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Nidaa Tounes au bord de l'implosion
11/03/2015 | 19:59
5 min
Nidaa Tounes au bord de l'implosion

 

C’est la guerre à Nidaa Tounes. Le parti paie le prix de son caractère hétéroclite et des luttes intestines semblent sur le point de le mettre à genoux. Deux principales raisons à cela : la première est l’hétérogénéité de sa composition idéologique et politique, la deuxième est sa décapitation après la victoire aux élections. Béji Caïd Essebsi, devenu président, a privé le parti de ses cadors, qu’il a emmené à Carthage. Aujourd’hui, la situation est critique et le parti est au bord de l’implosion.

 

Si la crise par laquelle passe Nidaa Tounes n’est pas surprenante, elle a, récemment, pris une nouvelle tournure. En effet, dans un communiqué paru dimanche 8 mars 2015, une majorité de députés de Nidaa Tounes, s’élevant à 64 députés, 60 membres du bureau exécutif et 24 coordinateurs régionaux, ont décidé de boycotter le comité constitutif du parti et de ne pas reconnaitre ses décisions. Des échanges houleux s’en sont suivis, par médias interposés, entre les deux parties et un nouveau communiqué a été publié hier soir pour tenter de désamorcer la crise. Le comité constitutif réuni y annonce la tenue du congrès, longtemps reporté, à juin 2015 ainsi que la tenue du conseil national les 18 et 19 avril prochain.

 

Plusieurs facteurs ont ébranlé la situation, déjà précaire, du parti fort des législatives. Le fait que ses principaux dirigeants soient passés à Carthage y est pour beaucoup dans la crise actuelle. En effet, Mohsen Marzouk, Ridha Belhaj, Rafaâ Ben Achour et à leur tête Béji Caïd Essebsi ne soient plus à la tête du parti a favorisé l’éclatement des différences et des divergences.
En effet, fondé sur la personnalité même de Béji Caïd Essebsi, le parti a beaucoup souffert suite à l’élection de son homme fort à la magistrature suprême. Le parti prouve, ainsi, qu’il est la formation politique d’un seul homme. Une formation qui lui a permis de réussir son ascension au Palais de Carthage, mais qui semble avoir perdu ses repères, ainsi que sa mission première, après le départ de son fondateur. Cette ascension, conjuguée à celle des grands ténors du parti, a eu raison de la rupture d’une cohésion déjà fragile.

 

Le parti souffre également d’un autre problème, celui de l’absence de structures claires vu que Nidaa Tounes n’a pas encore tenu son premier congrès. La tenue du premier congrès du parti qui servira à l’élection de son bureau politique n’a cessé d’être reportée, et ce, pour la troisième fois consécutive faute de consensus. Une absence de consensus qui fait que les membres du parti s’entredéchirent, à coups de déclarations incendiaires et de communiqués, pour prendre le pouvoir au sein du premier parti de Tunisie.
Bochra Belhaj Hmida, députée de Nidaa Tounes, a bien résumé la situation en disant que le parti était sur le point d’imploser. Dans une intervention sur Mosaïque FM le 9 mars 2015, elle a rappelé les dirigeants de Nidaa Tounes à la raison en leur demandant de cesser de régler leurs comptes par médias interposés.

 

Les différends semblent se cristalliser autour de la question de la légitimité du conseil constitutif du parti. Plusieurs voix estiment qu’il est nécessaire de former un bureau politique. Ces voix comprennent une majorité des élus du parti à l’assemblée ainsi qu’une majorité appartenant au bureau exécutif du parti. « Malgré cela, aucune réponse » indique Khemaïes Ksila. Ils reprochent au comité constitutif du parti de ne pas avoir su, entre autres choses, « gérer la victoire électorale, établir des relations viables avec les différents organes régionaux du parti et trouver une solution consensuelle à la crise de leadership que traverse le parti » d’après le texte du communiqué proposé à la signature des élus, des membres du bureau exécutif et des coordinateurs régionaux.

 

On reproche également à certains membres du comité constitutif d’avoir fermé la porte devant Mohamed Ennaceur, président par intérim du parti, Mohamed Fadhel Ben Omrane, président du bloc parlementaire et Hafedh Caïd Essebsi, chef des structures du parti. Des personnalités qu’on juge pas assez « légitimes » pour faire partie du comité constitutif du parti ou de son bureau politique.
Les frondeurs de Nidaa Tounes demandent que le comité constitutif se dissolve et rejoigne cette mouvance réformatrice au sein du parti.

