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Chroniques
Le débat !
Par Synda Tajine
10/10/2019 | 16:30
3 min
Le débat !

Nabil Karoui est sorti de prison. Bonne nouvelle pour cette élection présidentielle qui a vu - des semaines durant - l’un des deux prétendants au trône, candidater derrière les barreaux. Mauvaise nouvelle pour l’indépendance de la justice ? Il est encore trop tôt pour répondre à cette question tentaculaire aux ramifications infinies. La photo de profil en noir de Imed Khaskhoussi n’y changera rien et les multiples appels sur la toile ne révolutionneront pas le monde. Du « tachwich » pour emprunter un mot si cher à notre Seif Eddine Makhlouf (saluez le nouveau député). Le fait est que Nabil Karoui a été victime d’un déni de justice et que l’affaire est beaucoup plus politique qu’on tente de nous le faire croire. Mais ça c’est une autre histoire…

 

Le fait est là. Si Nabil Karoui est sorti de prison, les deux candidats pourront combattre à armes égales…du moins pendant 48 heures. C’est le temps qui leur reste avant que l’Iisie ne décrète le silence électoral samedi. Jeudi-vendredi, derniers jours décisifs de ce deuxième tour de l’élection présidentielle. A peine son adversaire sorti de prison que le candidat d’en face annonce qu’il reprend sa campagne électorale. Ce n’est pas comme si Kaïs Saïed avait été bavard auparavant. Ses apparitions médiatiques sont rarissimes et ses déclarations ressemblent à une récitation d’un discours usé et abusé qu’il répète depuis 2011. Posez-vous une question sur les chamailleries politico-politiques, il vous récitera un article de la constitution.

Alors que Kaïs Saïed a eu des semaines pour faire sa campagne, le candidat d’en face ne dispose que de deux jours pour aller réellement sur le terrain, pour donner des interviews et pour participer à un duel. Son épouse Salwa Smaoui a dû mouiller sa chemise pour aller « rencontrer ces gens que Nabil avait l’habitude d’aller voir » et pour donner des déclarations à la presse. Sa chaîne Nessma a dû faire le travail à sa place et n’a pas hésité à mettre les bouchées doubles, malgré les nombreux avertissements de la Haica. Dénigrement du candidat en face et appels au vote à peine déguisés, tous les moyens étaient bons pour pallier l’absence du candidat qui comptait les jours entre les murs de la prison de la Mornaguia.

Face à ces nombreux dépassements, aucune de ces instances constitutionnelles n’a eu les c…, le courage nécessaire pour y mettre un terme. Une télévision illégale qui mène campagne et un candidat en prison qui se qualifie au deuxième tour. Des aberrations à la pelle qui n’ont en aucun cas fait dévier le processus électoral face à une Isie qui s’est contentée de compter les voix. Tout en élaborant un calendrier électoral à donner le tournis au plus assidu des votants, l’instance électorale a essayé de fermer les yeux au maximum sur ce qui pourrait la mettre dans une position inconfortable qu’il serait difficile de gérer.

 

Mais aujourd’hui, nous sommes face à un rendez-vous de la plus haute importance. Le débat de l’entre-deux-tours. Première en Tunisie. Ce duel opposera demain, vendredi 11 octobre, le taciturne Kaïs Saïed au tant attendu Nabil Karoui. En 2014, feu Béji Caïd Essebsi avait décliné l’invitation de son rival, privant les électeurs tunisiens d’un succulent face-à-face avec Moncef Marzouki. Le spectacle aurait été épique mais Béji Caïd Essebsi avait préféré jouer la prudence évitant de risquer sa place à cause d’une question qu’il n’aurait pas maitrisée.

