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Steg, la lumière au bout du tunnel ?
16/09/2020 | 19:59
4 min
Steg, la lumière au bout du tunnel ?

 

S’attendant à finir l’exercice 2019 avec un déficit de 5 milliards de dinars hors compensation, la Steg l’achève avec un bénéfice de plus de 100 millions de dinars. La société a-t-elle pu équilibrer ses comptes ? Voit-elle enfin le bout du tunnel ?

 

Depuis la révolution, la Société tunisienne de l'électricité et du gaz (Steg) a eu de plus en plus de mal à trouver son équilibre avec une recrudescence des impayés, notamment du secteur public, outre une hausse de la consommation corrélée à une hausse des prix du gaz et un manque de production au niveau national ( pour produire de l’électricité, la société utilise le gaz à hauteur de 95%, ndlr). Conjugués à un équipement vieillissant et devant être renouvelé en augmentant sa capacité, les problèmes de la société n’ont fait qu’empirer.

Le coup de grâce a été la décision d’un conseil ministériel datant du 30 décembre 2014 qui stipule la séparation entre l’achat et la vente de gaz naturel et entre les sociétés publiques concernées. Le tout, en soutenant la Steg via la couverture de son résultat net à travers le versement d’avances. Or, cette dernière décision n’a été appliquée que partiellement. A terme du mois de décembre 2017, la société enregistrait un déficit cumulé de plus de 1,9 milliard de dinars. Ce chiffre devrait passer à près de 2 milliards de dinars en comptant les 1,2 milliard de dinars de compensation reçue. La société s’attendait ainsi à finir 2019 avec un déficit de 5 milliards de dinars, si on ne prend pas en compte la compensation.

 

Mais que s’est-il passé pour que l’entreprise finisse 2019 avec un bénéfice ? Selon le rapport d’activités publiés sur son site, la société a réalisé un résultat net de 106,41 millions de dinars au 31 décembre 2019 contre un déficit de 2.093,50 millions de dinars au 31 décembre 2018. Le résultat net a ainsi augmenté de près de 20 fois, ce qui semble excellent au premier abord. Sauf qu’une lecture plus approfondie révèle que ce résultat n’a rien à voir avec l’activité de la société.

Malgré une hausse des revenus de 20,71% pour se situer à 5,47 milliards de dinars contre 4,53 et une subvention de 1,24 milliard de dinars, la société n’arrive pas à dégager un bénéfice, sa marge brute est de -298,42 millions de dinars pour un résultat d’exploitation déficitaire qui est passé de -552,80 millions de dinars à -544,08 millions de dinars. Le tout, sachant la société a opéré deux hausse en 9 mois, une première en septembre 2018 et une seconde le 1er juin 2019, et qui expliquerait en partie la hausse des revenus de la société.

 

 

Selon le rapport, les ventes d’électricité (énergie aux compteurs, redevances d’abonnement et primes de puissance comprises) ont augmenté de 25,5%, suite à une augmentation des quantités vendues d’électricité, tous niveaux de tensions confondus et aux ajustements tarifaires appliqués en 2019. Les ventes de gaz naturel et de produits GPL ont, quant à elles, évolué de 8,1%, du fait de la hausse des quantités vendues du gaz naturel et des ajustements tarifaires appliqués sur le gaz naturel en 2019.

On apprend aussi que le nombre de clients électricité a connu en 2019 un accroissement d’environ 2,3% par rapport à l’année 2018, alors que la demande de l’électricité a augmenté de 5,3% par rapport à un an auparavant. Le nombre de clients gaz, tous niveaux de pression confondus, a enregistré une hausse de 4,3% pour cette même période (926.020 clients en 2019 contre 887.583 clients).

Autre fait important, l’effectif en activité a progressé de 8,6%. Les frais du personnel se sont élevés à 449,4 millions de dinars en 2019 contre 399,3 millions de dinars en 2018 (+12,5%). Cette hausse est expliquée par les augmentations légales des salaires relatives aux années 2017 et 2018 servies en 2019 ainsi qu’au recrutement de nouveaux agents.

 

 

Mais d’où provient donc le bénéfice réalisé ? En fait, le résultat découle d’une baisse substantielle des charges financières nettes de près de 2,4 fois, qui passent d’un solde négatif de -1,54 milliard de dinars à un solde positif de +646,45 millions de dinars. La Steg ne précise pas les raisons de cette nette amélioration et elle n’a pas publié le rapport des commissaires aux comptes qui pourrait l’expliquer. En outre, on enregistre aussi une augmentation des produits de placement qui croissent de plus de 6,76 millions de dinars, atteignant 7,49 millions de dinars fin 2019 contre 731.218 dinars fin 2018.

 

Ainsi et contrairement aux apparences, malgré les résultats affichés, la situation financière de la Steg ne s’est pas améliorée, les bénéfices ne découlant pas de l’activité récurrente. La société a toujours du mal à récupérer les impayés. Et la situation s’est aggravée avec le confinement général, l’entreprise ayant temporisé le recouvrement. Pour les quatre mois, les impayés des clients privés et les créances des entreprises publiques ont atteint 2,17 milliards dinars contre 1,66 milliards de dinars.

 

La société ne pourra pas poursuivre longtemps à ce rythme, elle doit trouver des solutions durables en investissant dans les énergies renouvelables ou en entamant des réformes structurelles et en engageant les investissements nécessaires pour le renouvellement de ses infrastructures pour améliorer ses capacités et son rendement. Malheureusement, la Steg n’est pas la seule entreprise publique défiante. De nombreuses entreprises publiques croulent sous un déficit cumulé, d’où l’urgence de s’atteler aux réformes nécessaires, car temporiser ne sert qu’à aggraver le situation.

 

Imen NOUIRA

16/09/2020 | 19:59
4 min
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Commentaires
Albatros
grandes écoles = grandes plaies .............
a posté le 17-09-2020 à 13:26
commencer par virer tous ces polytechniciens , ces "grands écoliers" formés en France. des technoburocrates incompétents , bons à rien et inutiles.
ABJ
STEG
a posté le 17-09-2020 à 08:09
L'article ne précise pas pourquoi le résultat financier s'améliore de cette manière. Pourtant c'est très simple c'est l'amélioration du cours du Dinar Tunisien qui a dégagé un gain de change en 2019 contre une perte colossale en 2018.