 

De l’autre côté, Lazhar Akermi, porte-parole officiel du parti, s’est fait l’avocat de son comité constitutif. Etant lui-même membre de ce comité, Lazhar Akermi estime que la fronde menée contre « la seule structure légitime du parti » revient à dissoudre Nidaa Tounes. Il n’a pas hésité à qualifier la réunion des élus avec les coordinateurs régionaux tenue hier au siège de Nidaa Tounes de putsch. Ceci a eu lieu lors d’un échange musclé entre Lazhar Akermi et Khemaïes Ksila le 9 mars sur les ondes de Shems FM. Le porte-parole officiel du parti ne s’est pas arrêté en si bon chemin et a qualifié les manœuvres du courant réformiste de « tentatives pour casser le parti » ajoutant « qu’ils savent qui est derrière et dans quel objectif ».

 

Plusieurs personnalités dérangent au sein de Nidaa Tounes. Outre le patron de Nessma, Nabil Karoui, l’homme d’affaires véreux Chafik Jarraya, qui s’est récemment annoncé comme étant un « militant de base du parti », Hafedh Caïd Essebsi, fils de BCE, est rejeté par une grande frange de Nidaa Tounes. Fils de l’homme fort du parti, HCE n’est pas connu pour avoir un passé politique à son actif. Rejeté par le lobbying interne de Nidaa Tounes, on a longtemps soupçonné l’enfant prodigue de risquer une implosion au sein du parti de son père. Deux élus démissionnaires de Nidaa à l’ARP l’accusent aujourd’hui de « manœuvrer en coulisses » et de fomenter même, selon certains, un forcing au prochain congrès prévu pour juin prochain.

 

Si le forcing de Hafedh Caïd Essebsi aura mis un sérieux coup de pied dans une fourmilière déjà infestée, n’est certes pas l’unique raison derrière la crise qui secoue Nidaa Tounes aujourd’hui. Le parti constitué d’un capharnaüm de tendances politiques et idéologiques s’est longtemps appuyé, pour trouver une cohésion éphémère, sur la personnalité même de Béji Caïd Essebsi. Sauf que BCE, homme à vouloir gouverner seul, ne s’est pas contenté d’abandonner un parti confronté à la délicate mission du pouvoir, il l’a aussi privé de ses plus puissantes bases. Grossière erreur ou fin de mission pour un parti qui a accompli sa raison d’être, à savoir, conduire son président vers le poste tant convoité?

Marouen Achouri & Synda Tajine

11/03/2015 | 19:59
5 min
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Commentaires (16) Commenter
nidaa est fini
slimen belhaj
| 13-03-2015 10:08
Les membres de ce parti "étoile"
Leur seul programme politique , était de contrer enahdha .

Une fois au pouvoir , ils s'associent à enahdha

Les sondages montreront la perte de soutient populaire pour ce parti .

Car encore , les vrai nouveaux visages politique , ils ne sont pas encore fleuri .

