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Chroniques
Les bailleurs de fonds voteraient-ils Youssef Chahed ?
12/07/2018 | 15:59
5 min

 Par Houcine Ben Achour

 

La chance ne sourit qu’aux audacieux, dit l’adage. Elle leur sourit d’autant s’ils savent décider du moment pour prendre les initiatives comme par exemple la période estivale au cours de laquelle le farniente, à tout le moins la paresse, est roi chez presque tout le monde.  Saisir le moment d’une léthargie ambiante pour avancer ses pions. La chance leur sourit d’autant plus lorsque l’environnement est favorable. La chance, il faut d’une part savoir la provoquer et d’autre part être disposé à la provoquer.

 

Youssef Chahed ferait-il partie de ces audacieux ? Après avoir plié l’échine face à la bourrasque politique exigeant son départ de la présidence du gouvernement, le chef du gouvernement semble reprendre du poil de la bête à mesure que la situation économique et financière du pays fournit des signaux de détente. L’activité économique donne des signes évidents de reprise, certes fragile mais néanmoins perceptible. Ce ne sont pas les indicateurs de croissance du 1er trimestre 2018 qui l’illustrent, mais ceux du second semestre qui le suggèrent avec une campagne céréalière, somme toute, satisfaisante, un secteur industriel manufacturier qui reprend progressivement son souffle à la faveur de la reprise de la demande mondiale et un secteur des services où le tourisme a repris des couleurs après tant d’années blafardes. Au niveau des finances publiques, la trajectoire des indicateurs budgétaires demeure dans le droit fil des objectifs initialement fixés et les tensions sur les paiements extérieurs se sont atténuées. Pour la première fois, l’objectif d’un déficit budgétaire de 4% en année pleine  semble à portée tout autant que celui du déficit des paiements courants sous la barre des 10%. Tout cela ne peut être le fait d’une génération spontanée. C’est le fruit de choix difficiles et douloureux, mais également impérieux. Ce n’est nullement de gaieté de cœur que la Banque centrale de Tunisie (BCT) a décidé de relever son taux directeur et laisser glisser le taux de change. La lutte contre l’inflation l’imposait et la dynamisation de l’exportation le nécessitait, outre la préservation du maigre stock de devises détenu par le pays. Ce n’est nullement par sadisme que le gouvernement a été amené à ajuster à la hausse le prix de l’énergie mais l’exigence de limitation du déficit budgétaire et d’un moindre recours à l’endettement. Certes, cela n’a pas empêché les dommages collatéraux au premiers desquels la détérioration du pouvoir d’achat et dans une moindre mesure l’investissement encore que, s’agissant de ce dernier, rien n’est évident dans la mesure où l’acte d’investir dépend d’abord de l’environnement socioéconomique, du cadre législatif et réglementaire, des réformes visant à améliorer le climat des affaires, avant de dépendre du taux d’intérêt et du coût du crédit à l’investissement.

 

L’investissement est largement tributaire du climat de confiance que dégage un pays. Or, ce qui est curieux, c’est que cette confiance est en train de gagner les milieux extérieurs plus que les Tunisiens.  Le Fonds monétaire international (FMI) vient de débloquer une nouvelle tranche de crédit d’un montant de 250 millions de dollars environ après le décaissement en mars dernier d’un montant de 257 millions de dinars alors qu’il avait traîné la patte l’année dernière. Actuellement en visite en Tunisie, Bjoern Rother, le Chef de mission du FMI pour la Tunisie, a saisit l’occasion pour déclarer au cours d’une conférence de presse : « j’ai été optimiste pour l’avenir économique de la Tunisie, je le suis encore plus aujourd’hui » ajoutant que « la mauvaise période est passée et la croissance est de retour, il s’agit maintenant de la positionner sur une trajectoire plus forte afin qu’elle puisse répondre aux attentes particulièrement d’emplois dans le pays ».

 

Ce n’est pas le seul bailleur de fonds qui semble faire confiance aux autorités tunisiennes pour faire émerger l’économie du pays. D’ailleurs, il ne serait pas opposé par principe aux négociations du gouvernement avec l’UGTT sur des augmentations de salaires dans la fonction publique « à condition qu’on maintienne la trajectoire d’une masse salariale dans le budget de l’Etat ne dépassant pas 12,5% du PIB ». Plus encore, le Fonds a accepté le principe d’un montant-plancher et non plus d’un plafond pour les dépenses sociales inscrites au budget de l’Etat. Une première mondiale.

