique a remporté beaucoup de succès au Chili, au Venezuela, en Colombie, en Nicaragua et aujourd'hui il est temps qu'elle fasse le bonheur des sans terres en Tunisie. La culture hydroponique a besoin de très peu d'infrastructures que l'on obtient le plus souvent à partir de vieux matériaux. En plus chaque mètre carré de jardin hydroponique nécessite au maximum 4 litres d'eau chaque jour pour fournir la meilleure productivité. Quantité bien inférieure à celle dont on aurait besoin pour toute autre procédé. La culture hydroponique économise aussi du temps de travail (on travaille beaucoup moins et on produit beaucoup plus tout en protégeant l'environnement). Les plantes ne sont plus en concurrence avec les micro-organismes qui se développent dans le sol et dont on n'a pas souvent connaissance. Elles peuvent ainsi mieux se développer et pousser beaucoup plus vite.

Et ainsi je propose de consacrer un budget commun au niveau africain afin d'introduire et de développer les cultures hydroponiques et aquaponiques. Je rappelle que l'aquaponie est une méthode efficace pour cultiver nos fruits et nos légumes organiques sans utiliser d'engrais ni de pesticides. Chaque famille africaine pourrait et devrait produire ses fruits et ses légumes chez elle. Une habitation/maison moderne devrait avoir aussi un abri vitré où l'on cultive ses fruits et ses légumes en pratiquant les cultures hydroponiques et aquaponiques. Chaque Appartement devrait avoir une terrasse vitré pour une autosuffisance légumière. Ce que je propose est une nouvelle vision architecturale urbanistique et une nouvelle forme de culture agricole. Oui, il est temps d'intégrer à sa maison ou à son appartement un abri vitré où l'on cultive ses légumes et ses fruits même au prix de renoncer à la salle de séjour ou à la salle à manger. Une terrasse abritée de 20 m2 de cultures hydroponiques et aquaponiques pourrait produire autant de tomates, de piments, de salades, etc. afin de nourrir une ou même plusieurs familles.

Je propose d'introduire l'enseignement des cultures hydroponiques et aquaponiques à l'enseignement primaire et secondaire en Afrique!

Jamel Tazarki