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Une organisation secrète pour s’emparer des rouages de l’Etat
08/10/2018 | 19:59
5 min
Une organisation secrète pour s’emparer des rouages de l’Etat

 

Les documents et les éléments de preuves exposés par le comité de Défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi, ne cessent d’alimenter la polémique sur la scène nationale. Issus des dossiers juridiques, ils ont été collectés et présentés à l’opinion publique, pour démontrer la présence d’une organisation secrète rattachée au mouvement Ennahdha. Retour sur une affaire qui prend de plus en plus d’ampleur.

 

Le comité de Défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi avait promis de faire des révélations fracassantes. Promesse tenue ! C’est dire que la révélation d’une organisation secrète rattachée au parti Ennahdha constitue un véritable scandale en soi. D’autant plus que ces révélations aient été étayées par des documents et des enregistrements tangibles, recueillis dans les dossiers de justice.

 

Si certains rejettent la crédibilité des documents exposés, les enregistrements audio ne laissent planer aucun doute sur la mise en place de tout un réseau d’espionnage. En effet, les deux enregistrements de 13 et de 37 minutes, fournis par le comité de défense et laissent, clairement, entendre des conversations entre Mustapha Khedher et ses indics. Mustapha Khedher, qui, rappelons-le, est un ancien militaire du groupe de Baraket Sahel chargé de monter ce réseau. Il fût, également, en charge de la gestion du courrier et des e-mails de Ali Laârayedh, ministre de l’Intérieur à l’époque. Son rôle était de remonter toutes les données collectées aux hauts dirigeants du parti au pouvoir.

Les indics réunissaient des informations concernant les personnes qui s’affichent contre le mouvement islamiste, ou encore celles qui  montrent des signes d’enrichissement  rapide. On en cite par exemple le cas vendeur d’alcool qui a acquis des biens immobiliers à l’avenue Habib Bourguiba, son frère étant un membre du bureau local du parti Ennahdha. L’informateur confirme, à ce sujet, que ces transactions immobilières s’inscrivent dans le cadre d’une opération de blanchiment d’argent.

 

Outre les personnes civiles, le réseau englobe aussi des magistrats, d’ailleurs les mêmes enregistrements laissent entendre que le président du Tribunal de première instance serait « un des leurs », mais il ne serait pas le seul. Il est mentionné dans la conversation qu’il est « bien d’avoir une justice indépendante, mais qu’il n’y aucun mal à avoir quelques juges dévoués ».

Le même procédé est appliqué pour les agents sécuritaires et même militaires. « Il y a ceux qui sont prêts à tout faire pour servir ce gouvernement », entend-on clairement. Les deux hommes soulignent tout de même la nécessité de se méfier de certaines taupes, « qui ne sont pas garanties, et qui font partie, entre autre, de l’entourage de Ali Laârayedh ».

Ce réseau prévoit, également de pénétrer l’univers pénitencier, en plaçant des espions afin de contrôler ce qui se passe derrière les murs des prisons et pour recueillir des informations « précieuses » quant au comportement de certains détenus privilégiés et les transactions conclues dans ce milieu fermé.

Cette organisation secrète était un des moyens permettant au parti islamiste de s’emparer de l’appareil de l’Etat. Dans ce contexte, le lobbyiste et l’homme d’affaires, Kamel Letaief était un élément dangereux pour Ennahdha. On cherchait des documents et des preuves pour les compromettre, quitte à essayer de déchiffrer des messages et des lettres codées. « C’est une lettre codée qui nous a conduit à Kamel Letaief et un certain juif dénommé Bertrand, originaire de Sousse. C’est une affaire impliquant Slim Chiboub et son frère. J’ai transmis les informations à « Ridha ». Mais, apparemment, Ridha ne fait que transférer à nos patrons, il n’assure aucun suivi. Ces informations nécessitent un traitement spécifique », assure l’informateur de Mustapha Khedher, dans l’un des passages des enregistrements. Mais ce document, était inexploitable pour « les patrons » puisqu’ils ne maitrisent pas, tout à fait, les rouages de l’Etat, « L’objectif principal, actuellement, est de faire le plein et de rassembler le maximum de fidèles et de gens prêt à servir le mouvement », assure Mustapha Khedher.

