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Présidentielle : Béji Caïd Essebsi face à la fronde consensuelle
02/11/2014 | 1
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Présidentielle : Béji Caïd Essebsi face à la fronde consensuelle
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Samedi 1er novembre 2014, la campagne électorale pour la course à Carthage a démarré en trombe. Ils sont 27 candidats en lice, des chefs de partis politiques mais encore des indépendants. Des figures connues et d’autres découvertes à l’occasion. Jamais la magistrature suprême n’a suscité autant d’engouement en Tunisie. Le vent de la révolte sur le candidat unique semble avoir bien soufflé. A termes entendus, la tombée des résultats des élections législatives a apporté un véritable coup de massue à certains partis politiques touchés dans leur ancien statut de vainqueur.


Convaincus du poids considérable que pèse la candidature du leader du parti gagnant aux législatives, Nidaa Tounes, un certain nombre de candidats ont trouvé du réconfort dans l’idée de se liguer contre Béji Caïd Essebsi, en vue de désigner un candidat consensuel. Ce dernier devra jouir du soutien des bases des partis dont les candidats sont en lice pour la présidentielle. C’est à croire qu’une véritable croisade est mise en route pour embûcher au mieux l’arrivée en ligne de BCE à Carthage.


Secoués fortement par ce qu’ils ont appelé un séisme, des chefs de partis à l’instar de Mustapha Ben Jâafar, Mohamed Hamdi, Moncef Marzouki, Ahmed Néjib Chebbi et Rached Ghannouchi ont compris la gravité de l’heure : le leader du parti vainqueur au scrutin législatif possèderait de réelles chances à l’élection présidentielle, peut-être même dès le premier tour.
Alerte rouge maximale ! Les concertations ont débuté d’arrache-pied entre les différents intéressés, histoire de s’accorder autour de l’initiative lancée par le mouvement islamiste Ennahdha, celle du candidat consensuel, et reprise de plus belle par Mustapha Ben Jaâfar, secrétaire général d’Ettakatol et un des grands perdants des législatives. Initiative qu’une frange de politiques, dont des candidats, ont qualifiée d’« infraction antidémocratique à la volonté du peuple ».
Et c’est au parti numéro deux de prendre les commandes, en l’occurrence Ennahdha. Ainsi, Rached Ghannouchi s’est réuni avec, à tour de rôle, les prétendants séduits par l’idée d’une ligue contre Béji Caïd Essebsi, autour d’une idée motrice,  celle d’empêcher à tout prix «le retour de l’omnipotence du parti unique au pouvoir et de la résurrection de la tyrannie».


Or, le leader de Nidaa Tounes n’a eu de cesse de rappeler qu’il n’est guère question du retour aux anciennes pratiques du régime Ben Ali, étayant que cette éventualité est totalement exclue. Rien à faire ! Mustapha Ben Jaâfar, Moncef Marzouki, Mohamed Hamdi et Ahmed Néjib Chebbi n’entendent pas les choses de cette oreille. Les rencontres se sont multipliées mais rien de concret n’en est encore sorti. Ces protagonistes semblent avoir du mal à lâcher du lest et à renoncer à leurs candidatures, quand bien même cela s’inscrirait, d’après leurs dires, sous la chape de la bonne cause : sauver la Tunisie d’un probable néo-despotisme.

Esquissons de ce fait le tableau d’élection présidentielle à la lumière de ces données. Si les candidats intéressés réussissent à s’entendre autour d’un nom consensuel, ce serait à priori et à fortiori celui de Moncef Marzouki, pressenti de même comme le candidat favori d’Ennahdha, car arborant une position nettement plus confortable que celle des autres concurrents. En effet, l’actuel président de la République, et en dépit de son rendement amplement controversé à la présidence, continue de jouir d’une certaine sympathie et d’un soutien venant d’une frange non moindre des Tunisiens et des bases nahdhaouies.

Conscience est prise que Moncef Marzouki garantirait sa place au deuxième tour aux côtés de Béji Caïd Essebsi. De ce fait, les partis et candidats destouriens et notamment le Front Populaire s’aligneraient à la sensibilité qui leur est plus proche et accorderaient leur soutien au chef de Nidaa Tounes et non à celui du CPR.

Si, en revanche, il n’y aura pas de candidat consensuel, chacun des prétendants ayant réalisé un mauvais score aux élections législatives ne pourrait aspirer à récolter de meilleurs résultats au scrutin présidentiel. Pis, ils éparpilleraient davantage les voix des électeurs. Quant à Béji Caïd Essebsi, il pourrait dans ce cas de figure précis, rafler un score majoritaire et remporter la présidentielle dès le premier tour. C’est dire le véritable casse-tête face auquel se retrouvent actuellement les prétendants des partis perdants aux législatives qui ont touché de plus près la réalité du poids qu’ils pèsent sur la scène politique.

Béji Caïd Essebsi dit qu’il n’a pas de cheveux gris à se faire. Ce n’est en rien une forme de dénigrement à ses adversaires ou encore un brin d’arrogance mais plutôt une conviction reposant certainement sur un score confortable que son parti a réalisé aux législatives. De son côté, Moncef Marzouki se dit le favori du peuple, car garant des droits de l’Homme et dernier espoir de la révolution. Il n’est pas celui à qui on peut reprocher d’avoir des racines dans l’ancien régime de Ben Ali.

Cependant est-ce suffisant pour remplir au mieux la fonction qu’il occupe déjà depuis trois ans et qu’il ne cesse de rabaisser ? La croisade menée contre le chef de Nidaa Tounes témoigne autant du sérieux de sa candidature que du désespoir des autres candidats à pouvoir le concurrencer. Les prochaines heures seront cruciales pour déterminer si oui ou non un seul capitaine à bord des partis perdants du scrutin législatif sera l’adversaire de Béji Caïd Essebsi.


Nadya B’CHIR
02/11/2014 | 1
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