 

 La Banque mondiale n’est pas en reste. Entre le mois de mai et juin 2018, la Banque a signé 4 conventions de financement avec la Tunisie pour un montant de 980 millions de dollars. Pour sa part, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd) a mis à la disposition du pays une ligne de crédit d’un montant de 55 millions d’euros en faveur des très petites, petites et moyennes entreprises tunisiennes. La Banque africaine de développement (BAD) a accordé un crédit à la Tunisie d’un montant de plus de 350 MD. Il en est de même du Fonds monétaire arabe (FMA) pour un appui budgétaire de plus de 300 MD  Hier, 11 juillet 2018, la Banque allemande pour le développement (KfW) a signé un accord de prêt avec le gouvernement tunisien d’un montant de 100 millions d’euros visant à « appuyer des réformes dans le secteur bancaire et financier pour améliorer l’accès au financement des entreprises et plus généralement de développer l’investissement dans le secteur privé ». Du coup, les réserves en devises du pays ont gagné une semaine d’importation alors que le pays a honoré à l’échéance ses engagements extérieurs.

 

 Une nouvelle configuration de l’économie tunisienne serait en train de prendre forme sur laquelle semble vouloir surfer Youssef Chahed. Sa rencontre aujourd’hui avec les grands responsables des institutions financières internationales et multilatérales lui donnerait l’occasion d’affirmer non pas son statut de Chef de gouvernement-négociateur, mais une stature d’homme d’Etat auquel on peut faire confiance….dans la perspective des rendez-vous électoraux de 2019.

Cela étant, si la chance ne sourit qu’aux audacieux, attention à ce que d’ autres ne ripostent par l’adage selon lequel l’occasion fait le larron.

12/07/2018 | 15:59
5 min
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Commentaires (1)

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erica Zohra A monsieur houcine ben achour .pat déja-vu Jilani Dr. Jamel Tazarki DHEJ Ali Baba au Rhum J.trad Rationnel
| 18-07-2018 18:32
Bonjour,
Il s'agit d'informer le grand public que Mme Morgan Erica, un prêteur privé a ouvert une opportunité financière pour tous ceux qui ont besoin d'aide financière. Nous accordons un prêt à un taux d'intérêt de 2% aux particuliers, aux entreprises et aux entreprises selon des conditions claires et compréhensibles. contactez-nous aujourd'hui par e-mail afin que nous puissions vous donner nos termes et conditions de prêt à: (morganerica007@gmail.com)Enfin une bonne analyse, enfin on commence à comprendre les réformes.Enfin une analyse compréhensive ,crédible et objective.
Si le pays veut augmenter ses devises un début de solution facile à mettre en pratique.
Le nombre de jeunes retraités européens en augmentation à accueillir les bras ouverts en Tunisie.
Juste un peu de com pour les attirer et quelques avantages 'voitures, meubles, fiscalité, possibilité d'acheter un logement sans tracasseries administratives' en échange des années complétes de devises déposés sur les comptes Tunisiens chaque mois et consommation locales par une population plutôt sans probléme.
Si M Ben Achour se met à peindre des roses dans le desert de gobi, c'est que ca va vraiment tres mal.

Lazouza hazha l'ouèd...Avec ou sans sans larron d'occasion.L'investissement intérieur ne repart pas parce que la plupart des hommes d'affaires étaient épaulés par le régime de benali et le système bancaire corrompu et ne paient pas d'impôts comme avec les Trabelsi qui ne payaient ni douanes ni impôts et souvent ne déclarent pas la totalité des salaires de leurs employés. Le pays a besoin d'une nouvelle génération d'investisseurs dynamiques sincères et intégres. Bravo Si Houcine! Vous délivrez des analyses d'une grande clairvoyance!


Certes, Mr. Youssef Chehed à une Grande capacité à se constituer une vision globale, fine et juste à partir de données apparemment en contraste. Il a ce Grand talent afin de se projeter dans l'avenir et sentir/voir les évolutions possibles, il a une intelligence stratégique, Il aime provoquer et vivre le changement, Il aime changer la manière même de changer, apprendre à apprendre, remonter ainsi le plus en amont possible pour à la clé des changements de paradigme ( changements de paradigme dans le sens de Thomas S. Kuhn).

Cela ferait peur aux clans RG, HCE et à l'UGTT, s'ils acceptaient vraiment Youssef Chehed au sein de leur structure. Les clans RG et HCE se cramponnent au pouvoir même au prix de ruiner le pays!

Oui, la Tunisie irait beaucoup mieux, si ces clans disparaissaient de la scène politique et laissaient la place aux plus jeunes. Depuis les années 50 du dernier millénaire , les clans RG et BCE maîtrisent la scène politique (dans le positif et le négatif) et il est temps qu'ils partent à la retraite ===> nous ne pouvons plus!

De même nous ne voulons plus de certains ex-ministres prétentieux et arrogants du temps de la dictature, la Tunisie est plutôt en quête de nouvelles idées, la Tunisie est à la recherche de nouveaux talents et personnalités qui seront l'essence même de notre pays.

Nous espérons trouver de nouvelles idées pour mieux orienter notre pays, de nouvelles idées différentes de celles du dernier millénaire!


Sam Cooke - A Change Is Gonna Come
https://www.youtube.com/watch?v=wEBlaMOmKV4
Pas moi qui dit que la compensation remonte à un décret beyl8cal de 1945.