 

 

Outre sa mission d’espionnage, cette organisation était chargée de monter des dossiers contre « les personnes qui dérangent », en se faisant aider par certains ministres et fonctionnaires. Parmi ces dossiers, on évoque un rapport établi par Salim Ben Hamidène, ministre des Domaines de l’Etat à cette époque, pouvant prouver qu’une dame a falsifié les papiers d’un terrain qu’elle a acquis à Borj Louzir et qui est à la base une zone verte. Mustapha Khedher a appelé son informateur à « faire preuve de patience » dans ce genre d’affaire et de fournir des preuves irréfutables à la justice, ce dans le but de trouver un moyen pour mettre cette femme en prison.

 

Ces documents et ces enregistrements ont ébranlé toute la scène nationale, notamment, le parti Ennahdha qui a tout nié en bloc. Sa stratégie de communication d’habitude solide et solidaire semble en être affectée. Entre Mohamed Ben Salem qui ne s’étonnerait pas d’un éventuel assassinat politique, Samir Dilou vert de rage sur un plateau télé, les dirigeants d’Ennahdha pataugent et ne savent plus sur quel pied danser. Le parti déclare même qu’il portera plainte contre le Front populaire, alors que 24 heures plus tôt, il l’avait appelé au consensus.

 

Tout ce branle-bas n’a suscité aucune réaction de la part du gouvernement et des autorités de tutelle, durant près d’une semaine. Ce n’est qu’aujourd’hui même que le porte-parole du pôle judiciaire antiterroriste, Sofiene Selliti, indique que le ministère public a ordonné l’ouverture d’une enquête suite aux données fournies par le comité de défense de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. On apprend ainsi que le ministère public a confié le dossier à un juge d’instruction au pôle judiciaire antiterroriste.

 

En tout état de cause, cette affaire d’organisation secrète qui serait étroitement liée aux assassinats de Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi ne risque pas d’être étouffée de sitôt. Le comité de Défense des deux martyrs compte internationaliser l’affaire et même tenir une conférence de presse en Algérie. Une escalade qui donnera plus d’ampleur à ce dossier déjà explosif. Les prochains jours risquent d’être riches en rebondissements.

 

Sarra HLAOUI

08/10/2018 | 19:59
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Commentaires (12)

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TunPat
| 09-10-2018 18:06
Lire svp article qui vient d'être publié sur le site Babnet , concernant la déclaration de l'Ex Colonel Major Moussa Khalfi , ex dirigeant à la Sécurité Miltaire sur Diwan Fm , relatif à l'organisation secrète et les réseaux du mouvement islamique dans l'Armée Nationale qui ont été découverts et condamnés sous Ben Ali puis disculpés et récompensés par le Tartour et le mouvement Ennahdha après la révolution .

Cela montre bien que Ennahdha utilise toujours les mêmes méthodes pour arriver à ses fins , qu'elle soit au pouvoir ou non !

sassi
| 09-10-2018 12:54
notre président dort sur deux oreilles il ronfle peut etre il ne pense qu'a ***
il a promis lors des élections de s'occuper personnellement de ces assassinats
il s'en fou maintenant après moi le déluge

Abir
| 09-10-2018 12:06
Ce type prend les Tunisiens pour de ânes,si toi tu as compris que c'est une dialogue innocent,vas te coucher! Mentir et insulter,ce n'est pas étonnant de ta part et de tes semblables !

james-tk
| 09-10-2018 09:58
Celles et ceux qui menacent d'internationaliser l'affaire sont entrain de fourrer le doigt dans l'oeil !
La justice international n'existe pas, et jamais elle n'existera, c'est un mirage, autrement donnez-moi ne serait-ce que, un seul exemple concret. Ceci dit, il faudra se battre bec et ongles pour que justice soit rendue chez-nous, c'est possible, nous avons des magistrats honnêtes, qui ont toujours résisté aux multiple pressions, voire même aux menaces, dont certains l'ont payé cher.