La scène et le paysage politique et en filtrage .
C'etait prévisible
observator
| 12-03-2015 19:10
Ce qui arrive à Nidaa était prévisible.
Je l'avais écrit sur BN à maintes reprises.
Quand les intérêts personnels et égoïstes sont la raison même de beaucoup de ses membres c'est normal qu'après les élections, ce parti soit traversé par cette crise.
Le fait que BCE et certains cadres ont rejoint l'exécutif à Carthage a peut être accéléré les divisions mais ce n'est pas une cause. La cause essentielle est que ce parti n'a pas été bâtit sur un véritable projet de société, a grandi trop vite d'ne manière artificielle et donc beaucoup de ses membres sont plus préoccupés apr leurs intérêts égoïstes que par ceux du pays. Ils ont oublié que depuis 2011 la société tunisienne a changé et ne peut plus être gouvernée comme avant 2011.
Donc tous ceux qui pensent à l'intérêt de ce pays doivent aider ce parti à se restructurer de telle façon qu'il joue un rôle d'un parti dans une société qui se démocratise.
Donc Nidaa doit se débarrasser de tous ses arrivistes dont le seul intérêt est personnel et dans le cas contraire ils sont prêts à foutre la pagaille.
Il faut aider BCE dans le sens de l'intérêt du pays.
Il faut aider ce parti dans le sens de l'intérêt du pays
observator
| 12-03-2015 18:42
Nidaa c'est BCE .
C'est la caractéristique de ce parti, il a été construit autour de la personnalité d'un chef et non d'un projet de société.
Comme l'explique très bien l'article, le caractère hétéroclite de ses composantes a fortement nuit à la cohésion de ce parti. Beaucoup avaient des intérêts différents voir divergents . Ce parti a rassemblé des anti-nahdha des anciens rcdistes des arrivistes ....gauchistes...et tous voulaient profiter de la personnalité de BCE . Mais bon BCE ne peut distribuer ce qu'il n'a pas.
Mais nous devons pour l'intérêt de tous aider ce parti à se restructurer autour de tous ses membres qui veulent respecter l'essentiel des valeurs communes à tous les tunisiens. Ghannouchi doit encore faire ce qu'il peut pour aider son ami BCE à stabiliser ce parti. C'est notre intérêt à nous tous.
Où est le patriotisme?
Hannibal Barca
| 12-03-2015 17:46
Il faut que les élus du Nidaa sachent que leur succès est le fruit d'électeurs circonstancielles.Vu l'absurdité de notre loi électoral,dont le mode de scrutin ne peut dégager une majorité consensuelle;en allant aux urnes mon seul but était de choisir le moindre mal, donc d'empêcher que ça soit Ennahdha qui forme le Gouvernement.Donc j'appelle les élus du Nidaa à mettre de coté leur intérêt ou leur ambition personnelle et de regarder que l'intérêt de la Nation. La composition du bureau politique et la direction du Parti pourraient attendre même une année ce qu'il faut aujourd'hui c'est un comité de réflexion englobant toutes les compétences qui voudraient travailler uniquement à titre bénévole.
NIDAA DOIT DISPARAÎTRE...!
BORHAN
| 12-03-2015 17:27
Le moment est venu pour que les barons de nidaa décident tout simplement la dissolution de ce parti hétéroclite qui n'a ni de vraies assises populaires ni l'expérience acquise, à l'instar d'ennahdha, pour pouvoir perdurer.
Il faut remettre tout à plat et repartir à zéro sur des bases solides.
En matière politique, on peut improviser mais,comme on le constate, les risque sont énormes et ça se paie cash...!
Incongruité
Fafa
| 12-03-2015 15:55
Deux journalistes au statut de rédacteurs en chef adjoints et une erreur d'une ampleur considérable. Différents à la place de différends. MA ST, faites appel à un dictionnaire.
ces tout simplement honteux!!!!!!!!
lolo69
| 12-03-2015 13:28
Voila mmaintenant j avais un brin d espoir pour ma nation
Je vais parlé COMME tout les citoyens du monde tous les mêmes:
MENTEUR
USURPATEUR
COMÉDIEN
ils nous ont bien roulé dans la farine
merci
A cet instant je ne voterais plus!!!!
Nidaa et. Ennahdha seront divises par 2 chacun .
Abdel
| 12-03-2015 13:13
Je pense qu ' a terme Nidaa sera divise' en 2 Partis Nidaa 1 et Nidaa 2 en foction des affinites et des Choix . En outre je pense aussi , qu 'a terme Ennahdha sera egalement divisee en 2 Partis : les Extremistes et les Moderes . Ainsi le Jeu Politique sera plus homogene et plus stable .
L' IMPLOSION
Raad
| 12-03-2015 11:41
Nidaa tounes est il en train de payer son sucé après une longue bataille politiquement correcte.
Sera-t-il le deuxième Joumhouri bis.
Y'en a marre de la guerre des chefs et des sous chefs, il faut un homme fort à la tête de ce parti et vite avant l'implosion.
Oui cela nous pend au nez,après il sera trot tard.
La guerre des courants et des personnes sera fatal, il faudrait trouver un consensus pour que ce parti durera dans le temps,qu'il soit un vrai parti responsable et apporte son soutien sans faille au gouvernement, car nous avons tous besoin que notre pays réussi,et sortir de ce marasme dans lequel nous sommes.
Voila un parti responsable, et ce qu'il doit l'être.
C'est la fin du mirage
KLM
| 12-03-2015 11:28
Nida Tounes n'avait aucun programme politique pour le pays, mais des aspirations personnelles et surdimentionnées oui.
Baji Kaïd Essbsi n'avait qu'une chose en tête : déloger Marzouki de Carthage, qu'il jugeait intrus, usurpateur et non digne de la charge et lui ravir le trône. Maintenant que c'est chose faite il peut se dire : après moi le déluge.
La Cour qui tournait tout autour de lui et qui est composée vraiment de ramassis de tous bords et de tous horizons politiques et même idiologiques ( certains et certaines ont changé de partis comme de chemises ou de chemisiers ) , n'avait comme ambition que le fauteil et ce qui va avec : rémunération, pouvoir et prestige. Pendant des mois et des mois ils furent de tous les plateaux de télévision et de tous les micros de radio, chacun avec son encensoir....
Maintenant que l'essentiel a été distrbué, les égos laissés pour compte jalousent les investis, les plus en vue et les plus influents, se chamaillent entre eux, s'étripent, s'insultent, se clashent et de l'essentiel, c.a.d. de la situation catastrophique du pays, de son avenir et de sa sécurité, ils s'en foutent et s'en soucient comme d'une guigne, alors qu'on découvre tous les jours des caches d'armes et on arrête des suspects et même des terroristes sur tout le territoir.