Avec les chinois c'est du perdant...."Ce n'est nullement de gaieté de c'?ur que la Banque centrale de Tunisie (BCT) a décidé de relever son taux directeur et laisser glisser le taux de change. La lutte contre l'inflation l'imposait et la dynamisation de l'exportation le nécessitait, outre la préservation du maigre stock de devises détenu par le pays". On veut bien que le relèvement du taux directeur soit une mesure anti inflationniste puisqu'elle décourage le crédit, et donc l'investissement. Par contre laisser glisser le taux de change dans un pays essentiellement importateur ne peut qu'aggraver l'inflation, et on voit mal comment cela contribuerait à encourager l'exportation; ce qui encourage l'exportation est la compétitivité des produits, c'est à dire la modicité des coups de production , la demande, et la qualité conforme aux normes internationales. Or dans un pays soumis à l'inflation, il est difficile de concevoir des coûts bas à la production. Maintenant on peut peut se voir décerner des satisfecits de nature politique de certains organismes internationaux , dont le débloquage de certains crédits modiques ou l'augmentation de salaires constituent quelques exemples , parce que la Tunisie a pu honorer les échéances de la dette , d'ailleurs en empruntant pour pouvoir le faire. Il n'empêche: aucune agence de notation internationale ne concède au pays le moindre progrès dans l'indice de confiance sur les marchés financiers, et ne prévoit de le faire dans un avenir proche . La Tunisie un état sous l'étendard d'un vaste et prestigieux califat ,khilafa islamiyya la taghibou 3anha achchams ,du Pacifique à l'Atlantique , une Tunisie où les riches viennent y créer des projets , des institutions d'études où les chercheurs viennent sonder les secrets de la divine constitution ,et montrer que tous les humains sont concernés ,ou par la promesse ou par la menace , Allah n'exclut personne ,de ses bénédictions ,il promet de rester généreux ,clément,miséricordieux , il met en garde ceux qui s'etêtent ,ceux qui s'obstinent à défier sa transcendance , la Tunisie entre des dizaines d'?tats serait terre terre d'accueil ,ouverte au progrés scientifique ,tout en s'opposant aux (moufsidin,el moukadhibin ,les vrais moujrimin).La Chine vient de décider d'octroyer plus de 20 milliards de dollars de prêts aux pays arabes. Les pays du golfe persique (Arabie, EAU, Qatar, Koweït, Bahreïn, Oman) n'ont pas besoin de prêts, ils ont des excédents budgétaires, de même pour L'Algérie et la Libye. Donc ces 20 milliards sont destines a l'?gypte, l'Irak, La Jordanie, le Soudan, Djibouti (ou c'est un pays arabe), les îles Comores, le Maroc. Les autres pays sont en états de guerre: Syrie, Yémen, Somalie. Oman a reçu la part du lion des prêts de la banque asiatique de développement, une banque internationale établie par la Chine. Donc la part de la Tunisie de ces 20 milliards de dollars peut être considérable et dépasser les 2 milliards. La Tunisie peut opter a emprunter le montant en Yuans (Renminbi), avec la guerre commerciale entres les USA et la Chine le Yuan va perdre de sa valeur, la Chine aura besoin de baisser la valeur de sa monnaie pour compenser pour l'inflation due aux frais de douanes imposées par Trump.

Les entrepreneurs et le gouvernement peuvent proposer des projets de coopération avec la Chine pour des ouvrages de maîtrise de l'eau, un canal Majerda-Kairouan ou Majerda-Sfax, des stations de dessalinisation a travers le pays, des stations de panneaux voltaïques, des éoliennes pour la production d'électricité, la Chine est leader mondial dans tous ces domaines. Les prêts pour la route de la soie ont un taux d'intérêts de 2% en dollars et un taux de 3,4% en Yuans, il est plus avantageux de prendre les prêts en Yuans. La Tunisie vient de signer un memorandum pour devenir partenaire dans le programme de la route de soie. Si la guerre commerciale entre les USA et la Chine s'aggrave la Chine aura besoin d'accélérer ses projets de diversification d'investissements et de prêts a l'Afrique, aux pays arabes et musulmans comme le Pakistan et la Malaise, et l'Indonésie. Donc si on a un programme de développement pour la Tunisie, le financement sera un obstacle franchissable, mais Youssef Chahed doit continuer a travailler pour créer un environnement on on peut réussir ces projets.

On doit abandonner la phase de pessimisme et savourer les petits gains, le budget se comporte mieux, le tourisme reprend, les obstacles qui confrontent la Tunisie sont gérables et leur solution dépend d'un changement de mentalité. On doit abandonner la mentalité de l'assisté, l'une des pires innovations de Bourguiba fut la création de la caisse de compensation en 1970, il faut songer a l'abolir et a créer un système pour cibler les aides sociales a ceux qui en ont besoin.