TunPat
| 09-10-2018 06:45
Il y a deux ans ou plus , un ancien Officier du contre espionnage de l'Armée Nationale était intervenu dans un débat télévisé pour annoncer que le Parti Ennahdha disposait d'un service de renseignement et d'espionnage dirigé par un ancien militaire et comprenant d'anciens militaires et sécuritaires ( il avait même divulgué quelques noms ) dont les bureaux se trouvaient au sein même des locaux du Parti Ennahdha à Montplaisir . Personne n'y avait prêté attention à l'Epoque . Eh bien nous y sommes maintenant !

Es ce que ces révélations sont étonnantes ? pour les connaisseurs bien sûr que non , les islamistes ont toujours eu une prédilection pour le secret , la clandestinité , les cellules dormantes , les attentats , etc ... ils ne vont certainement pas changer maintenant qu'ils sont au pouvoir ! au contraire ils vont tout faire pour y rester à jamais et tout faire pour contrôler ce qu'ils ne contrôlent pas encore totalement , telles que les forces sécuritaires et militaires et surtout ne vous y trompez pas , toutes ces actions ont un seul objectif , c'est de maîtriser tous les rouages du pouvoir afin d'en changer les règles .

Et ces règles vous le savez bien c'est d'imposer La Charîia coûte que coûte .

Comment y arriver ? en suivant deux voies parallèles , l'une démocratique l'autre clandestine .

Deux questions se posent actuellement :

1- quel est le degré d'implication des dirigeants d'Ennahdha dans les assassinats politiques ? je ne parle pas encore des cellules dormantes et caches d'armes non encore découvertes !

2- Quel sera la réaction du gouvernement face à ces révélations ?

Les jours prochains nous éclaireront sur ces deux sujets , je l'espère .

Mimo
| 08-10-2018 22:23
Vu la violence de la réaction des Nahdhaouis, On peut dire que le comité de défense a mid dans le mille, et que ce qui a été révélé n'est que l'arbre qui cache la forêt. Comme on dit chez nous: el mejrab tehmzou mref9ou.

takilas
| 08-10-2018 22:01
Les campagnes électorales de nahdha sont tributaires des sommes d'argent de blanchiment, de provenance de pays étrangers à allouer. Autrement, à part quelques sudistes et précisément les concitoyens de nahdha du sud-est (Gabès et Mednine) qui ont été, lors troika et même après jusqu'à ce jour d'ailleurs, alléchés et amadoués par des recrutements dans les administrations et les sociétés nationales sises à Tunis. Sans parler accordés anarchiquement à ces naïfs sudistes pour des acquisitions pèle-mêle d'appartements dans cités dortoirs de Tunis et des véhicules neufs destinés aux balades et aux visites régulières (sinon hebdomadaires ; que d'essence !) dans leurs région du sud.Des prêts de l'art des banques mondiales sont par voie de conséquence destinés aux campagnes électorales et non pour développer l'économie tunisienne.
Donc de parler de campagnes contre ces assassins n'est qu'une question secondaire qui n'a aucusens, car les amadoués sont déjà amadoués et resteront des naïfs.
Par contre, le sujet des assassinats commis par nahdha, est beaucoup plus important que celui des campagnes présidentielles qui devraient engendrer nahdha perdante sur toute la ligne vu leur incompétence criarde, leur ignorance dans tous les domaines et leur illettrisme.

tounsia2
| 08-10-2018 22:00

L'existence de cet organisme secret n'est plus à prouver, mais vu que nous sommes loin de l'Etat de droit puisque l'islamiste Mustapha Kheder a été arrêté dans une affaire d'espionnage sans que ses supérieurs hiérarchiques ne soient inquiétés, il ne nous reste plus que l'internationalisation de l'affaire des assassinats politiques qui peut nous aider à nous débarrasser de ce parti hors la loi et dangereux pour l'avenir de notre pays.

mansour
| 08-10-2018 21:24
l'assassinat de nos martyres et héros devient une Affaire d'?tat que le pouvoir peine a endiguer et devient nerveux devant ce mouvement pour faire éclater la vérité et ce mouvement fera tomber la dictature islamique des islamistes freres musulmans et de son organisation secrète

Ali Baba au Rhum
| 08-10-2018 21:23
la campagne présidentielle est ouverte !