Demain, ceux qui sont restés sur leur faim il y a 5 ans pourront se régaler d’un échange entre deux candidats que tout oppose. Qui des deux en sortira gagnant ? Kaïs Saïed, énigmatique, qui cultive le silence car il a trop peur de se dévoiler et, donc, de décevoir ? Ou Nabil Karoui, as de la communication, mais dont la campagne a été un ramassis d’actions toutes aussi populistes les unes que les autres. Kaïs Saïed prouvera-t-il aux yeux du peuple qu’il n’est qu’une coquille vide dans laquelle ils ont placé beaucoup trop d’espoir ? Ou est-ce que ce sera plutôt Nabil Karoui qui montrera enfin à ses électeurs qu’il est loin d’être le progressiste pour lequel on veut le faire passer ? A supposer, dans ce cas-là, que le débat d’entre-deux-tours, tant attendu et tant fantasmé, change quelque chose à la donne…

Par Synda Tajine
10/10/2019 | 16:30
3 min
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Commentaires (7)

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Bob
| 13-10-2019 17:33
le tajine de karoui manquait d'oeufs ...

Tounsi-Horr
| 11-10-2019 10:25
Le mérite de ces élections Tunisiennes, c'est de démasquer ce tas de ramassis d'entre nous qui osent encore et encore soutenir leur poulains malgré les nombreuses preuves contre lui
Wallahi je ne comprendrais jamais le fonctionnement neuronale de ces entités biologiques qui ne sont d'autre qu'une insulte à l'intelligence humaine

Med Habib Ladjimi
| 11-10-2019 10:11
Bravo Synda ! Vous êtes une jeune journaliste lucide, voire brillante.(M.H.Ladjimi, ex-Jeune Afrique).

Nazou de la chameliere
| 11-10-2019 09:39
Ni l'un ni l'autre.
Ils sont tous les deux inconsistants !!
Cette élection 2.0 est une catastrophe pour la Tunisie !!!
Il faut trouver le moyen pour les empêcher d'arriver a Carthage !!!
L'appel du boycott du parti des travailleurs est une bonne initiative !!

observator
| 10-10-2019 21:01
doit être centré sur la fonction du président et dans les limites de ses pouvoirs constitutionnels.
Le débat ne doit pas déborder sur des questions qui révèlent des compétences du gouvernement résultant des élections législatives.
Ainsi on évite de promettre des choses aux tunisiens sachant quand on n a ni les moyens ni les pouvoirs de les tenir.
Les journalistes doivent être vraiment neutres et acceptés par les deux candidats.
Les journalistes doivent être hors de tout soupçon.

DHEJ
| 10-10-2019 19:40
Ou combien connaissent-ils de l'infrastructure de Procédure Pénale jadis appelé Code?

Et dire que monsieur ROBOCOP veut passer d'un état de droit à une société de droit où la loi est l'expression de la volonté du citoyen ?!

Ca nous renvoie tous à l'infrastructure de Procédure Pénale et l'autre infrastructure Pénale imposées par le blanc qui avait juré de réformer la justice dans la convention de la Marsa de 1883...

Kays
| 10-10-2019 19:33
Quel que soit le gagnant il sera obligé de composer avec Ennahda qui factuellement est le premier parti de Tunisie. Dominant les élections locales, dominant les élections législatives, il est temps que les responsables politiques sortent de leur posture et comprennent que la sensibilité conservatrice est réelle au sein du Peuple tunisien. Que cette sensibilité conservatrice est celle qui mobilise le plus pour se rendre aux urnes. BCE le savait, voilà pourquoi il ponctuait chacun de ses discours de proverbes populaires ou versets coraniques. Le vote conservateur est un vote identitaire à n'en point douter. Le vote identitaire est aussi celui en référence à un PASS'? lointain abusivement fantasmé.

Le vote identitaire est aussi de plus en plus présent en Europe avec l'idée du "c'était mieux avant"...Tout simplement car aucun dirigeant européen n'a de véritable vision du Futur...

Notre futur président réussira t-il à rendre désirable et ENTHOUSIASMANTE au Peuple la perspective du FUTUR

C'est tout l'enjeu de la présidentielle, rare sont les Hommes capables de le faire, voilà pourquoi peu s'y risquent vraiment ...


TAHYA TOUNES