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Sociétés confisquées : un casse-tête pour l’Etat !
12/09/2018 | 19:59
5 min
Sociétés confisquées : un casse-tête pour l’Etat !

 

La vente de sociétés confisquées devait couvrir une partie du budget de l’Etat pour 2018 sauf qu’en plus de constituer un processus fastidieux, les prix avancés sont parfois en deçà des estimations et des attentes. Il faut dire que certaines de ces sociétés, qui étaient des fleurons nationaux, arrivent à peine aujourd'hui à se maintenir à flot. Le tout sur fond de dossiers sociaux assez difficiles à gérer pour certaines sociétés.


Le feuilleton des appels d’offres continue chez Al Karama Holding, la société chargée de la gestion et de la cession des entreprises confisquées. Cette dernière a annoncé lundi dernier 10 septembre 2018, via son site web, que la société “Cruise Tours”, chargée de la cession des voitures confisquées, avait lancé un appel d'offres pour la vente au profit de l'Etat de 11 voitures de luxe confisquées dont une Rolls Royce, une Mercedes, une Maybach et une Ferrari.

Depuis ce début d’année, une dizaine d’appels d’offres ont été émis par Al Karama Holding, dont certains sont bien avancé et ont dépassé le stade de pré-qualification de candidats. Ceci dit, ce chiffre reste en deçà, des objectifs fixés au début de 2018 et qui concerne la cession d’une vingtaine de sociétés confisquées.

En effet, le 23 janvier 2018, à l’issue d'un conseil ministériel restreint dédié au programme des cessions des biens confisqués, le PDG d'Al Karama Holding, Adel Grar, avait annoncé une accélération de la mise en œuvre des procédures de cession, notamment celles relatives aux sociétés confisquées, l’objectif étant d’atteindre le montant de 500 millions de dinars fixé par la Loi de finances 2018. Au programme de 2018, la cession de 19 de sociétés, dont notamment Carthage Cement, Shems Fm, Dar Assabah, Alpha Hyundai, Alpha Ford, etc.

Or jusqu’à la date de ce 12 septembre 2018, Al Karama Holding a finalisé une seule vente, celle de la Société tunisienne de production et d’exploitation agricole Zitouna II, en avril 2018, pour un montant 1,7 million de dinars.

Mieux, on apprend par nos collègue d’ilBoursa que l’appel d’offres pour la cession de la Société tunisienne de presse, d’impression, d’édition, de diffusion et de publicité «Dar Assabah» est infructueux et que la société sera donc vendue de gré à gré. L’ouverture des plis des offres financières des trois candidats pré-qualifiés n’ayant pas été retenue, les prix proposés étaient compris entre 0,5 et 1,5 million de dinars, soit très en-deçà de celui fixé par l’Etat.

 

Business News a tenté de joindre Adel Grar, PDG d'Al Karama, pour en savoir plus. Ce dernier étant actuellement en voyage à l’étranger, n’a pu répondre à nos interrogations. Ceci dit et selon les informations du site web de la holding, on apprend que six cessions sont actuellement au stade de pré-qualification et les résultats peuvent être annoncés sous peu. Par contre, il est moins sûr que les procédures de finalisation soient achevées avant la fin de l’année en cours. Ainsi, il sera difficile de collecter les recettes prévues pour le budget de l’Etat de ces cessions, ce qui aura de lourdes conséquences sur le budget de l’Etat.

 

Mais pourquoi ces cessions sont-elles si difficiles à réaliser ? Les sociétés confisquées étant devenues propriétés de l’Etat (ou en partie), leur cession doit passer par un appel d’offres, à quelques exceptions près notamment les sociétés où l’Etat est minoritaire ou avec participation étrangère. Pour le cas de ces dernières, l’Etat a décidé de se concerter avec les partenaires sur la forme de la cession, soit par cession directe au partenaire ou par appel d’offres selon les termes du contrat. Les sociétés Ooredoo Tunisie, Jet Multimédia, Havas Tunisie et Orange Tunisie, sont justement concernées par cette décision. Pour d’autres, Al Karama est encore au tout début : le stade de la recherche de bureaux d’expertise pour l’évaluation et l’accompagnement.

 

Outre une procédure complexe, certaines de ces sociétés ne sont plus aussi rentables qu’elles étaient avant la révolution. C’est le cas par exemple de Carthage Cement qui a fini l’année 2017 avec un résultat déficitaire de 68,93 millions de dinars contre un résultat bénéficiaire de 6,92 millions de dinars en 2017. Les capitaux propres (avant affectation des résultats) sont passés de 208,2 millions de dinars en 2010 à 38,12 en 2017. Les chiffres sont assez éloquents en soi ! D’ailleurs, l’annonce de l’adjudicataire final pour l'obtention de la concession de Carthage Cement était prévue pour le 1er semestre 2018, chose qui n’a pas été faite jusqu’à cette heure.

Pour d’autres, c’est le dossier social qui est pesant et qui entrave la vente. Quelques sociétés doivent entamer des plans de restructuration et de départ de leurs employés. C’est le cas de Dar Assabah et Shems Fm, où un programme de départ anticipé ainsi que le payement des dettes a été mis en place avec un financement d’Al Karama Holding, selon un calendrier préétabli. Ceci n’a pas empêché les salariés de faire la grève reprochant la non-application des accords signés, ou ne se sentant pas assez impliqués dans le processus de cessation. Idem pour la société Goulette Shipping Cruise (GSC), où son personnel est entré en grève ouverte à la mi-août 2018, réclamant d’être associé à l’élaboration du cahier des charges relatif à la cession de la GSC. Le syndicat de société affilié à l’UGTT redoute, selon son communiqué, que la société soit cédée à une entreprise ayant des liens avec des parties sionistes.

 

Sept ans après la révolution, la cession des entreprises confisquées demeure assez problématique. Bien que l’Etat attende des retombées financières assez conséquentes de ces ventes, le chiffre de 500 millions de dinars avancé pour 2018 en témoigne. Mais dans les faits, ces cessions sont fastidieuses et parfois les montants avancés sont très loin des estimations.

 

Imen NOUIRA

12/09/2018 | 19:59
5 min
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Commentaires (2)

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Barg-ellil
| 16-09-2018 15:02
Des gens biens avisés et bien renseignés laissent
mûrir le fruit pour le cueillir à bas prix.

Averti
| 13-09-2018 19:51
Une confiscation sauvage sans l'aval du parlement signé par un président intérimaire et un premier ministre intérimaire . Une décision anarchique qui a mené à un pays anarchique .
Des sociétés fleurons des entreprises tunisiennes rendus défaillantes et déficitaires ....Une vengeance aveugle qui s'est retourné contre toute un pays ...
Un pays entier qui attend la vente d'entreprises et biens illégalement confisqués pour essayer de subvenir aux dépenses de la nation et s'assortir a la loi de finance 2018 !!!! Le mérite des politiciens se trouvent où alors ? Ils n'ont pas d'objectifs à atteindre à travers la promulgation de lois adaptés aux contextes ,le travail et la création d'emploi ?Le pays s'arrete Si ces ventes illégales des biens confisqués n'ont pas eu lieu
Alors la c'est le comble ....
La Tunisie agonise à force d'injustices et vous criez encore Victoire !!!!
Un jour ou l'autre l'injustice des biens confisqués sera remise au goût du jour et chacun reprendra ce que ce droit ...